C’est le premier geste politique de Steeve Briois, le maire FN d’Hénin-Beaumont. Il a suspendu la subvention accordée à la Ligue des droits de l’Homme, section Hénin-Carvin, et lui a prié de déguerpir du local municipal qu’elle occupait, pour cause d’opposition politique. Steeve Briois s’appuie pour se faire sur un arrêt du Conseil d’Etat, qui concernait, en 2002, la Licra à Draguignan. «Le Conseil d’Etat indique qu’il n’est pas possible de subventionner une association qui combat une formation politique dont l’existence est légalement reconnue», indique le communiqué de presse du Front national, qui conclut : «Que la bien-pensance s’y fasse : désormais la loi sera respectée à Hénin-Beaumont !»

L’argumentaire est juridique, mais on en retient surtout l’odeur de chasse aux sorcières. «On s’y attendait», confie Georges Voix, le délégué régional de la Ligue des droits de l’Homme. «C’est un hommage à la LDH pour sa lutte contre l’extrême-droite. La section d’Hénin-Carvin se bat contre l’implantation du Front national depuis quinze ans, en appelant à toutes les consciences républicaines.»

Le torchon brûle en effet depuis un moment entre les responsables frontistes et Alain Pruvot, le dirigeant de la section de la LDH sur le secteur. Pendant la campagne, Alain Pruvot avait appelé à «barrer la route» au FN, pour cause de «dangerosité». Briois avait répliqué en évoquant une «campagne de haine» anti-FN. Bruno Bilde, conseiller régional frontiste et proche de Marine Le Pen, estime que la LDH est une «association d’extrême-gauche qui, de plus, n’a aucun convention avec la mairie pour occuper les lieux.» Il s’insurge : «C’est illégal !», puis s’agace : «Nous avons été justement élus pour qu’on en termine avec ce système de copinage, avec le financement des associations amies.»

Georges Voix le rappelle : «La Ligue des droits de l’Homme est une organisation politique, mais non partisane. Nous ne combattons pas un parti, mais une idéologie.» Elle restera à Hénin-Beaumont, où elle a déjà trouvé un nouveau local. «Nous avions anticipé la décision. C’était une salle prêtée par la municipalité, elle pouvait donc la retirer», précise-t-il. Pas question de quitter la commune : la LDH vient de créer dans la municipalité un comité local de vigilance citoyenne.

Stéphanie MAURICE LILLE, de notre correspondante