Marches des libertés: 150 000 participants dans le pays, dont 70 000 à Paris contre l’extrême-droite

A Perpignan, plus de 300 manifestants d’après l’Indépendant. Ce n’est qu’un premier échauffement avant la manifestation du 3 juillet lors du congrès national du parti d’extrême-droite RN qui doit lancer la candidature de Le Pen aux présidentielles de 2022. La LDH sera présente.

Une Marche des libertés contre l’extrême droite a défilé dans 140 villes en France

Publié sur lemonde.fr le 12 juin 2021 avec AFP

Plus de cent organisations ont été représentées pour dénoncer « les attaques contre les libertés », qui se multiplient, selon elles, avec la montée de l’extrême droite et les lois « liberticides ».

Après un an et demi de crise sanitaire, qui a compliqué l’organisation de manifestations, la Marche des libertés offre une sorte de grand rattrapage pour les militants politiques et syndicaux, activistes écologistes et associatifs de divers secteurs.

Militants politiques et syndicaux, activistes écolos et associatifs de divers secteurs ont défilé ensemble samedi dans environ 140 villes de France pour dénoncer « les attaques contre les libertés » qui se multiplient selon eux à la faveur de la montée de l’extrême droite et de lois « liberticides ». Selon les autorités, plus de 37 000 personnes ont manifesté au cours de 119 défilés, dont 9 000 personnes dans la capitale. Les organisateurs ont eux comptabilisé 150 000 participants dans le pays, dont 70 000 à Paris.

Les manifestations ont débuté à 10 h 30 à Montpellier ou à Nancy, et à 11 heures à Nantes et à Bordeaux. A Paris, ils étaient plusieurs centaines place de Clichy, pour rejoindre la place de la République par le boulevard Magenta. CGT, FSU, le Syndicat de la magistrature ou encore l’UNEF côté syndical, la Ligue des droits de l’homme, la Cimade, Oxfam ou encore Attac du côté des ONG, Youth for Climate et France Nature Environnement pour les défenseurs du climat, et tous les partis de gauche : ce sont en tout plus de cent organisations qui sont représentées.

« C’est le point de départ, j’espère, d’une mobilisation pas seulement contre les organisations d’extrême droite, mais contre les idées d’extrême droite », a expliqué au départ de la manifestation l’ex-candidat à la présidentielle Benoît Hamon. Il estime que ces idées « ne sont plus le monopole des partis d’extrême droite et qu’elles se sont largement diffusées dans la classe politique ». Pour Thomas Portes, également président de l’Observatoire national de l’extrême droite, « on sent sur le terrain que les gens (de gauche) en ont marre de prendre des coups ».

« Le RN aux portes du pouvoir »

A Nantes, près de 900 personnes selon la préfecture ont défilé, dont une centaine de l’ultra-gauche a eu quelques altercations avec la police. Entre 500 et 1 000 personnes se sont réunies à Strasbourg, environ un millier à Toulouse, 1 200 à Rennes. Dans la Ville rose, un enseignant en histoire-géographie, Gauthier, militant FSU de 54 ans, s’inquiète « des piques, des provocations » de ses élèves, et estime que « les idées d’extrême droite progressent dangereusement ».

A Avignon, ce sont 270 personnes, selon la police, qui ont manifesté, dont le patron du PS, Olivier Faure. « Il y a une banalisation du discours du RN qui est aujourd’hui aux portes de notre région » PACA, mais « un sursaut est encore possible », a déclaré l’écologiste Jean-Pierre Cervantes, chef de file de la liste d’union de la gauche dans le Vaucluse pour les régionales des 20 et 27 juin.

A Marseille, quelque 1 500 manifestants chantent à tue-tête : « Nous, on est là, même si Le Pen ne le veut pas, pour un monde meilleur pour les travailleurs », derrière une banderole de la CGT affirmant l’engagement « de rester unis pour dissoudre le capitalisme qui conduit au fascisme ».

Accusations d’islamo-gauchisme, polémique sur les réunions non mixtes, manifestation des policiers, scores du RN dans les sondages… puis plus récemment vidéo du youtubeur Papacito simulant un meurtre d’électeur « insoumis », et gifle à Emmanuel Macron : l’atmosphère dans le pays nécessitait une réaction aux yeux de nombreux militants.

« La très grande diversité m’impressionne. Ça montre qu’il y a un souci d’autoritarisme du pouvoir et une pression idéologique et électorale de l’extrême droite qui touchent tout le monde », estime Eric Coquerel, qui reconnaît que l’ampleur de la mobilisation dans la rue samedi était imprévisible.

La diversité de la mobilisation ne pourra cependant pas faire oublier les divisions qui minent la gauche, même sur les sujets de la laïcité, des libertés et de la sécurité, sur lesquels un consensus existait il y a plusieurs années. La participation des chefs socialiste, Olivier Faure, communiste, Fabien Roussel, et du potentiel candidat écologiste à la présidentielle, Yannick Jadot, à la manifestation des policiers devant l’Assemblée nationale, le 19 mai, a profondément secoué les partis de l’intérieur.

Manifestation contre des lois « liberticides »

Les manifestants accusent le gouvernement et la droite de courir derrière l’extrême droite. « On avait un président de la République qui voulait se présenter comme un rempart contre l’extrême droite et pour nos libertés », mais « nos libertés sont véritablement en danger », et « un vrai sursaut est nécessaire », a fait valoir le numéro un des Verts, Julien Bayou, sur France Inter samedi.

Sont concrètement visées « les lois liberticides » du gouvernement, comme la loi « sécurité globale » et certains de ses articles, par exemple celui qui punit « la provocation à l’identification » des forces de l’ordre, censuré par le Conseil constitutionnel le 20 mai.

Jeudi, le Conseil d’Etat a infligé un désaveu au ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin : la haute juridiction a annulé plusieurs dispositions-phares du schéma du maintien de l’ordre, dont la technique de la « nasse » et l’obligation faite aux journalistes de quitter les manifestations.Article réservé à nos abonnés Lire aussi  Maintien de l’ordre : le désaveu politique du Conseil d’Etat

Le Monde avec AFP