Catégorie : Education

Lé tas d’urgence concerne aussi la liaison dangereuse école publique / armée, l’endoctrinement non seulement cultuel, ces têtes-chercheuse « I.frapé » d’idéologie sont positionnées en manœuvre perpétuelle !

Education nationale – défense nationale : les liaisons dangereuses

La « symbiose » armée – école, vieux rêve d’un ancien ministre socialiste de la Défense (Charles Hernu, 1982) n’en finit pas de se renforcer. En imposant au système éducatif une mission d’endoctrinement politique, illégitime dans son principe, le dernier protocole signé entre les deux ministères va encore beaucoup plus loin que les précédents. Et ceci, dans l’indifférence générale.

 Aujourd’hui, pour la session 2017 du Brevet, l’éducation nationale soutraite l’évaluation en morale et civique de quelque 800 000 collégiens  par l’armée (avec l’aimable participation de l’iFRAP, (Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques qui défend, entre autre, la suppression du SMIC (1)).

EMC = éducation morale et civique. Il s’agit d’une des matières officielles de l’Education, couvrant l’ensemble de la scolarité, faisant l’objet de programmes officiels et d’une épreuve écrite obligatoire dans le cadre du DNB (diplôme national du brevet).

Aujourd’hui, pour la session 2017, l’éducation morale et civique de quelque 800 000 collégiens est évaluée conjointement par l’iFRAP, une fondation ultralibérale et par l’armée. Vous avez dit moral et civique ?

Le document sur lequel les élèves sont censés travailler – « les grands principes de la défense nationale » – est effectivement tiré d’un article publié par la très médiatique fondation d’Agnès Verdier-Molinié, qui sera heureuse d’apprendre qu’elle a dorénavant ses entrées à l’Education nationale, dans le cadre d’un examen officiel. Précisons toutefois que les sujets d’examen étant préparés loin en amont, le présent ministre n’a probablement pas eu l’occasion de participer à leur élaboration. Même s’il n’en est probablement pas mécontent.

Le thème retenu – les grands principes de la défense – n’est malheureusement pas nouveau. Spécificité française, l’éducation à la défense est organisée conjointement par l’EN et par l’armée dans le cadre de protocoles dont le premier remonte à 1982, complétés et renforcés jusqu’au dernier en date (20/05/2016) signé par NVB et Le Drian (1). La philosophie en est simple et forte : l’éducation à la défense « vise à faire comprendre [aux élèves] que les militaires servent la Nation […]. Pour remplir pleinement ces missions, les militaires ont besoin du soutien de l’ensemble de la Nation. » Et pour remplir ces missions, tous les moyens sont bons, y compris le bourrage de crâne et la manipulation malhonnête comme c’est le cas avec la présente épreuve : le document ne porte pas sur l’implication de l’armée française dans le génocide du Rwanda ni sur les agressions sexuelles à laquelle se livrent certains militaires dans le cadre de leurs missions, mais, plus honorablement, sur la mobilisation d’une dizaine de camions militaires réquisitionnés dans le Loiret contre les inondations du printemps 2016.

Pas de quoi choquer de jeunes esprits… et encore moins leur faire appréhender d’un regard critique la dernière question à laquelle ils ont à répondre : « Montrez en quelques lignes que l’armée française est au service des valeurs de la république et de l’UE ». Ce tour de passe-passe – de braves militaires pataugeant dans la boue au service des sinistrés du Loiret – permet de faire passer le message : les multiples interventions militaires de la France (plus d’une centaine depuis les années 90, 25 pour la seule année 2015), le plus souvent au service d’états corrompus ou d’intérêts économiques, le commerce des armes, qui entretient la guerre et dont la France est l’un des premiers contributeurs mondiaux, la bombe atomique, expression d’un terrorisme d’état, les invraisemblables dépenses militaire de la France (premier budget militaire en Europe après la Russie), la légitimité d la violence dans la résolution des conflits etc, tout cela ne doit faire l’objet d’aucune interrogation de la part des élèves : « l’armée est au service de la nation », puisque c’est ce qu’on leur répète tout au long de leur formation « morale et civique ». Le protocole armée-école ne prend même pas la peine de dissimuler son objectif fondamental : « permettre aux élèves de percevoir concrètement les intérêts vitaux ou nécessités stratégiques de la nation, à travers la présence ou les interventions militaires qu’ils justifient. » Autrement dit, en France, dans le cadre de leur formation « morale et civique », les élèves sont censés apprendre à l’école que, quoiqu’il décide en la matière, le gouvernement a toujours raison : les interventions militaires sont « justifiées », même les plus criminelles, même lorsqu’elles sont motivées – c’est le cas de la plupart d’entre elles – par la défense des intérêts des industriels de l’armement.

Formation du jugement, de l’esprit critique, liberté de conscience ? Ces valeurs dont on abreuve les élèves tout au long de leur scolarité – à condition qu’ils se contentent de les réciter par cœur – s’arrêtent à la porte des salles de classes, pendant les cours d’EMC. Et même si l’EN n’a pas la possibilité matérielle de savoir ce qui se passe réellement dans les salles en question, cette épreuve du DNB permet de contourner la difficulté, comme le reconnaissait Florence Robine, directrice générale de l’enseignement scolaire sous le précédent gouvernement : déplorant de ne pouvoir « contrôler systématiquement l’acquisition des connaissances », elle pouvait s’en consoler en ajoutant « même si nous pouvons faire en sorte que des sujets liés à la défense soient régulièrement posés aux examens. » Effectivement.

L’éducation à la défense a de multiples implications qui traversent toute la scolarité des élèves (2). Reste cette question : pourquoi, depuis 35 ans que l’éducation à la défense gangrène l’éducation civique, que cet enseignement relève d’un absolu manque de respect pour la liberté de conscience et les valeurs légitimes de chacun, pourquoi, donc, les enseignants, les parents, leurs organisations représentatives, les mouvements éducatifs n’ont-ils jamais contesté cette dérive ?

(1) Le programme de cet institut promeut :
La réforme de la fonction publique : réduction des effectifs de la fonction publique, réserver le statut des fonctionnaires aux missions régaliennes,
La réforme de la fiscalité : pour favoriser le financement des nouvelles entreprises, suppression de l’impôt sur les grandes fortunes,
La réforme du marché du travail : ouverture des magasins le dimanche, des allocations des chômeurs dégressives pour ne pas rendre la situation de recherche d’emploi plus attractive que le salariat, suppression du Salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC).

Le fondateur de l’Ifrap, Bernard Zimern, est par ailleurs l’auteur de La Dictature des syndicats : FO, CGT, SUD… nos nouveaux maîtres, Albin Michel, 2003

En 2011, Franck Ramus, directeur de recherche au CNRS indique sur son blog : « aucun des « chercheurs » de l’IFRAP examinés ci-dessus n’a jamais publié le moindre article dans une revue internationale d’économie […] j’hésiterais à dire que l’IFRAP est un institut de recherche, et que ses membres sont des chercheurs au sens usuel du terme. Lobbyistes serait sans doute un terme plus juste. Notez qu’il n’est pas honteux d’être lobbyiste. En revanche il est plus discutable de le dissimuler derrière une étiquette fallacieuse de « chercheur », et de faire passer ses opinions pour des connaissances scientifiquement établies ».

Ldh91- R .André : nous relayons un texte du 9 juillet 2017 issu de « Question de Classes » collectif Q2C 

Au-delà des élections, l’abstention à plus de 50% en métropole et 75% à l’Outremer pose problème!

du 23 avril 2017 par Collectif Questions de classe(s)

Quels que soient les résultats électoraux, il n’est plus possible d’ignorer que les institutions sont à bout de souffle. Le rejet de la politique pour des conceptions gestionnaires ou l’abstention en sont les signes les plus voyants. Pourtant, sans relation conflictuelle à elle-même, sans réflexion approfondie sur un devenir commun souhaitable à travers le débat contradictoire et la délibération collective, la société finit par se décomposer. C’est en effet la critique continuelle et raisonnée qui lui permet de se surpasser et de se renouveler. Si la question de la société est l’affaire de toutes et tous, alors le développement de l’esprit critique et la formation à la réflexion sont incontournables.

La privatisation de la chose publique et le déclin du politique
L’accaparement de la chose publique par des minorités et autres professionnels de la politique et les scandales retentissants que cela suscite démontre à quel point nous vivons dans l’illusion de la démocratie, ceux et celles qui se présentent comme les gardiens des valeurs républicaines faisant comme s’ils bénéficiaient d’une charge à vie et comme si la politique était leur bien propre ou un droit divin. A bien des égards, la démocratie n’est plus que le régime où il suffit d’avoir le consentement des masses de temps à autre, une pure formalité en somme. Aussi ne faut-il pas s’étonner qu’une partie de la population, souvent la plus précarisée, s’engage dans un processus de dés-identification vis-à-vis d’institutions qui ne lui permettent pas de faire entendre sa voix. Mais comme c’est la politique qui donne le sentiment d’appartenir à une communauté, permet de donner du sens à sa vie et d’accéder à la reconnaissance, et puisque une vie humainement acceptable ne saurait se réduire à celle de simple producteur-consommateur, son effacement ne peut conduire en retour qu’à d’autres formes d’identification. D’où la montée des intégrismes ou des appartenances fermées et exclusives, selon des modalités totalitaires.

L’institution scolaire elle-même n’échappe pas à la crise et il suffit de discuter avec les élèves les plus fragiles ou en situation de marginalisation pour percevoir le désenchantement dont elle fait l’objet. Il devient en effet de plus en plus difficile de croire qu’elle puisse permettre de se réaliser et d’exister socialement.

Les insuffisances de la « pure instruction » et la nécessité de la tension créatrice
Force est de constater que la démocratie devient un mot sans portée voire falsifié quand il est utilisé pour qualifier un régime qui la réduit à sa portion congrue ou son contenu le plus pauvre. Si l’on veut bien reprendre le principe démocratique à sa racine et lui redonner toute sa charge provocatrice, ce ne peut être que le gouvernement du peuple par le peuple pour le peuple, le mouvement au cours duquel toutes et tous décident collectivement et ouvertement du devenir commun.

Mais il n’y a pas d’expérience de la démocratie sans culture démocratique, sans formation à la critique et tension créatrice. C’est pourquoi il faut sortir de la pure instruction qui laisserait à penser qu’il pourrait suffire d’en revenir aux connaissances de base, à savoir lire, écrire, compter, ou de se tourner vers la réussite à tout prix en s’arrêtant à des savoirs purement utilitaires. Car c’est en faisant l’expérience de la coopération et de la solidarité mais aussi du conflit et du désaccord, en acquérant la faculté de se mettre à la place de l’autre, qu’il devient possible d’ouvrir un nouvel horizon d’espérance partagé.

Une école de la soumission où les jeunes ne sont pas formés à l’art de la controverse et de la délibération, à l’esprit critique, ni en droit de s’interroger sur le pouvoir mais seulement de s’y conformer passivement, ne peut répondre à la menace de pourrissement social.

Or à aucun moment un débat sérieux ne s’est ouvert durant la campagne sur la régression démocratique et sur la nécessité de renouer avec le jugement critique dès l’école. Nous sommes loin d’une politique éducative qui favorise des agir collectifs permettant le développement de capacités répondant aux enjeux d’une vraie démocratie – la construction en acte des libertés.

Le combat pour l’appropriation collective de la politique par le débat – y compris et surtout sur les « questions vives » – doit se poursuivre à l’école aussi !

Mais il n’y a pas d’expérience de la démocratie sans culture démocratique, à savoir sans affichage des réels chiffres des représentativités aux élections. Être élu avec 50% d’abstention en métropole et 75% d’abstention en outremer n’a plus de sens!

article relayé par R.André- ldh91