Catégorie : Justice

Les grandes manœuvres de l’affaire Bettencourt

Mediapart

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Le mur du Syndicat de la Magistrature : beaucoup de bruit pour rien…

Communiqué LDH

Paris, le 30 avril 2013

Le mur du SM : beaucoup de bruit…

L’existence d’un panneau d’affichage situé au siège du Syndicat de la magistrature (SM), et dédié « aux cons » peut provoquer haussement d’épaules ou sourires selon qu’on soit ou non resté attaché à l’esprit potache. Mais elle ne saurait justifier ni la tempête médiatique, ni le flot de protestations pseudo effarouchées dont on nous abreuve ces derniers jours. Rappelons, pour mémoire, qu’il n’y a pas si longtemps, on a vu se cristalliser de grands mouvements de soutien à la publication de caricatures dont le goût et l’intention étaient fort discutables.

On ne peut s’empêcher de penser qu’il s’agit d’un coup monté et calculé à propos d’un fait divers qui n’aurait jamais dû aller au-delà des salles de rédaction. D’évidence, les droites, y compris extrêmes, ont décidé de charger une organisation dont elles exècrent l’existence.

Le torrent de commentaires outragés stigmatisant l’existence du panneau d’affichage controversé semble postuler que les juges n’auraient droit, même dans leurs locaux syndicaux, ni aux traits d’humour ni au mauvais esprit. Ce double interdit serait-il garant de la sérénité judiciaire ? On peut en douter. Ce qui ne saurait en revanche être mis en doute c’est le caractère attentatoire aux libertés syndicales de ces attaques.

Il est, dès lors, parfaitement regrettable que la garde des Sceaux ait cru devoir y donner suite en saisissant le Conseil supérieur de la magistrature.

La Ligue des droits de l’Homme exprime le vœu que cette affaire retourne là d’où elle n’aurait jamais dû sortir : un lieu privé où s’exerce la liberté individuelle, un local syndical où s’exerce la liberté d’expression. La LDH rappelle qu’il existe quelques autres enjeux sur le champ judiciaire tels que les peines planchers, la peine de sûreté, la justice des mineurs, la situation des prisons. Leur importance mérite qu’on ne s’en laisse pas distraire.

Une justice qui, enfin, s’émancipe.

Mediapart

ven, 22/03/2013 – 09:11 |

Il faut l’espérer, la mise en examen de Nicolas Sarkozy dans l’affaire Bettencourt, neuf mois après son départ de l’Élysée, sonne peut-être le glas d’une certaine idée de la politique. Celle des autocrates pressés, des spécialistes du conflit d’intérêts, et autres partisans de l’affaiblissement des contre-pouvoirs. Après tout, là où un procureur sarkozyste, Philippe Courroye, avait tout fait pour étouffer une affaire de financement illicite de l’UMP et de son champion, oubliant au passage les devoirs de sa charge, c’est un juge d’instruction indépendant, Jean-Michel Gentil, qui a fini par mettre tout simplement en pratique, aux dépens de l’ancien président, ce que l’on apprend à l’École nationale de la magistrature, et dans les deux petits livres rouges, le Code pénal et le Code de procédure pénale.

Nicolas Sarkozy
Nicolas Sarkozy

Comme souvent, élus cumulards et éditocrates des beaux quartiers auront tôt fait de rappeler que Nicolas Sarkozy est présumé innocent, et qu’il faut se défier d’une « dictature des médias », comme du « populisme » ou d’une « République des juges ». Le refrain est connu, et il sonne faux.

À partir des années 1980, voilà une petite éternité, des magistrats se sont risqués à disséquer le financement illégal des partis (RPR, PR, CDS, PS, PCF…), à éplucher le train de vie de plusieurs élus (Carignon, Noir, Léotard, Longuet, Mancel, Balkany…) et à pointer les dérives de quelques patrons (Pierre Suard, Jean-Maxime Lévêque, Bernard Tapie, Loïk Le Floch-Prigent, Jean-Marie Messier…).

Les Renaud Van Ruymbeke, Eva Joly ou Éric Halphen, déjà populaires dans l’opinion, mais pourfendus par les pouvoirs en place, étaient alors qualifiés de « chevaliers blancs », qui ne comprenaient rien à la marche de l’économie, rêvaient secrètement de prendre la place des politiques, allaient aggraver le chômage et faire monter l’extrême droite.

Jérôme Cahuzac
Jérôme Cahuzac

Aujourd’hui, il serait tentant d’opposer aux commentateurs des beaux quartiers qui reprennent cette antienne la thèse symétrique d’une revanche des « petits juges », durement attaqués sous le règne de Sarkozy – au point que l’occupant de l’Élysée avait subitement décrété la mort du juge d’instruction. Mais le complot des juges (et des médias) est une chimère. La réalité est plus simple.

Il se trouve que le temps où le monarque républicain et ses vassaux pouvaient échapper à leurs responsabilités n’est plus. L’époque est plus transparente, et se veut plus égalitaire. Certes, il aura fallu quinze ans et dix affaires pour qu’un Jacques Chirac finisse par être condamné, de façon très symbolique, et en son absence, dans l’affaire des emplois fictifs du RPR et des chargés de mission de l’Hôtel de Ville. De célèbres avocats ont cru pouvoir comparer ce jugement à la guillotine révolutionnaire, sans comprendre qu’il s’agissait d’une application très modérée du principe d’égalité devant la loi. Mais la condamnation de Chirac a eu lieu.

Jacques Chirac
Jacques Chirac

Le fait qu’à quelques heures d’intervalles, un procureur ait fait usage des pouvoirs que lui confère la loi en ouvrant une information judiciaire visant un ministre en exercice, Jérôme Cahuzac, et qu’un juge d’instruction ait mis en examen un ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, ne menace aucunement les fondements de la République. Ce double événement rappelle, au contraire, à nos élus que les lois qu’ils votent s’appliquent aussi à eux-mêmes, et qu’ils se doivent d’être exemplaires pour mériter les mandats qui leur sont confiés par les citoyens. Rien de plus. Mais rien de moins.

La boîte noire : n/a

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