Cette semaine, sœur Antonella court partout. Avec la rentrée des classes, elle tracte à la sortie des écoles publiques et privées de Sanary-sur-Mer (Var) pour annoncer la bonne nouvelle : le catéchisme, – ou devrait-on écrire KT comme sur la brochure – s’adapte à la réforme des rythmes scolaires.

Jusqu’ici, comme dans beaucoup de paroisses en France, le caté, c’était traditionnellement le mercredi matin. Mais avec la semaine de quatre jours et demi, les élèves de Sanary ont désormais classe à ce moment-là. Les sœurs de la paroisse de Saint-Nazaire ont alors élaboré un plan B pour garder leurs troupes et éventuellement séduire des petits nouveaux.

Le kit «goûter, caté et devoirs»

«Voilà notre idée, explique sœur Antonella, toute essoufflée : le mardi et le jeudi, on se propose de récupérer les enfants à l’école à 15h30.» Elles iront les chercher à pied ou d’un coup de minibus, c’est selon. Puis, «goûter convivial tous ensemble», poursuit la religieuse. 16h15, l’équipe «aide aux devoirs» prend la main, avant de passer le relais aux alentours de 17h15 au père Rodrigo pour l’enseignement religieux. 18h25, indique la brochure, «fin du KT», les parents viennent chercher leurs enfants. «Pour eux, c’est pratique. Les devoirs seront faits, le goûter pris.»

Les soeurs accueillent tout le monde, baptisé ou pas. Et tout est gratuit. «C’est la foi qui nous pousse à agir, dit sœur Antonella. L’amour de Jésus nous guide.» Les inscriptions sont ouvertes depuis quelques jours, trop tôt pour tirer un bilan donc mais, confie-t-elle, «ça semble bien parti».

16 000 enfants à Paris

A Paris, aussi, les paroisses ont revu leur formule. «On réfléchit depuis quelque temps déjà, à une nouvelle offre plus globale. L’archevêque nous a demandé de profiter de cette réforme de l’éducation pour élargir le temps du catéchisme. C’est ce qu’on a fait», se félicite Pauline Dawance, responsable de la catéchèse pour le diocèse de Paris. Elle a même lancé une campagne de communication avec des affiches qui annoncent : «Nouveaux rythmes scolaires, le catéchisme s’adapte.»«C’était un défi pour nous, assure-t-elle. 16 000 enfants sont catéchisés dans la capitale dont 5 000 en école publique concernée par la réforme.»

La plupart des paroisses a opté pour le mardi en sortant de l’école, avec en option souvent «ramassage des enfants». A quelques variantes près. Sur l’île Saint-Louis, les CE1-CM2, qui auraient judo ou solfège le mardi soir, peuvent se rabattre sur le dimanche matin avec le pack caté-messe de 9h45 à 12 heures. Repéré aussi : l’option «mercredi midi, avec ramassage à la sortie de l’école et pique-nique tiré du sac».

«Redonner un élan au catéchisme»

Chaque paroisse s’organise comme elle le souhaite, en fonction des moyens et des attentes des familles surtout. Beaucoup proposent des activités «dans le prolongement du catéchisme proprement dit» comme à Saint-Séverin dans le Ve arrondissement. «Une dizaine de bénévoles se sont portés volontaires, en majorité des femmes à la retraite mais pas seulement, se réjouit Fabienne Thévenaud, très impliquée dans la paroisse. Ces personnes n’osaient pas être catéchistes mais étaient partantes pour s’occuper des enfants.» Banco. Il y aura un atelier bande-dessinée, un autre de couture, de cuisine… Et même du jardinage dans le cloître du presbytère. A l’écouter, cette réforme Peillon, si compliquée à mettre en place dans les communes, tombe à pic pour l’Eglise. «On essaie de saisir l’occasion pour redonner un élan au catéchisme, c’est vrai.» Pauline Dawance y voit le retour en force du patronage, «ces lieux fondés par le clergé au XIXe siècle pour s’occuper des enfants pendant le temps de travail des parents. Certains sont toujours actifs à Paris et fonctionnent comme des centres aérés. Peut-être va-t-on en créer de nouveaux !»

Le diocèse de Nanterre (Hauts-de-Seine) a, lui, carrément publié sur son site internet un fascicule «avantages et inconvénients d’une catéchèse autre que le mercredi» pour aider les paroisses encore hésitantes. Ainsi, dans la colonne «avantages du samedi matin», on trouve «enfants reposés et détendus», «des parents qui s’engagent (papa)». Parmi les inconvénients : «absentéisme à prévoir»…

Marie PIQUEMAL