Des tas d’urgence quant à l’espace de résistance, de solidarité, et la possibilité d’aller au bout des projets humanistes
Des tas d’urgence quant à l’espace de résistance, de solidarité,
« Le Pouvoir d’Agir » constitue de nouvelles utopies pour une action sociale, solidaire, éducative en perte de sens. La thématique est en effet attrayante ; est ce qu’il ne s’agit pas de donner, redonner, rendre de l’autonomie ou du pouvoir à ceux qui semblent en être dépourvus, car trop dépendants des structures, des circonstances, trop ballottés par une vie qu’ils ne contrôlent plus ?
Nous renvoyons ainsi sans arrêt ceux que nous jugeons trop peu autonomes au pouvoir ou la mobilité qui leur feraient défaut. On finirait même encore par leur reprocher le peu de confiance qu’ils gardent encore vis à vis des travailleurs sociaux, des enseignants, des structures sociales. Ne feraient-ils pas mieux de se prendre en main ?
On ne se rend pas compte, chemin faisant que ce modèle « d’Empowerment », de « Capacitation », ressemble comme une goutte d’eau à ce que l’on reproche par ailleurs à ces mêmes groupes dès qu’ils acquièrent un peu d’indépendance ; d’un seul coup la solidarité rêvée sera décrite comme du communautarisme ; la conscience sociale, culturelle et politique sera dénoncée comme de la radicalisation ; la lutte pour plus de démocratie sera traitée comme une menace pour la République.
En fait, on se donne d’autant plus facilement d’objectifs de développer le pouvoir d’agir des usagers qu’on se félicite qu’ils n’en acquerront guère.
A la place du pouvoir, voici à quoi on assigne les individus et groupes marginalisés : à faire des choix, des séries et des listes interminables de choix. L’Empowerment qu’on propose, le pouvoir d’agir qu’on favorise, se limiteront toujours à ceci : faire des choix, et surtout les plus petits qui soient. Ceux qui n’engagent à rien sur le fond et qui occupent tout le temps qu’on a.
La véritable précarité, c’est cela finalement : être perpétuellement en obligation de choisir pour chaque moment, chaque chose … et rester en même temps dans l’impossibilité à changer quoi que ce soit.
Extrait de texte :
Posté le 19 janvier 2017 par ÉricZ, Laurent Ott
http://www.questionsdeclasses.org/?Le-pauvre-ne-manque-pas-de-pouvoir-mais-d-organisation
Ldh91-R.André
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