Inde: le gouvernement Modi livre l’agriculture à l’agrobusiness et ruine les paysans

En, les paysans mettent le pays à l’arrêt pour exprimer leur désespoir

En Inde le gouvernement autoritaire de Modi applique brutalement le néolibéralisme destructeur en dérégulant les prix agricoles. Il livre ainsi l’agriculture à l’agrobusiness et accule les paysans à la misère. Dans ce pays le plus peuplé au monde, avec 1milliard 350 millions d’habitants, l’agriculture fait vivre 70% de la population. Les paysans n’ont d’autre issue que de bloquer le pays par la grève générale. La LDH soutien la lutte des paysans indiens pour leurs droits sociaux vitaux.

Publié sur courrierinternational.com Publié le 08/12/2020

À Delhi, mais dans bien d’autres régions du sous-continent aussi, des manifestations devaient avoir lieu mardi 8 décembre pour réclamer le retrait d’une réforme de dérégulation des tarifs agricoles imposée fin septembre par le gouvernement Modi.

“Personne ne comprend les problèmes des paysans.” C’est avec ce cri du cœur que le leader syndical Hannan Mollah explique dans l’Indian Express pourquoi un appel à la grève générale a été lancé en Inde pour le mardi 8 décembre. Secrétaire général du All India Kisan Sabha, organisation d’obédience marxiste, il rappelle que le secteur agricole exprime son désespoir “depuis maintenant six mois”, du fait des nombreux problèmes qu’il traverse. D’après lui, “400 000 fermiers se sont suicidés” en un quart de siècle dans le sous-continent.À LIRE AUSSIDérégulation. En Inde, Delhi est prise d’assaut par les paysans en colère

Mais lorsque le gouvernement de Narendra Modi a fait adopter au Parlement une réforme de dérégulation du marché agricole intérieur indien, fin septembre, “on n’a pas demandé leur avis aux paysans”, ceux qui produisent et qui sont à 86 % “de tout petits exploitants vivant sur moins de 2 acres (0,8 hectare) de terre”. À ce niveau de superficie, impossible d’investir pour mécaniser et augmenter les rendements. Comment ces gens “sans défense” pourront-ils “survivre aux attaques” des géants de l’agroalimentaire et de la grande distribution si ce sont avec ces derniers qu’il leur faut directement négocier les prix, ainsi que le prévoit désormais la loi ?

C’est seulement “de 11 heures à 15 heures” que les paysans espèrent bloquer le pays mardi, précise le Hindustan Times, “de façon à permettre aux Indiens des villes d’aller travailler le matin et de rentrer chez eux le soir”. Depuis onze jours, la tension est à son comble à Delhi, la capitale, vers laquelle convergent des centaines de milliers de manifestants à pied ou en tracteur. Ailleurs en Inde, des rassemblements sont aussi prévus, notamment au Maharashtra, au Kerala ou au Bengale-Occidental. “Les grands axes routiers devraient être bloqués”, de même que certaines activités de services “devraient être paralysées, comme les banques”.

Ainsi que le rappelait The Print au mois de juillet, 70 % des Indiens vivent encore à la campagne. Pour leur venir en aide, “le gouvernement a augmenté cette année les crédits à l’emploi rural”, mais les salaires de ces emplois aidés dépassent à peine 200 roupies par jour (2,20 euros), “un niveau inférieur au minimum syndical de 347 roupies par jour auquel est censé avoir droit la main-d’œuvre agricole non qualifiée”.

Guillaume Delacroix