9h45 : Pierre SAGLIO, président d’ATD Quart Monde
Selon le 1er article de la Déclaration des droits de l’Homme : « Les hommes naissent et demeurent égaux en dignité et en droits ».
En 1998, le 1er article d’ATD Quart Monde insiste sur le lien entre les droits fondamentaux et la dignité. Les droits fondamentaux doivent être respectés inconditionnellement ; s’ils ne sont pas respectés cela entraîne une inégalité entre les citoyens : il n’y a pas d’égale dignité.
Ces droits sont sans contrepartie :
1 – le droit de se loger et de vivre dans un habitat correct
2 – le droit à l’instruction
Ces exemples sont en lien avec l’actualité présente : à consulter, les ‘rappels’ de l’ONU auprès de la France, en juin 2009.
Observations du comité des droits de l’enfant : 3 volets
a) Rappel du droit de l’enfant à vivre avec ses parents : les parents ne sont pas aidés dans leur droit parental : l’angoisse de séparation entre parents et enfants est constante. En France, 300 000 parents sont l’objet d’une mesure de protection, dont 150 000 sont placés, ou en famille d’accueil. D’où la nécessité d’une politique de formation parents/enfants, qui donne les clés pour une compréhension.
A suivre également le projet de loi sur l’adoption : il faudrait mieux mettre en adéquation l’offre et la demande.
b) Droit pour l’enfant de vivre dans un logement digne (pour eux et pour leur famille). Beaucoup sont logés en hôtels, ce qui entraîne un manque de stabilité, et des changements d’établissements scolaires.
D’hôtel en hôtel, errance des parents, bébés demeurent dans les poussettes pour ne pas être enlevés aux parents. Existence de lieux de relégation pour les gens.
Dénonciation de l’ONU : l’état français n’a pas la volonté de mettre en place une politique du logement et les moyens nécessaires.
L’état doit reprendre en main, les opérations destruction – reconstruction (ANRU), souvent prétexte pour supprimer des logements : les plus pauvres sont chassés (ex de Lyon), il doit agir auprès des municipalités, et sur le pilotage de la durée de ces opérations.
c) Refuser les discriminations
– Ne pas accepter la discrimination pour cause de pauvreté : stigmatisation dans les médias, par la police, à l’école, d’un certain groupe d’enfants pauvres. Vexations, humiliations, et risque de banalisation de ce discours. Ce problème est très présent à l’école et entraîne l’échec scolaire. L’assouplissement de la carte scolaire est une catastrophe pour les pauvres : c’est une anti-mixité sociale
– Ne pas accepter la discrimination pour origine sociale (ex : Maire de Loudéac s’est opposé à un mariage parce que l’un des deux futurs époux était étranger)
Conclusion
ATD-Quart Monde se bat pour que ces droits soient reconnus, pour que tout le monde soit acteur de ses droits : création de comités solidaires pour les droits, avec Amnesty International et le Secours Catholique : on peut y faire connaître des situations connues.
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Débat : réponses de Pierre SAGLIO à des questions du public
1 – Dans la déclaration de 1948, il y a séparation entre les droits politiques et les droits économiques, une des exigences d’ATD Quart Monde est la reconnaissance de la misère comme une violation des droits de l’homme. Or en ce moment, historiquement on note une tendance à rassembler les droits politiques et économiques (cf. la loi Dalo). L’éradication de la misère doit être la priorité de l’ensemble des politiques publiques, afin d’obtenir des états, des mesures pour soutenir ces droits : CMU, accès aux dossiers pour le placement des enfants.
Il faut obtenir qu’il y ait un vrai recours, auprès des Mairies pour que soit acceptée la scolarisation des enfants. Il faut passer d’une obligation de moyens à une obligation de résultats : (pour ATD, ceci est un levier de mobilisation générale du pays,) aussi bien pour le logement que pour l’école obligatoire.
Pour Pierre SAGLIO, le droit à l’instruction est fondamental, car l’ignorance est le ciment de la pauvreté qui enferme les gens dans la dépendance.
2 – Concernant le RMI, RSA … ATD Quart Monde demande qu’il y ait des contrats qui engagent les 2 parties, afin de bâtir un projet ensemble et atteindre l’autonomie par le travail. Cf. article »des clés pour se comprendre ».
3 –Actions caritatives : les distributions de toute sorte sont des calamités pour les pauvres. On assiste à une institutionnalisation de ces organisations (type Restos du Cœur …) qui tient lieu de politique et masque l’échec des politiques.
Tout ce circuit de la distribution casse une dynamique et détruit une démocratie de l’égale dignité.
L’existence de cette distribution fait qu’il n’y a pas d’augmentation des minima sociaux. Par exemple, lors de sa visite à la banque alimentaire et épicerie sociale, Nicolas SARKOZY a annoncé des aides à ces organismes. Cela revient à une officialisation de cette démarche de dépannage, et non à une action de l’état, d’une volonté politique. Il faut noter le manque de réactions des politiques à ce sujet.
4 – Il faut aller jusqu’à la Cour Européenne des Droits de l’Homme, pour que la législation française soit appliquée.
5 – Outremers
ATD Quart Monde n’existe pas en outremers (pas à Mayotte ni en Guyane) mais existe à la Réunion. Il est donc nécessaire d’essayer d’y agir, parce que la misère y est plus importante que dans l’Hexagone ; des bonnes volontés sont nécessaires sur place.
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