Des tas d’urgence, la France qu’en 23ième position quant à l’Indice de perception de la corruption 2016 dans le secteur public sur 176 pays.
L’année 2016 a montré que, dans le monde entier, la corruption systémique et l’inégalité sociale se renforcent mutuellement, conduisant à une désillusion populaire vis-à-vis du monde politique et fournissant un terreau fertile à la montée des politiciens populistes. Le nombre croissant de politiciens populistes dans de nombreux pays est un signal d’alarme.
Bien qu’aucun pays ne soit exempt de corruption, les pays en haut du classement partagent les caractéristiques suivantes : gouvernement transparent, la liberté de la presse, la garantie des libertés civiles et des systèmes judiciaires indépendants.
Les pays en bas du classement se caractérisent par une impunité généralisée dans les affaires de corruption, une mauvaise gouvernance et des institutions faibles. La collusion entre les entreprises et les politiciens prive les économies nationales de milliards de dollars de recettes qui sont siphonnés au profit de quelques personnes et au détriment du plus grand nombre. Ce type de grande corruption systémique viole les droits humains, empêche le développement durable et alimente l’exclusion sociale.
Pas d’égalité des chances pour tous
La corruption et l’inégalité se nourrissent l’une de l’autre, créant un cercle vicieux entre la corruption, la distribution inégale du pouvoir dans la société et la répartition inégale de la richesse. Comme l’a mis en évidence l’affaire des « Panama Papers », il est encore trop facile pour les riches et les puissants d’exploiter l’opacité du système financier mondial afin de s’enrichir au détriment du bien public.
« Dans de trop nombreux pays, les besoins les plus élémentaires des citoyens ne sont pas satisfaits et ces derniers se couchent tous les soirs le ventre vide à cause de la corruption, alors que les puissants et les corrompus jouissent d’un mode de vie somptueux en toute impunité », a déclaré José Ugaz, président de Transparency International.
Le populisme est le plus mauvais remède
Les citoyens en ont assez des promesses vaines proférées par trop de politiciens qui jurent de s’attaquer à la corruption, et beaucoup se tournent vers des politiciens populistes qui promettent de changer le système et de briser le cycle de la corruption et des privilèges. Pourtant, cela ne fera probablement qu’exacerber le problème.
« Dans les pays dirigés par des leaders populistes ou autocrates, nous constatons souvent des démocraties en déclin et des tentatives inquiétantes de réprimer la société civile, de limiter la liberté de la presse et d’affaiblir l’indépendance du pouvoir judiciaire. Au lieu de s’attaquer au capitalisme de connivence, ces leaders installent généralement des formes de systèmes corrompus qui sont encore pires », a déclaré José Ugaz, de Transparency International.
Ce qu’il y a d’urgent à faire
Il ne suffit pas d’apporter des corrections techniques aux lois luttant spécifiquement contre la corruption. Ce qu’il est urgent de faire, ce sont de profondes réformes systémiques qui compensent le déséquilibre croissant du pouvoir et des richesses en habilitant les citoyens à mettre fin à l’impunité généralisée de la corruption, à demander des comptes aux puissants et à avoir véritablement leur mot à dire dans les décisions qui affectent leur vie quotidienne.
Ces réformes doivent inclure la divulgation par le biais de registres publics du nom des propriétaires d’entreprises, ainsi que des sanctions pour les facilitateurs professionnels qui se rendent complices de transferts transfrontaliers de flux d’argent obtenu de manière frauduleuse. Grâce à l’indépendance des institutions chargées de l’application de la loi, il est possible de demander des comptes à des individus qui auparavant étaient considérés comme intouchables.
Ce n’est que lorsque la liberté d’expression, la transparence dans tous les processus politiques et de solides institutions démocratiques existent que la société civile et les médias peuvent exiger des personnes au pouvoir qu’elles rendent des comptes et que la corruption peut être combattue avec succès.
Enfin, à dynamiser les actions collectives : la pédagogie, la formation, l’école devraient être en première ligne. Une pédagogie coopérative critique développerait les pratiques d’entraide, de discussion, de prise de décisions démocratiques, en citoyen laïc attentif à ne pas reproduire les rapports sociaux inégalitaires./ R.André fede91ldh