Taubira comparée à un singe : Baudis en appelle à la justice

Le Défenseur des droits, Dominique Baudis, a écrit vendredi au procureur de la République de Paris pour dénoncer une provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence après les propos d’une candidate FN comparant la ministre de la Justice à un singe. «Ces actes et ces propos me paraissent pouvoir relever de la provocation publique à la discrimination, à la haine ou à la violence, de la diffamation et de l’injure, délits prévus et réprimés par les articles 24 alinéa 8, 29, 32, alinéa 2 et 33 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse», écrit le Défenseur des droits, dans cette lettre dont l’AFP a eu connaissance.

Jeudi, un reportage de l’émission «Envoyé spécial» sur France 2 avait montré cette commerçante de 33 ans, Anne-Sophie Leclere, candidate à Rethel, dans les Ardennes, assumant un photomontage publié sur sa page Facebook qui montre d’un côté un petit singe, de l’autre Christiane Taubira, avec les légendes «à 18 mois» et «maintenant».Le Front national a suspendu vendredi la candidate, évoquant une «erreur de casting». Interrogée par l’AFP, celle-ci s’est défendue d’être raciste, reconnaissant seulement des paroles «maladroites».

Dominique Baudis, dont l’une des missions est la lutte contre les discriminations, a agi sur la base de l’article 33 de la loi organique selon lequel, «lorsqu’il apparaît au Défenseur des droits que les faits portés à sa connaissance sont constitutifs d’un crime ou d’un délit, il en informe le procureur de la République». Ce dernier «informe le Défenseur des droits des suites données à ses transmissions». Dans son courrier au procureur, le Défenseur explique avoir «souhaité porter à sa connaissance» les faits afin qu’il apprécie «la suite à leur donner».

«On voit le vrai visage du Front national»

Christiane Taubira a reçu vendredi le soutien du Premier ministre. «Le Premier ministre a eu aujourd’hui un entretien avec Christiane Taubira pour faire le point sur les dossiers en cours», a indiqué Matignon dans un communiqué. «A cette occasion, il a tenu à lui exprimer sa totale solidarité, et à l’assurer de tout son soutien après les propos à caractère raciste dont elle est la victime de la part d’une candidate du Front national aux élections législatives de 2012», ajoutent les services du Premier ministre.

Pour le parti socialiste, le FN, qui «se garde bien d’une condamnation sur le fond», n’a «pas changé». Les associations antiracistes ont également condamné les paroles de la candidate, montrant qu’à travers elles, «on voit le vrai visage du Front national». 

Les propos d’Anne-Sophie Leclere rappellent ceux qu’essuie régulièrement la première ministre noire de l’histoire italienne, Cécile Kyenge, comparée à un orang-outang par un parti anti-immigrés, La Ligue du Nord.

xiti