Publié sur paris-luttes.info le 19 mars 2021
Nous sommes en 1871. La révolution vient d’établir un gouvernement démocratique en France, suite à la défaite de l’empereur Napoléon III dans la guerre l’opposant à la Prusse (devenue depuis le 18 janvier de cette même année l’Empire allemand). Mais la nouvelle République ne satisfait personne. Le gouvernement provisoire est composé de politiciens ayant servi sous l’Empereur; ces derniers n’ont rien fait pour satisfaire les demandes de changement social formulées par les révolutionnaires, et ils n’en ont pas l’intention. Les réactionnaires de droite conspirent pour rétablir l’Empereur ou, à défaut, un autre monarque. Seule Paris la rebelle se tient entre la France et la contre-révolution.
Les partisans de l’ordre ont du pain sur la planche. Tout d’abord, ils doivent convaincre le peuple français d’accepter les termes impopulaires de la capitulation dictés par l’Allemagne. Pour imposer l’armistice à ses citoyens, la nouvelle République bannit les clubs radicaux et suspend la publication des journaux, menaçant la ville de Paris par le biais des deux armées nationales réunies. Ce n’est qu’à ce moment là, après que des mandats d’arrêt ont été émis contre les insurgés qui ont renversé l’Empereur, que des élections ont lieu.
Avec les radicaux en prison ou se terrant, les conservateurs gagnent les élections. Le principal vainqueur est le banquier Adolphe Thiers, le vieil ennemi juré de Proudhon, qui a trahit la révolution de 1848 — sans lui, l’empereur n’aurait peut être pas été capable de prendre le pouvoir en premier lieu. Porté au pouvoir par un électorat issu des campagnes provinciales, la première mesure de Thiers est de négocier la paix avec l’Allemagne pour un coût de cinq milliards de francs.
Pour Thiers, cela ne représente qu’un faible tribut à payer pour prendre les rênes de l’État — surtout lorsque ce sont les français·e·s qui paieront, et non lui personnellement. Et si iels refusent? Il préférerait encore se battre contre la France plutôt que contre l’Allemagne.
L’une des conditions de la reddition de Thiers est que les troupes allemandes se sont vues accorder une marche victorieuse dans la capitale. Après avoir été affamé·e·s durant des mois de siège, c’est bien la dernière chose que veulent les Parisien·ne·s. Des rumeurs courent selon lesquelles les Allemands viennent pour piller la ville. Les Comités de Vigilance qui ont vu le jour après la révolution continuent à se réunir, et ce malgré l’interdiction.
Dans la nuit du 26 février, des dizaines de milliers de membres rebelles de la Garde Nationale se rassemblent en centre ville sur les Champs-Élysées au mépris des ordres du gouvernement. À leurs côtés, se trouvent des révolutionnaires ne laissant paraître aucune émotion sur leurs visages tel·le·s que Louise Michel, une institutrice de quarante ans du faubourg de Montmartre. Ensemble, iels ouvrent les portes de la prison dans laquelle sont enfermé·e·s les dernier·ère·s prisonnier·ère·s politiques en date et les libèrent. Puis, iels attendent dans l’obscurité d’une nuit glaciale l’arrivée des Allemands, se préparant à mourir pour Paris.
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