A l’appel du Collectif Bien vivre en Vallespir dont la LDH 66 est membre.
Ci-dessous article publié sur l’Indépendant le 23/08/2022
Projet de 4e pont à Céret : « On nous demande de partir de chez nous avant fin août »
Selon l’association Bien vivre en Vallespir, opposée au projet de « quatrième pont » sur le Tech à l’est de Céret, trois propriétaires de terrains et d’habitations situés sur le secteur concerné auraient récemment reçu des lettres leur demandant d’avoir quitté les lieux le 29 août.
Résoudre les problèmes de ralentissements constatés aux heures de pointe à l’entrée de Céret, côté pont du Diable. Tel est l’objectif du projet de « nouvelle desserte du Vallespir », qui prévoit une liaison de 2,6 km entre la RD115 (route de Céret à Saint-Jean-Pla-de-Corts) et la RD 618 (route de Céret à Maureillas). Avec, entre autres, un pont de 350 mètres de long et de 25 mètres de haut pour enjamber le Tech.
Petit hic : si certains propriétaires de terrains situés sur le secteur ciblé par le projet ont accepté de vendre, d’autres refusent de partir. C’est notamment le cas de Marie-Rose Durand. Celle-ci affirme avoir reçu un courrier du Département, maître d’ouvrage du projet, lui demandant d’avoir quitté les lieux le 29 août. En contrepartie, une indemnité lui serait versée. Mais pour l’heure, elle n’a visiblement pas l’intention d’obtempérer. « On est là depuis 1995. On vit à Montauban, mais on passe tous les étés ici, explique-t-elle. On a 5000 mètres carrés de verger et de potager. On fait pousser des légumes, des cerises, des pêches, des abricots… Je ne partirai pas.«
Un délai très court
La locataire d’un mas situé sur l’autre rive du Tech assure également avoir reçu une lettre similaire fin juillet : « Le délai est très court… Mais ce qui me choque le plus, ce n’est pas qu’on nous prenne nos logements, mais qu’on détruise tout ça… »
Selon l’association Bien vivre en Vallespir, qui s’oppose au projet de nouvelle desserte, trois propriétaires seraient actuellement « menacés d’expropriation ». « Nous sommes toujours en attente d’un jugement sur le fond, rappelle Hervé Bazia, l’un des porte-parole de l’association, qui a notamment attaqué la déclaration d’utilité publique du projet. L’audience devrait se dérouler en septembre ou en octobre. On exproprie sans attendre la décision de justice. »
Hervé Bazia est d’autant plus indigné qu’à ses yeux, la nouvelle liaison pourrait créer plus de problèmes qu’elle n’en résoudra : « Elle engendrera une augmentation de la circulation à cause du phénomène du trafic induit (trafic susceptible d’être généré par la mise en place d’une nouvelle voirie, NDLR). Elle renverra les véhicules sur une route trop étroite et elle provoquera des nuisances pour les habitants du sud de Céret. Le projet est par ailleurs destructeur d’excellentes terres agricoles. Il traverse une zone Natura 2000 et deux zones naturelles d’intérêt écologique (Znieff) abritant de nombreuses espèces protégées. »
Quels seront les impacts du projet ?
L’association met également en avant un avis de l’autorité environnementale (MRAE) daté de juin 2022, qui estime que la dernière étude sur les impacts présumés de la nouvelle liaison nécessite « des compléments pour parfaire sa complétude et sa qualité, en particulier sur la présentation du projet, les conditions de circulation, la consommation d’espaces, ou encore le paysage. »
« On retrouve dans cet avis toutes les questions qu’on se pose depuis le début », analyse Jérôme Pous, un autre membre de Bien vivre en Vallespir.
De son côté, le Conseil départemental rappelle avoir organisé en janvier dernier une consultation des habitants du Vallespir, lors de laquelle 56 % des votants s’étaient prononcés en faveur du projet. Interrogée sur l’éventuel engagement de procédures d’expropriation, l’institution n’a pas souhaité s’exprimer.
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