Interview de Hael Al Fahoum, ambassadeur de Palestine en France.

Résistance non violente

L’ambassadeur en France, Hael Al Fahoum, défend l’application de la résistance non violente, qui déstabilise les Israéliens.

Hael Al Fahoum. 

Hael Al Fahoum. (ph. j.- c. sounalet)

Depuis juin 2010, le délégué de l’Autorité palestinienne a statut d’ambassadeur. C’est Hael Al Fahoum, 60 ans, qui occupe ce poste. Il était de passage en Aquitaine mardi dernier, invité à Périgueux par l’association Dordogne-Palestine, qui accueillera bientôt des enfants de prisonniers palestiniens.

« Sud Ouest ». Quel message faites-vous passer lors de vos déplacements ?

Hael Al Fahoum. D’abord, que les Palestiniens représentent une solution et non un problème au Moyen-Orient. Nous sommes à la recherche de solutions, car c’est nous qui subissons les injustices. Je constate un réveil de notre peuple. La reconnaissance par les Nations unies est un échec de la stratégie de négation menée par nos ennemis.

Nous avons des projets pour une société plus démocratique, avec de l’éducation, un équilibre entre les hommes et les femmes. Les dirigeants israéliens sont arrogants et ignorants, sourds et aveugles. Ils n’écoutent pas leur peuple.

Il y a quelques jours, dans ces colonnes, le consul d’Israël expliquait que les Palestiniens préféraient se placer en victimes en diabolisant Israël. Je voudrais rappeler que les Palestiniens sont aussi sur cette terre depuis trois mille ans. On veut trop souvent nous faire douter de notre identité. Mais je pense que ce n’est pas nous qui diabolisons Israël, c’est plutôt l’inverse. L’administration israélienne se cherche des ennemis pour alimenter sa stratégie d’arrogance, alors que nous devrions trouver les moyens d’une coexistence et d’un respect mutuel entre nos deux peuples.

Nous avons les mains tendues. Il faut rappeler que, lors du compromis historique de 1988, Arafat a accepté la solution de deux États, et a donc reconnu Israël, ce qui a même été perçu comme une trahison par certains Palestiniens.

De véritables négociations sont-elles possibles entre Palestiniens et Israéliens ?

Je constate que dès qu’il y a eu des dirigeants israéliens qui essayaient de trouver des solutions, ils ont été écartés d’une manière ou d’une autre. Mais on est pourtant condamnés à vivre ensemble, et nous sommes toujours disposés à reprendre de véritables négociations.

Les alliés d’Israël que sont les Américains et les Européens commencent à vouloir nous faire revenir à la table des négociations. La France a un rôle à jouer en complément des Américains, et j’espère beaucoup du président Hollande.

Voyez-vous des solutions alors que périodiquement on entend parler d’une nouvelle intifada ?

Il y a une évolution. Nous avons adopté une résistance non violente, surtout contre la construction du mur. Ça a déstabilisé les Israéliens, qui auraient voulu nous pousser à une nouvelle intifada. Ce sont encore des stratégies et des provocations qui cherchent à nous piéger.

On n’arrivera à rien tant qu’il y aura occupation de notre territoire par les extrémistes juifs, que j’appelle les « salafistes israéliens ». On ne peut plus continuer cette stratégie d’expropriation et de colonisation. Les Israéliens utilisent 80 % de l’eau et exploitent le gaz.

On a l’impression d’être étouffés. Vous savez, quand je vais revenir chez moi, je vais peut-être devoir attendre six heures avant d’entrer dans mon pays. Vous ne pouvez pas imaginer ça ici.