Publié sur le site information.tv5monde.com le 21/03/2022
21 MAR 2022 Mise à jour 21.03.2022 à 17:21 par Matthieu Vendrely AFP
L’armée birmane a-t-elle commis un génocide de la minorité Rohingya ? Oui, estiment les États-Unis. L’annonce de cette reconnaissance a été faite le 21 mars par le chef de la diplomatie américaine, lors d’une visite au musée de l’Holocauste à Washington.
En décembre 2021, en visite en Malaisie, Anthony Blinken l’affirme : les Etats-Unis cherchent « très activement » à savoir si le traitement de la communauté rohingya pourrait « constituer un génocide« .
Cinq mois plus tard, Washington semble avoir obtenu les réponses à ses interrogations. La reconnaissance du génocide des Rohingyas a été officialisée à l’occasion d’une exposition qui leur est consacrée au Musée de l’Holocauste, à Washington.
Des centaines de milliers de Rohingyas -musulmans- ont fui la Birmanie – majoritairement bouddhiste- après une répression militaire en 2017. Un rapport publié par le département d’État en 2018, cité par CNN, décrivait la violence contre les Rohingyas dans l’État Rakhine, dans l’Ouest de la Birmanie, comme « extrême, à grande échelle, généralisée et apparemment destinée à la fois à terroriser la population et à chasser les résidents rohingyas« .
Aujourd’hui, environ 850.000 Rohingyas se trouvent dans des camps au Bangladesh voisin de la Birmanie et 600.000 autres membres de la communauté sont demeurés dans l’Etat Rakhine en Birmanie.
Ces dernières semaines, des centaines de Rohingyas ont également accosté en Indonésie.
La situation ne s’est pas améliorée au cours des derniers mois. Le 15 mars dernier, un rapport du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme portant sur la période ayant suivi le putsch du 1er février 2021 a accusé l’armée birmane de possibles crimes contre l’humanité et crimes de guerre depuis le coup d’Etat et appelé la communauté internationale à prendre immédiatement des mesures. Le rapport de l’ONU fait état de 1600 tués et plus de 12000 arrestations. 14 millions de Rohingyas auraient aujourd’hui besoin d’une aide humanitaire d’urgence, mais l’acheminement de cette assistance reste largement bloquée par l’armée, selon les Nations unies.
Quelles conséquences ?
Le chef de la diplomatie américaine n’a pas accompagné cette reconnaissance de nouvelles sanctions contre la Birmanie.
Les États-Unis ont déjà imposé une série de sanctions aux dirigeants birmans et, à l’instar d’autres pays occidentaux, restreignent depuis longtemps leurs exportations d’armes pour les militaires birmans, lesquels ont été accusés avant même le coup d’Etat militaire du 1er février 2021 de crimes contre l’humanité pour leurs exactions envers les Rohingyas.
Le sort de la minorité rohingya ne fait plus la une des journaux ces derniers mois. Elle préoccupe néanmoins. Le dossier est notamment entre les mains de la Cour internationale de justice (CIJ, basée à La Haye, aux Pays-Bas) à l’initiative de la Gambie qui a porté plainte contre la Birmanie dès 2019.
Sur la Birmanie lire les articles suivants:
- BIRMANIE / PRÉSIDENCE DU CONSEIL DE L’UE : LA FRANCE DOIT PROMOUVOIR L’ADOPTION DE SANCTIONS PLUS FORTES INCLUANT LE SECTEUR GAZIER (Communiqué commun du 26/01/2022 dont la LDH est signataire)
- Birmanie: l’ONU dénonce des «crimes contre l’humanité» depuis le coup d’État
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