Lettre 4 de la section LDH de Besançon
Quelles politiques migratoires ?
Alors que les drames se poursuivent en Méditerranée, le gouvernement va nous proposer une énième loi migratoire prétendant à la fois durcir encore les conditions d’accueil et les frontières au mépris de la réalité et de l’humanité.
Le mépris de l’humanité ce sont ces vies brisées. Le mépris de la réalité est que quels que soient les durcissements et discours, les personnes migrent parce que c’est une question vitale pour elles.
Face à cette situation et en cohérence avec de nombreuses association des droits humains, nous en appelons à l’ouverture des frontières.
Que signifie ouvrir les frontières ? D’abord ce n’est pas les supprimer. Chaque pays et chaque peuple peut toujours définir ses lois, sa façon de vivre. Ensuite, ouvrir les frontières ne créerait pas une sorte de chaos migratoire généralisé comme certains le croient ou le font croire.
Quand on a fait l’accord de Schengen en 1985 on n’a pas eu de déplacement massif de citoyens d’Europe du sud vers les pays d’Europe du nord. Il en est allé de même quand les pays d’Europe centrale et orientale ont rejoint cet accord de libre circulation. Enfin, ouvrir les frontières signifie avant tout que les gens peuvent disposer de moyens légaux et sûrs qui leur permettent d’entrer et de sortir librement.
En effet, les personnes restent d’autant plus, y compris en situation illégale, qu’elles craignent de ne pouvoir revenir. Cela signifie aussi qu’elles peuvent travailler, subvenir à leurs besoins dans de bonnes conditions et enrichir le pays d’accueil par le biais de leur contribution.
Pourquoi ouvrir les frontières ? Parce que personne ne devrait être contraint de vivre dans le pays où il est né. Il y a une inégalité fondamentale à empêcher un être humain de s’établir où il le souhaite parce qu’il le juge plus sûr pour lui et sa famille, plus épanouissant ou simplement parce qu’il est curieux du monde et aime aller à sa découverte. On ne voit pas bien au nom de quoi le lieu de naissance donnerait des droits et des devoirs.
Nous pouvons nous réjouir d’être né dans une partie du monde où les conditions démocratiques et écologiques sont bonnes. Il est profondément injuste qu’un européen ait la possibilité de s’installer dans la majorité des pays de la planète, alors que cela est interdit à un syrien, un guinéen ou un tunisien …
Mais n’oublions pas que c’est le hasard qui nous a fait naître là. Nous ne l’avons pas plus « mérité » que celles et ceux qui ont vu le jour dans des régions devenues rudes voire inhabitables que ce soit en raison du climat ou des violences.
Il faut ouvrir les frontières enfin, parce que, que cela plaise ou non, les fermer, les durcir, ne sert à rien. De même qu’ouvrir les frontières ne fait pas affluer les personnes, les fermer n’empêche pas les gens de migrer.
Fermer les frontières ne fait que rendre la migration plus dangereuse pour celles et ceux qui tentent le voyage et enrichir les passeurs devenus d’autant plus nécessaires que le chemin est difficile.
En effet, les migrations sont une donnée structurelle de nos sociétés. Elles ont toujours existé dans l’histoire de l’humanité.
Ce phénomène va s’amplifier avec le changement climatique. On ne peut pas empêcher les migrations, contrôler les flux, parce que les gens continueront à essayer de sauver leur peau. Et nous ferions tous pareil si nous étions confrontés aux mêmes difficultés ou impossibilités.
Moins on va organiser les migrations, plus il va y avoir le risque que cela devienne un problème, qu’il y ait des drames humanitaires, que les gens soient mal accueillis, qu’il y ait de l’exaspération dans la population, que cela fasse monter les nationalismes.
On ne peut donc qu’organiser les choses pour qu’elles se passent le mieux possible dans l’intérêt de tout le monde.
N’hésitez pas à vous manifester par retour de mail en nous écrivant à l’adresse suivante : besancon@ldh-france.org
Barbara Romagnan
Pour la section LDH de Besançon
juin 2023
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