Stéphane Hessel : L’opposition villeneuvoise n’approuve pas la dénomination d’une place au nom de l’homme engagé.

Hessel suscite toujours le débat

Stéphane Hessel aura une place à son nom en face du lycée Georges-Leygues.

Stéphane Hessel aura une place à son nom en face du lycée Georges-Leygues. (Photo AFP)

De l’engagement naît le débat. Ce dont personne ne doute dans un Conseil municipal qui se trouve en être, par définition, le réceptacle. Sauf qu’une fois n’est pas coutume, ce n’est l’engagement des élus qui a alimenté l’échange de points de vue, mais celui de Stéphane Hessel, mort en février dernier à l’âge de 95 ans.

En cause : une délibération visant à faire baptiser l’espace fraîchement rénové devant le lycée Georges-Leygues au nom du natif de Berlin, qui n’était pas seulement l’auteur d’un livre au succès proportionnellement inverse à l’épaisseur mais aussi et surtout un ancien résistant, diplomate, ambassadeur, écrivain, etc. Pour les élus de la majorité, ce choix permet à la municipalité « de rendre hommage à une personnalité marquante d’un courant de pensée philosophique et politique majeur du XXe siècle ».

Indignez-vous, qu’il disait

Sauf que l’opposition tique quelque peu sur ce projet et a donc pris le parti de voter contre.

Non pas qu’elle renie l’action du militant de gauche comme corédacteur de la « Déclaration universelle des Droits de l’Homme », encore moins son courage lorsqu’il s’est agi de lutter contre l’Allemagne nazie. Non, ce qui la gêne, ce sont ses positions sur le conflit israélo-palestinien : « Quand on reprend ses écrits, on découvre qu’il a fait de la destruction d’Israël une obsession », avance Gérard Régnier. « Lui qui a dit que les dirigeants du Hamas sont modérés et que les roquettes sur Sderot sont des jeux d’enfants, j’avoue que ça me perturbe. Quand il a dit que l’occupation allemande était relativement inoffensive si on la compare avec l’occupation de la Palestine, ça me perturbe aussi. Je reconnais ce qu’il a pu faire mais il a, pour moi, une part d’ombre qui ne me va pas. »

Pour le maire Patrick Cassany, l’humanisme du concerné ne peut prêter à interprétation : « Quand on a sur son CV Buchenwald et Dora, quand on a l’engagement qui a été le sien, je crois que cela mérite aussi le salut et le respect d’une ville comme la nôtre », défend le maire.

Pour Stéphane Hessel, « l’indifférence était la pire des attitudes ». Probablement cela l’aurait-il peiné de voir une délibération le concernant être traitée avec autant d’intérêt qu’un texte portant sur l’acquisition d’un bout de parcelle pour en faire un trottoir. D’une certaine manière, il fallait au moins cet échange pour honorer sa mémoire.

Villeneuve-sur-Lot