Landes : des militants anti-chasse aspergés de purin et expulsés

Sept militants anti-chasse ont été escortés jusque dans le Gers sur ordre préfectoral. Chez les chasseurs l’exaspération monte

D’un côté, les deux militants anti-chasse surveillés par un gendarme ; de l’autre, les chasseurs lancés dans une discussion animée avec d’autres gendarmes. 

D’un côté, les deux militants anti-chasse surveillés par un gendarme ; de l’autre, les chasseurs lancés dans une discussion animée avec d’autres gendarmes. (photo nicolas le lièvre)

Dans les campagnes du cœur du département, cela fait quelques jours déjà qu’on est sur le qui-vive, qu’on sait que des militants du Cabs (Commitee Against Bird Slaughter) sont dans le coin. Ils ne s’en cachent d’ailleurs pas. Le site allemand Komitee.de annonce leur présence depuis le 28 août et jusqu’au 8 septembre. En outre, des véhicules qualifiés de suspects ont été repérés à plusieurs reprises.

Jusqu’à présent, la dizaine de militants présents s’était contentée de repérages. Quand ils constataient la présence de matoles, ils relevaient les coordonnées GPS et allaient porter plainte dans une gendarmerie pour chasse illégale. Ils se gardaient bien de pénétrer dans des propriétés privées et de dégrader quoi que ce soit.

Depuis deux jours, les choses se sont accélérées. Mardi après-midi, un commando a pénétré dans une chasse de Souprosse. Il y a détruit une vingtaine de matoles et libéré cinq appelants.

Hier, deux militants ont tenté de réitérer à Campagne, en bordure de la route d’Aurice, chez Léon et Marie-Jo Candau. Cette dernière est la secrétaire de l’Union landaise des chasses traditionnelles. En tant que telle, elle est régulièrement visée. « Ils sont venus trois fois l’année dernière et cette année encore », peste Léon. Mais, du coup, les Candau sont attentifs.

Un peu avant 13 heures, les deux militants anti-chasse sont aperçus dans les maïs. Le temps de sonner le rappel des voisins et amis, ils sont rapidement encerclés puis aspergés d’un peu de purin.

Comme ils ont eu le temps de prévenir leurs camarades par téléphone et que parallèlement les chasseurs ont appelé les gendarmes, ces derniers ne tardent pas à débouler.

  • Le ton des discussions est vif

La scène vaut d’être vue. En bordure de champ, en plein soleil, les deux militants flanqués d’un gendarme ; de l’autre côté du fossé, sur la route à l’ombre, les chasseurs, dont le président Jean-Jacques Lagüe, et une bonne dizaine de gendarmes.

Le ton des discussions est vif. « Vous pouvez pas les mettre dehors ? » lance un chasseur aux militaires. « Un jour, vous allez voir ce qu’il va arriver. »

Les gendarmes expliquent leur neutralité et jouent l’apaisement. Tout le monde attend que le préfet des Landes fasse connaître sa décision. Elle tombe vers 15 h 30. C’est une mise en demeure de quitter le département. Elle s’applique aux deux de Campagne mais aussi à deux autres militants interceptés un peu plus tard à Lamothe et trois autres qui avaient été invités à se présenter à la brigade de gendarmerie de Saint-Sever. En fin d’après-midi, et sous bonne escorte, les sept militants ont été conduits dans le Gers, la destination qu’ils ont choisie.

« Ils vont sortir par une route et revenir par une autre », prévoyaient les chasseurs avant leur départ. « Mais s’ils reviennent, ça va mal se passer. »

Peut-être. Mais légalement, les militants italiens et allemands pour la plupart ne risquent pas grand-chose d’autre qu’une nouvelle mise en demeure de quitter le département. « Ils vont forcément revenir, pronostiquait un chasseur. Ils ont des billets d’avion en date du 8. »