La réponse du Comité de soutien aux sans-papiers-66 (dont fait partie la LDH-66) après l’article paru dans l’Indépendant le 23-10-2019.
Notre propre rendu de la conférence de presse:
« Agressés, insultés, violentés et traités de terroristes »
Conférence de presse du mercredi 23 octobre 2019 des représentants du Comité de soutien aux sans-papiers
« Suite aux événements qui se sont produits samedi dans le bâtiment du 21 avenue Maréchal Koenig que nous avions occupé depuis le mercredi précédent, nous tenons à réaffirmer la nécessité et la légitimité de notre action citoyenne qui consiste à occuper des bâtiments ou immeubles désaffectés dans le but d’en faire des lieux de vie pour des réfugiés, demandeurs d’asile ou déboutés, qui se trouvent à la rue ou sont menacés de l’être.
Nous n’agirions pas ainsi si ces bâtiments désaffectés étaient réquisitionnés par la préfecture.Nous n’agirions pas ainsi si l’hébergement de tous les demandeurs d’asile, familles et personnes seules, était assuré par les services de l’Etat, comme l’exige la loi.
Lorsque nous sommes obligés d’occuper un bâtiment ou un immeuble, à condition qu’il soit désaffecté, les propriétaires ne subiraient qu’un préjudice mineur s’ils nous en laissaient l’usage au moins pendant un certain temps. Car nous avons constaté depuis 2011, année de notre premier squat, que les lieux que nous avons occupés puis dont nous avons été expulsés sont restés sans affectation. Sur les 14 lieux que nous avons successivement utilisés certains ont même étaient murés.
Pour obliger les occupants à quitter les lieux, les propriétaires ont généralement fait appel à la justice. Aussi, avec l’intervention d’un avocat nous avons pu gagner un peu de temps, de quelques semaines à plusieurs mois, pour organiser le moins dramatiquement possible le départ des occupants et leur hébergement dans un autre lieu.
Mais cette fois, avec l’occupation du bâtiment situé au 21 de l’avenue Maréchal Koenig, nous avons été confrontés à une situation inédite. Ce bâtiment qui avait abrité l’ancienne caserne des pompiers était bien désaffecté, il appartient à la Croix rouge une association humanitaire qui a pour objectif, selon ses propres termes « de venir en aide aux personnes en difficulté en France et à l’étranger. » Ses valeurs sont le nôtres. Jamais nous n’aurions imaginé que deux directeurs, Messieurs Rogala David et Cabel Georges, de cette association se comporteraient comme ils l’ont fait. Sous la protection de la police, c’est avec une agressivité incroyable qu’ils nous ont sommés de quitter les lieux. Du coup, les policiers, du moins les plus zélés d’entre eux, en ont profité pour s’en prendre verbalement à nous. Ils nous ont servi ce qu’il y a de plus ignoble dans le discours anti immigration, anti étranger, anti militants : « c’est à cause de vous que la France va mal, vous créer le chaos vous feriez mieux de vous occuper de s Français, vous êtes des terroristes… » Cette hargne a décuplé celle des responsables de la Croix rouge. L’un d’eux nous repoussant a répandu sur le sol les sacs de nourriture et les boissons que nous avions apportés. Puis il a arrosé les matelas que nous avions disposés dans la salle d’un produit de nettoyage que nous avions apporté. Mais ses méfaits n’en sont pas restés là. A l’extérieur du bâtiment, il s’en est pris violemment à une de nos camarades qui lui signifiait son écœurement. Il l’a fait chuter devant plusieurs témoins. Elle a dû être conduite aux urgences où une fracture de son poignet a été diagnostiqué. Elle devra porter un plâtre pendant plusieurs semaines. Notre camarade a porté plainte contre l’auteur de son agression. Outre ce fait gravissime, nous déplorons d’autres incidents dont un qui concerne la présidente locale de la LDH. Celle-ci, arrivée à notre appel, a été empêchée par la police de franchir le portail d’entrée. S’inquiétant de la présence policière, elle s’est fait bousculée par un policier qui lui a arraché puis jeté au sol le drapeau de la LDH qu’elle exhibait. Elle porte plainte auprès du procureur pour « violence délibérée par un représentant de la force publique, et usage disproportionné de cette force », ce qui est considéré comme un délit. »
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