Ces mesure sont proches de celles émises par Sarkozy mais dans un contexte de surenchère pré-électorale où Macron veut être aussi ferme que Le Pen Marine sur la question de l’immigration. Reste à savoir si les électeurs anti-migrants ne vont pas choisir l’original (Le Pen) plutôt que la copie (Macron)…L’histoire a déjà tranché sur ce sujet.
Article publié sur huffingtonpost.fr 05/11/2019 12:04
Quotas d’immigration: Macron fait du Sarkozy et désempare les oppositions
Edouard Philippe va dévoiler son plan pour l’immigration mercredi 6 novembre. Il prévoit la création de quotas afin de pourvoir les offres d’emploi qui ne trouvent pas preneur.
POLITIQUE – “Il ne s’agit pas de faire des quotas de personnes venant d’Afrique, du monde arabe ou d’Asie, il s’agit juste de dire que c’est une question légitime de savoir combien on veut d’ouvriers agricoles, d’ingénieurs, d’informaticiens, de techniciens”. Cette phrase n’a pas été prononcée par un ministre d’Emmanuel Macron ou par un député LREM à quelques heures d’un conseil interministériel sur l’immigration.
Non. L’auteur est Laurent Wauquiez. C’était en août 2007, il était porte-parole du gouvernement Fillon et s’exprimait à la sortie d’un conseil des ministres présidé par Nicolas Sarkozy. Il tentait alors de justifier une mesure qui ne verra finalement pas le jour sous la droite mais pourrait devenir une réalité pendant le mandat d’Emmanuel Macron.
Dans le plan qu’Édouard Philippe doit dévoiler mercredi 6 novembre, le vote de “quotas” chaque année au Parlement afin de pourvoir 150.000 emplois vacants en France ressemble, à s’y méprendre, à cette mesure proposée par Nicolas Sarkozy en 2007.
Copié-collé
Douze ans plus tard, comme si la sémantique s’était encore un peu plus déplacée à droite sur ces sujets, l’actuelle majorité n’a même plus besoin de prendre ces pincettes. Muriel Pénicaud, ce 5 novembre, sur BFMTV, confirme le plan.
“L’idée c’est d’avoir des objectifs chiffrés, ou des quotas, c’est une question de sémantique. Il s’agit d’avoir des objectifs chiffrés pour dire ‘on manque de couvreurs là, de géomètres là’. On peut accepter une immigration professionnelle qui est assez modeste en chiffres, mais qui est un complément pour le pays”, avant de préciser un peu plus loin que le choix ne se fera pas sur les pays d’origine. À la question “c’est une chance l’immigration pour la France?”, elle répond “en complément”.
En 2005, Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, n’aura pas besoin qu’on lui pose la question pour déclarer, lors d’une convention de l’UMP: “L’immigration, j’ose le mot, est une chance pour notre pays. Je veux donc rétablir un discours positif sur l’immigration, c’est à la fois ma conviction profonde et la condition de l’intégration”.
La droite s’est d’ailleurs immédiatement réjouie de voir, en novembre 2019, l’une des mesures principales de ses programmes présidentiels successifs reprise par le président de la République. “C’est une idée que nous défendons depuis de nombreuses années donc je ne vous dirai pas que c’est une mauvaise idée”, a par exemple exprimé Aurélien Pradié, nouveau secrétaire général du parti, sur Sud Radio. Même si LR attend “des actes”. “Qu’Emmanuel Macron ne vienne pas nous baratiner: s’il veut le faire, il faut un vote, il faut transformer la loi” pour qu’elle fixe “le niveau de quotas”, a précisé le député du Lot.
« Ça peut être intéressant, il faut en discuter »Yannick Jadot, eurodéputé EELV
À gauche, on ne se presse pas au portillon pour dénoncer ce qui était encore perçu comme intolérable il y a une dizaine d’années. Certains sont prêts à regarder de près ce qui sera proposé dans le plan d’Édouard Philippe. Si les quotas permettent de “sortir du fantasme que nous sommes envahis” et de “montrer que l’immigration est aussi une chance pour notre pays”, alors ”ça peut être intéressant, il faut en discuter”, a déclaré Yannick Jadot, député européen EELV, sur Franceinfo.
“Attention au subterfuge”
Mais l’élu voit aussi dans la mise en avant du thème de l’immigration un “subterfuge” du gouvernement “pour ne pas parler de l’éducation, de la santé, des policiers, de l’affaissement des services publics, de cette réforme terrible de l’assurance chômage”.
Au PS, Rachid Temal dresse auprès du HuffPost un parallèle avec “l’immigration choisie”, grand thème de campagne de Nicolas Sarkozy en 2007. Le sénateur dit auprès du HuffPost qu’il n’est “pas favorable aux quotas” et surtout très ”dubitatif sur la faisabilité d’une telle mesure”. Son premier secrétaire, Olivier Faure, dénonce la mesure sur Twitter, mais il sera bien seul.
Pour la députée communiste Elsa Faucillon, ce n’est pas de Nicolas Sarkozy que s’inspire Emmanuel Macron mais carrément de Marine Le Pen.
“Ils ne cessent de légitimer les propositions et la vision du RN sur les questions migratoires”, regrette-t-elle, auprès du HuffPost.
“Macron et son gouvernement persistent et signent dans une stratégie court-termiste et ultra dangereuse. Les quotas sont censés accompagner l’idée du ‘trop plein’, celle-ci est fausse, elle permet surtout de ne pas répondre de leurs choix politiques sur l’ensemble des questions”.
“Il y a un an, la loi Asile et Immigration devait tout régler comme nous l’expliquait le gouvernement, aujourd’hui certains décrets ne sont même pas pris. C’est ahurissant”, dénonce Rachid Temal.
Mais la mesure, pour l’instant et alors qu’elle n’a pas été présentée officiellement, ne clive pas tant que ça. C’est ce que résume le secrétaire d’État Gabriel Attal, issu du PS, sur LCI ce 5 novembre. “Je n’ai pas l’impression que ça polarise vraiment entre la gauche et la droite”. En effet, elles ont quasiment disparu.