L’incomplétude des droits de l’homme.
Il y a exactement 70 ans, le 10 décembre 1948, 58 États Membres qui constituaient l’Assemblée générale de l’ONU adoptaient la Déclaration universelle des droits de l’homme à Paris au Palais de Chaillot.
Dans son article premier, cette déclaration énonce : « tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. »
Les 28 articles qui suivent sont l’énumération et le développement des différents droits qui découlent de l’article premier.
L’article 29 verrouille la déclaration en insistant sur la notion des devoirs.
– L’individu a des devoirs envers la communauté dans laquelle seule le libre et plein développement de sa personnalité est possible.
– Dans l’exercice de ses droits et dans la jouissance de ses libertés, chacun n’est soumis qu’aux limitations établies par la loi exclusivement en vue d’assurer la reconnaissance et le respect des droits et libertés d’autrui et afin de satisfaire aux justes exigences de la morale, de l’ordre public et du bien-être général dans une société démocratique.
– Ces droits et libertés ne pourront, en aucun cas, s’exercer contrairement aux buts et aux principes des Nations Unies.
Chaque droit défini par la déclaration de 1948 a son corollaire qui est un devoir et c’est ce point que je désire développer.
Le Littré nous apprend les sens du mot devoir : « Ce qu’on doit faire, ce à quoi l’on est obligé par la loi ou par la morale, par son état ou les bienséances. » et aussi « Faire son devoir, agir comme on doit agir. » Ce mot est ressenti comme une contrainte et a une charge négative. Peut-être vaudrait-il mieux chercher d’autres mots, par exemple : principe ou prescription voire responsabilité.
Pourtant, lorsque l’on veut faire société et vivre ensemble, il n’est pas possible de s’affranchir des devoirs.
Prenons deux exemples que nous vivons quotidiennement : la liberté d’expression1 qui permet de formuler ses opinions sans être inquiété. Encore faut-il ne pas injurier ni diffamer autrui, voilà le pendant qui fait corollaire à cette liberté. Lorsque vous rencontrez un feu tricolore vous vous arrêtez au feu rouge – un devoir – et vous repartez au feu vert – un droit.
L’image du feu tricolore est emblématique du propos et la preuve du vivre ensemble dans le respect de chacun. Dans ce cas particulier, sans respect du droit et/ou du devoir, impossible de circuler sans danger.
Cette vision des droits de l’homme peut déplaire à un certain nombre de militants. Il est le fruit d’une longue réflexion et surtout d’interventions mensuelles sur le sujet des droits auprès de mineurs délinquants auxquels il est bien difficile de ne pas parler de devoirs.
Il n’est, bien sûr, pas question de remettre en cause les droits de l’homme et iI est capital de les promouvoir car ils sont la pierre fondamentale nécessaire à l’établissement d’une société plus harmonieuse et moins inhumaine.
Cependant, les associations qui défendent les droits de l’homme devraient réfléchir sur ce point car en faisant le prosélytisme des droits sans évoquer les devoirs, trop de nos contemporains s’imaginent n’avoir que des droits et s’affranchissent des devoirs qui en sont les corollaires.
Jean-Claude Vitran
Dans moins de trois mois, Emmanuel Macron fêtera le premier anniversaire de son accession à la Présidence de la République.
Cette période, relativement courte, est cependant suffisante pour éclairer les Français sur les objectifs qu’il poursuit et pour décrypter la politique qu’il entend suivre.
On peut, je crois, affirmer sans beaucoup se tromper que l’Etat est dirigé de manière autocratique et que le chef de l’Etat déteste la contestation.
Quelques péripéties ont émaillé le début de son quinquennat et permettent d’affirmer cela :
– le conflit avec le général de Villiers, chef d’État major des armées,
– le discours de Bastia sur le statut corse où la diplomatie était absente,
– la prise de position toute personnelle sur un nouveau service national universel,
sont quelques exemples du caractère autoritaire de la gestion de l’Etat. On peut en trouver de nombreux autres.
Le mode de gouvernement, plutôt de gouvernance, est dans la rupture, alors, sûr de ses certitudes libérales, le Président fait semblant d’écouter, pour cela il multiplie les contacts, mais il n’entend pas, enfin, il ne ne veut pas entendre. Il organise une comédie astucieusement mise en scène. N’oublions pas qu’il est un spécialiste du théâtre.
Pratiquant le faux usage des mots, il ne veut voir qu’une seule tête … espérons que Jupiter ne croisera pas son 2 décembre.
Venons en à la politique macronienne, ou plutôt l’application du dogme néo-libéral dont le président français est le porte drapeau européen.
Là aussi, sous prétexte de modernisation de la société française, l’art de l’artifice et le sens de la mise en scène font merveilles.
Affirmer que chacun individuellement peut devenir un individu d’exception – la rolex de Sarkozy – est du domaine de la tromperie, de la manipulation car chacun sait très bien qu’il y a qu’un élu, chanceux, ambitieux, bien né, voyou, voire malhonnête pour des millions – des milliards – de pauvres bougres aliénés et exploités. C’est du même niveau que de gagner au loto.
Dire que c’est grâce au travail, au génie, à l’opiniâtreté que l’on peut réussir à devenir riche et célèbre est du domaine de la fausse information, de l’intox, car, enfin, l’ascenseur social est en panne depuis la prise de pouvoir des financiers, il y a une quarantaine d’année, et chacun ne nait pas avec un QI qui lui permet d’accéder aux études supérieures.
Alors que fait le macronisme de tous les citoyens que l’élite auto proclamée désigne avec dédain par les formules les plus humiliantes les unes que les autres : les gens de peu, la France d’en bas, les p’tites gens, les veaux, les sans-dents, les invisibles, les gens qui ne sont rien ?
Dans ce florilège, celui qui ne réussit pas est considéré comme un inférieur que l’on peut exploiter par le travail et par le consumérisme.
Qualifier ainsi ses contemporains, c’est bafouer l’article 1 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 : « Les êtres humains naissent et demeurent libres et égaux en dignité et en droit. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. » Pourtant, quand ils en ont besoin, les gouvernants se gargarisent de ce texte fondamental.
L’idée générale du néo-libéralisme macronien est de déréguler les marchés, de casser tous les acquis de la Libération et du Conseil National de la Résistance, de créer un univers où tout peut s’acheter, d’aliéner tous les biens communs pour les rendre profitables au dieu capitaliste, de réduire l’intervention de l’Etat à une peau de chagrin
Cette stratégie conduit à une société à plusieurs vitesses où un gouffre abyssal se creuse entre les classes sociales.
C’est une société d’égoïsme ou les mots solidarité et fraternité n’ont plus de sens, pire c’est une société qui s’attache à détruire toutes les solidarités.
C’est une société où le citoyen – le mot ne veut plus dire grand chose, d’ailleurs – n’a plus la garantie de la protection de l’Etat.
Ce système économique est à l’oeuvre depuis la fin des années 1970 et les gouvernements successifs aussi bien de droite que de gauche avaient bien fait quelques tentatives de déstabilisation du système en place, mais faute de volonté réelle et de culot, elles n’ont pas été suivies de succès.
Aujourd’hui, la différence, c’est que le macronisme, lui, IL OSE !
On commence à percevoir les conséquences de ses attitudes et de ses choix politiques dans les nombreux conflits qui s’ouvrent dans notre pays : prisons, EHPAD, justice, Hôpitaux, Agriculture, SNCF, etc … et on peut, ainsi, mesurer l’incompatibilité manifeste du libéralisme macronien avec le respect des droits fondamentaux et de la devise de la République.