Les Bonnets rouges, une double manipulation

Par Les invités de Mediapart

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 Au moment où les « comités des Bonnets rouges » tiennent leurs « États généraux » à Morlaix, samedi 8 mars, l’essayiste Françoise Morvan revient sur les faits pour expliquer comment la « révolte des Bonnets rouges » a été, selon elle, organisée et résulte, au total, d’une manipulation de l’opinion reposant sur l’invention d’un symbole, le bonnet rouge. Chronologie et analyse.

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 La « bataille contre l’écotaxe » devenue « révolte des bonnets rouges »  repose sur l’invention d’un symbole, le bonnet rouge. Or, il suffit de s’appuyer sur la chronologie pour comprendre quand le bonnet est apparu dans les manifestations organisées par le lobby patronal et le lobby ethniste qui, en se fédérant, ont mobilisé les médias avec une redoutable efficacité.

1. DE L’ÉCOTAXE AU PACTE D’AVENIR

Le 2 novembre 2013, manifestation à Quimper contre l’écotaxe : les Bretons se découvrent nantis d’un couvre-chef historique dont, dans leur immense majorité, ils ignoraient jusqu’à l’existence : le bonnet rouge.

Les télévisions du monde entier diffusent les images stupéfiantes de salariés licenciés défilant derrière les patrons licencieurs, de syndicalistes manifestant à l’appel du patronat, de paysans dénonçant l’agriculture productiviste sous la bannière de la FNSEA, de militants autonomistes de gauche et de nazillons indépendantistes, tous sous bonnet rouge, exprimant la « colère bretonne » contre Paris. Aux bonnets rouges se joignent des drapeaux noirs et blancs, et l’on peut voir que la nation bretonne, humiliée par la France, clame en vain depuis le XVIIe siècle cette colère ancestrale contre l’impôt. La préfecture annonce 15 000 manifestants, les organisateurs 30 000 manifestants. C’est ce dernier chiffre qui sera repris par les médias.

Le 30 novembre, le chef des  « Bonnets rouges », Christian Troadec, maire de Carhaix et fondateur du Festival des Vieilles Charrues, organise une manifestation festivalière avec distribution de drapeaux. La télévision russe officielle envoie cinq équipes sur place pour filmer la révolte des Bonnets rouges contre la France (voir ici).

Ainsi le bonnet rouge a-t-il servi à introduire le drapeau. L’image fait foi : inutile d’évoquer l’invention du drapeau en 1923 par un autonomiste raciste et la fabrique du bonnet comme symbole identitaire breton. Christian Troadec annonce 40 000 manifestants, chiffre qui sera également repris par les médias (le chiffre de 17 000 semble plus proche de la réalité).

Des Comités des Bonnets rouges se créent un peu partout en Bretagne. Dans leur mot d’ordre, « vivre, décider et travailler au pays », le mot qui importe est, bien sûr, « décider » qui suppose déréglementation, expérimentation, autonomie.

Victoire sur toute la ligne : le gouvernement cède et les Bretons bénéficient d’un « pacte d’avenir » « rédigé en Bretagne par les Bretons pour les Bretons », comme l’a dit le premier ministre. Véritable prime à la casse, ce pacte est aussi un véritable affront à la solidarité, puisque des régions de France plus excentrées que la Bretagne et souvent plus atteintes par la crise économique, n’en ont pas bénéficié.

Et si cette pseudo-révolte des Bonnets rouges avait été pain bénit pour les membres du gouvernement, comme Jean-Yves Le Drian, actuel ministre de la Défense, ancien président du conseil régional de Bretagne et désireux de faire de la Bretagne un « tigre celtique » sur le modèle de l’Irlande  ? Se servir des Bonnets rouges pour se servir de la Bretagne afin de mettre en œuvre le projet de décentralisation…

2. LES ORGANISATEURS DE LA RÉVOLTE SPONTANÉE

Pour comprendre comment la bataille contre l’écotaxe s’est changée en révolte des Bonnets rouges, il faut commencer par exposer quels réseaux de pouvoir ont pu si efficacement instrumentaliser la misère de salariés jetés à la rue, de paysans et de syndicalistes pris au piège d’une révolte mise au service du projet politique conçu de longue date.

La prétendue « colère bretonne » (qui n’a, en fait, fédéré que quelques milliers de personnes sur trois millions pour la région Bretagne, plus de quatre millions avec la Loire-Atlantique que le conseil régional, comme l’Institut de Locarn, veut « réunifier » — d’aucuns disent « annexer ») s’explique par la collusion d’un double réseau de pouvoir dont la plupart des Bretons ignorent tout.

Le premier réseau est le lobby patronal regroupé à l’Institut de Locarn et qui est à l’origine de l’association Produit en Bretagne. Pour simplifier, je ne peux faire mieux ici que de citer le résumé que j’ai publié à ce sujet dans Le Monde :

« Voilà quelques années, tenter d’expliquer le rôle du Club des Trente ou de l’Institut de Locarn dans la dérive identitaire à laquelle on assiste en Bretagne vous exposait à vous faire accuser de conspirationnisme. L’un des premiers soutiens de l’Institut, Patrick Le Lay, jurait ne pas le connaître. De même, des responsables de Produit en Bretagne assuraient n’avoir aucun lien avec Locarn. Les statuts de ces associations ont pourtant été déposés à la sous-préfecture de Guingamp : l’association « Institut de Locarn, culture et stratégies internationales  » a été déclarée le 5 avril 1991 ; Produit en Bretagne le  9 février 1995, bizarrement, à première vue, précédée, le 2 juin 1993, par une « Association Coudenhove-Kalergi-Aristide-Briand » ayant, elle aussi, son siège à l’Institut de Locarn.

Le comte de Coudenhove-Kalergi est le fondateur de  l’Union Paneuropéenne dont les « principes fondamentaux » peuvent être lus en ligne :  « L’Union Paneuropéenne reconnaît l’auto-détermination des peuples et le droit des groupes ethniques au développement culturel, économique et politique. » « Le christianisme est l’âme de l’Europe. Notre engagement est marqué par la conception chrétienne des droits de l’homme et des principes d’un véritable ordre juridique. »

Le projet de l’Institut de Locarn a été exposé par son fondateur, Joseph Le Bihan, en 1993, sous le titre Genèse de l’Europe unifiée dans le nouveau monde du XXIe siècle : la France n’a plus d’avenir ; l’État-nation doit disparaître ; il faut liquider l’Éducation nationale, les services publics et surtout les services culturels, en finir avec l’héritage de la Révolution française, syndicalisme, laïcité, et autre boulets :  « Nous allons réintégrer cette Europe de la civilisation et de la propreté qui existe déjà en Allemagne, en Suisse et dans certains pays nordiques ».

La transformation de la « bataille de l’écotaxe » en « révolte des Bonnets rouges » s’explique d’abord par la synergie entre ce lobby patronal (auquel il faut ajouter OBE-Bretons du monde) et le lobby ethniste (je rassemble sous ce terme les partis et groupuscules indépendantistes, autonomistes, identitaires, qu’ils soient de gauche ou de droite). Les très faibles scores électoraux de ces partis incite à négliger leur influence réelle.

Or, d’une part, tous  sont alliés à des partis nationaux pour les élections (ainsi les autonomistes de l’UDB sont-ils alliés aux écologistes d’Europe-Écologie-les-Verts, les indépendantistes d’extrême gauche au NPA, les indépendantistes du Parti breton, considéré comme émanation de l’idéologie de l’Institut de Locarn, à l’UDI).

D’autre part, la lutte contre l’écotaxe l’a montré mieux que tout autre exemple, ils sont prêts à se fédérer pour œuvrer à un projet commun selon le vieux principe du mouvement nationaliste breton : « ni rouge ni blanc, breton seulement ». Enfin, ce lobby ethniste, visant à l’éclatement de l’État-nation en vue de faire advenir une Europe des régions, exerce une influence d’autant plus grande qu’il œuvre en relation avec les autres « peuples minorisés » soutenus par les réseaux ethnistes européens, eux-mêmes soutenus par le conseil de l’Europe (c’est le cas de l’Union fédéraliste des communautés ethniques européennes, UFCE, à l’origine de la Charte des langues régionales ou minoritaires) — et ce n’est, bien sûr, pas un hasard si la bataille de l’écotaxe a abouti à la bataille pour la ratification de la Charte.

Les autonomistes sont entrés au conseil régional avec l’appui de Jean-Yves Le Drian, lequel est, comme eux, un soutien de l’Institut de Locarn (l’UDB a pu le nier mais, dès 2002, on pouvait lire : « L’UDB se félicite de l’adhésion de la ville de Vannes à l’Institut de Locarn, lieu de rencontre des décideurs bretons et de préparation d’une Bretagne réunifiée, région majeure de l’Europe fédérale en devenir. » En 2006, l’ex-porte-parole de l’UDB, vice-président du conseil régional, C. Guyonvarc’h mettait  en place avec l’Institut de Locarn un projet de conventionnement sur fonds publics d’ambassades de la Bretagne à l’étranger…).

La chronologie me semble le montrer clairement, c’est à partir du moment où ces deux réseaux sont entrés en synergie que les actions des uns et des autres ont pu se fédérer puis organiser la « colère bretonne » en « révolte des Bonnets rouges ».

3. LA FABRIQUE DU BONNET

Cette chronologie est simple à établir, chaque événement ayant été relayé par les médias.  Elle permet de retracer les phases essentielles de la fabrique du bonnet. La date essentielle est, selon moi, le 13 octobre, à savoir le jour où l’Appel de Pontivy du lobby ethniste rejoint l’appel de Pontivy du lobby patronal en vue d’une action collective.

— Le 5 avril est lancé l’Appel de Pontivy appelant à doter la Bretagne comme l’Écosse ou la Catalogne d’un parlement et de lui donner « dans le cadre de la future loi de décentralisation un statut particulier dotant l’institution bretonne d’une assemblée disposant (…) de nouvelles compétences, d’un pouvoir législatif et réglementaire, ainsi que d’un droit à l’expérimentation » L’Appel de Pontivy est signé par le MBP (le mouvement Bretagne et Progrès) fondé par Christian Troadec, Europe-Écologie-les-Verts, les autonomistes de l’UDB, les indépendantistes d’extrême gauche de Breizhistance et le Parti breton, indépendantiste de droite, considéré comme émanation de l’idéologie de l’Institut de Locarn. Il a été soutenu par plusieurs parlementaires bretons (dont l’autonomiste Paul Molac et l’élu EELV François de Rugy). L’appel de Pontivy (Galv Pondi) formule trois autres requêtes : la ratification de la Charte des langues régionales, la réunification et la création d’une télévision bilingue (lire ici).

— Le 23 mai 2013, le conseil constitutionnel valide le dispositif de mise en place de l’écotaxe poids-lourds, votée sous le gouvernement précédent. Décidée en 2009 lors du Grenelle de l’environnement, l’écotaxe vise à faire payer l’usage des infrastructures routières (hors autoroutes à péage) à l’utilisateur et à contribuer au financement des modes alternatifs à la route.Le ministre des Transports, de la Mer et de la Pêche s’est dit satisfait : « Il est nécessaire d’inciter les transporteurs à choisir des modes de transport plus durables à chaque fois que c’est possible ». Cet impôt acquitté par les transporteurs  devait été répercuté sur les factures et aurait pu induire un coût supplémentaire de 0,5% des marchandises. Quoi que l’on pense de l’écotaxe (lire ici une enquête de Mediapart), le dispositif a été voté par les élus de gauche comme de droite.

— Le 18 juin, à Pontivy, lieu symboliquement choisi — c’est là qu’en 1940 l’État breton a été proclamé par les nationalistes ; c’est là aussi un haut lieu du CELIB (Comité d’études et de liaison des intérêts bretons), lobby fondé par l’autonomiste Joseph Martray — est fondé le CCIB (Comité de convergence des intérêts bretons) par des patrons proclamant ce qu’ils nomment, sans souci excessif de décence, « l’appel du 18 juin ».

La Charte de fondation du CCIB donne pour mot d’ordre « Décider, vivre et travailler au pays ». Elle invite à la dérégulation et au droit à l’expérimentation.

À la tête du CCIB, Alain Glon, ex-président du groupe agroalimentaire Glon-Sanders (farines animales), président de l’Institut de Locarn, et Jacques Bernard, président de Produit en Bretagne, mais aussi Jean Ollivro, président de Bretagne Prospective (lire ici), Loïc Hénaff (président des Pâtés du même nom), François Jacob (SICA de Saint-Pol, Brittany Ferries…).

Le porte-parole du CCIB est Jean-Pierre Le Mat, président de la CGPME (Confédération générale des petites et moyennes entreprises) des Côtes d’Armor,  auteur d’essais historiques engagés dans le combat nationaliste breton et responsable du site contreculture.org. La première bataille annoncée est la lutte contre l’écotaxe.

— Le 2 août, le premier portique tombe à Guiclan, à l’appel d’un Collectif pour l’emploi rassemblant des salariés de l’agroalimentaire, des transporteurs, des syndicalistes agricoles, en présence notamment de Thierry Merret, président de la FDSEA du Finistère. Lors de la manifestation du 30 novembre à Carhaix, les morceaux de ce portique seront mis aux enchères (et ce, sans la moindre intervention des pouvoirs publics).

— Le 28 août, le CCIB rassemble 200 patrons à Pontivy. Jean-Pierre Le Mat, président des PME, annonce « le feu couve en Bretagne ».

— Le 7 octobre, le Collectif pour l’emploi annonce des « coups de vent » et Produit en Bretagne, une « alerte incendie généralisée » pour le 16 octobre.

— Le 12 octobre, le Collectif pour l’emploi organise des manifestations escargot vers les portiques écotaxe.

— Le 13 octobre, le MBP de Christian Troadec, signataire de l’Appel de Pontivy du 5 avril arrive à la rescousse et appelle à la création d’un « Comité pour l’emploi en Centre-Bretagne ». Il se sert alors de la fermeture d’abattoirs du groupe GAD (annoncée le 11 octobre) pour mettre en avant la fermeture de l’entreprise Marine Harvest (annoncée depuis le mois de juin).

— Le 14 octobre, le CCIB  appelle les Bretons à se rassembler au nom du « militantisme des Bretons » sans distinction de classe ou de profession.

— Le 16 octobre, les hypermarchés membres de Produit en Bretagne (Leclerc, Intermarché, Super U) font « sonner le tocsin » (à grands coups de sirène incendie). Réunion de crise au ministère. Le « Pacte d’avenir pour la Bretagne » est lancé.

— Le 25 octobre, violentes manifestations et destruction du portique de Pont-de-Buis. C’est à cette occasion qu’apparaît le bonnet rouge. Thierry Merret appelle « tous les chefs d’entreprise à faire venir le maximum de salariés » à Quimper le 2 novembre.

— Le 28 octobre, le Collectif  « Vivre, décider et travailler au pays » de Christian Troadec appelle à la manifestation du 2 novembre, manifestation annoncée comme, cette fois, pacifique. Troadec reprend trois des quatre points de l’Appel de Pontivy du 5 avril.

— Le 30 octobre, la CGT, la CFDT, la FSU et Solidaires appellent à une contre-manifestation le 2 novembre à Carhaix ; en revanche, FO se partage.

— Le 2 novembre, la manifestation de Quimper rassemble 15 000 manifestants (les organisateurs parlent de 30 000) coiffés de bonnets rouges.

D’abord présenté comme fabriqué par l’entreprise Armor Lux, puis comme fabriqué en Écosse, pays celte et donc frère, pour Armor Lux, le bonnet rouge est un bonnet d’acrylique, le BF045 de Beechfield, importé par Imbretex. Beechfield, un groupe anglo-saxon, le fait fabriquer à bas prix, sans doute en Chine ou en Turquie.

Les médias parlent désormais de « révolte des Bonnets rouges ».

4. L’HISTOIRE DÉTOURNÉE

Trois historiens, spécialistes de l’histoire de Bretagne et notamment de la « révolte des Bonnets rouges », ont publié une protestation qui a été, chose exceptionnelle, relayée par la presse régionale acharnée à relater jour après jour les revendications et les exploits  des  « Bonnets rouges ». Leur exposé, précis, rigoureux, est disponible et peut être lu en ligne (Alain Croix, André Lespagnol, Fañch Roudaut, « Bonnets rouges. Non à la manipulation de l’histoire ! » ).

Je me contenterai donc de rappeler que la « révolte des Bonnets rouges » n’a jamais été une révolte identitaire opposant les bons Bretons opprimés au roi de France, à ses taxes et à ses abus. « Cette révolte, qui oppose les paysans bretons à leurs exploiteurs bretons, est avant tout sociale », écrivent ces historiens, dénonçant une « manipulation de l’histoire de la Bretagne » et une « escroquerie intellectuelle ».

Les représentants des paysans révoltés étaient coiffés de bonnets bleus ou rouges. Le bonnet devient universellement rouge dès lors qu’il s’agit de blâmer la révolte ou de la promouvoir : pour l’historien nationaliste Arthur de La Borderie, il s’agit de la blâmer ; pour d’autres, il s’agit de la promouvoir et le bonnet rouge devient le symbole de la révolte qui allait donner lieu à la Révolution française, ancêtre de la Révolution d’octobre.

C’est cette confusion qui explique la force du symbole : pour les uns (les patrons membres du lobby à l’origine de l’opération), symbole identitaire, appel à la révolte contre « Paris »… pour les autres (les travailleurs licenciés, les paysans réduits à la misère, les chômeurs, les jeunes en recherche d’emplois précaires, et, hélas, les syndicalistes et les partis dits de gauche qui se sont laissé abuser), symbole révolutionnaire, appel à la révolte contre l’injustice. Malheureusement, les seconds n’ont pas vu qu’on les fournissait en bonnets pour les enrôler dans une croisade identitaire dont les enjeux leur échappaient.

Appelés à donner leur sentiment sur la réussite de la grande manifestation festivalière à laquelle ils participaient (sous bonnet rouge), les frères Morvan, deux vieux chanteurs de kan-ha-diskan, ont déclaré, un peu surpris mais enchantés : « Le bonnet rouge, on n’en avait jamais entendu parler, on ne connaissait pas cette légende… »

L’invention de la légende aura, au total, pris un peu plus de six mois. Elle résulte, comme on le voit, d’une double manipulation, historique et politique, elle-même en voie d’aboutir à une manipulation du même genre puisque les Bonnets rouges organisent des « États généraux »  en vue de remettre des « cahiers de doléances » où ne manqueront pas de se dire des revendications fondalementalement hostiles à l’égalité républicaine.

Loin d’être une menace, la pseudo-révolte des Bonnets rouges a constitué une occasion rêvée pour ceux qui, comme Jean-Yves Le Drian, ont le projet de faire de la Bretagne une ethnorégion autonome, commercialisable et labellisable (la « marque Bretagne » lancée par le conseil régional s’ajoute au kit identitaire mis au point par l’association Produit en Bretagne issue de l’Institut de Locarn) pour être exportable.

Peu après la manifestation de Carhaix, Jean-Yves Le Drian a invité Christian Troadec au ministère de la Défense et, d’après Ouest-France, « il a été convenu entre les deux hommes que “l’avenir  de la Bretagne se déciderait à travers l’implication de toutes celles et tous ceux qui exigent la relocalisation des décisions en Bretagne” » — ce qui signifie, en langage clair, que le lobby qui a organisé la pseudo-révolte des Bonnets rouges sera dorénavant appelé à décider de l’avenir de la Bretagne, que les décisions seront, non pas « relocalisées » mais bien « délocalisées » en Bretagne, l’intérêt breton (ou prétendu tel) primant sur l’intérêt général.

Françoise Morvan

Françoise Morvan s’est consacrée, depuis la parution de son essai Le monde comme si, nationalisme et dérive identitaire en Bretagne (Actes Sud, 2002, réédition Babel, 2005), à étudier les réseaux ethnistes et leur montée en puissance sous couvert de régionalisation.

Liens utiles :

Enquête de Mediapart sur Christian Troadec

http://www.mediapart.fr/dossier/france/qui-est-vraiment-christian-troadec

http://www.mediapart.fr/journal/france/151213/christian-troadec-bretonnant-entre-marx-et-la-bible

http://www.mediapart.fr/journal/france/121213/christian-troadec-le-seigneur-de-carhaix

Articles du Groupe Information Bretagne

http://le-grib.com

Trois émissions de Daniel Mermet (France Inter, « Là-bas si j’y suis ») sur l’Institut de Locarn et les Bonnets rouges

http://www.franceinter.fr/emission-la-bas-si-jy-suis-vive-la-bretagne-libre

http://www.franceinter.fr/emission-la-bas-si-jy-suis-vive-la-bretagne-libre-0

http://www.franceinter.fr/emission-la-bas-si-jy-suis-de-quelle-couleur-le-bonnet-rouge