Aux Baumettes, violences et suicides en silence

L’omerta sur les suicides et les violences à la prison des Baumettes doit cesser !

Communiqué de presse 13 avril 2018

En septembre 2017, une première conférence de presse de La Ligue des Droits de l’Homme et de Confluences cassait l’euphorie générée artificiellement par l’inauguration en grande pompe des nouveaux bâtiments des Baumettes-2.

Le 24 janvier 2018, un rapport d’enquête circonstancié de Confluences était rendu public lors d’une deuxième conférence de presse. Objectif : alerter sur la dégradation persistante des conditions de vie des détenus et les atteintes graves à leurs droits fondamentaux, aussi bien aux Baumettes-2 qu’aux Baumettes « historiques ».

Nous alertons à nouveau les pouvoirs publics sur les dysfonctionnements graves qui perdurent, constatés durant ce premier trimestre 2018 :

– 7 février : reconnaissance officielle du décès d’un marseillais de 21 ans, victime d’un tabassage à mort mi-décembre 2017 dans une cour de Baumettes-2. Les surveillants qui ne sont pas intervenus ;
– 20 mars : une personne, détenue à la Maison d’Arrêt pour Femmes, saigne abondamment pendant la nuit. Le SAMU ou les pompiers ne sont pas appelés. La jeune femme n’est conduite à l’infirmerie qu’à 7h30, où l’on constate une fausse couche !
– 25 mars : un détenu se suicide par pendaison dans sa cellule aux Baumettes « historiques ». La surveillante ne voulant pas le décrocher, les détenus ont hurlé : « sauvez-le, assassins !» ;
– 26 mars : une personne prévenue -en attente de son jugement- est retrouvée morte, le matin, dans sa cellule des Baumettes-2. Elle s’est suicidée par absorption de médicaments ;
– 27 mars : tentative de suicide par pendaison au bâtiment B des Baumettes «historiques». Le détenu est emmené sur une civière.
– 2 avril : un «moulonnage» a encore lieu dans une cour des Baumettes-2. La victime est gravement blessée.

Combien de morts ou d’actes de violence sont-ils passés sous silence ? Nous, défenseurs des droits humains, mais aussi journalistes, familles de détenus, et plus largement citoyen(ne)s, avons le droit d’être informés ! Le Parquet et l’Administration pénitentiaire doivent cesser d’imposer une omerta sur des faits graves passibles de condamnations par la Cour Européenne des Droits de l’Homme !

La violence constatée aux Baumettes a plusieurs causes, dont la principale est la promiscuité due à la
surpopulation carcérale «programmée». Les futurs bâtiments de Baumettes-3 comporteront des cellules «prévues pour une personne» d’environ 10m2. L’encellulement multiple persistant aux Baumettes-2 pour une surface de 8m2, il faut s’attendre 3 personnes voire même 4 ou 5 par cellule ! Cette surpopulation impacte la vie des détenus mais aussi les conditions de travail du personnel pénitentiaire en sous-effectif chronique.

La responsabilité de cette surpopulation carcérale revient pour une grande part aux peines prononcées par les juges, trop d’entre eux décident la prison ferme, alors que des peines de substitution sont possibles, notamment pour des petits délits -des mineurs étrangers isolés sont actuellement en prison pour des vols à l’étalage. La comparution immédiate est devenue synonyme d’incarcération systématique. De plus, d’après l’OIP, ¼ de s détenus sont atteints de troubles mentaux et devraient donc être pris en charge par des structures de soin.

Au moment où de nouveaux bâtiments – Baumette3- vont être construits pour remplacer les Baumettes «historiques» vouées à une prochaine démolition, nous exigeons que les leçons sur les «dysfonctionnements» soient tirées, et que la prise en compte des droits fondamentaux des personnes détenues soit effective.

pour aller plus loin: articles récents:

« Les Baumettes, deux taules à angles morts » Libération 11 avril 2018

« Une prison digne d’une dictature » (bastamag 2018)

Ligue des Droits de l’Homme section de Marseille ldhsectionmarseille@gmail.com
Confluences ONG pour la promotion et la défense des droits humains: confluences.marseille@gmail.com