Notre Dame des Landes : Marie, notre correspondante raconte…

https://www.youtube.com/watch?v=sDZ56h-wUfQ#t=822
cette vidéo ne montre pas grand chose de la manifestation en elle même, mais le chaos final c’est à peu près l’idée !
en aparté avant que je raconte ma manifestation (parce que j’ai oublié mes fleurs en papier crépon pour offrir aux gendarmes), les crs et la bac ont usé de flashball, tirs tendus (pourtant interdits), lacrymogènes au milieu de foule hétéroclite (gens masqués, familles, tracteurs, vieux, passants), ont gazé au final au hasard (et c’est là que j’ai fini par abandonné mon reportage, j’avais slalomé entre toutes les lacrymos mais un coup de vent m’a fait prendre du gaz de bombe de la bac utilisée au hasard en se retournant et bam dans les yeux). Sur la fin la bac et les crs ont clairement reçu l’ordre de dégager coûte que coûte le centre ville quelque soit les dommages collatéraux, laissant passer des non manifestants au milieu, arrêtant le premier attrapé sur leur chemin, envoyant des grenades assourdissantes au hasard (vu de mes yeux) je n’ai pas suivi la fin mais je me doute que ça a du dégénérer encore plus que ce que j’ai vu.
malgré la présence de blacks blocs, ou casseurs, ou selon moi des antifa et certains zadistes énervés et habitués aux affrontements avec les forces de l’ordre, tout a été fait par la préfecture pour scinder la manif en deux, jouer à la souricière, pousser aux violences et tenter de ternir l’image du mouvement. Le maire de nantes porte plainte aujourd’hui contre X

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Samedi 22 février, Nantes. 13h au pont Paul Morand. Les opposants au projet de l’aéroport de Notre dame des Landes ont répondu présent, et ce, massivement. Un peu partout des groupes s’organisent et on se demanderait presque s’il on est pas plutôt à Carnaval : masques d’oiseaux, salamandre géantes, brigades de clown, pancartes humoristiques, maquillage sur les visages, banderoles colorées, collectif de cercueils des grands projets inutiles, fanfares, battucadas. Quelqu’un construit même en hauteur une cabane dans un arbre alors que flottent sur le canal plusieurs drapeaux accrochées à des bouées reprenant le logo de l’avion barré. La « manif à haut risques » comme titrait le jour même Ouest France est prête à partir, avec quelques tracteurs et semi remorques en tête de défilé. Qui attendent sûrement de rejoindre les quelques 500 tracteurs garés du quai de la fosse à la place du commerce.
Comme convenu par arrêté préfectoral, l’itinéraire initialement prévu ayant du être modifié suite à une interdiction d’accès au centre ville, chaque entrée de rue est bouclée par les crs. Le cortège est long, très long, la place du commerce est pleine de monde quand certains passent à peine le boulevard Léon Bureau. Celui juste à côte des machines de l’île, île de nantes rebaptisée ainsi dans le projet immobilier dantesque de Nantes métropole; certains manifestent également à ce sujet indiquent certains graffitis qui s’étalent sur le parcours.
C’est plutôt l’humour qui domine, avec des slogans tels que « Touche pas à ma salade », « Vous navet pas le droit de nous carotte », le célèbre « Ayrault port », mais aussi des militants d’Attac déguisés en banquier.
Vers 15h30, la manifestation qui stagne entre la place du commerce, l’hôtel dieu et le square Daviais commence à entendre retentir des tirs de sommation. Jusque là le local Vinci a été saccagé et une foreuse sur un chantier incendiée; mais côté cortège, rien ne prévoyait un tel déploiement de forces pour scinder la manifestation en deux et tenter de disperser rapidement les manifestants occupant le centre ville. Après de nombreux tirs de lacrymogènes, un groupe de crs tente une approche au flashball, repoussée immédiatement; mais pas uniquement par des personnes masquées jetant des projectiles, mais pas de nombreuses personnes du cortège se sentant agressées aussi par la configuration du lieu. C’est vers de 15h45 que tout s’embrase, chariots enflammés en direction du barrage de crs, poubelles en guise de barricades, office de tourisme saccagé, certains se replient quand d’autres tentent de discuter tranquillement dans la fumée qui commence à envahir tout le quartier.
Devant l’hôpital de l’Hôtel Dieu, l’ambiance paraît plus calme. Des clowns dansent sur un rond point avec de la musique funk, les gens discutent en voyant rapidement progresser de nouveaux cordons de crs qui recommencent des envois de lacrymogènes. Le secteur n’étant pas entièrement quadrillé, des passants se retrouvent à atterrir entre les deux « zones à risques », où la bac finit par détacher de petits cordons dans la foule. Devant l’hôpital de l’Hôtel Dieu, l’ambiance paraissait plus calme; car très rapidement les crs arrêtent les manifestants pacifistes à visage découvert se trouvant sur leur passage, des personnes âgées ramassent eux mêmes des lacrymogènes pour les retourner à l’envoyeur. La bac complètement sur les dents repousse les journalistes ou photographes présents, tentent des manœuvres totalement obscures et dangereuses pour les personnes coincées là par hasard; des gens qui n’ont pas pu atteindre la gare par exemple et qui attendent avec leur valise et qui m’informent que de toute façon les trains sont bloqués. Une grenade assourdissante éclate aux pieds d’un petit groupe (manifestants et badauds), blessant ainsi un journaliste de RennesTV. Un chaos général règne dans toutes les rues du quartier, et c’est suite à l’intervention de la bac avec une bombe lacrymogène (et non une grenade) et un petit coup de vent que le produit a fini par atterrir dans mes yeux; il m’avait bien semblé que Nantes était une ville pleine de brouillard ce jour là.

Au lendemain de la manifestation et des titres choc de la presse nationale, plusieurs questions s’imposent; à qui profite l’interdiction d’accès au centre ville de Nantes, une interdiction annoncée 48h avant la manifestation ? A qui profite que le local de Vinci et un chantier non protégé se trouvent quand même sur le parcours ? A qui profite enfin, de voir la violence et la haine s’exprimer entre les forces du (dé)sordre, un pouvoir sourd, et des groupuscules excédés par la montée de l’extrême droite ? Venue pacifiquement à cette manifestation, je pense tout comme Hervé Kempf sur Reporterre que la violence dessert le combat contre l’aéroport. Mais tiens également à souligner l’incompétence des forces de l’ordre à tirer dans le tas, scinder un cortège pour passer en force sur la dispersion d’une manifestation, sûrement la plus importante depuis le début du mouvement. Des forces de l’ordre qui ont déjà abusé de leur pouvoir sur le terrain fin 2012.
Fin 2012, je faisait le pied de grue sous la pluie un vendredi soir devant la préfecture de Rennes pour manifester contre l’aéroport. En novembre 2012, j’aidais un dimanche à la reconstruction de la chataigne. Été 2013, j’ai fait voler un cerf volant sur la ZAD où se sont rassemblés plus de 20 000 participants. Nous étions sûrement plus de 30 000 ce samedi 22 février 2014 à Nantes, preuve que le mouvement n’a pas faibli. 23 février 2014, j’attends toujours que les tritons de Notre Dame des Landes puissent dormir tranquilles.
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