Publié sur lemonde.fr le 13 novembre 2020
Dans le sillage de la parution du livre « Flic », « Streetpress » et « Mediapart » publient des témoignages mettant en lumière des violences policières. L’IGPN a été saisie.
Deux mois après la sortie du livre Flic, un journaliste a infiltré la police (éditions Goutte d’Or), le commissariat du 19e arrondissement de Paris fait à nouveau parler de lui pour des soupçons de violences en son sein. Des enquêtes ont été ouvertes en juillet en raison de soupçons de violences de la part de policiers sur des gardés à vue dans ce commissariat parisien, a appris l’Agence France-Presse (AFP), auprès du parquet de Paris, après la publication jeudi 12 novembre de témoignages par Streetpress et Mediapart.
Parmi les récits publiés par Streetpress, celui d’un dénommé Moha, 37 ans. Interpellé dans la nuit du 7 au 8 juillet à la suite d’une altercation dans la rue alors qu’il avait bu, il dit avoir été roué de coups par des policiers dans la voiture des forces de l’ordre et au commissariat.
Cet homme, incarcéré jusqu’à la mi-août pour l’altercation, a déposé plainte contre les agents. « Une enquête a été ouverte le 22 juillet du chef de violences par personne dépositaire de l’autorité publique », a fait savoir le parquet de Paris à l’AFP, précisant que les investigations avaient été confiées au service de déontologie de la préfecture de police de Paris (SDSE).
Plusieurs affaires, l’IGPN saisie
Le site reprend le témoignage d’un autre homme, également placé en garde à vue dans ce commissariat en juillet 2020 avec d’autres jeunes qui participaient à une soirée privée dans un appartement. Les policiers, intervenus pour tapage, avaient interpellé plusieurs fêtards, les accusant de « violences » envers eux. Plusieurs interpellés, affirmant de leur côté avoir été victimes de coups et d’insultes au commissariat, avaient ensuite déposé plainte.
Sur cette affaire, déjà révélée dans la presse, une enquête a été ouverte le 13 juillet et confiée à l’inspection générale de la police nationale (IGPN), la « police des polices », pour « violences par personne dépositaire de l’autorité publique », a précisé le parquet à l’AFP. Le même jour, une enquête a également été ouverte pour « violences sur personne dépositaire de l’autorité publique et outrages ».
Streetpress évoque aussi le cas de deux hommes placés en garde à vue dans la même cellule qui racontent au site avoir assisté à des violences et des insultes de la part de policiers.
Ce commissariat, situé dans le nord-est de Paris, est déjà visé par d’autres enquêtes. Début septembre, le parquet avait notamment ouvert une enquête après la parution du livre Flic, dans lequel Valentin Gendrot raconte deux années d’immersion au sein de ce commissariat, évoquant des « tabassages » et des pratiques « racistes ».
Interrogée par l’AFP, la préfecture de police a rappelé avoir signalé les faits rapportés dans le livre Flic au procureur de la République et avoir saisi l’IGPN à titre administratif. « Toute personne peut signaler les faits dont elle s’estime victime auprès des services de police ou de l’institution judiciaire », a ajouté la préfecture.
Pour sa part, Mounir Mahjoubi, député La République en marche (LRM) du 19e arrondissement de Paris, a interpellé le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, « pour que toute la lumière soit faite sur ces agissements ».
Je condamne fermement les faits rapportés par plusieurs médias concernant des policiers de #Paris19. J’ai écrit à… https://t.co/SmduCjZBkA— mounir (@Mounir Mahjoubi)
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