La contraception est désormais gratuite pour les mineures

Libération

31 mars 2013 à 15:31 (Mis à jour: 15:42)
Le dispositif de gratuité s'applique également au stérilet et aux implants contraceptifs.

Le dispositif de gratuité s’applique également au stérilet et aux implants contraceptifs. (Photo Philippe Huguen. AFP)

Les jeunes filles âgées de 15 à 18 ans pourront obtenir pilule, stérilet ou implant sur ordonnance et en présentant la carte Vitale de leurs parents.

Par AFP

La pilule contraceptive devient gratuite à partir de ce dimanche pour les jeunes filles âgées de 15 à 18 ans, qui pourront l’obtenir auprès des pharmacies sur ordonnance et en présentant la carte Vitale de leurs parents, selon le ministère de la Santé.

Cette mesure, appliquée aux pilules de première et deuxième génération et promise par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, vise à faciliter l’accès à la contraception aux mineures et à réduire le nombre d’interruptions volontaires de grossesses (IVG), environ 12 000 par an.

Elle était inscrite dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) voté à l’automne 2012. Elle s’applique également aux stérilets ou aux implants contraceptifs.

Jusqu’à présent, la pilule, principale méthode de contraception en France, était remboursée à 65%. Elle pouvait également être délivrée gratuitement et de façon anonyme aux mineures, mais uniquement dans les centres de plannings familiaux, trop peu nombreux et réservés souvent aux zones moyennes et aux villes.

Les jeunes filles âgées de 15 à 18 ans pourront désormais se la procurer gratuitement dans les pharmacies. Mais cela à deux conditions : elles devront d’abord se rendre chez un généraliste qui la leur prescrira sur ordonnance, au vu d’examens sanguins, si ce moyen de contraception est adapté. Elles devront ensuite présenter cette ordonnance au pharmacien ainsi que la carte Vitale de leurs parents ou une attestation d’affiliation à un régime de sécurité sociale.

«Anonymat»

En théorie, elles pourront conserver l’anonymat si elles le souhaitent en l’indiquant à leur pharmacien. «Un « dispositif anonymat » est prévu à cet effet avec la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) qui ne fera pas apparaître de décompte sur le relevé» habituel des remboursements, selon le ministère.

Le ministère souligne, en outre, que la prescription d’un généraliste pourra être demandée «à l’occasion d’une simple visite de contrôle ou de tout autre rendez-vous chez un médecin traitant».

Ce dispositif risque toutefois d’être dissuasif, a mis en garde Marie-Pierre Martinet, secrétaire générale du Planning familial, interrogée par Europe 1. «Forcément, cela va introduire un questionnement des parents sur la raison pour laquelle leur fille s’est rendue chez le médecin. En face, soit la jeune fille finit par avouer que c’est pour une contraception, soit elle rentre dans une logique de mensonge. Pour celles qui veulent l’anonymat, la seule solution qui reste est celle qui existe déjà, à savoir se rendre dans un centre de planning familial», s’est-elle inquiétée.

Durant sa campagne présidentielle, François Hollande avait annoncé qu’il souhaitait mettre en place un «forfait contraception» pour les mineures, leur garantissant «la gratuité, l’accès à un médecin dans l’anonymat et à une contraception de haut niveau».

En 2011, le remboursement à 65% de contraceptifs aux mineures a coûté 6 millions d’euros. La prise en charge à 100% devrait entraîner un coût additionnel de 5 millions d’euros, selon l’estimation du gouvernement.

Selon une récente enquête Fecond Inserm-Ined, la pilule reste la principale méthode de contraception en France, mais son usage a légèrement diminué depuis les années 2000. Chez les jeunes de 18-19 ans, la baisse (-4,4%) s’accompagne d’un recours plus fréquent au préservatif et aux nouvelles méthodes hormonales (implant, patch contraceptif et anneau vaginal).