Catégorie : DISCRIMINATIONS

RACISME DU MAIRE DE BOURG-LE-COMTE SUR FACEBOOK

Suite à des propos publics d’une extrême violence tenus sur Facebook et ressortissant de la haine raciale, Marc Mouillaud, le maire de Bourg-le-Comte, a été sommé fin septembre par le Conseil municipal de sa commune de démissionner. N’ayant pas pris la mesure des choses, il a envoyé à ses concitoyens une lettre qui minimise les faits, les justifie en convoquant tous les préjugés et les mensonges de l’extrême-droite contre les migrants et…s’en est pris aux conseillers municipaux accusés de manquer d’empathie à son égard!! En qualité de représentant de l’Etat dans sa commune, Monsieur Mouillaud doit savoir que nul n’est sensé ignorer la loi, et qu’il risque de se trouver sous le coup de l’article 1er de la loi de 1972 qui définit la haine raciale comme visant certaines personnes ou groupes de personnes « à raison de leur origine ou leur appartenance ou non appartenance à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée » et qu’il encourt une peine lourde ( plus un an d’emprisonnement et/ou 45 000 euros d’amende).Ce sont les partis fascistes qui sont fondés sur la haine, l’appel à la violence voire au meurtre contre une partie de la populaion que l’on veut exclure, le tout en référence à un nationalisme exacerbé, intolérant, renforcé d’un sentiment de supériorité. On se souvient de la France de Vichy, de ses lois antisémites…et des faits qui suivirent. Or notre République défend des valeurs et des principes qui leur sont opposés. Monsieur Mouillaud est un élu de cette république qui affiche la liberté, l’égalité et la fraternité sur les frontons des mairies. Compte tenu de la gravité des propos tenus, la Ligue des Droits de l’Homme va saisir le Parquet.

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POLITIQUE D’EXCLUSION, EN SAONE-ET-LOIRE, CONTRE LES JEUNES ETRANGERS QUI FABRIQUENT LE PAIN DES FRANCAIS.

 

La section LDH de Paray est solidaire de Mallé Touré qu’elle a soutenu en attestant, dans la procédure en cours, qu’elle lui a procuré elle-même tous ses papiers consulaires : carte consulaire et demande de passeport qui ne peuvent donc, ceux-là, être suspects de fausseté.

Mais elle tient à préciser que Mallé n’est hélas pas le seul dans ce cas: d’autres apprentis guinéens maliens et marocains du département font aussi l’objet de menaces d’OQTF suite à des contestations de leurs papiers d’identité basées sur des vices de procédures tels que, par exemple, le non respect du délai réglementaire entre deux signatures. Cette exigence du respect à la lettre des règlements d’état civil étrangers et la signification en conséquence de la fausseté de tous leurs papiers même consulaires, marquent une aggravation significative de la politique anti-migrants des institutions départementales que notre section a maintes fois dénoncée. Ces mesures posent aussi la question de l’intérêt général des Français lorsque l’Etat a payé un, deux voire trois ans de formation à ces jeunes dans des métiers en tension, -boulangers, bouchers, maçons- et que ces jeunes obtiennent des CDI (dans un cas avéré) après un parcours professionnel exemplaire. Pour sa part, notre section considère cette politique d’exclusion haineuse comme un sommet inédit de la xénophobie. Par ailleurs, la mise en cause de documents d’identité consulaires qui porte atteinte gravement à la souveraineté des états africains concernés ne s’inscrit-elle pas dans une conception postcolonialiste des relations internationales?

Très choquée par des mesures qui atteignent au moins deux jeunes qu’elle a soutenus et aidés à régulariser leur situation en respectant évidemment toutes les procédures, la section de Paray-le-Monial de la Ligue des Droits de l’Homme tient à exprimer publiquement sa réprobation et sa colère face à un tel gâchis humain et politique et l’immense honte qu’elle ressent à l’égard de tous ces jeunes auxquels on tente d’inoculer l’image d’une France procédurière, terre d’exclusion et de haine et qui a perdu jusqu’au sens de ses propres intérêts nationaux. Honte aussi face aux autorités consulaires auxquelles elle redemande de refaire leur copie pour un petit défaut de procédure…alors que nos propres institutions violent allègrement les lois de protection des mineurs étrangers en refoulant par exemple, en Saône-et-Loire, les jeunes de 17 ans? Où est la justice quand la juge des enfants a reconnu quant à elle, l’authenticité des mêmes documents d’état civil? Où sont nos valeurs républicaines de Fraternité et de Solidarité? Où est le sens de l’intérêt général?

Bien évidemment, notre section s’implique actuellement pour soutenir moralement et juridiquement ces apprentis. Et elle demande à tous ceux qui liront ces lignes de leur manifester leur sympathie afin de réparer les immenses dégâts collatéraux de la politique d’exclusion visant les jeunes étrangers qui fabriquent le pain des Français, découpent leurs steaks et construisent leurs maisons.

Mallé Touré vient du Mali. Il a soufflé 18 bougies en décembre et sa majorité semble signer son expulsion vers l’Afrique. Lundi 6 janvier 2020, il …
lejsl.com
Mallé Touré vient du Mali. Il a soufflé 18 bougies en décembre et sa majorité semble signer son…
Mallé Touré vient du Mali. Il a soufflé 18 bougies en décembre et sa majorité semble signer son expulsion vers l’Afrique. Lundi 6 janvier 2020, il …

HALTE AU RACISME! (29 septembre 2019)

Au nom du respect élémentaire dû à chaque être humain quels que soient sa couleur de peau, sa religion, son sexe, sa nationalité, la section de Paray-le-Monial de la Ligue des Droits de l’Homme condamne fermement les propos racistes tenus par des supporters parodiens contre des joueurs de Gueugnon…. Elle soutient évidemment les protestations formulées par les responsables sportifs, mais elle rappelle aussi que la loi de 2008 sanctionne de tels comportements. Encore faut-il qu’une procédure soit engagée, sans quoi, on prend le risque évident de récidive. Rappelons, par exemple, sur Facebook, les danses de singes filmées sur le Moulin Liron en août 2013 visant Christiane Taubira…Rappelons aussi les mauvais traitements infligés à des mineurs africains en 2017 et 2018 par le responsable du FJT. A Paray-le-Monial, il existe bel et bien un courant identitaire raciste qui nécessite une vigilance, une réactivité sans faille et des actes. Bon courage aux dirigeants sportifs!

lejsl.com

Sport local Football (Coupe de France) : Propos racistes lors de Paray-Gueugnon, le club parodien réagit et condamne

Samedi, la rencontre du 3e tour de Coupe de France entre Paray et Gueugnon a été marquée par certains comportements déplacés dans le public. Des propos à caractère raciste auraient en effet été tenus à l’encontre de plusieurs joueurs gueugnonnais. Le club parodien a tenu à communiquer et à condamner de tels agissements.

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  • Le 18/09/2019 à 11:30
  • mis à jour à 20:20
L'esprit festif de la Coupe de France a été quelque peu gâché samedi à Paray. Photo Jérôme DEBARREIX (CLP)L’esprit festif de

 

Propos condamnés avec fermeté

Par l’intermédiaire de ses présidents, Jean-Pierre Marroig, Philippe Fuyet, ainsi que via ses deux entraîneurs, Stéphane Descharmes et Matthieu Gaudin, le club a souhaité réaffirmer son engagement contre de tels comportements qu’il condamne fermement.

Le communiqué de l’USC Paray

Les présidents ainsi que les deux entraîneurs de l’équipe première souhaitent réagir au comportement de certaines personnes suite au match de coupe de France Paray-Gueugnon.

« Nous condamnons fortement les propos déplacés de certains spectateurs qui n’ont rien à faire sur un terrain de football. Nous nous engageons à combattre et à lutter fortement contre ces attitudes inadmissibles. Nous ne tolérerons plus et exclurons immédiatement du club ce genre de personne. En revanche, nous sommes déçus du comportement de certains dirigeants du FC Gueugnon qui n’ont fait qu’attiser les choses. Nous souhaitons tout de même aux joueurs et aux entraîneurs du FCG une belle saison. Un stade de football est, et doit rester un lieu de partage et de tolérance. »

Jean-Pierre MARROIG, Philippe FUYET, Stéphane DESCHARMES et Matthieu GAUDIN

Réaction de Stéphane Descharmes, co-entraîneur de Paray :

J’ai voulu éclaircir la chose et faire un communiqué d’excuse car on nous a collé une étiquette de club raciste et pour démontrer qu’on allait balayer devant notre porte. Ce sont des propos que des joueurs de Gueugnon que je cotoie m’ont rapporté. Il y avait pas mal de monde, ça a été assez houleux en fin de match, ça chambrait des deux côtés. Ce qui est dommageable c’est que tout le monde n’a retenu que ça alors qu’on a fait une bonne prestation. C’est un peu dommage que le foot n’en soit pas sorti grandi. Nous ne sommes pas un club raciste. En tant que responsable du club, c’est mon atteinte qu’on touche aussi. Je suis attaché à beaucoup de valeurs et le club aussi et ce ne sont absolument pas celles-là qu’on veut retranscrire. On essaiera de faire la lumière du mieux possible, même si ce sera très compliqué. Mais si j’apprends qu’il y a un joueur, un éducateur ou un dirigeant qui est concerné, j’ai dit au président qu’il serait immédiatement exclu du club.

Réaction de Richard Trivino, directeur sportif de Gueugnon :

Ce sont des incidents extra-sportifs. Certaines personnes ont tenu des propos racistes. C’est un problème de supporters. Je ne sais pas si les instances en ont pris connaissance, mais j’espère que Paray ne sera pas pénalisé pour quelques personnes un peu alcoolisées, car le club n’y est absolument pour rien.

Contactée par nos soins via Christian Renier, président de sa commission de discipline, la ligue régionale de football n’a pour le moment été sollicitée par aucune partie dans cette affaire. « Actuellement, je n’ai pas plus d’information que ça, je ne sais pas ce qu’il en est », déclare Christian Renier. « Personnellement, je ne sais pas du tout ce qui s’est passé. Les journées du weekend dernier n’ont pas encore été traitées. Elles devraient l’être cette semaine, la commission de discipline se réunissant jeudi. »

 

 

https://www.lejsl.com/sport-local/2019/09/18/football-(coupe-de-france)-propos-racistes-lors-de-paray-gueugnon-le-club-parodien-reagit-et-condamne?fbclid=IwAR2NWXqOdl-_UO3Utav_bGJaTVFkfKQIWkXxktDUwcKjKZoFs1vKfVhJF2Q

 

 

 

UNE VISITE A PARAY, Anthony Favier (27/10/2017)

 

Une visite à Paray

27 Octobre 2017 , Rédigé par Anthony_Favier Publié dans #Courage, #Paray-le-Monial

Le 25 octobre dernier, j’ai participé, aux côtés d’Anne Soupa, à une conférence à Paray-le-Monial. Organisée par la Ligue des Droits de l’homme, elle portait sur les discriminations de genre et à l’orientation sexuelle.

Nous voulions réfléchir avec les citoyens de la ville intéressés à ces questions sur ce que la théologie, les sciences humaines et sociales ainsi que le droit peuvent dire sur les « camps » au contenu plus que douteux organisés dans la ville. Le stage « Optimum » cherche en effet à re-viriliser les hommes victimes du féminisme contemporain et la session « Courage » à imposer l’absence de vie affective et sexuelle aux personnes LGBT (1).

Il est rare que je fasse des conférences dans des petites villes, malheureusement. Les centres LGBT se trouvent souvent dans les métropoles. C’est donc avec une certaine joie que j’ai accepté cette invitation. C’est une bonne chose que toute la société cherche à comprendre les racines croisées du sexisme et de l’homophobie pour se donner les moyens de lutter contre.

La réalité de ce que j’ai découvert m’a complètement dépassé et m’a poussé à écrire ces quelques lignes.

Crédit : Germaine Lemétayer (2017), Y. D. (2017).Crédit : Germaine Lemétayer (2017), Y. D. (2017).
Crédit : Germaine Lemétayer (2017), Y. D. (2017).
L’après mariage pour tous au sud de la Bourgogne
Ce soir-là, la petite salle municipale a finalement peu à être convaincue de l’importance de la lutte contre l’homophobie et le sexisme dans leur version catho 2.0. Dans les échanges, même s’il est impossible de sonder les cœurs de chacun, je découvre une société plutôt tolérante et ouverte. Loin d’être unanime sur des questions de bio-éthique plus complexes (PMA, GPA), l’assistance n’en fait pas le motif de guerres culturelles. Comme souvent dans ce genre de situations, plusieurs personnes viennent me voir à la fin de la conférence pour me confier un témoignage sur un neveu, une belle-soeur, un petit-fils vivant positivement son homosexualité à Paray ou à proximité.

La loi Taubira sur l’ouverture du mariage aux personnes de même sexe avait été révélatrice localement d’une homophobie fortement politisée. « On aurait organisé ça il y a deux ans, trois cars de la Manif pour tous seraient venus et des exaltés vous auraient empêché de parler » me confie une personne à la fin de la conférence. Le plus dur de la crise est passé et la situation est plus apaisée désormais. « Les gens se marient et sont heureux, on n’est pas différents de la ville ici sur ce point ». Plus qu’ailleurs, on a un cœur aimant à Paray.

Une autre question déroute nous autres conférenciers venus nous exprimer sur les discriminations et ce que peut en dire la Bible ou le Magistère : « dîtes-nous ce qu’on peut faire concrètement contre l’emprise de ces catholiques sur la ville qu’on aime ? Leurs idées ne nous représentent pas ! » . Les débats nous déportent vers un autre terrain auquel nous n’étions pas vraiment préparés. Nous sommes en réalité interrogés sur la coupure qu’un mouvement majeur du catholicisme d’identité français est en train de créer entre une ville et sa population.

A. Favier (2017).
A. Favier (2017).
Des habitants dépossédés de leur ville ?
Dur ne de pas voir dans cette cité bourguignonne bien des maux de la société française contemporaine où le pacte social se délite. Les gens ne parviennent plus à vivre dans un projet commun malgré leurs différences de convictions et de positions sociales. J’avais déjà lu des récits sur des villes du littoral breton où « les Parisiens » délogeaient les locaux qui occupent des emplois de salariés du tertiaire ou de l’industrie. Je n’aurais pas pensé le retrouver avec autant de force dans cette petite ville. « Regardez d’où ils viennent : ils sont tous immatriculés dans le 69, le 92, le 78 et le 75. On ne peut pas suivre pour les prix. Ils possèdent 35 % de la ville et on ne peut plus acheter ! ». Plus surprenant à Paray-le-Monial, un phénomène socio-économique connu se mêle avec la problématique spécifique des catholiques d’identité.

Depuis son installation au milieu des années 1970, un groupe charismatique a fait son trou dans cette ville située entre Moulin et Mâcon. Loin des centres d’opinion, de la presse, les forces progressistes et les lanceurs d’alerte sont peu nombreux. De surcroît avec le déclin de l’industrie. La Ligue des Droits de l’homme, la CGT, le PCF et une poignée de citoyens engagés tiennent courageusement les positions du camp républicain, laïc et humaniste. Mais il y a peu de relais localement. La presse a-t-elle peur de perdre les annonces locales ? Le monde typique des militants français, des lycéens aux étudiants, en passant par les classes moyennes engagées ou les intellectuels, est ténu localement. Et les politiques ? Ils semblent comme anesthésiés par l’argent d’une ville qui, comme Lourdes, s’est spécialisée dans le tourisme religieux. Dans l’assemblée, on relativise vite dans les échanges l’apport économique des charismatiques à la communauté locale : « Rien n’est acheté sur place, tout vient de l’extérieur en gros camions. Ils ne mangent pas en ville, tout au plus, ils prennent un pot dans les cafés. C’est un monde fermé avec sa cantine et son bivouac de type militaire ».

Les langues se délient inexorablement durant mon séjour, comme si rien ne pouvait empêcher cette vague de s’abattre sur moi. Le sentiment de dépossession domine. Les cadres moyens de la ville « en font partie » : directeurs de structures sociales ou chefs d’entreprises locales. Ils privilégieraient l’emploi entre eux et flirteraient aux limites de ce que permet la laïcité. Un trentenaire en recherche d’emploi témoigne : « l’autre fois, je tombe sur une annonce d’emploi : on demandait comme compétence une bonne connaissance de la culture chrétienne, c’est quoi ce pré-requis ? » Le quotidien est même touché. L’été, l’espace public est occupé par des personnes qui ne représentent plus le tissu social local dans sa diversité. Des traits communautaristes évidents sont visibles. Une auditrice s’emporte : « je ne vais plus dans le centre-ville : marre qu’on me tracte sur la Vierge Marie et mes péchés ! ». La ville du Sacré-Coeur serait-elle celle d’une laïcité non apaisée ? Tout porte à le croire, malgré les discours iréniques visiblement tenus sur place et la bonne entente affichée par les édiles. « Les semaines d’été, je ne viens plus : ça chante tout le temps et ils bouchent les rues ! Les croyants d’une autre religion feraient un quart de ce qu’ils se permettent de faire sur un terrain municipal, les gendarmes les sortiraient » s’emporte un Parodien.

Les personnes qui fréquentent le sanctuaire sont souvent issus de la sociologie avantageuse du catholicisme français : les professions libérales, les officiers supérieurs, les cadres des activités rémunératrices de l’économie mondialisée. Ils vivent dans les grandes villes et profitent du TGV qui place Le Creusot à 1h20 de Paris. En deux heures, il est facile de gagner Paray depuis Paris… encore faut-il avoir les moyens de s’acheter les billets qui peuvent atteindre les 200 euros pour un aller-retour durant un week-end.

Jan Sokol, Wikicommons.Jan Sokol, Wikicommons.
Jan Sokol, Wikicommons.
Une cité oublieuse de son histoire ?
Paray a construit sa popularité autour de la dévotion au Sacré-Cœur. La genèse de ce culte est complexe. Les visions d’une mystique aux mortifications édifiantes au 17e siècle (2), la phrase plus ou moins apocryphe du Christ à cette voyante : « voilà ce cœur qui a tant aimé les hommes » et les jésuites ont fait le succès d »un pèlerinage qui s’est constitué autour d’un monastère des Visitandines. Cela s’est greffé sur un noyau historique plus ancien qui donne à la ville son plus beau monument : une basilique en style roman clunisien construite au Moyen-Age pour abriter les tombeaux des comtes de Châlons.

Avant de devenir le petit Lourdes de la Bourgogne, la ville a connu une relative prospérité proto-industrielle. A la veille de la Révolution, outre les importants revenus que génèrent les biens agricoles de l’abbaye, on trouve au bord de la rivière de la Bourbince des tanneries et des filatures. Elles exportent vers Lyon et Paris de nombreuses productions. Ce passé riche ne manque pas de donner au centre-ville de jolis édifices et un pittoresque de carte postale.

Je dois reconnaître que, jusqu’à présent, j’avais une connaissance fort sommaire de ces événements. En tant qu’historien contemporanéiste, je voyais surtout dans le culte du Sacré-Cœur la dévotion par excellence du catholicisme intransigeant. De la pieuse histoire de Louis XVI montant à l’échafaud en consacrant son royaume au cœur de Jésus à la construction de la basilique du Sacré-Coéur sur la colline de Montmartre à Paris après la guerre de 1870, en passant bien sûr par le symbole rouge des Chouans en Vendée, le culte, à mes yeux, s’est surtout constitué comme en emblème du conservatisme politique français. Ceci même malgré des tentatives plus spiritualisantes pour le faire vivre à l’époque contemporaine. Je pense par exemple à Madeleine-Sophie Barrat et aux « dames » du Sacré-Coeur.

Sous la conduite de Germaine Lemétayer, docteure en histoire et spécialiste de la ville à l’époque moderne (3), je découvre une tout autre récit. Paray-le-Monial, avant la révocation de l’édit de Nantes à la fin du règne de Louis XIV (1685), peut être tenu comme une bourgade « multi-culturelle » (si on assume l’anachronisme). Catholiques et protestants, malgré leurs différences confessionnelles, vivaient et collaboraient ensemble en relative harmonie. Les moines faisaient par exemple gérer leurs biens par des familles protestantes, alors que ces dernières prospéraient dans le négoce. Ils partageaient certains éléments de piété en commun qui combinent les influences d’Erasme, de François de Sales voire des Lumières plus tardivement.

On trouve même une dévotion au cœur de Jésus chez des visitandines d’origine protestante. Pas vraiment celle des monarchistes et des catholiques intransigeants nostalgiques du régime que la Révolution engloutira avec elle. Plutôt une piété simple sur le coeur de Jésus qui aime tous les humains… sans s’arrêter aux étiquettes confessionnelles. Le Sacré-Coeur, emblème de la reconquête chrétienne, contre les idées modernes, est en quelque sorte une interprétation restrictive et ultérieure.

Le parti dévot puis, ensuite, ceux qui ne supportent pas la présence des réformés, décortiqueront, morceau par morceau, et non sans acrimonie, cette expérience inédite. La tolérance reste, en effet, rare dans une société d’Ancien Régime où la liberté d’opinion et de conscience ne s’est pas encore nationalement organisée.

Dans les années 1660-1670 (à Paray), catholiques et protestants enclenchent une dynamique irénique aménagée sur une série d’innovations : la prévalence d’un théocentrisme ou d’un christocentrisme réduisant les différends théologiques à la question eucharistique, la suppression des marqueurs confessionnels de la presque totalité des testaments, la liberté de conscience concernant les dévotions particulières, la mixité confessionnelle (…), une éthique commune fondée sur la charité et, enfin, l’unanimitas, une union de cœur proche de l’amour d’amitié de François de Sales (…) Engageant (…) les bénédictins, le monastère de la Visitation, le pasteur, le notaire protestant, le notaire catholique (…) et la grande majorité des familles, cette expérience induit le ralliement des catholiques à un humanisme chrétien, qui, à Paray-le-Monial comme au Parlement de Bourgogne, rassemble les familles fidèles à la tradition salésienne et opposées à l’autoritarisme de certains évêques et aux nouvelles exigences belliqueuses (…) du rigorisme. »

Germaine Lemétayer, Les Protestants de Paray-le-Monial, 2016, p. 808
A. Favier (2017).
A. Favier (2017).
A vrai dire la ville possède quelques traces de cette histoire pour qui sait les lire comme Germaine : les restes d’un temple, des façades de maisons de familles réformées où sont inscrites des sentences pieuses, des petits éléments architecturaux et patrimoniaux.

Force est d’avouer que ce passé de tolérance n’est pas du tout valorisé. La mise en tourisme des sites ne prend pas en compte la profondeur de l’histoire de la ville. Le visiteur déambule surtout, sans mise à distance, dans une ville de pèlerinage catholique sans avoir accès aux autres éléments nécessaires à la compréhension du site. Un congressiste nous aborde avec sourire alors que nous devisons surement trop librement à son goût : « regardez la vidéo ! ». Il nous désigne alors un document pieux, réalisé à des fins d’édification, diffusé dans une vitrine d’un office religieux…

Le catholicisme d’identité conduit même à un révisionnisme de type historique. La ville est comme vidée de son identité, dans sa complexité, pour devenir, avec sa bimbeloterie et ses infrastructures de pèlerinage, une sorte de parc d’attraction des dévotions catholiques les plus caricaturalement sulpiciennes. Tout atteste de la force d’un projet politique ancien qui, sans vergogne, se déploie aujourd’hui sur la ville.

Paray, la base arrière d’une reconquête catholique identitaire ?
Visiter Paray-le-Monial, plus que renouer avec un passé chrétien, c’est se plonger dans le grand bain du catholicisme d’identité d’aujourd’hui. Sous cette catégorie, on désignera ici des militants qui, outre des pratiques « restitutionnistes » autour des dévotions et de la liturgie, ont ré-investi le terrain politique et idéologique (4). Particulièrement visibles au moment des polémiques sur le genre et l’opposition au Mariage pour tous, ces identitaires en religion développent désormais une mentalité de « forteresse assiégée » et s’organisent dans l’espace politique.

les catholiques d’identité qui à tort ou à raison se pensent comme minoritaires, ont développé une nouvelle forme de présence au monde. Ils ont de fait rompu radicalement avec la stratégie d’enfouissement de leurs aînés et cultivent volontiers leur visibilité. Souvent issus des milieux bourgeois, ils accordent une réelle importance aux signes religieux (…) Ils dénoncent une société sécularisée qui, selon eux, les ignore, voire les méprise (…) ces « catholiques virtuoses » ne sont pas seulement des pratiquants mais également des militants dont l’engagement s’est déployé dans l’espace public et le réinvestissement du politique. Ils sont présents dans les principaux champs d’intervention qui sont les leurs (bioéthique, famille, genre, culture, caritatif et humanitaire…) et recourent à un vaste répertoire d’actions (manifestations, pétitions, blogs, réseaux sociaux, lobbying parlementaire, savoir-faire événementiel).

Bruno Dumons et Frédéric Gugelot, Catholicisme et identité, 2017, p. 7
A Paray, il ne me semble pas qu’on soit dans une situation conjoncturelle mais bel et bien devant un phénomène structurant pour la société française. Il ne s’agit pas d’un simple lieu de pèlerinage d’une vieille chrétienté en décomposition qui aurait, çà et là, des accents nostalgiques. Nous sommes plutôt face au ré-armement d’un catholicisme intransigeant qui s’est doté d’une base arrière loin des grands centres et à l’abri des regards indiscrets.

La ville est un laboratoire. Une stratégie pastorale, dont il faudrait évaluer le degré de conscience chez ceux qui l’ont mis en place, est adoptée par les cadres locaux du mouvement. Elle consiste à édifier une société religieuses aux liens serrés entre des semblables. Ces derniers sont appelés à avoir des pratiques virtuoses tant dans le domaine de la piété que celui des mœurs. Ils tendent à se positionner comme différents dans un monde où ils deviennent minoritaires et dont ils ne supportent pas le caractère sécularisé, le nécessaire pluralisme que cela induit et son devenir multi-culturel.

Cela dépasse désormais la sphère des pratiques spirituelles pour accéder à celui de la vie politique. Le scénario que René Rémond esquissait à l’orée de l’an 2000 dans le Christianisme en accusation ou Mgr Dagens dans sa Lettre aux catholiques de 2009 semble s’accomplir de manière sinistre. En devenant minoritaire, le catholicisme français retomberait dans ses penchants qui le poussent à se constituer en contre-société. Il est à craindre qu’à Paray mitonne une bien amère potion anti-républicaine.

Durant la conférence, Anne Soupa prend ses distances avec le devenir identitaire du catholicisme français, rappelant que l’Evangile appelle à habiter le temps tel qu’il est et ne pas figer la foi dans une expression historiquement construite à une époque. Espérons qu’elle soit entendue. Que des personnes, au nom de la liberté de conscience et d’opinion, aient des pratiques liturgiques émotionnelles et des dévotions aux accents doloristes, peu m’importe, c’est leur liberté absolue. Mais qu’elles instrumentalisent les fractures de territoire national, qu’elles participent au détricotage du pacte laïque et républicain dans les territoires et qu’elles prétextent de l’histoire pour le faire, c’est insupportable. Cela demande une réaction forte, sereine et collective.

***

De cet événement, qui se poursuit avec l’action que continue de mener la Ligue des Droits de l’homme, je garderai deux choses :

La première c’est l’importance qu’il faut accorder aux sciences historiques. Ce sont elles qui nous protègent des appropriations abusives de mémoires, des simplifications identitaires et des maltraitances patrimoniales de notre passé commun.
La seconde c’est que, certes j’ai rencontré beaucoup de catholiques identitaires mais également de vrais humanistes. Ces derniers ne se font pas piéger dans le révisionnisme historique, ni la nostalgie mortifère ni le marketing lénifiant des religions de l’émotion.
Qu’il leur soit rendu modestement ici hommage. Ce sont eux.elles qui ont un coeur qui aime vraiment tous les hommes.

hommemodel.blogspot.co.uk via Pinterest.
hommemodel.blogspot.co.uk via Pinterest.
Notes :

(1) « la Ligue des Droits de l’homme, n’a eu de cesse de dénoncer les discriminations de genre, homophobie et anti-féminisme promues par les Parcours homosexualité et les Camps optimum organisés à Paray par la Communauté de l’Emmanuel », « Conférence-débat autour des discriminations de genre », Journal de Saône-et-Loire (version Charolais-Brionnais), 25 octobre 2017.

(2) Jacques DUBOIS, « Marguerite-Marie ALACOQUE, sainte (1647-1690) », Encyclopædia Universalis, site : universalis.fr, adresse URL : https://www.universalis.fr/encyclopedie/marguerite-marie-alacoque/ (page consultée le 29 octobre 2017).

(3) Germaine LEMETAYER, Les Protestants de Paray-le-Monial, de la cohabitation à la diaspora (1598-1750), Paris : Honoré Champion, 2016, 888 p.

(4) Bruno DUMONS et Frédéric GUGELOT (dir.), Catholicisme et identité, regards croisés sur le catholicisme français contemporain (1980-2017), Paris : Karthala, 2017, 331 p.

REUNION PUBLIQUE SUR LES DISCRIMINATIONS DE GENRE (25/10/2017), INTRODUCTION

De gauche à droite: Anthony FAVIER, Vice-Président de "David et Jobathan", Anne SOUPA, Présidente du Comité de la Jupe…

Publié par Ldh Paraylemonial sur dimanche 29 octobre 2017

 

Pourquoi un tel sujet, ici, à Paray-le-Monial ?
Le développement à Paray d’un militantisme homophobe, viriliste et antiféministe est lié à la présence de la Communauté de l’Emmanuel et à la mise en place, dès 2011, du premier Camp optimum à l’initiative de Dominique Rey, évêque de Toulon -Fréjus et chef de cette communauté d’où est issue la Manif Pour Tous. Depuis, trois camps ont été implantés à Paray entre 2014 et 2016 tandis que la Sainte Baume s’affirme comme un lieu de formation d’animateurs virilistes et antiféministes autour des thèses de l’américain John Eldredge et du français Tony Anatrella. Contre la loi sur le Mariage pour tous, c’est en 2015 qu’a été installé à Paray le premier « Parcours homoxexualité » autour des thématiques de « blessures et de guérison » et dans la ligne idéologique de l’association américaine Courage.
Par ailleurs, l’organisation dans la ville, de conférences lors des sessions d’été de la Communauté de l’Emmanuel, de retraites non mixtes qui s’échelonnent toute l’année constitue avec les parcours et les camps précités, un impressionnant dispositif destiné à la reconstruction des identités sexuelles diffusé aussi par ses clercs, ses séminaristes, ses conférenciers, ses écoles, ses associations (Teenstar, Courage…), ses journaux, ses livres et ses videos.
A la pointe de la dynamique, depuis les années 70, d’un catholicisme d’identité identifié par les travaux des historiens des religions au colloque de l’EPHE de novembre 2014, sous la direction de Philippe Portier et Céline Béraud, ce mouvement s’inscrit d’abord -contre Vatican II- dans la restauration d’un catholicisme tridentin normatif, intégraliste, visible, virtuose et politiquement promoteur du « rêve de Compostelle » à savoir la reconstruction d’une Europe catholique . Dans ce projet, la gestion des corps de la conception à la mort qui échappe désormais, grâce aux progrès de la biologie et aux nouvelles lois, à l’ordre de la nature mais aussi au magistère de l’Eglise, occupe une place centrale. En passant, selon Denis Pelletier, du registre du salut à celui de la santé, de l’intime et du contrat, le corps qui est devenu un enjeu capital de l’émancipation collective… signe la déprise de l’Eglise , voire, selon Danièle Hervieu-léger, une forme « d’exculturation » . En réaction à cette révolution familiale de type libérale qui fait prévaloir l’autonomie des individus et des familles, les principes de liberté et d’égalité, les catholiques d’identité diabolisent les lois votées successivement en faveur de l’IVG, du PACS et du Mariage pour tous en les associant à l’immoralité, à la déconstruction et à la décadence d’une société qu’ils n’hésitent pas à représenter par le Titanic ou la figure de l’homosexuel . A Paray-le-Monial s’élabore donc un modèle de chrétien mais aussi de société qui n’est pas seulement d’essence religieuse mais politique. Depuis 2012 en effet, on assiste à une montée en puissance des engagements politiques anti-libéraux des identitaires catholiques à travers un « cadrage populiste » qui considère -selon Thomas Jefferson- cité par Marie Balas, au colloque de l’EPHE, que « quand l’injustice devient loi, la rébellion devient devoir » . Tandis que Sens Commun est créé en 2013, que Marion Maréchal Le Pen est invitée par les Veilleurs de Versailles et au colloque de Dominique Rey à la Sainte Baume en 2015, la Manif Pour Tous se transforme en parti politique la même année. Aux élections présidentielles de 2017, les Primaires de la Droite présentent Jean Michel Poisson et François Fillon qui investissent une partie de leurs idées, tandis qu’Hervé Mariton est écarté en dernière minute. Aujourd’hui , en proposant une plate-forme commune avec le courant identitaire du FN, Sens commun participe à l’extrême-droitisation de LR.
Face à des prises de position subversives et clivantes, notre section fait un travail militant de terrain visant à rassembler, dans ses cercles de silence, ses tractages, ses communiqués, ses manifestations publiques, des associations partenaires, telles que Solidarité laïque, les Femmes solidaires, Rainbow, la CFDT, la CGT et aujourd’hui David et Jonathan et Le Comité de la Jupe. Sur le plan idéologique, elle identifie le courant parodien à travers les travaux des historiens des religions, elle informe et alerte les dirigeants de la LDH responsables des groupes de travail laïcité, extrêmes-droites, Femmes et genre. Enfin, elle publie des communiqués pour dénoncer ses dérives et montrer les convergences, dans le Charolais-Brionnais, entre les composantes des courants mentionnés par André Déchot dans son article publié dans Hommes et Libertés en juin 2014 « Intégristes catholiques : le grand retour ? ». : en effet, qu’il s’agisse de la Communauté de l’Emmanuel et de la Fraternité Saint Pie X à Paray, de l’association « Genèse » constituée par Yves Meaudre à Charolles, de« Terre et Familles » de Stéphanie Bignon à Briant, la section a démontré, preuves à l’appui, que par delà les différences existant entre intégristes, traditionnistes, et conservateurs radicalisés, ces mouvements font cause commune sur de nombreux points mais en particulier sur la question du genre.
• Face à la contestation radicale de lois républicaines, la Ligue des Droits de l’Homme affirme un engagement de longue date en faveur de l’égalité des droits avec la création en 1920 d’une commission féministe qui œuvrera notamment pour la reconnaissance du droit de vote des femmes et plus globalement pour l’extension des droits juridiques, politiques et sociaux. Elle a accompagné toutes les lois féministes depuis la reconnaissance du planning familial (1956), de la contraception ( loi Neuwirth en 1967), de l’autorité parentale (1970), du droit à l’IVG (loi Veil en 1975), de l’égalité professionnelle (1983), du PACS (1999), du mariage pour tous (2013) jusqu’à l’égalité réelle et la parité (2014)
Comme pour le Pacs, elle se réjouit de l’égal accès au mariage et milite maintenant pour la pleine adoption. Elle combat toutes les discriminations en raison de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre, recourant si nécessaire à l’action judiciaire. Enfin, elle considère la laïcité comme le socle des valeurs communes qui transcendent les appartenances individuelles ou collectives.

Comme nous l’avons fait en novembre 2016, lors de notre table-ronde sur le vivre ensemble qui rassemblait les représentants des cultes bourguignons, nous aimons aussi affirmer la vocation de la LDH à recréer un vivre ensemble qui se décline aujourd’hui avec nos invités en « militer et penser ensemble ». Nous sommes heureux d’accueillir Madame Anne Soupa, Présidente du Comité de la Jupe, association féministe catholique, Monsieur Anthony Favier, Vice président de l’Association LGBT David et Jonathan, Madame Caroline Amberger, journaliste-stagiaire à Protestinfo et militante LDH de la section de Paray ; nous excusons l’absence, pour raisons professionnelles ,de Madame Nadja Djerrah et je passe la parole à Monsieur Daniel Boitier, philosophe particulièrement mobilisé sur la question identitaire qui nous intéresse aujourd’hui et responsable du groupe de travail sur la laïcité à la LDH.

Germaine LEMETAYER, Présidente de la section de Paray, de la Ligue des Droits de l'Homme et Daniel BOITIER. Photo: Denis Sibut (avec nos remerciements.)

Publié par Ldh Paraylemonial sur dimanche 29 octobre 2017

«A PARAY-LE-MONIAL, C’EST VIRIL ! DES ASSOCIATIONS CHRETIENNES ET LA LIGUE DES DROITS DE L’HOMME CONTRE LES DISCRIMINATIONS DE GENRE (25/10/2017) avec Caroline Amberger, Anne Soupa , Anthony Favier et Daniel Boitier.

 

CONFERENCE-DEBAT organisée par la LDH Paray : « LES ASSOCIATIONS CHRETIENNES ET LA LDH CONTRE LES DISCRIMINATIONS DE GENRE A PARAY-LE-MONIAL (25/10/2017) avec Caroline Amberger, Anne Soupa , Anthony Favier et Daniel Boitier.

A Paray-le-Monial, ce 25 octobre 2017, les Parodiens présents au Centre de Culture et de Congrès pour entendre les invités à la conférence-débat de la Ligue des Droits de l’Homme ont eu la surprise de participer à un réquisitoire en règle contre les dérives de genre (homophobie, revirilisation, antiféminisme) d’un catholicisme d’identité incarné par la communauté de l’Emmanuel. Caroline Amberger , étudiante à la faculté de théologie de Genève et journaliste- stagiaire à la plate-forme protestante Protest info, ouvre la soirée par le compte-rendu de sa participation au « Parcours homosexualité » de Paray organisé en août. Elle évoque l’inspiration américaine d’un grand show…les discours stéréotypés, mais aussi l’ambiguité des propos tenus par l’organisateur, Louis-Marie Guitton et un littéralisme de la lecture biblique dont elle donne un exemple, bible à la main.
Puis, dans un langage clair et net, Anne Soupa, Présidente du Comité de la Jupe et de la Conférence catholique des baptisé(e)s) francophones, qui se présente comme « catholique d’ouverture » entre dans le vif du sujet : « Le visage normal du catholicisme, ce n’est pas un conglomérat de personnes en quête d’identité…la Manif Pour Tous et Sens Commun sont impliqués sur les questions morales et sociétales, ce n’est pas ça, la carte génétique du christianisme …Le christianisme, c’est le fait de suivre le Christ… Etre chrétien, c’est « compagnonner avec tout le monde ». Les trois intervenants portent plus particulièrement leurs critiques sur l’interprétation littéraliste de la Bible qui fait fi de la longue tradition de l’exégèse et de la pensée historico-critique présente depuis plus de 450 ans au sein du christianisme pour penser la foi : « l’Emmanuel a une lecture fondamentaliste de la Bible : on prend tout au pied de la lettre, alors que la Bible s’interprète… Le christianisme, ce n’est pas une contre-culture…. Ce n’est pas chrétien et c’est une dérive …En ce qui concerne le mariage et la famille, il y a 36 modèles de familles dans la Bible »(AS) « Le littéralisme de l’Emmanuel est inspiré des pentecôtistes américains qui imposent une théologie morale d’influence puritaine d’origine nord-américaine et qui exagère le contenu du catéchisme de l’Eglise catholique » « (AF).

L’épiscopat et les medias, dont La Croix, ne sont pas ménagés : « l’épiscopat est demeuré silencieux, globalement, il ne prend pas position,…il y a un aplatissement des références médiatiques : on ne s’intéresse qu’à ce qui est majoritaire » (AS). Anthony Favier, Co-Président le l’association LGBT David et Jonathan, cite un exemple d’ « enfumage » dans un article de la Croix …qui mobilise une prétendue « psychothérapeute », en réalité…conseillère conjugale. Il remarque aussi qu’un important changement s’est produit dans les années 90 avec le durcissement de la doctrine catholique sur les homosexuels, dont les actes sont considérés comme « intrinsèquement désordonnés » : en 2005, les séminaristes gays sont interdits de sacerdoce. Mais il note aussi que depuis 2015, à travers la promotion d’une chasteté qui conditionnerait la conformité des homosexuels à l’Eglise, l’association Courage, apostolat américain importé par Louis-Marie Guitton et vitrine de l’Emmanuel, est en totale rupture avec les pratiques d’inclusion en cours dans la plupart des diocèses, surtout depuis le texte Amoris Laetitia du Pape François. Louis-Marie Guitton, second de Dominique Rey dans la création des Parcours, est présenté comme « un pompier pyromane » alternant des propos exclusifs et rassurants significatifs pouvant potentiellement conduire à une emprise de type sectaire. Il joue, dans son discours, des clivages caractéristiques de la perversion narcissique oscillant en permanence entre accueil chaleureux et réprobation forte de l’homosexualité. Enfin, sur le plan théologique et politique, « Courage va contre la longue tradition catholique du discernement, contre l’esprit des évangiles et les valeurs du catholicisme qui a accepté la république et la laïcité ».

Anthony Favier, -Président le l’association LGBT David et Jonathan, cite un exemple d’ « enfumage » d’Arte et de la Croix …qui mobilise une prétendue « psychothérapeute », en réalité…conseillère conjugale. Il remarque aussi qu’un important changement s’est produit dans les années 90 avec le durcissement de la doctrine catholique sur les homosexuels, dont les actes sont considérés comme « intrinsèquement désordonnés » : en 2005, les séminaristes gays sont interdits de sacerdoce. Mais il note aussi que depuis 2015, à travers la promotion d’une chasteté qui conditionnerait la conformité des homosexuels à l’Eglise, l’association Courage, apostolat américain importé par Louis-Marie Guitton et vitrine de l’Emmanuel, est en totale rupture avec les pratiques d’inclusion en cours dans les 2/3 des diocèses. Louis-Marie Guitton, second de Dominique Rey dans la création des Parcours, est présenté comme « un pompier pyromane » alternant des propos exclusifs et rassurants significatifs d’une emprise de type sectaire et de clivages de l’ordre de la perversion narcissique. Enfin, sur le plan théologique et politique, « Courage va contre la longue tradition catholique du discernement, contre l’esprit des évangiles et les valeurs du catholicisme qui a accepté la république, la laïcité ». Daniel Boitier, responsable du Groupe de Travail laïcité à la Ligue des Droits de l’Homme, anime le débat en faisant remarquer que ce qui, au regard de la loi de 1905, rend complexe une prise de position sur ce qui se passe à Paray , c’est que les autorités catholiques semblent ne pas avoir vu d’un mauvais oeil cette affaire, et que l’article 4 de la dite loi assure l’autonomie du culte. Depuis longtemps, on dit « l’Eglise chez elle, l’Etat chez lui ». Reste que nos amis de Paray semblent avoir le sentiment de ne plus être chez eux dans leur ville! Sur le plan d’une analyse politique, les propositions des invité.e.s, et cela jusque dans leurs approches religieuses, nous ont permis de réfléchir sur les résistances, parmi les catholiques et plus largement, à une dérive identitaire et anti féministe à dimension politique. Dans notre pays, pris de diverses paniques morales et identitaires, les propositions législatives allant dans le sens de la sécularisation de la société et des moeurs semblent avoir réveillé des réflexes sectaires potentiellement porteurs d’homophobie. Mais ce soir le « compagnonnage avec tout le monde » d’Anne Soupa et le « vivre ensemble » de la section de Paray ont fait fort bon ménage. Le public présent a participé largement au débat en mentionnant d’autres dérives locales de la politique municipale et de la communauté de l’Emmanuel. Les conversations se sont poursuivies tardivement autour d’un pot. La LDH Paray remercie Caroline Amberger, Anne Soupa, Anthony Favier pour cette dénonciation publique courageuse de l’imposture sectaire mise en œuvre par l’Emmanuel. Présent, le Journal de Saône-et-Loire a censuré l’information.

Ldh Paraylemonial a ajouté 8 photos à l’album Conférence-débat: « A Paray-le-Monial, c’est viril! »(25/10/2017).https://www.facebook.com/312178878991627/photos/a.703087839900727.1073741902.312178878991627/703088176567360/?type=3&theater

« A PARAY-LE-MONIAL, C’EST VIRIL ! » : DES ASSOCIATIONS CHRETIENNES ET LA LIGUE DES DROITS DE L’HOMME CONTRE LES DISCRIMINATIONS DE GENRE (25/10/2017)

Au Centre de Culture et de Congrès de Paray-le-Monial, le mercredi 25 octobre 2017 à 19 heures.

Avec la participation de:

Caroline AMBERGER, Journaliste-stagiaire à Protestinfo et militante de la section LDH de Paray-le-Monial.
Anne SOUPA, Présidente de l’association féministe catholique « Le Comité de la Jupe ».
Anthony FAVIER, Vice-Président de l’association LGBT catholique « David et Jonathan ».
Nadja DJERRAH, Responsable du Groupe de travail « Femmes, genre, égalité » à la LDH (sous réserve)

Daniel BOITIER, co-responsable du groupe de travail « Laïcité »
à la LDH, animateur du débat.

Depuis sa fondation, en avril 2014, la section de Paray-le-Monial n’a eu de cesse de dénoncer les discriminations de genre, homophobie et antiféminisme, promues par les « Parcours homosexualité » et les « Camps optimum » organisés à Paray par la Communauté de l’Emmanuel. Qu’il s’agisse de la « revirilisation » d’ hommes jugés trop « softies », de l’identité féminine réduite à la séduction et au maternage, ou encore de la conversion des homosexuels à la chasteté, l’idéologie de l’américain John Eldredge et de l’association Courage sera passée au crible par des spécialistes de la Bible, de la philosophie et du droit. Elle sera aussi associée aux perspectives politiques identitaires qu’elle promeut activement.
La section LDH paray vous invite à venir participer à un débat qui éclairera au grand jour les ressorts idéologiques influents de catholiques d’identité tout-puissants à Paray-le-Monial.
Aucun texte alternatif disponible.

Le méga festival où le sexe hors mariage est un péché, Caroline Amberger, 28 septembre 2017

La communauté du renouveau charismatique catholique de l’Emmanuel à Paray-le-Monial (9000 habitants) en Bourgogne accueille plus de 200’000 pèlerins durant l’année. Six sessions d’une semaine ont lieu l’été et rassemblent à elles seules 30’000 participants. Accompagnement spirituel pour les homosexuels, camps Optimum destinés à la revirilisation masculine ou semaines de la bioéthique sont des thèmes proposés.

Il est 8h30 du matin et la petite ville de Paray-le-Monial semble déjà en effervescence. D’énormes barnums ont pris place sur le parc du Moulin Liron attenant à la basilique. Un parking de voitures et de camping-cars orne l’entrée de ce festival religieux. Louanges, messes et veillées rythment les longues journées. Au choix des carrefours abordant des thématiques comme éducation, bioéthique, famille, sexualité, engagement chrétien dans la société. Des familles bon chic bon genre en shorts et mocassins à glands déambulent, beaucoup de jeunes et d’enfants sont sur le site. Les louanges, chants des missions évangéliques commencent à 9h. Chauffage de la salle digne d’un concert pop, l’ambiance monte rediffusée sur écrans géants. Les bras se lèvent, certains parlent en langue.

Derrière cette apparente bonhomie le petit groupe du parcours homosexuel se trouve à l’écart du site principal. Ils sont une quarantaine à s’être inscrits. Certains sont là pour trouver des réponses parce que «leur entourage est concerné». D’autres sont eux-mêmes homosexuels. Un leitmotiv est scandé aux participants: l’Eglise vous accueille tels que vous êtes, qui suis-je pour vous juger? Mais le discours glisse très vite sur «une histoire marquée par nos fragilités, il faut donc se guérir des blessures du passé en suivant l’appel de Dieu dans la chasteté». Le père Louis-Marie Guitton responsable du groupe et fondateur de Courage, version française importée de Courage international s’explique: «parler des homosexuels c’est une abstraction je ne connais que des personnes créées à l’image de Dieu. Je prends la parole telle qu’elle est: Dieu a créé les hommes et les femmes et les a voulu sexués. Ce qui importe c’est le plan de Dieu sur la sexualité et le comportement homosexuel oublie ces distinctions. La guérison n’est pas notre débat. Nous accueillons ces personnes qui se sentent souvent jugées par l’Eglise».

L’après-midi je retrouve le groupe qui assiste à un enseignement: «inutile de s’en référer aux études scientifiques, aux sexologues ou aux travailleurs sociaux. Le seul à qui il faut poser la question c’est Dieu», commente Louis-Marie Guitton. Enjoué et d’une assurance déconcertante les participants ont même droit à une petite parodie de Louis de Funès. «Oh non pas la chasteté! Si la chasteté!»

S’appuyant sur la Bible qui est présentée comme un livre de morale sexuelle la recette est simple: Genèse 1 est la parole de Dieu. La sexualité ne peut être dissociée de la procréation dans le cadre du mariage. Puis application stricte du catéchisme de l’Eglise catholique, le sixième commandement («Tu ne commettras pas d’adultère») est exposé comme le remède à tous les maux des participants.

Démonstration faite, «les actes homosexuels ne conduisent pas au bien de la personne. Mais les personnes homosexuelles vivent de grands combats spirituels. C’est une grande souffrance et leur désir du Christ est bien plus présent que chez la plupart des chrétiens», conclut le père Louis-Marie Guitton.

Si cette version française à peine édulcorée se défend de toute tentative de guérison, le discours de son homologue américain est largement moins policé et pourtant véhiculé par le blog français de Courage. Selon le prêtre Paul N. Check certaines circonstances familiales seraient récurrentes: «des familles éclatées ou troublées, une aliénation du parent de même sexe (…), et un choc sexuel». Le constat fantaisiste va plus loin encore: «Beaucoup d’hommes avec un SSA (same sex attractions – attirance pour le même sexe) ont un déficit de coordination main/œil et de ce fait ont été rejetés ou été sujets de dérision pour leurs pères ou pour les garçons du voisinage, parce qu’ils ne pouvaient pas jouer avec aisance à certains sports» On y apprend également que «L’attirance vers le même sexe est un désordre développemental qui est à la fois soignable et évitable», étant entendu non comme un problème sexuel, mais comme un déficit dans l’identité au genre.

A Paray-le-Monial cette association se calque sur un modèle proche de celui des alcooliques anonymes. Cinq piliers sont proposés, chasteté, prière et consécration, camaraderie, soutien et bon exemple. Un sous-groupe «Encourage» est au service des familles dont un proche est touché par l’homosexualité.

L’œcuménisme des tranchées

Philippe Gonzalez, maître d’enseignement et de recherche en faculté de sciences sociales et politique de l’Université de Lausanne souligne la convergence qui existe entre évangéliques et catholiques conservateurs. Particulièrement féconde aux Etats-Unis, le sociologue décortique une genèse. «Cet œcuménisme des tranchées s’est fédéré sur une vision bourgeoise et patriarcale qui pointe l’homosexualité comme une menace de la famille ou l’islam comme une menace culturelle. Certains évêques américains ont été chercher un auditorat chez les évangéliques qu’ils n’auraient pas trouvé chez leurs coreligionnaires. Il s’agissait de produire un front commun afin de s’opposer au postulat de la décadence de la société et ceci malgré des différences d’ordre doctrinales».

En France, l’acclimatation de ce phénomène théoconservateur a utilisé la brèche ouverte par le mariage pour tous. Une alliance s’est faite entre différentes franges du catholicisme qui se sont senties ostracisées par la proposition de loi de François Hollande malgré des divergences dogmatiques.

Romain Carnac, doctorant et chargé de recherches à l’EESP (école d’études sociales et pédagogiques) souligne quant à lui «un conflit interne dans l’église française sur l’opportunité ou pas d’entrée en politique». Relevant une pluralité de mouvements misant sur l’aura de la manif pour tous, le doctorant constate qu’il n’y a finalement aucune stratégie globale ayant fait l’unanimité au sein de l’Eglise catholique. Selon son analyse, l’accompagnement spirituel des homosexuels tels qu’il est proposé à Paray-le-Monial a pour objectif de se couvrir de la stigmatisation en laissant prioritairement le message d’aider des gens qui seraient en souffrance.
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https://protestinter.ch/201709288635/8635-le-mega-festival-ou-le-sexe-hors-mariage-est-un-peche.html

« CONCEPTION RETROGRADE ET MACHISTE DE LA PLACE DES FEMMES PAR RAPPORT AUX HOMMES »

Le CSA condamne France 2 pour son reportage sur les stages de masculinité au JT de 20 heures

« CONCEPTION RETROGRADE ET MACHISTE DE LA PLACE DES FEMMES PAR RAPPORT AUX HOMMES » : C’est en ces termes que le CSA a condamné le 31 juillet, un reportage sur un camp de revirilisation des hommes (Camp Optimum) organisé par la Communauté de l’Emmanuel-Manif Pour Tous et semblable à ceux de Paray-le-Monial. Rappelons que c’est à l’initiative de Dominique Rey, évêque de Toulon-Fréjus et de son adjoint Pierre-Marie Guitton que de tels camps se répandent actuellement pour « corriger » une identité masculine considérée comme trop « soft » face à des femmes fortes de leurs droits nouveaux.
 » Le 29 mars dernier, France 2 diffusait au cours de son Journal de 20 heures un reportage intitulé « Stages : c’est quoi un homme ? ». Soit cinq minutes d’immersion dans l’un des stages de masculinité catholiques qui fleurissent en France − introduites par David Pujadas, qui nous apprenait que le patriarcat est fini depuis les années 1960…
Suivait une présentation du camp comme s’il s’agissait du dernier concept sympa de colonie de vacances, ces messieurs expliquant tranquillement leur vision rétrograde et sexiste du couple hétérosexuel. Dans cette séquence misogyne sans aucun recul, un jeune participant, venu en famille, expliquait par exemple ceci : « L’homme va être plus dans la force brute. L’image de la maison, c’est bien : l’homme va monter les murs, les trucs physiques, la femme va rendre ça beau et habitable. »
Le CSA a estimé qu’en proposant ce sujet sans davantage le contextualiser et sans commentaire critique explicite, que ce soit dans le cadre du reportage ou lors de son lancement, la chaîne avait diffusé une séquence présentant une conception rétrograde et machiste de la place des femmes par rapport aux hommes. »
Ci-dessous, notre communiqué du 20 octobre 2016 concernant le Camp Optimum de Paray-le-Monial: « Non, le masculin ne l’emporte pas sur le féminin ».

COMMUNIQUE: NON, LE MASCULIN NE L'EMPORTE PAS SUR LE FEMININ!Après le Parcours homosexualité en août, l’Emmanuel-Manif…

Publié par Ldh Paraylemonial sur jeudi 20 octobre 2016

SUITE AU « PARCOURS HOMOSEXUALITE » DE PARAY-LE-MONIAL, MISE AU POINT VIGOUREUSE DE L’ASSOCIATION CHRETIENNE « DAVID ET JONATHAN » QUI DENONCE LES TENTATIVES D’AMALGAME DU JOURNAL « LA CROIX » ENTRE SES PROPRES PRISES DE POSITION ET CELLES DE L’ASSOCIATION « COURAGE » QUI OPERE A PARAY.

http://mailchi.mp/d9b539fe5546/communiqu-de-presse-ensemble-luttons-contre-le-rejet-de-lautre-et-faisons-barrage-au-front-national-1005809

« L’article de Samuel Lieven « Aider les homosexuels à trouver leur place dans l’Eglise » [1] a suscité de vives réactions parmi les croyant-e-s.
David & Jonathan, mouvement homosexuel chrétien, cité à la fin de l’article, refuse tout amalgame avec l’association Courage et s’émeut de voir placer sur le même plan, une association comme Devenir Un en Christ (DUEC), qui propose un accueil de qualité pour les personnes homosexuelles, et le très obscur mouvement « Courage », dont les pratiques psycho-spirituelles s’inspirent de « thérapies de guérison » mises en place aux Etats-Unis. Aucun amalgame ne saurait être fait entre de telles pratiques et celles de nos associations.
Dans un billet du 3 août 2017, Isabelle de Gaulmyn, rédactrice en chef de La Croix, soutient que « c’est au lecteur de juger »[2] : chacun est renvoyé à sa conscience.
Cependant, nous attendons de la presse qu’elle donne au lecteur une information de qualité, nuancée et contextualisée, permettant réellement de se faire un avis éclairé. Ce n’est pas le cas ici selon nous.
Les informations, mal contextualisées, ne permettent pas au lecteur de comprendre les différences entre Devenir Un en Christ (DUEC) et Courage, mouvement potentiellement dangereux, objet de plaintes aux Etats-Unis, et plusieurs fois dénoncé en France pour homophobie.
Isabelle de Gaulmyn précise «qu’il ne faut pas non plus caricaturer cette seconde association, « courage », car j’ai le sentiment qu’elle se donne la chasteté comme objectif, mais ne parle pas de « guérison » de l’homosexualité, comme vous semblez le dire, mais de conversion: le vocabulaire est donc spirituel, et non médical».
Or, en parcourant le blog français de Courage, on trouve très vite une déclaration de l’Association médicale catholique d’Amérique du Nord, traduite en français, et qui décrit de manière très explicite la « thérapie de guérison » qu’elle propose [3].
Le vocabulaire médical est bien là, à portée de main. Il nous paraît important de le dénoncer.
Certes, le discours officiel de Courage en France ne mentionne pas explicitement de « thérapies de guérison», dont nous savons les effets dévastateurs, tout autant que l’inefficacité. Il est « seulement » explicitement demandé aux participants de vivre la continence et la chasteté. Les prêtres et les religieux, qui ont fait ce choix de vie au terme d’un long parcours de discernement et de réflexion, savent combien cette situation peut être difficile, même en l’ayant choisie sciemment dans le cadre de leur appel au ministère.
Imposer, y compris sous le couvert d’un discours bienveillant et ouvert, la continence et la chasteté comme unique état de vie fidèle à l’Evangile à la très grande diversité des personnes homosexuelles, est susceptible d’engendrer de graves souffrances psychologiques et de pousser des croyant-e-s homosexuel-le-s au désespoir, voire au suicide, loin de la recherche d’unité défendue dans l’article.
Nous dénonçons cet unique choix de vie que propose le catéchisme officiel de l’église catholique. Il pourra convenir à certain-e-s, mais sera destructeur pour bien d’autres, dont ce n’est pas la vocation.
L’article de Samuel Lieven affirme que « la Manif pour Tous a été un tournant pour la prise en compte et l’accompagnement des personnes homosexuelles dans l’Eglise ». De nombreux diocèses en France portent en effet des initiatives que nous saluons. Mais nous voulons ici re dire que tant qu’on désigne l’homosexuel comme « l’autre » et que, de surcroît, on le définit comme systématiquement en souffrance, le discours est biaisé et on n’avance pas. Au mieux on est dans le compassionnel, au pire le pathologisant.
Nous pouvons témoigner de la foi profonde de nombreuses personnes homosexuelles qui vivent leur sexualité, et nous refusons des parcours « d’accompagnement » qui nous enfermeraient dans notre condition de personne homosexuelle, et nous réduiraient à ce seul aspect de notre personnalité.
Forts de la certitude de l’accueil inconditionnel de Dieu, beaucoup d’entre nous sont engagé-e-s localement dans leurs communautés, où ils se savent non seulement estimés mais source de fécondité pour l’Eglise.
Il ne s’agit pas tant de nous « aider » à trouver notre place dans l’Église, mais de prendre la mesure de la place que nous y occupons et de notre participation au « sacerdoce universel des baptisés ».

Le Bureau national de David & Jonathan
Anthony, Christian, Denis, François, Marianne, Marie-Céline, Marie-Hélène et Sébastien »
_________________________
Mail : communication@davidetjonathan.com – Contact média : 06 36 95 66 31
[1] article de Samuel Lieven: lien
[2] billet d’Isabelle de Gaulmyn: lien
[3] blog de Courage en France: lien