Publié sur ouest-france.fr le 16/02/2021
Plusieurs milliers de personnes défilaient mardi 16 février 2021 dans l’est de l’Algérie à Kherrata, le berceau du mouvement antirégime Hirak, malgré l’interdiction de manifester, pour marquer le deuxième anniversaire du soulèvement populaire qui a chassé du pouvoir le président Abdelaziz Bouteflika, a constaté l’AFP.
C’est à Kherrata, à 300 km à l’est d’Alger, qu’une mobilisation spontanée avait réuni le 16 février 2019 des milliers d’Algériens opposés au cinquième mandat présidentiel d’Abdelaziz Bouteflika, rendu impotent par un AVC.
Un mouvement pour plus de libertés
Une semaine plus tard, le 22 février, la contestation avait gagné Alger, puis le reste du pays, donnant naissance à un mouvement (Hirak) populaire inédit, réclamant « le démantèlement du système » en place depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962.
Les manifestants brandissent drapeaux algériens et amazighs (berbères), en scandant des slogans du Hirak : « Pour l’indépendance de l’Algérie », « (le président) Tebboune est arrivé par la fraude, placé par les militaires » ou encore « Les généraux à la poubelle ».
Dans la continuité des marches du Hirak, suspendues depuis près d’un an en raison de la crise sanitaire, ils réclament « un État civil », « la liberté de la justice », « la liberté d’expression et de presse » et la libération des détenus d’opinion, d’après les banderoles affichées dans la ville.
De nombreuses figures du Hirak emprisonnées
Quelque 70 personnes sont actuellement en prison en lien avec le Hirak et/ou les libertés individuelles, selon le Comité national de libération des détenus (CNLD), une association de soutien.
Des figures de l’opposition ont pris part au défilé. Parmi elles : Karim Tabbou, porte-parole de l’Union démocratique et sociale (UDS) et ancien détenu, Mohcine Belabbas, président du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et Zoubida Assoul, avocate et présidente de l’Union pour le changement pour le progrès (UCP).
Dès lundi soir, des hirakistes avaient convergé de plusieurs wilayas (préfectures) d’Algérie pour prendre part à ce rassemblement.
Le Covid-19 a mis le mouvement Hirak à l’arrêt
Les manifestations politiques restent interdites en Algérie en raison de la pandémie de Covid-19. Peu de protestataires portaient de masques sanitaires mardi.
Les marches du Hirak sont à l’arrêt depuis mars 2020 mais à l’approche de l’anniversaire du soulèvement, les mobilisations se sont multipliées, notamment en Kabylie (nord-est).
Une marche organisée pour « le départ du système (au pouvoir), pour la libération des détenus et contre la répression des libertés » a regroupé lundi plusieurs centaines de personnes à Béjaïa, grande ville de Kabylie, d’après la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH).
Le même jour, la justice algérienne a encore condamné plusieurs militants du Hirak à des peines de prison ferme.
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