5 inégalités parmi les plus choquantes

Chaque crise se caractérise par une accumulation de richesse indécente à un pôle et un appauvrissement massif à l’autre. Il n’y a aucune fatalité à cela : taxer la richesse est indispensable et urgent afin d’établir la justice sociale et l’égalité salariale entre femmes et hommes pour lesquelles la LDH a toujours combattu.

Publié par oxfamfrance le 18 janvier 2022

1. Depuis le début de la pandémie du Covid, il y a un nouveau milliardaire toutes les 26 heures dans le monde, alors que 160 millions de personnes sont tombées dans la pauvreté

Aussi improbable que ça puisse paraître, la crise sanitaire a permis à certains de s’enrichir. La fortune des milliardaires dans le monde a plus augmenté en 19 mois de pandémie qu’au cours de la dernière décennie, c’est un record absolu ! Mais c’est aussi un record peu joyeux quand on sait que dans le même temps, des millions de personnes sont tombées dans la pauvreté. En France, 7 millions de personnes ont besoin d’aide alimentaire pour vivre, soit 10% de la population française et 4 millions de personnes supplémentaires sont en situation de vulnérabilité à cause de la crise.

Ou quand inégalités riment avec indécence….

2. Si quelqu’un avait pu économiser l’équivalent de 8 000 euros par jour depuis la prise de la Bastille, il n’arriverait aujourd’hui qu’à 1 % de la fortune de Bernard Arnault

Comment se rendre compte de ce que représente la fortune de l’un des hommes les plus riches du monde ? En faisant des comparaisons absurdes ! Pour avoir 1% de la fortune de Bernard Arnault, 3ème fortune mondiale, il aurait fallu économiser 8000 euros par jour depuis 1789 !

Bernard Arnault, aussi connu comme PDG de LVMH, est n°2 sur le podium des milliardaires qui ont le plus gagné d’argent depuis mars 2020 et la survenue du Covid-19. Il a gagné 106 milliards de dollars, après Elon Musk qui a gagné 268 milliards de dollars.

3. A 62 ans, un quart des 5% les plus pauvres en France sont déjà morts

Les inégalités tuent. La faim, la privation de soins de santé de qualité dans les pays pauvres mais aussi les violences basées sur le genre affectant les femmes, sont la cause d’un nombre considérable de décès. Une estimation prudente parle d’au moins 21 300 personnes par jour, soit une personne toutes les quatre secondes. En France, la précarisation tue aussi à l’autre bout de l’échelle : selon les dernières données de l’INSEE, à l’âge de la retraite (62 ans) un quart des 5% les plus pauvres sont déjà morts. Il faut attendre l’âge de 80 ans pour que cette proportion soit atteinte pour les 5% les plus riches.

4. Les hommes détiennent 50 % de richesses en plus que les femmes

En France, au Nigéria, au Brésil, au Japon… partout dans le monde, les femmes sont en première ligne des inégalités à cause d’un système économique qui les cantonne dans des pans de l’économie les plus dévalorisés. Les femmes sont majoritaires dans les métiers précaires, mal payés, pénibles, avec des horaires hachés… Ce sont tous ces métiers du soin, du médico-social, de l’aide à la personne, du ménage, des caisses des supermarchés… Elles sont aussi majoritaires dans l’économie informelle, où elles sont mal ou pas du tout protégées par des droits du travail. Ces métiers occupés à 95% par des femmes, on comprend pourquoi les hommes s’en détournent !

L’autre cause des inégalités mondiales entre hommes et femmes : les femmes sont assignées pour réaliser la majorité du travail domestique. Tout ce temps dédié à l’éducation des enfants, aux soins aux parents et grands-parents, à la collecte de bois et d’eau, au ménage de la maison, c’est du temps en moins pour travailler ou s’investir dans la vie professionnelle et sociale.

5. Le PDG du groupe Sanofi gagne plus de 409 fois le salaire moyen d’une infirmière

Ce chiffre est une illustration de l’explosion des inégalités. Comment a-t-on pu arriver à de tels extrêmes ? En 2020, le PDG de Sanofi, Paul Hudson (Directeur général de Sanofi) a gagné 11 341 342 euros. Oui, 11 millions et un peu plus de 300 000 euros. A l’autre bout de l’échelle : une infirmière en France gagne en moyenne 1 800 euros net par mois (soit 27 692 euros bruts annuels).

La crise a fait exploser les profits des rémunérations et des dividendes dans l’industrie des Big Pharma à cause des monopoles sur les vaccins détenus par les laboratoires. Les vaccins anticovid avait fait émerger 9 nouveaux milliardaires.  Et dans le même temps, les métiers de la santé sont toujours aussi peu reconnus….

Les inégalités atteignent donc toujours des sommets partout dans le monde et la France n’échappe pas à la tendance. C’est insupportable mais ce n’est pas une fatalité ! Combattre les inégalités et la pauvreté c’est possible !

Taxer les ultras riches, mettre plus d’argent dans les services publics, lutter contre les paradis fiscaux, fixer un écart de salaires maximum, interdire les versements records de dividendes… Voilà des solutions qu’Oxfam défend un monde plus juste. Vous souhaitez en savoir plus ? Retrouvez les solutions que nous défendons pour plus de justice sociale.

Une cinquantaine de responsables internationaux appellent à accélérer l’adaptation au dérèglement climatique

Publié par lemonde.fr avec AFP le 7 septembre 2021

Les participants à un dialogue international décrivent les mesures à adopter, selon eux, lors de la conférence mondiale sur le climat (COP26), qui se tiendra à Glasgow au mois de novembre.

Un dialogue, rassemblant une cinquantaine de responsables politiques et de spécialistes du climat et du développement, s’est tenu en présence de Ban Ki-Moon, président de la GCA, à Rotterdam, le 6 septembre 2021.

Une cinquantaine de responsables internationaux ont appelé, lundi 6 septembre, à accélérer la préparation aux effets du changement climatique comme les tempêtes, les inondations et les sécheresses extrêmes, rappelant que la plupart de ces phénomènes sont « tragiquement, déjà inexorables ».

Ces conséquences « mettront les gens, les communautés et l’économie mondiale en danger comme jamais auparavant et feront peser de nouvelles menaces majeures sur la biodiversité et la santé de l’homme », a souligné dans un communiqué le Centre mondial pour l’adaptation (GCA).

Fondé en 2018, le GCA est une organisation internationale destinée à accélérer l’adaptation du monde aux effets du changement climatique. Elle est présidée par l’ancien secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon. Lire aussi (Le Monde et AFP)  « Nous ne pouvons pas attendre que la pandémie de Covid-19 soit terminée pour réduire rapidement les émissions » de CO2 : l’alerte des principaux journaux médicaux

L’adaptation – comprenant systèmes d’alerte avancés, ajustements des infrastructures, améliorations agricoles – n’a, selon le GCA, pas bénéficié de la même attention, des mêmes ressources ni du même niveau d’action sur le terrain que la réduction des émissions de gaz à effet de serre, laissant des communautés du monde entier exposées à une urgence climatique plus rapide que prévu.

« Les pays sont prêts pour une nouvelle ambition »

Un dialogue, rassemblant une cinquantaine de responsables politiques et de spécialistes du climat et du développement en présence de M. Ban et de la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, s’est tenu, lundi, à l’occasion de l’inauguration à Rotterdam du siège du GCA.

Les participants – ministres, maires, chefs d’organisations internationales et banques de développement – ont décrit dans un communiqué les mesures à prendre, selon eux, lors de la conférence mondiale sur le climat (COP26) qui se tiendra à Glasgow au mois de novembre, notamment la révision des plans d’adaptation pour lesquels les Nations unies se sont engagées à consacrer 100 milliards de dollars par an (environ 85 milliards d’euros).

« Les pays sont prêts pour une nouvelle ambition en matière d’adaptation, et sont également prêts pour un financement à grande échelle pour l’adaptation », a déclaré Ban Ki-moon.

Un récent rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) a averti qu’une aggravation majeure des impacts climatiques surviendrait une décennie plus tôt que prévu, avec des changements sans précédent et certains irréversibles. Lire l’éditorial : Climat : été extrême, urgence absolue

Le monde a d’ores et déjà été confronté cette année à des événements climatique extrêmes : incendies spectaculaires en Grèce et en Turquie, feux de forêt en Sibérie et en Californie, famine à Madagascar, inondations exceptionnelles en Chine et en Allemagne, canicule record au Canada

Forum Davos : Nouveau rapport d’Oxfam sur les inégalités

Les milliardaires de la planète ont récupéré les pertes dues à la crise en un temps record alors que des centaines de millions de personnes risquent de basculer dans la pauvreté pendant au moins 10 ans.

Les 1000 personnes les plus riches du monde ont retrouvé leur niveau richesse d’avant la pandémie en seulement 9 mois alors qu’il pourrait falloir plus de dix ans aux personnes les plus pauvres pour se relever des impacts économiques de la pandémie, selon le nouveau rapport d’Oxfam.

Le rapport d’Oxfam « Le virus des inégalités » est publié le jour de l’ouverture du « Davos Agenda », une semaine de dialogues virtuels organisés par le Forum économique mondial. Le rapport montre que la COVID-19 pourrait accroître les inégalités économiques simultanément dans la quasi-totalité des pays du monde, une situation sans précédent depuis plus d’un siècle.

  • Pour les plus riches, la récession est terminée. Le rapport révèle que les dix hommes les plus riches du monde – dont fait partie le français Bernard Arnault – ont vu leur fortune totale augmenter de 540 milliards de dollars depuis mars 2020, une somme qui serait amplement suffisante pour financer le vaccin contre la COVID-19 pour toutes et tous et éviter que quiconque sombre dans la pauvreté à cause de la pandémie. Au même moment, la pandémie a entraîné la crise de l’emploi la plus grave depuis plus de 90 ans, des centaines de millions de personnes étant désormais au chômage ou contraintes d’occuper des emplois précaires.
  • La France tourne elle aussi le dos à l’égalité. Les milliardaires français ont bénéficié d’une reprise exceptionnelle puisqu’ils ont gagné près de 175 milliards d’euros entre mars et décembre 2020, dépassant ainsi leur niveau de richesse d’avant la crise. C’est la 3ème plus forte progression, après les Etats-Unis et la Chine. 175 milliards d’euros, c’est l’équivalent de deux fois le budget de l’hôpital public français.
  • Sur l’ensemble de l’année 2020, malgré la crise, la fortune de Bernard Arnault a augmenté de 44 milliards d’euros soit un bond de 41 %. Pendant ce temps, un million de personnes seraient tombées dans la pauvreté en France en 2020, selon les associations caritatives, et en particulier les femmes, les travailleur-se-s précaires, les jeunes et les migrant-e-s.
  • Une fois de plus, les femmes sont les plus durement touchées. Dans le monde, comme en France, les femmes sont surreprésentées dans les professions précaires et peu rémunérées, notamment dans les secteurs de la santé et du social. Oxfam a calculé que si le taux de représentation des femmes était le même que celui des hommes dans ces secteurs, 112 millions de femmes ne risqueraient plus de perdre leurs revenus ou leur emploi. En France, la situation des mères isolées est particulièrement préoccupante [1].
  • De fortes inégalités raciales. Au Brésil, les personnes afrodescendantes sont 40% plus susceptibles de mourir de la COVID-19 que les personnes blanches. Aux États-Unis, les populations noires et hispaniques auraient déploré près de 22 000 morts de moins si leurs taux de mortalité face à la COVID-19 avaient été les mêmes que ceux des personnes blanches.

Pour Quentin Parrinello, porte-parole d’Oxfam France : « Cette crise arrive dans un monde déjà profondément inégal où une minorité de personnes, en majorité de très riches hommes blancs, accaparent l’essentiel des richesses mondiales. Le rapport d’Oxfam montre comment notre modèle économique permet à une élite d’amasser des richesses considérables pendant la récession la plus dramatique que nous ayons connue depuis la Grande Dépression, alors que des milliards de personnes, et notamment celles en première ligne de cette crise – peinent à payer leurs factures et à se nourrir. Nous risquons de faire face à une augmentation sans précédent des inégalités ».

En France, Oxfam alerte depuis 2017 sur l’impact des choix politiques du gouvernement actuel sur les inégalités, alors que jusqu’à récemment le modèle social français avait permis de contenir ce fléau. Résultat : les plus pauvres sont les grands perdants du quinquennat d’Emmanuel Macron. C’est ce que rappelle Quentin Parrinello : « La France est loin d’être épargnée. Alors que les inégalités repartaient déjà à la hausse depuis 2018, les milliardaires français ont bénéficié en 2020 d’une reprise économique ‘exceptionnelle’ en gagnant 175 milliards d’euros entre mars et décembre, soit l’équivalent de deux fois le budget de l’hôpital public. Pendant ce temps, les plus démunis et les travailleurs précaires, à commencer par les femmes, payent un très lourd tribut »

« Le virus a mis en lumière et amplifié les inégalités existantes. Partout dans le monde, les femmes, les jeunes, les personnes racisées et les migrant-e-s sont les plus touché-es mais sont malheureusement les grand-e-s oublié-e-s des plans de relance. L’explosion des inégalités n’est pas une fatalité et la responsabilité des gouvernements est au cœur du problème. Depuis des années, ils ignorent le problème et pire, ils aggravent ce fléau », explique Quentin Parrinello.

Pour Oxfam, la lutte contre les inégalités doit être au cœur des plans de relance et des économies post-Covid. Pour Quentin Parrinello : « Les gouvernements du monde entier ne doivent pas laisser passer cette opportunité de mettre en place un système économique plus juste et durable. Il faut à tout prix ne pas refaire les erreurs du passé, comme après la crise de 2008. Certains pays montrent qu’il existe des solutions, comme l’Argentine qui a adopté un impôt exceptionnel sur les grandes fortunes pour financer les politiques de réponses à la crise ».

En France, Oxfam demande au gouvernement d’investir massivement dans les services publics pour assurer les besoins de base ; de revaloriser les minimas sociaux et les bas salaires, à commencer dans le secteur du soin ; de faire en sorte que les plus riches et les grandes entreprises payent leur juste part d’impôts ; de mettre en place des contreparties sociales et écologiques contraignantes pour les grandes entreprises [2].

[1] Oxfam a déterminé qu’au moins 112 millions de femmes ne seraient plus exposées au risque de perdre leur emploi ou leurs revenus si le taux de représentation des hommes était le même que celui des femmes dans les postes précaires peu rémunérés qui ont été les plus affectés par la crise de la COVID-19, selon les données d’un document d’orientation politique de l’Organisation internationale du Travail publié en juillet 2020. Toutes les sommes sont exprimées en dollars américains.

[2] En France, Oxfam demande à Emmanuel Macron de réorienter de toute urgence sa politique en faveur d’une réduction des inégalités, en prenant les mesures suivantes :

  1. Prolonger les dispositifs d’aides exceptionnelles pour les personnes précaires aussi longtemps que durera la crise et relever les minimas sociaux en sortie de crise.
  2. Financer les mesures d’urgence via une contribution exceptionnelle des plus hauts patrimoines précédant une refonte de l’impôt sur la fortune.
  3. Revaloriser dès cette année le salaire minimum dans toutes les branches de métiers, à commencer par les métiers du secteur du soin (social et santé) majoritairement occupés par des femmes et en première ligne de la crise.
  4. Rétablir une fiscalité plus équitable sur les contribuables les plus aisés. Notamment : en rétablissant un impôt sur les grandes fortunes en tenant compte des failles du précédent dispositif et en supprimant le Prélèvement forfaitaire unique (PFU), en luttant efficacement contre l’évasion fiscale.
  5. Des contreparties sociales et écologiques pour les grandes entreprises afin de créer un modèle économique qui partage mieux la richesse tout en tenant compte des limites de la planète.