Après Bordeaux et Nantes, Orléans ne veut pas du show de Dieudonné
Libération
A trois jours du début de sa tournée et au lendemain de l’envoi de la circulaire Valls aux préfets, tour d’horizon des différentes décisions des municipalités.
Faut-il interdire le spectacle de Dieudonné ? C’est la question à laquelle les préfets et les maires sont appelés à répondre, à trois jours du début de la tournée du polémiste. Lundi, le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, a fait parvenir aux préfets et aux édiles une circulaire leur rappelant les outils juridiques permettant d’empêcher les représentations du one-man-show incriminé, intitulé le Mur. François Hollande demande, lui, aux préfets d’être «vigilants et inflexibles». «Face à l’antisémitisme, face aux troubles à l’ordre public que suscitent des provocations indignes, face aux humiliations que représentent les discriminations, je demande aux représentants de l’Etat et en particulier aux préfets d’être vigilants et inflexibles», a déclaré le chef de l’Etat sans citer nommément le polémiste, lors des vœux aux corps constitués.
L’avocat de Dieudonné a de son côté déjà fait savoir que son client «agirait immédiatement» contre toute interdiction. «Bien sûr, il y aura référé», a indiqué à l’AFP Me Jacques Verdier. Certaines municipalités ont déjà tranché, d’autres doivent le faire dans les jours à venir. Le point.
Les villes qui demandent l’interdiction
Le préfet de Loire-Atlantique, Christian de Lavernée, fait savoir ce mardi que l’arrêté d’interdiction du spectacle de Dieudonné à Nantes, prévu jeudi, a été signé. Le préfet «a procédé à l’analyse des circonstances particulières du spectacle» programmé au Zénith de Nantes le 9 janvier, début d’une tournée du polémiste poursuivi à plusieurs reprises pour ses propos antisémites. Le préfet a ensuite «signé en conséquences l’arrêté d’interdiction». Le tribunal doit se prononcer jeudi matin sur l’interdiction.
Le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, et la porte-parole du gouvernement, Najat Vallaud-Belkacem, avaient laissé entendre dès lundi matin que le spectacle de Nantes pourrait être interdit dans la ville. Plus de 5 200 billets avaient été vendus pour la représentation nantaise, contre laquelle la famille Klarsfeld, au nom des Fils et filles des déportés juifs de France, a appelé à manifester mercredi. Les Klarsfeld ont depuis retiré leur appel à manifester.
Le sénateur-maire de Tours, le socialiste Jean Germain, annonce lui aussi ce mardi son intention d’interdire le spectacle de Dieudonné dans sa ville et précise qu’un arrêté est attendu dans la journée. La salle de 2 000 places du centre de Tours où le spectacle de Dieudonné était annoncé affiche complet.
Dès lundi, le maire UMP de Bordeaux, Alain Juppé, avait fait savoir son intention d’interdire la représentation prévue dans sa ville le 26 janvier. Les conditions «dans lesquelles un spectacle ne pourrait avoir lieu», selon les termes de la circulaire, «sont remplies à Bordeaux», a ainsi indiqué lundi Alain Juppé, premier élu à trancher.
De son côté, Michel Delpuech, préfet de la Gironde et d’Aquitaine, va prendre un arrêté en vue d’interdire ce spectacle «dans le cadre des pouvoirs de police qui sont les siens, afin de prévenir les troubles à la tranquillité et à l’ordre public», a annoncé la préfecture à l’AFP. «L’interdiction d’un spectacle au titre du pouvoir de police générale du maire ne saurait ainsi avoir qu’un caractère tout à fait exceptionnel», relève également l’ancien Premier ministre. L’élu indique toutefois que cette interdiction «peut toutefois être justifiée lorsqu’il apparaît que c’est la seule solution pour mettre fin au trouble à l’ordre public causé par une représentation présentant un ensemble de caractéristiques».
Le député-maire d’Orléans, Serge Grouard, a annoncé mardi qu’il prendrait un arrêté en vue d’interdire lui aussi le spectacle de Dieudonné, programmé samedi dans sa ville. L’élu UMP a précisé lors d’une conférence de presse qu’il signerait l’arrêté «demain (mercredi) ou jeudi matin».
Celles qui doivent encore se prononcer
Les villes de Nancy et de Metz, où le Mur est programmé respectivement les 18 et 19 janvier, avaient pour leur part annoncé leur volonté de le faire interdire dès le 2 janvier, soit avant l’envoi de la circulaire Valls.
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