Catégorie : Presse

Coût de l’immigration: égal à zéro dans les pays de l’OCDE

http://wp.me/s21cdX-4853

De quoi faire taire les ceux-ce qui mentent effrontément sur le sujet de l’immigration..

La fermeture de l’audiovisuel public ouvre une crise majeure en Grèce

http://www.mediapart.fr/journal/international/120613/grece-la-fermeture-de-laudiovisuel-public-ouvre-une-crise-politique-majeure

 

Après le vote du mariage gay, quel avenir pour les néocons?

Marianne

http://www.marianne.net/Apres-le-vote-du-mariage-gay-quel-avenir-pour-les-neocons_a228518.html

Samedi 25 Mai 2013 à 20:00 |

Nicolas Domenach

Qu’adviendra-t-il des processions de cette France bourgeoise et chrétienne, tantôt scout bon enfant, tantôt odieuse dans ces slogans indécents ? Son unité pourrait bien voler en éclats.


A Nantes, des manifestants anti mariage gay - SEBASTIEN SALOM-GOMIS/SIPA 

A Nantes, des manifestants anti mariage gay – SEBASTIEN SALOM-GOMIS/SIPA
« Cours, camarade, le vieux monde est derrière toi… » On dirait que ce slogan de plus de 40 ans, qu’on ne trouve même plus sur les murs, les poursuit encore aujourd’hui, tant ils sont nombreux, les commentateurs carabosses du Figaro et de Valeurs actuelles, à vouloir transformer la mobilisation antimariage gay en mouvement d’avenir porteur d’espérances spirituelles et électorales lointaines.  

Et d’abord d’un règlement de comptes définitif avec Mai 68, avec « l’esprit de Mai 68 » – le libertarisme, l’hédonisme, le féminisme, etc. – qui continuerait de pervertir la société, quelle que soit sa gouvernance.

Et voilà donc le divin enfant politique, annoncé par « un papa et une maman » : la présidente du Parti chrétien-démocrate, Christine Boutin, et le héraut de la pensée néoconservatrice, dominante à droite, Eric Zemmour.

Tous deux ont eu la même vision, pendant que sonnaient à la volée les cloches de l’église Sainte-Clotilde au passage des milliers de croisés manifestant contre « le choc homo de civilisation » : celle « d’une révolte générationnelle contre la société marchande et les élites de 68 ». Ils croient à la révolte « tradi » du peuple de France, qui voudrait retrouver ses pères et ses repères d’autrefois. Las…


 

FRONT SPIRITUEL COMMUN

Des manifestants - RAFAEL YAGHOBZADEH/SIPA 

Des manifestants – RAFAEL YAGHOBZADEH/SIPA
Ce n’est pas faire injure aux plus convaincus de ces manifestants que de constater, après avoir suivi de près les principaux rendez-vous démonstratifs de La Manif pour tous, que leur foi fervente a constitué leur force et leur faiblesse.  

Leurs cortèges, leurs processions plutôt sont demeurées très « catho-style ». La France chrétienne et bourgeoise sortait des catacombes où certains la voulaient croire disparue pour se rappeler au souvenir des autorités gouvernementales qui les méprisaient au début.

Ces familles au complet, avec parents, enfants et grands-parents, tous bien mis et proprets, repassés de frais comme pour aller à l’église – ils en venaient souvent -, étaient escortées parfois par le curé en tenue missionnaire.

Cette « cathosphère » à serre-tête et polo de marque, parfois d’apparence très sympathique par son côté patronage scout bon enfant, parfois odieuse dans ses slogans indécents – « On veut du boulot, pas du mariage homo… » – n’a jamais réussi à mobiliser au-delà d’elle-même.

Jeunes gens et jeunes filles à l’identique, fort polis, rarement encapuchonnés d’hostilités, confiaient venir des établissements scolaires les plus chic et souvent privés. Même exaspérés, ils savaient se tenir, si l’on excepte les nervis d’extrême droite qui se souvenaient eux aussi d’avoir battu le pavé en Mai 68, avant d’en être chassés par les foules. Alors que là, ils se lâchent, pendant que psalmodient des « veilleurs de nuit » complètement dépassés…

Ce n’est pas, contrairement aux descriptions figaresques, « une génération qui a pris la rue », mais sa version catho-aisée, droitière, insérée et protégée. Les rupins rupinent entre eux et s’émerveillent de se trouver à chaque fois si nombreux et déterminés, mais sans pouvoir rassembler d’autres qu’eux-mêmes. Même si tous les monothéismes étaient censés se mobiliser de concert…

Sans doute y avait-il des juifs, certainement trouvait-on des musulmans qui ont fréquemment interpellé les élus de gauche, en leur assurant parfois qu’ils regrettaient d’avoir voté Hollande. Tous les dignitaires calotins ont fait front spirituel commun.

Mais La Manif pour tous est demeurée celle des cathos blancs des beaux quartiers et des belles villes, sans Belleville ni les banlieues mal aisées et déchristianisées. Mouvement de classe, dira-t-on, qui s’opposait à un mouvement bobo pas précisément populo-populaire, sans doute.

Mais cette clôture bourgeoise, cet enfermement social explique sans doute l’échec des antimariage gay à freiner le processus législatif.

Etonnante projection en noir et blanc et rose et bleu de la famille d’autrefois, idéale pour eux, mais en fait à domination patriarcale. Avec papa en chef de famille qui assurait la nourriture et l’« ordre naturel », et maman s’occupant des petits et de la maison.

Pour tous ces enfants du divorce, il y avait quelque chose de surréaliste et de totalement hors des réalités à réclamer un papa et une maman quand ils participaient eux-mêmes de familles décomposées-recomposées, avec des géniteurs qui n’envisageaient pour rien au monde de revenir en arrière.


Des manifestants venus en famille - SEVGI/SIPA 

Des manifestants venus en famille – SEVGI/SIPA

Ils exprimaient une nostalgie de cette époque qu’on savait perdue où les parents ne se séparaient pas, comme s’ils voulaient conjurer un avenir de déchirure qu’ils savaient inéluctable.

Mais une nostalgie, même maquillée de frais, ne fait pas un projet politique d’avenir confronté désormais à des contradictions de tous ordres…

Faut-il tout entreprendre, y compris le pire, et jouer le désordre quand on aspire à l’ordre ? Est-il envisageable de prôner la sédition, l’insurrection contre les autorités, et de dresser des barricades quand on a encore celles de Mai 68 en travers de la gorge ? Les velléités de subversion risquent de briser la fragile unité de la protestation.

Comment cette démarche, difficilement unitaire jusqu’ici, survivra-t-elle à ces interpellations qui font déjà apparaître des fractures fatales ? Faudra-t-il célébrer ces « mariages homo » une fois que le Conseil constitutionnel aura validé la loi ? Les réfractaires sont nombreux à arguer de la liberté de conscience, mais ils prennent le risque d’être marginalisés et condamnés.

Enfin, la loi, si la droite revient au pouvoir, devra-t-elle être abrogée ? Certains prétendent que oui, d’autres reconnaissent que non et que dans aucun autre pays la droite n’est revenue sur une telle réforme – ce qui revient à reconnaître qu’elle est… positive ! Horreur ! Malheur !

Ceux qui, à l’origine, militaient contre le Pacs ne sont-ils pas d’ailleurs devenus, à l’occasion de la loi sur le mariage gay, ses plus fervents supporteurs ? D’autres imaginent s’en tirer en promettant une hypothétique récriture du texte. Mais ils sont déjà accusés de vouloir « pactiser avec le diable ». Dans une histoire si empreinte de religiosité, on est vite excommunié…

Puisque beaucoup imaginent avoir le feu sacré, ils iront sans doute brûler quelques diaboliques cérémonies de l’impiété mariale. Comme contre l’IVG, on retrouvera des groupes de fanatiques qui iront poursuivre de leur haine ceux qu’ils appellent « les sodomites sataniques ».

Ainsi repousseront-ils aussi, par leur extrémisme fulminant, les plus modérés qui, pour certains, tenteront la pression politique et donc électorale. Formeront-ils un Tea Party à la française ? « Un street parti », comme l’appelle le socialiste Jean-Christophe Cambadélis, grand expert des mouvances sociétales devenues politiques, et qui constate que celle-là tente un alliage inédit entre un hyperconservatisme en matière de mœurs et un libéralisme débridé et anti-impôts en économie.

La contradiction est certes patente entre ces deux termes, et peut se révéler funeste pour ce mouvement, d’autant que les partis de droite et d’extrême droite vont tout faire pour l’empêcher de se développer et le récupérer. C’est déjà en route…

UMP et FN ont entrepris de recruter pour leurs listes municipales une partie des forces vives qui se sont manifestées. Mais, avec Frigide Barjot, ils peuvent aussi tomber sur un os. L’égérie foldingue s’est muée en star médiatique. On la palpe, on l’embrasse, on la porte. Elle ne touche plus terre.

Il est possible qu’elle se perde, qu’elle s’explose en vol quand elle réintégrera l’atmosphère terrestre. Mais, en Italie, Beppe Grillo, tout aussi barjot, ne s’est pas volatilisé. Il est vrai que les élites politiques y sont encore plus déconsidérées que chez nous.

Reste que les néoconservateurs ont des visages partout différents qu’on aurait tort d’ignorer. Il faudra en scruter les moindres grimaces et rictus, de chair comme de langage.

Editorial de Denis Sieffert. POLITIS

Par Denis Sieffert23 mai 2013

Question d’étiquette

Hollande est-il le patron d’une société à responsabilité (très) limitée pour laquelle les décisions importantes se prennent au niveau de la holding située à Bruxelles ?

Quel est donc son combat ? De quelle société rêve-t-il ? La fréquentation assidue de François Hollande au travers de ses interventions publiques ne nous aide guère à y voir clair. Et sa conférence de presse du 16 mai a même plutôt contribué à brouiller les pistes. Sans surestimer l’importance des étiquettes en politique, on aime bien savoir à qui on a affaire. On peut donc s’interroger : est-il « un socialiste qui veut le bien de la France », comme il l’a prétendu à cette occasion ? Ou juge-t-il au contraire que cette noble appellation de « socialiste » est incompatible avec l’exercice des plus hautes fonctions, comme il l’avait affirmé le 28 mars à la télévision ? Est-il un « social-démocrate » honteux, ce que répètent avec jubilation maints commentateurs ; ou un social-libéral, puisque c’est ainsi que nous le définissons parfois ici même ?

À moins – hypothèse terrifiante – qu’il ne soit rien. Tout juste le gestionnaire de la SARL France ? Le patron d’une société à responsabilité (très) limitée pour laquelle les décisions importantes se prennent ailleurs, au niveau de la holding située à Bruxelles ? En réalité, avec sa grande offensive de l’An II, François Hollande nous refait le coup de Mitterrand. Pour la deuxième fois en vingt ans, un président « de gauche » tente de nous vendre l’idée d’une Europe, idéologie de substitution en lieu et place des références sociales abandonnées. On ne dit pas : « Je suis devenu néolibéral », mais « je suis européen ». Ce qui a plus fière allure. Pour Mitterrand, cela s’est concrétisé par le traité de Maastricht. Pour son lointain successeur, voilà le « gouvernement économique européen ». Ce machin, déjà suggéré par Jacques Delors en 1989, puis repris par Angela Merkel et Nicolas Sarkozy en 2011, n’aurait de sens que si les chefs d’État en profitaient pour récupérer le pouvoir d’agir sur la monnaie. Ce qui signifierait briser le dogme allemand de la Banque centrale européenne indépendante, et jeter aux orties le traité de Maastricht. Ou s’il permettait de mutualiser les dettes européennes. Ce dont l’Allemagne ne veut pas entendre parler ! Faute de quoi, le gouvernement européen en question n’aurait pour effet que de conférer aux politiques néolibérales une légitimité qu’elles n’ont pas quand elles sortent de la manche de M. Barroso.

Ce ne serait guère qu’une étape de plus dans le déplacement du lieu de pouvoir. C’est déjà ce qui nous a frappé le 16 mai : François Hollande a beaucoup dit « j’ai décidé… » pour annoncer des mesures qu’en vérité Bruxelles lui impose – dont, bien sûr, la réforme des retraites –, illustrant ainsi la phrase fameuse de Cocteau : « Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d’en être l’organisateur . [1] » L’étonnant, c’est que le président de la République ne témoigne pas du même esprit de décision pour mettre en œuvre des mesures qui ne dépendent que de lui et de sa majorité. La grande réforme fiscale, par exemple, ou une vraie séparation des activités d’affaires et de dépôt dans les banques, ou encore l’interdiction des licenciements boursiers. Par défaut plus que par volonté, François Hollande est donc un néolibéral ou un gestionnaire du système. Ce qui revient au même. Faute de donner de vrais signes d’ancrage à gauche par sa politique économique et sociale, il semble avoir rallié cette nouvelle espèce qui prolifère un peu partout, à l’instar d’un Mario Monti, ou d’un Enrico Letta, en Italie : un technicien, qui gère l’État comme une entreprise. Le seul problème, c’est qu’il avait promis autre chose à son électorat.

Ce glissement n’empêche pas la droite et les économistes médiatiques d’affubler François Hollande de l’étiquette « social-démocrate ». Et tant pis si la social-démocratie, au sens historique de la IIe Internationale, de Léon Blum, ou du modèle scandinave, ce n’est pas cela, mais un courant du mouvement ouvrier anti-révolutionnaire et réformiste. On cherche en vain le réformisme dans l’An I de François Hollande, si bien sûr on remet à l’endroit le mot « réforme », synonyme d’un progrès social, même modeste. Mais l’appellation « social-démocrate » permet à ceux qui en usent, et en abusent, de préserver un jeu de rôle gauche-droite, et de rappeler qu’il existe plus libéral et plus à droite que François Hollande. Ce dont nous sommes bien convaincu. Ce jeu d’illusions passe aussi par un reproche récurrent adressé par certains journalistes à nos socialistes : il n’y a jamais eu de « Bad Godesberg » français. Cela, en référence au congrès du SPD allemand de 1959, qui renonça à toute inspiration marxiste et exalta la libre concurrence. Il est bien vrai que l’évolution de nos dirigeants socialistes s’est opérée par ajustements progressifs et inavoués, et non dans la lumière d’une décision de congrès. Mais, au point où nous en sommes, le résultat est un peu le même.

[1] Les ayants droit du poète, s’il en existe encore, nous pardonneront d’avoir accommodé la formule aux impératifs de notre une en couverture…

Affaire Bettencourt : l’étonnante volte-face du parquet de Bordeaux

Sud-Ouest

Le procureur général est intervenu pour qu’Éric Woerth ne fasse pas l’objet d’une réquisition de renvoi en correctionnelle, comme prévu initialement.

André Ride, procureur général près la cour d’appel de Bordeaux. 

André Ride, procureur général près la cour d’appel de Bordeaux. (Archives claude petit/«sud ouest »)

Al’inverse des juges du siège, qui se prononcent en toute indépendance, les magistrats du parquet s’insèrent dans une chaîne hiérarchique. Dans les affaires sensibles, ils doivent soumettre leurs décisions à leurs supérieurs, qui parfois les amendent ou les infirment, même si les textes ne les y autorisent pas explicitement. Début mai, la substitut du procureur de Bordeaux, chargée de rédiger le réquisitoire du volet trafic d’influence des dossiers Bettencourt, a ainsi eu la désagréable surprise de voir ses conclusions totalement retoquées.

Alors qu’elle préconisait le renvoi devant le tribunal correctionnel de l’ancien ministre du Budget Éric Woerth et de l’ex-gestionnaire de fortune de la milliardaire Patrice de Maistre, ce sont des réquisitions de non-lieu qui en définitive ont été prises. La magistrate avait remis son projet de réquisitoire à son supérieur direct, le procureur de Bordeaux, Claude Laplaud, qui, dans un premier temps, avait semblé acquiescer. Mais, avant de le signer, il l’a transmis à André Ride.

Lettre de protestation

Selon nos informations, confirmées par plusieurs sources judiciaires, le haut magistrat a ordonné à son subordonné de faire machine arrière. De manière plutôt précipitée, le corps du texte n’ayant pas été modifié. « Cela saute aux yeux, on a simplement changé la fin », fait observer l’un des avocats impliqués dans la procédure.

L’affaire commençant à s’ébruiter, André Ride se défend en évoquant, semble-t-il ,une réflexion collective (1).

Au sein d’un palais de justice où les tensions s’exacerbent, l’argument ne convainc guère. Les trois juges d’instruction chargés des dossiers Bettencourt ont adressé le 14 mai dernier une lettre de protestation au président de la chambre de l’instruction. Jean-Michel Gentil, Cécile Ramonatxo et Valérie Noël critiquent sévèrement le communiqué de presse du parquet, diffusé quelques jours plus tôt, qui dévoile ces réquisitions de non-lieu.

« Inacceptable »

« Son contenu, destiné à rendre publique l’appréciation de M. le procureur sur le bien-fondé des charges retenues contre des personnes mises en cause, est inacceptable », soulignent les trois magistrats dans cette lettre, dont « Sud Ouest » a eu connaissance. De leur point de vue, l’article 11 du Code de procédure pénale a été foulé aux pieds. Ce dernier, s’il autorise les procureurs à rendre publics des éléments objectifs tirés de la procédure, prohibe tout commentaire.

« Le procureur ne se contente pas d’annoncer ses réquisitions. Il commente sa vision du dossier, s’agissant notamment des conditions d’embauche de Mme Florence Woerth au sein de la société dirigée par M. de Maistre et de la nomination de celui-ci dans l’ordre national de la Légion d’honneur », déplore la section du Syndicat de la magistrature du tribunal de grande instance de Bordeaux.

Le syndicat rappelle aussi que cette annonce survient dans un contexte marqué par « un déchaînement de déclarations insultantes à l’égard des trois magistrats instruisant l’affaire Bettencourt, visant manifestement à discréditer par avance tout ce qui pourrait conduire M. Woerth et M. Sarkozy à répondre d’une quelconque infraction devant le tribunal correctionnel ».

Habitué à la controverse

Le fait que Gérard Aldigé, le magistrat du parquet chargé de rédiger le réquisitoire sur le volet abus de faiblesse – le plus important du dossier Bettencourt – ait déserté le tribunal pour s’installer dans un bureau aménagé dans les locaux de la cour d’appel, à côté de celui du procureur général André Ride, inspire les plus vives inquiétudes au syndicat.

Aujourd’hui en fin de carrière, le haut magistrat n’est pas homme à être fragilisé par la controverse. Par le passé, il a essuyé plus d’un grain médiatique. Mis en cause pour son traitement des affaires des disparues de l’Yonne et de l’assassinat de Yann Piat alors qu’il était procureur à Auxerre et Toulon, il a effectué aussi un passage remarqué à la tête de l’inspection des services judiciaires de la chancellerie.

En 2008, après le suicide d’un mineur détenu, il avait convoqué en pleine nuit des magistrats lorrains pour les auditionner avant la venue de la garde des Sceaux Rachida Dati à Metz. À Bordeaux, où il a été nommé procureur général avant la défaite de Nicolas Sarkozy, il a retrouvé Alain Juppé, dont il fut le conseiller à l’époque où le maire de Bordeaux était Premier ministre. Tout comme Éric Woerth, d’ailleurs.

(1) André Ride n’a pas souhaité répondre hier à nos questions.

Les grandes manœuvres de l’affaire Bettencourt

Mediapart

URL source: http://www.mediapart.fr/journal/france/220513/les-grandes-manoeuvres-de-laffaire-bettencourt

Penser ? Il y a une application pour ça !

MARIANNE

Dimanche 19 Mai 2013 à 05:00 |

 

Régis Soubrouillard

Journaliste à Marianne, plus particulièrement chargé des questions internationales

L’impact du Web sur nos façons de réfléchir et d’apprendre n’est pas sans risques. Beaucoup d’intellectuels et de spécialistes redoutent de voir poindre une ère de la paresse, une véritable « amnésie collective » par l’abus du recours aux moteurs de recherche, voire de sérieuses menaces pour la démocratie.


Penser ? Il y a une application pour ça !
Essentiellement manuscrit dans les monastères, le livre fut longtemps le véhicule de la seule pensée religieuse avant que les laïcs ne s’en emparent bien plus tard. «Avant l’imprimerie, la Réforme n’eût été qu’un schisme, l’imprimerie l’a faite révolution», constatera Victor Hugo. Ainsi le livre installa-t-il pour certains une nouvelle manière de communiquer, mais aussi un schéma de pensée linéaire propice à la pensée argumentative et au retour critique. Selon cette thèse, une partie substantielle de l’expérience humaine fut ainsi façonnée par l’imprimé. Comme la pensée elle-même l’est par les mots qui ne se limitent pas à la fonction d’«exprimer».

Nombreux sont les écrivains qui soulignent aujourd’hui les différences – subtiles mais bien réelles – entre les textes «écrits» et ceux «pensés à la machine». C’est une évidence assez souvent méconnue que nos outils nous façonnent autant que nous les façonnons nous-mêmes. Loin de rejeter les inventions modernes qui ont modelé le XXe siècle, Marcel Proust marquait ainsi un vif intérêt pour le téléphone et les incidences sur l’imaginaire de cette parole humaine changée en électricité afin d’être transportée. «Un miracle fécond de communication dans la solitude» : c’est ainsi que l’auteur d’A la recherche du temps perdu qualifiait la lecture. La définition vaudrait-elle encore pour notre présent connecté ?

Chez Proust, c’est d’abord la jouissance de la «puissance intellectuelle dans la solitude» qui donne à l’esprit la force de rester «en plein travail fécond sur lui-même» quand la «conversation la dissipe immédiatement».

Internet réussirait-il le coup de génie qui résout l’insoluble contradiction ? Le mariage de la puissance intellectuelle dans la solitude et de l’éparpillement de la conversation tous azimuts ? Grand technophile, l’essayiste américain Nicholas Carr, auteur d’Internet rend-il bête ? (1), doute du bien-fondé de ce mariage de raison numérique : «En échange des richesses du Net, nous renonçons à notre bon vieux processus de pensée linéaire. Le plongeur qui, jadis, explorait l’océan des mots en rase désormais la surface à la vitesse de l’éclair comme un adepte du jet-ski.»

Plus d’information que de réflexion

Dans le même ordre d’idées, quelle signification donner à l’irruption brutale de cette «modernité liquide», plus soucieuse d’information que de savoir ou de réflexion ? Selon l’humeur, on pourra y voir un tournant majeur de notre histoire intellectuelle et culturelle, une nouvelle avancée de la démocratie par le «participatif», ou un énième cheval de Troie capitaliste, bien loin du mythe de la neutralité technologique, et un coup de génie diabolique.

Dans son dernier livre, Pris dans la Toile, le linguiste et philosophe italien Raffaele Simone insiste sur les conséquences inquiétantes de la médiasphère sur le mode de formation des connaissances et le développement de l’intelligence humaine (lire l’interview ci dessous), ses effets sur les rapports sociaux et les processus d’acquisition des savoirs. Les métamorphoses induites par le Web favorisent en effet la lecture superficielle, l’absence de mémorisation, le zapping, la fuite en avant permanente par l’hypertexte où le cheminement de la pensée n’est plus contrôlé par l’auteur mais très «démocratiquement» par les pulsions du lecteur, le tout dans un état d’excitation constant. Ouvert à tout, versatile, perpétuellement insatisfait, l’individu est en même temps atomisé, comme hypnotisé par le spectacle «unlimited» et sans cesse renouvelé de la médiasphère.

Le processus d’individualisation qui travaille nos sociétés trouve une concrétisation particulièrement puissante et paradoxale à travers les traits de cet internaute «déréalisé», en hypersollicitation permanente et incapable de la moindre intériorité. Un cybernomade «distrait de la distraction par la distraction» selon l’expression du poète britannique T.S. Eliot.

Indépendamment même du contenu, c’est la manière dont on accède au contenu qui est déterminante. Pour l’homme connecté tel que décrit par Raffaele Simone, «l’acquisition du savoir doit se débarrasser de la part de peine, de pénitence et d’ennui qui l’a caractérisée pendant des siècles». Ludique, le monde juvénile de l’homme occidental voué à un présent permanent s’inscrit dans un «mépris du passé et de l’histoire» favorisé par «la diffusion capillaire d’une sorte d’inexorable « américanisme » vulgaire et l’hégémonie de modèles de savoir génériquement « techniques » et « technologiques »».

Pessimisme excessif ? Internet se sert de nous autant que nous nous servons de lui. Le Web est une prolongation de notre cerveau, contraint de s’adapter à ce nouveau système d’information et de renoncer aux fonctions que ce système réalise pour lui et, parfois, mieux que lui. Anti-institution, média absolu abolissant toutes les médiations, espace présumé de liberté et de démocratie hors sol, Internet n’a pas seulement la puissance d’une technique, il possède également la force de l’utopie technicienne optimiste dont il est issu : la «culture Internet», qui s’enracine dans un refus de l’opacité et du secret, un désir de transparence absolue par la communication universelle et une foi inébranlable dans la technologie à offrir une solution à tous les problèmes.

Exactement ce que le jeune penseur Evgeny Morozov, chercheur à Stanford, pourfendeur du cyberoptimisme appelle le «solutionnisme» : «Une pathologie intellectuelle qui identifie les problèmes en fonction d’un seul critère, à savoir s’il y a une solution technologique clean et sympa.» Traduit dans la novlangue de la Silicon Valley : «La faim dans le monde ? Il y a une application pour ça !» Et le chercheur d’ironiser dans le New York Times (2) : «Jean-Paul Sartre, qui a célébré l’angoisse de la décision comme une caractéristique de la responsabilité, n’aurait pas eu sa place dans la Silicon Valley.»

Les idéaux technicistes, qui peuvent s’accommoder du pouvoir le plus absolu (preuve par le fameux panoptique du philosophe anglais Jeremy Bentham ), ont rencontré d’autres exigences plus anciennes et authentiquement démocratiques : celles de l’accès pour tous au savoir et à la culture, institués, eux aussi, comme droits. Pour Michel Serres, dont la bienveillance à l’égard du progrès technique frise «l’angélisme 2.0», la révolution numérique représente ainsi bien plus qu’une simple évolution technologique. Elle signerait l’avènement d’un nouvel humain.

Avec son mobile, ce nouvel humain que le philosophe baptise «Petite Poucette» (3) déploie «un champ cognitif». Il n’est plus besoin de réfléchir. La vérité est révélée par un moteur de recherche : «Je google donc je sais» (4).

Et pourtant, cela n’empêche pas Michel Serres de constater : «Nous, adultes, avons doublé notre société du spectacle d’une société pédagogique dont la concurrence écrasante, vaniteusement inculte, éclipse l’école et l’université. Pour le temps d’écoute et de vision, la séduction et l’importance, les médias se sont saisis depuis longtemps de la fonction d’enseignement. Les enseignants sont devenus les moins entendus de ces instituteurs.» Le constat est accablant, mais le philosophe n’en tire aucune conclusion alarmiste. Au risque de passer pour le ravi de la crèche techno ?

Sur fond de blogs et de réseaux sociaux où «tout le monde communique avec tout le monde», Serres voit apparaître «une démocratie en formation qui, demain, s’imposera» dans la multitude. Dans l’Etat-monde, la voix de ces réseaux innombrables remplacera ainsi le vote de notre vieille démocratie devenue obsolète. «Le monde est une Suisse», va jusqu’à s’enthousiasmer le philosophe. On rêve !

L’absence de filtres

D’autres partagent ses vues, bien sûr. Pour eux, la démocratie représentative et les partis politiques ont fait leur temps et seront remplacés par des groupes de citoyens connectés et concernés. C’est le mythe de la «démocratie en réseau». Si celle-ci possède les aspects de dynamisme incroyable d’une «démocratie d’en bas», l’absence de filtres et la participation de tous sans exclusive, elle manifeste aussi une extraordinaire ambiguïté par la décentralisation sans limites et la foi dans le miracle technophile ignorant de la fracture numérique. Qui «gouverne» dans la démocratie numérique ? Pour Marshall Mc Luhan (5) sociologue et prophète des temps modernes, si l’imprimé a un rôle profondément centralisateur qui induit automatiquement une société structurée autour d’un centre donneur d’ordres, la vitesse de l’électricité crée «des centres partout, des marges nulle part».

Le pouvoir opère dans un espace incontrôlé. Dans l’agora en connexion permanente, le débat s’épuise dans la multitude. La contestation ne procède plus de l’idéologie mais de la technologie elle-même. Et le caractère schématique des propositions va de pair avec le caractère volatil des mouvements : un recueil de slogans, même percutants, ne constitue pas un programme politique élaboré. On l’a bien vu avec Indignez-vous !

A peine audible dans le barnum de la mondialisation «heureuse», une question se pose au siècle qui commence : nos héritiers, «politiquement» incultes et retranchés du réel – IRL, «in real life», comme on dit sur le Web -, seront-ils à même d’assurer un avenir à la démocratie ?

L’Homo numericus tant fantasmé n’est pas encore parmi nous et nous ne saurons pas avant longtemps comment la révolution numérique procédera au «recâblage» de nos cerveaux. Mais, si l’intelligence collective doit avoir un avenir, encore faudrait-il se donner les moyens de le penser de manière critique plutôt que de succomber béatement aux mirages du participatif et d’autres gadgets socialisants, largement confisqués par les industriels dont les rêves ne sont guère égalitaires. Norbert Wiener (6), l’inventeur de la cybernétique, avait anticipé l’ampleur de la tâche : «Le monde de l’avenir sera une lutte de plus en plus serrée contre les limites de notre intelligence, et non un hamac confortable dans lequel, paresseusement étendus, nous serons servis par nos esclaves mécaniques.»

Prenons toutefois un pari : avec ses 100 milliards de neurones dont les mystères de la connexion n’ont pas encore livré tous leurs secrets, notre cerveau d’avant Internet finira bien par nous manquer.


Raffaele Simone

Raffaele Simone
LE COÛT MENTAL DU NUMÉRIQUE
Par Raffaele Simone

Marianne : Vous écrivez que l’entrée dans l’ère de la médiasphère est «une des plus extraordinaires manifestations de folie collective». Iriez-vous jusqu’à parler de régression au sujet du numérique ?

Raffaele Simone : La média-sphère est une révolution indiscutable, mais ses effets sur la manière de fonctionner de notre cerveau sont profonds, encore inconnus et pas toujours enthousiasmants. La connaissance au temps du Web se fait plus superficielle et de qualité plus médiocre. Une chose consiste à chercher un horaire de chemins de fer en ligne, une autre est d’apprendre l’algèbre. Mais il faut bien que des spécialistes soient là pour faire marcher les choses, à commencer par les gadgets de la médiasphère ! Donc, je prophétise une société bientôt partagée non pas seulement pour des raisons économiques, mais pour des raisons cognitives : les internautes rendus de plus en plus «bêtes» par l’abus de la médiasphère et les têtes d’œuf, qui continueront de commander la planète.

En quoi la «révolution numérique» impacterait-elle plus les modes de pensée que les autres mutations technologiques ?

R.S. : Du point de vue de la connaissance, la médiasphère comporte surtout la rapidité de l’accès, le manque de toute garantie sur la qualité, la source et la nature de ce à quoi l’on accède, le caractère de bricolage, plutôt que de structure ordonnée, de ce que l’on «apprend». En plus, elle modifie le comportement : la vision et l’écoute prennent le dessus, l’accélération des opérations frôle la hâte, qui est l’ennemie première de la connaissance.

L’intrusion de ces technologies dans les écoles en est un exemple. L’idée que les médias sont la solution des problèmes de l’école est une idéologie élaborée par les industries de l’électronique avec le consensus des décideurs. L’idée de la tablette comme deus ex machina dans les écoles modernes s’est imposée. Cela, sans même se demander si ces «trucs» ont un prix mental, social ou d’intelligence.

Comment imaginez-vous l’évolution de la pratique politique aux temps du Web ?

R.S. : Observons l’inquiétant et intriguant phénomène Grillo en Italie et nous le saurons. Je crois que, pour l’instant, la démocratie numérique n’existe pas, qu’elle n’est qu’une imposture dominée par un chef qui, tout en se prétendant le plus démocratique du monde, gouverne en tyran, invisible et intouchable.

Propos recueillis par Régis Soubrouillard.

Pris dans la Toile. L’esprit aux temps du Web, de Raffaele Simone, Gallimard (2012).


(1) Internet rend-il bête ? Réapprendre à lire et à penser dans un monde fragmenté, de Nicholas Carr, Robert Laffont (2011).
(2) « The Perils Of Perfection », New York Times (mars 2013).
(3) Petite Poucette, de Michel Serres, éd. Le Pommier (2012).
(4) Voir www.laviemoderne.net
(5) Pour comprendre les médias, de Marshall Mc Luhan, Seuil (1977).
(6) Cybernétique et société, de Norbert Wiener, éd. des Deux Rives (1952).

Éditorial de POLITIS

Denis Sieffert

2 mai 2013

Les enjeux d’une manif

On veut nous imposer une grille de lecture qui gomme définitivement l’antagonisme gauche-droite, et bannit le facteur social.

Les Français veulent l’union nationale et la gauche est germanophobe. Voilà, en tout cas, ce que l’on entend, et ce qu’on lit – et avec force répétition – depuis plusieurs jours dans les médias. Il n’est donc pas inutile de se pencher ici sur les mécanismes de ce qui s’apparente à une manipulation de l’opinion. C’est d’abord un sondage qui nous demande si, par hasard, les Français ne seraient pas favorables à un gouvernement d’union nationale  [1]. Précisons que, de mémoire de politologue, on n’a pas souvenir que cette question récurrente ait jamais donné lieu à une réponse négative. D’où, son immense intérêt…

On peut ensuite s’interroger : qu’est-ce donc que « l’union nationale » ? C’est, nous dit-on à la fin, un gouvernement dans lequel entrerait François Bayrou. Le résultat n’est guère surprenant puisque le président du MoDem est la seule personnalité suggérée par l’institut de sondage qui ne soit pas membre ou proche du Parti socialiste. L’union nationale, ça ne pouvait donc être que lui. Avouez que c’est se donner beaucoup de mal pour en arriver là ! Mais pourquoi François Bayrou ? Sans doute parce que c’est déjà sa politique qui est appliquée par MM. Hollande et Ayrault. L’obsession de la réduction de la dette publique, l’orthodoxie budgétaire reléguant toute autre préoccupation à l’arrière-plan, c’est typiquement lui. C’est donc peu dire que François Bayrou est « hollando-compatible ». Ensuite, la machine médiatique s’est mise en mouvement. Magie de l’information, ou de la désinformation, des débats ont été aussitôt organisés sur le sujet, des ministres ont été invités à réagir, ainsi que tous ceux qui passaient à portée de micro. En quelques heures, une pure fiction était devenue un fait politique majeur qu’il convenait de commenter.

Mais, après tout, François Bayrou au gouvernement, ce n’est pas si farfelu. Il n’est pas impossible que l’on y songe en haut lieu. Allez même savoir si ce sondage ne participe pas de cette mise en condition. Le président de la République affirmerait son cap. Il couperait court au débat actuel, et enverrait paître l’aile gauche du Parti socialiste. Car l’opération sondage survient alors que le climat se tend sérieusement au sein de la majorité. Les critiques qui montent des rangs du PS ont d’ailleurs donné lieu ces jours-ci à un autre genre d’enfumage. Selon une méthode aussi grossière qu’inusable, les opposants à la politique d’austérité ont été accusés de germanophobie. Il y a quelques années, ceux qui s’opposaient à la guerre de George Bush en Irak étaient « anti-américains » ; et ceux qui s’opposent à la politique israélienne de colonisation des territoires palestiniens sont « antisémites »… Aujourd’hui, on voudrait nous faire accroire que Mme Merkel est attaquée en tant qu’Allemande, qu’elle n’est pas avant tout de droite, et qu’elle ne compte pas d’opposants dans son pays, ni d’alliés dans le nôtre. En vérité, il s’agit de nous imposer une grille de lecture qui gomme définitivement l’antagonisme gauche-droite, et bannit le facteur social. Ce déni politique est une vieille lune. Mais un simple remaniement constituerait un passage à l’acte. La réalisation ou non de cette opération, dont François Bayrou pourrait être évidemment la « cheville ouvrière » (disons plutôt « la cheville patronale »), dépend en grande partie de la pugnacité de la gauche du PS. Si les opposants rentrent dans le rang, plus besoin d’ouverture à droite. S’ils persistent, François Hollande va devoir choisir. Soit un vrai tournant de la relance, soit François Bayrou… C’est dans ce contexte qu’il nous faut parler de la manifestation du Front de gauche, dimanche prochain. Nous y serons, et voilà pourquoi. Nous pensons que plus que tout autre slogan, c’est l’affirmation de la gauche qui importe. Certes, toute la gauche ne sera pas dans la rue. Beaucoup de militants et de dirigeants Verts ne seront pas là, arrêtés, disent-ils, par les aspérités de langage de Jean-Luc Mélenchon, et parfois des désaccords profonds – que nous pouvons partager – avec le leader du Parti de gauche. Beaucoup de militants du PS seront absents ou en bordure de manifestation, un pied dedans, un pied dehors. Mais c’est l’idée de la gauche, son principe même et, comme nous avons essayé de le montrer ici, une vision sociale des événements qu’il s’agit de défendre.

À cet égard, la question de l’amnistie des syndicalistes condamnés pour des dégradations de matériel n’est pas secondaire. Les réactions de désespoir de salariés virés comme des malpropres après dix, vingt ou trente ans de dévouement pour une entreprise ne peuvent être comparées à aucune autre violence. L’amnistie, c’est prendre acte de ce qui devrait être une évidence : la violence sociale qui précipite au chômage des salariés, et dans la misère des familles entières, a des conséquences autrement plus dramatiques que quelques tags, des papiers froissés et des jets d’œufs sur les boucliers des gendarmes mobiles. Faut-il criminaliser ces vétilles quand les licenciements boursiers restent toujours impunis ? Dans cette affaire, comme à propos de la politique budgétaire, c’est donc bien la question du sentiment de l’appartenance à la gauche qui se joue. Nous verrons le 16 mai, lorsque s’ouvrira le débat à l’Assemblée sur cette question, qui est qui. Mais le premier test, c’est bien dimanche

[1] Sondage Ifop paru dans le JDD du 28 avril.

Le mur du Syndicat de la Magistrature : beaucoup de bruit pour rien…

Communiqué LDH

Paris, le 30 avril 2013

Le mur du SM : beaucoup de bruit…

L’existence d’un panneau d’affichage situé au siège du Syndicat de la magistrature (SM), et dédié « aux cons » peut provoquer haussement d’épaules ou sourires selon qu’on soit ou non resté attaché à l’esprit potache. Mais elle ne saurait justifier ni la tempête médiatique, ni le flot de protestations pseudo effarouchées dont on nous abreuve ces derniers jours. Rappelons, pour mémoire, qu’il n’y a pas si longtemps, on a vu se cristalliser de grands mouvements de soutien à la publication de caricatures dont le goût et l’intention étaient fort discutables.

On ne peut s’empêcher de penser qu’il s’agit d’un coup monté et calculé à propos d’un fait divers qui n’aurait jamais dû aller au-delà des salles de rédaction. D’évidence, les droites, y compris extrêmes, ont décidé de charger une organisation dont elles exècrent l’existence.

Le torrent de commentaires outragés stigmatisant l’existence du panneau d’affichage controversé semble postuler que les juges n’auraient droit, même dans leurs locaux syndicaux, ni aux traits d’humour ni au mauvais esprit. Ce double interdit serait-il garant de la sérénité judiciaire ? On peut en douter. Ce qui ne saurait en revanche être mis en doute c’est le caractère attentatoire aux libertés syndicales de ces attaques.

Il est, dès lors, parfaitement regrettable que la garde des Sceaux ait cru devoir y donner suite en saisissant le Conseil supérieur de la magistrature.

La Ligue des droits de l’Homme exprime le vœu que cette affaire retourne là d’où elle n’aurait jamais dû sortir : un lieu privé où s’exerce la liberté individuelle, un local syndical où s’exerce la liberté d’expression. La LDH rappelle qu’il existe quelques autres enjeux sur le champ judiciaire tels que les peines planchers, la peine de sûreté, la justice des mineurs, la situation des prisons. Leur importance mérite qu’on ne s’en laisse pas distraire.

Bayer et Syngenta manœuvrent pour bloquer l’interdiction de leurs insecticides

http://wp.me/p21cdX-1c9

Merci à Médiapart.