L’ESSENTIEL

22 heures. Les instructions ministérielles pourraient être «précisés» pour sanctuariser non seulement l’école mais aussi «le temps de la vie scolaire» si le rapport d’enquête sur les «conditions d’éloignement» d’une collégienne kosovare, Leonarda Dibrani, le «recommandait», a annoncé l’Elysée à l’AFP. «Si le rapport le recommandait, la circulaire de 2012 pourrait être précisée afin de sanctuariser l’école et le temps de la vie scolaire», a-t-on précisé de même source.

A l’Elysée, on juge par ailleurs «inacceptables certaines attaques» formulées contre le ministre de l’Intérieur Manuel Valls dans cette affaire et notamment les appels à sa démission.

20 heures. Le sénateur et président PS du conseil général du Doubs, Claude Jeannerot, a dénoncé jeudi les «anathèmes et condamnations prononcés» à l’encontre du préfet du Doubs, lors de la polémique suscitée par l’expulsion de la jeune Rom Leonarda Dibrani. «Rien ne justifie les anathèmes et les condamnations prononcés sans appel et le plus souvent sans connaissance précise des éléments du dossier à l’encontre du préfet» Stéphane Fratacci, a écrit Claude Jeannerot dans un communiqué. Le président du conseil général souligne que seule l’enquête administrative annoncée pourra «définir précisément les responsabilités de chacun».

16 heures. Les lycéens prévoient de se mobiliser de nouveau vendredi, à la veille des vacances de la Toussaint, avec des blocages d’établissement et un rassemblement place de la Bastille.

15 heures. Empêché par les CRS d’accéder aux abords immédiats du ministère de l’Intérieur, le cortège des lycéens se disperse.

14h20. Les manifestants du cortège parisien sont arrivés à leur lieu de destination, place Saint-Augustin, dans le quartier du ministère de l’Intérieur. Peu de temps auparavant, les policiers ont usé de bombes lacrymogènes envers les manifestants les plus agités.

Esther Benbassa, le 10 novembre 2006 à Paris.

13h50.«Il faut arrêter ces rafles !», écrit la sénatrice écologiste Esther Benbassa (photo AFP) dans un billet publié sur le site du Huffington Post. «Moi qui pensais que la France n’avait pas perdu la mémoire de sa sombre histoire, j’étais loin d’imaginer qu’en 2013, en tant que parlementaire, élue du peuple, je serais témoin d’une rafle. Car oui, il faut bien le dire, c’est une rafle», ajoute-t-elle. La gauche «risque de perdre son électorat traditionnel, qui défend des conceptions humanistes», prévient-elle. «Au moment où la cote du président affiche un faible 24%, il serait temps de réfléchir aux conséquences de tels actes».

«Nous prendrons nos responsabilités»

Le Premier ministre Jean-Marc Ayrault lors de la conférence environnementale, le 21 septembre à Paris.

13h50.Jean-Marc Ayrault (photo AFP) répète à Alfortville que le gouvernement prendra ses «responsabilités» selon les résultats de l’enquête administrative, attendus vendredi, sur l’expulsion de Léonarda. «Nous sommes dans un Etat de droit, il y a des règles et en même temps nous sommes dans une République, il y a des valeurs.»

«A chaque situation, il faut rappeler le droit et en même temps il faut pratiquer avec la plus grande humanité possible le respect des personnes», explique le Premier ministre.

13h20. Le Réseau éducation sans frontières réagit aux informations concernant des démêlés avec la justice du père de la famille Dibrani, Resat, soupçonné notamment d’avoir battu ses filles. «On n’a jamais prétendu que M. Dibrani était un homme modèle et si les violences étaient avérées, il serait encore plus scandaleux de faire ce « regroupement familial » au Kosovo», commente Fabrice Riceputi, membre de RESF. Mais cette procédure «ne change en rien que l’expulsion d’enfants et de leurs parents est quelque chose d’injuste et d’inacceptable».

Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, le 6 avril 2013

13h10. Le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone (photo AFP), a appelé jeudi à «reconstruire une République des valeurs» en faisant allusion à l’affaire Léonarda et la victoire du FN à Brignoles. «Les évènements politiques de ces derniers jours me confortent dans l’idée que nous devons reconstruire une « République du quotidien » et une « République des valeurs »», déclare-t-il lors d’un colloque à l’Assemblée rendant hommage au résistant Pierre Brossolette.

La mobilisation s’étend

13 heures. Selon le rectorat de Paris, ce sont au total une vingtaine d’établissements qui sont perturbés sur les quelque cent que compte la capitale, mais la mobilisation s’étend en Ile-de-France et en province.

A Mende, en Lozère, les manifestants étaient une centaine, selon la préfecture. Selon l’Union nationale lycéenne (UNL), le mouvement concerne deux lycées mobilisés sous le slogan : «Leonarda ne va pas en cours, nous non plus». A Avignon, des élèves membres de l’UNL prévoyaient de se rendre de lycée en lycée, distribuant des tracts relatant les parcours de Khatchik et Leonarda, et simulant des expulsions de lycéen à chaque passage.

12h30. Le cortège continue sa progression sur le boulevard Beaumarchais. En tête, deux lycéens du lycée Hélène-Boucher (XXe arrondissement) et Charlemagne (IVe arrondissement), animent le cortège à l’aide d’une grosse caisse. (L. F. R.)

12h10. Parmi les lycéens rassemblés en nombre dans le quartier parisien de Nation, beaucoup vivent leur première manifestation. La plupart ne sont pas spécialement engagés. Dans une ambiance plutôt bon enfant, très spontanée, quelques pancartes et des slogans qui fusent «Valls démission» et «Khatchik, il reste ici». Regroupés par établissement, les lycéens disent avoit été touchés par l’histoire de ces élèves étrangers, même si certains reconnaissent aussi être là «pour l’ambiance». Aux feux rouges, il tentent de rallier les automobilistes à leur cause et récoltent des klaxons de soutien. Le cortège commence à avancer sur le faubourg Saint Antoine. Arrivés à Bastille, certains des manifestants s’assoient, mais le cortège continue sa progression boulevard Beaumarchais. (L. F. R.)

High school students demonstrate in Paris, on October 17, 2013, in protest against the deportation of foreign pupils following the high-profile eviction of a 15-year-old Roma girl. Leonarda Dibrani was detained by police during a school trip earlier this month and deported to Kosovo along with her parents and five siblings -- a case that has triggered an angry backlash and landed France&squot;s Interior Minister Manuel Valls in hot water. Placard reads : "Valls (in reference to French Interior minister) resignation". AFP PHOTO THOMAS SAMSON

Manifestation de lycéens à Paris, le 17 octobre. Photo Thomas Samson. AFP

Polémique sur la personnalité du père de Leonarda

Midi. Plusieurs sources proches du dossier et des voisins de la famille, cités par l’AFP, indiquent que le père de l’adolescente kosovare expulsée, Resat Dibrani, a eu des démêlés avec la justice, pour des violences sur ses filles et de petits larcins. Début 2013, une plainte pour violences sur ses enfants a été déposée contre Resat Dibrani. L’homme de 47 ans était soupçonné de battre ses filles Leonarda, 15 ans, et Maria, 17 ans, selon ces sources. Le parquet de Besançon avait estimé qu’il n’y avait pas assez de charges pour engager des poursuites contre le père de famille. Resat Dibrani et sa femme Gemilia ont également fait l’objet d’un rappel à la loi pour des faits de vols, à Levier, où résidait la famille.

Le député PS Jean-Marie Le Guen à Paris, le 29 novembre 2011

11h20. Le député PS de Paris Jean-Marie Le Guen (photo AFP) déplore dans L’Opinion les divisions au sein de la majorité. «On voit bien que certains, au lieu de discuter des faits de façon objective, se sont emparé de l’affaire pour jouer le rôle de snipers de Manuel Valls. (…) Certains parlementaires socialistes, pour des raisons internes et parfois historiques, ont pris l’habitude de mettre en cause le ministre de l’Intérieur. Il y a au sein de la majorité une volonté de nuire qui pose un problème de solidarité, de fraternité même.»

«Ligne rouge»

Le député écologiste Noël Mamère, le 21 novembre 2012 à l'Assemblée Nationale

10h50. Le député écologiste indépendant Noël Mamère (photo AFP) dénonce le silence de François Hollande envers Manuel Valls. «Le président de la République incarne un certain nombre de valeurs; c’est à lui de juger si son ministre de l’Intérieur est conforme aux engagements et valeurs de la gauche ou pas», déclara Mamère à l’AFP, dénonçant le franchissement d’une «ligne rouge» par le ministre de l’Intérieur.

L'ancien ministre de l'Economie, François Baroin, le 6 avril à Paris.

9h50. Si Léonarda revient en France, Manuel Valls devra démissionner, estime l’ex-ministre UMP François Baroin (photo AFP). «La personne expulsée, avec la douleur que ça représente, reviendra dans des conditions tellement médiatisées que ce sera un échec global de la politique de reconduite aux frontières», avertit-il. Or «la force du droit doit s’imposer au droit de la force». Selon lui, ce retour, s’il devait s’opérer, «poussera automatiquement le ministre de l’Intérieur à la démission». Lui-même ne le demande «sûrement pas», «je le soutiens et je soutiens l’application des circulaires découlant des lois, dans la fermeté et l’humanité».

Quatorze lycées perturbés

9h30. Au total, ce sont quatorze lycées de la capitale qui sont perturbés ce matin par le mouvement lycéen, précise le rectorat. Des manifestations sont également en cours devant les lycées Voltaire et Turgot.

8h50. Des lycéens bloquent ce matin plusieurs établissements à Paris pour protester contre les expulsions d’élèves étrangers, après la vague de réactions provoquée par celle de la collégienne Leonarda, remise à la police lors d’une sortie scolaire. Quatre lycées, Maurice-Ravel, Hélène-Boucher, Charlemagne et Sophie-Germain, sont bloqués et les entrées «filtrées» dans deux autres établissements, selon le rectorat. «Le mot d’ordre c’est de se mobiliser pour le retour des lycéens expulsés», déclare à l’AFP Steven Nassiri, porte-parole du syndicat lycéen FIDL, joint par téléphone alors qu’il manifestait jeudi matin devant le lycée Charlemagne à Paris. «C’est inadmissible que sous un gouvernement de gauche on doive montrer ses papiers pour entrer au lycée. Tout le monde a le droit à une éducation.»

Najat Vallaud-Belkacem  le 9 septembre à La Ferté-sous-Jouarre.

8h40.Najat Vallaud-Belkacem (photo AFP) estime que les circonstances de l’expulsion de Léonarda sont «éminemment choquantes» si elles étaient avérées, exhortant à attendre les résultats de l’enquête administrative. «Si les choses se sont passées telles qu’elles sont décrites ici ou là, c’est-à-dire si on est allé arrêter un car scolaire et extirper une enfant au vu et au su de ses camarades, alors elles sont éminemment choquantes, mais aujourd’hui il n’est pas avéré qu’elles se soient passées comme ça», déclare sur RTL la porte-parole du gouvernement.

 

LIBERATION avec AFP