L’inaction climatique de l’Australie au coeur d’une plainte d’insulaires portée à l’ONU

Publié sur levif.be

Des Australiens aborigènes résidant dans des îles au nord du pays accusent le gouvernement australien d’inaction climatique dans une plainte déposée lundi auprès des Nations Unies. Il s’agit de la première action en justice intentée à travers le monde par des habitants d’atolls contre un État-nation, selon l’ONG ClientEarth qui défend la plainte.

Huit habitants de petites îles basses bordant le nord des côtes australiennes, appelés insulaires du Détroit de Torres, introduisent une plainte auprès du comité des droits de l’Homme des Nations Unies à Genève, en Suisse. Ils reprochent au gouvernement australien, emmené par le Premier ministre conservateur Scott Morrison, son absence d’action face au changement climatique. En l’absence de mesures pour réduire les émissions de CO2 ou d’adaptation au changement climatique, les plaignants estiment que Canberra failli à ses obligations fondamentales envers les droits de l’Homme.

Un des plaignants, Kabay Tamu, membre du clan Warraber, assure « observer quotidiennement les effets du changement climatique sur les îles, avec la montée des eaux, des marées montantes, l’érosion côtière et les inondations de nos communautés ». Dans une déclaration citée par The Guardian, il affirme que « quand l’érosion a lieu, et que la terre est emportée par la mer, c’est un morceau de nous qui s’en va (…) Nous avons des sites sacrés, auxquels nous sommes connectés spirituellement (…). Il est dévastateur d’imaginer que ma descendance soit forcée de les quitter à cause d’effets qui sont hors de notre portée ».

Les avocats de l’ONG ClientEarth, qui défend ces insulaires, avancent que la nature catastrophique des impacts attendus du changement climatique sur leurs îles, dont la submersion de terres ancestrales, constitue une violation des droits fondamentaux à la culture, à la famille et à la vie.

Les plaignants exigent du gouvernement australien de prévoir au moins 20 millions de dollars australiens (12,4 millions d’euros) pour des mesures d’urgence, dont des digues exigées par les autorités locales, et des investissements pour garantir que ces îles puissent demeurées habitées.

Ils demandent aussi un engagement pour réduire les émissions de CO2 d’au moins 65% sous les niveaux de 2005 d’ici 2030, et d’être neutre d’ici 2050, via notamment l’abandon du charbon comme source d’électricité domestique et produit d’exportation.

En dépit de ses engagements internationaux, l’Australie a continué d’émettre plus de CO2 au cours des dernières années et se classe parmi les plus grands pays émetteurs. Le changement climatique est devenu un thème de campagne incontournable en Australie en vue des élections fédérales prévues le 18 mai prochain. Un récent sondage réalisé par l’institut Lowy indique que 61% des électeurs souhaitent que la question climatique soit traitée par le gouvernement, toutefois les promesses de campagnes des candidats conservateurs et travaillistes restent timides à cet égard.