Des tas d’urgence quant à l’éducation « évacuer le bachotage », l’école ne serait plus ce mammouth mais une fourmilière créative !
Tout le système éducatif est basé sur ce bout de papier à obtenir. Un bout de papier qui ne vaut pas un clou en-dehors. Nous relayons ci-dessous un texte du blog de Bernard Collot de juin 2015 : « En supprimant le bac, c’est tout le système en amont qu’on libèrerait »
Qu’a besoin un jeune adulte qui termine ou qui sort du temps scolaire ? D’un« bilan de compétences » lui permettant de décider :
– soit vers quelles voies de la vie active ou vers quelles formations professionnelles il pourrait s’engager,
– soit de rester momentanément dans le système éducatif pour améliorer des potentialités,
– soit de poursuivre dans la partie supérieure du système éducatif l’exploration de domaines spécifiques (les diverses branches de l’université à l’issu desquelles d’autres bilans de compétences devraient pouvoir être faits).
Un bilan de compétences n’a rien à voir avec un examen se soldant par un diplôme ou avec n’importe quel contrôle classique, qu’il soit continu ou non.
Or, nous savons les faire puisqu’ils existent dans la vie professionnelle et constituent même un droit. Il y a des outils, des techniques, des spécialistes formés aux longs entretiens que cela nécessite. Un bilan de compétences demande du temps et de la tranquillité, s’effectue dans la confiance.
Remplacer une dernière année de course à la fin des programmes, de bachotage stérile, pour un résultat sans grande signification, par une année de réflexion sur un long vécu, de débriefing, de discussions collectives, de discussions avec des actifs, des étudiants, de visites… et de multiples entretiens individuels avec des spécialistes formés qui ne seraient plus des profs, un année toujours dans le système éducatif mais libérée de toutes contraintes, de tout stress, de toute sanction (spectre de l’échec) ou récompense fallacieuse (un papier), ne serait-ce pas le souffle à donner pour que chacun vole de ses propres ailes ce qui est quand même la vraie finalité d’une éducation ?
En supprimant le bac, c’est tout le système en amont qu’on libèrerait, jusqu’à la maternelle. On devine facilement tous les possibles qui s’ouvriraient immédiatement, toutes les transformations pouvant s’opérer, tous les problèmes sur lesquels buttent sans solution l’école qui n’existeraient plus ou deviendraient différents (rythmes, programmes, évaluations, apprentissages…).
Et c’est peut-être bien ce qui fait peur et fait maintenir ce verrou que tout le monde ou presque admet comme néfaste ; c’est bien la remise en cause radicale de tout ce qui le précède. Autrement dit, le bac serait nécessaire pour ne rien changer ! On cherche bien en boucle, sans y arriver, à améliorer, à modifier le verrou, mais pas à le supprimer. Pourtant, si on veut recoller l’école à l’évolution continue, ce ne peut être qu’une école sans bac, sans diplômes figés à vie. C’est incontournable.
Ne changer que sur la forme, ce replâtrage un immobilisme : c’est au mieux rester en cours de route, sûrement revenir toujours en arrière toute : des points de vue bien connus (que nous relayons d’un texte de B. Girard du blog questions de classe.s ), des points de vue qui se répètent à l’identique d’une année sur l’autre, d’un temps révolu, une sorte de nostalgie qui s’auto-entretient ; des idées fixes sur le système éducatif, usant jusqu’à la corde ces thèmes que voilà : « déclin et ensauvagement d’après-mai 68 », « effondrement du niveau et baisse des exigences », « abandon des savoirs » ( grands auteurs », « grands hommes », « grandes dates historiques »), « autorité du maître et critique de la mixité » renvoyant à un mépris réel pour les élèves, « bonnes vieilles méthodes à base de répétition et de par cœur », inépuisable phobie du « pédagogisme » à la formation des maîtres, dénonciation obsessionnelle du collège unique, examens « bradés ». La liste est longue des attaques brutales, répétées et assumées contre les élèves « issus de l’immigration », de plus en plus ouvertement assimilés à des fauteurs de troubles, des terroristes en devenir, l’école ayant sombré, et la France avec elle, depuis qu’elle s’est ouverte aux élèves de tous les milieux, de toutes les migrations.
Ces « fameuses bonnes vieilles méthodes » défendent en réalité un modèle figé d’école étroitement sélective, et d’exclusion ; une école de classe d’un ordre social brutalement inégalitaire, lourdement administrative, grandement inapte à coller à l’évolution de plus en plus rapide. Un bon bilan de compétence du système éducatif lui-même et tout ce qu’il induit n’est à priori que constructif dans le sens où le savoir-faire se valorise à sa base, des profs qui par d’autres moyens que ceux de programmes et de leçons se préoccupent surtout de libérer la pensée de leurs élèves, de révéler, d’améliorer leurs capacités créatrices, et ce, pas seulement dans le domaine littéraire ou des maths. Il n’est à priori que constructif si avec l’allongement de la scolarité entre 3 et 18 ans on introduit en même temps ces bilans de compétence à différents échelons à la place de ce bout de papier à l’issue de la classe terminale !
ldh91- R. André
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