Après que le pape François ait renouvelé sa condamnation de l’avortement assimilé à un crime, des femmes manifestaient partout dans le monde pour défendre ce droit de plus en plus remis en cause par des gouvernements autoritaires et interdit encore dans trois états européens. En Andorre, samedi 25 septembre, une manifestation de femmes réclamait la légalisation du droit à l’avortement.
La manifestation démarrait à 12h sur la place principale d’Andorre la Vieille, au milieu des montagnes, mais surtout des buildings et des boutiques sans fin. Il y avait une douzaine d’andorranes, nous étions 6 françaises du Collectif Droits des femmes 66 et une cinquantaine d’espagnoles venues en car de l’Association « stopviolencias ». C’était une manifestation très vivante avec slogans, chansons et pancartes. Nous avions des foulards blancs et roses estampillés « #abortarem ».
Le 29 septembre 2018 a lieu la première manifestation, qui rassemblait une quarantaine de personnes dans la capitale Andorre la Vieille. Un peu plus en 2019, et donc une soixantaine en 2021. La police a accompagné le cortège sans intervenir, et les touristes s’arrêtaient avec leurs paquets de vêtements et de parfums, interloqué.es par cette présence incongrue dans leur monde de consommation forcenée.
Longtemps isolée au milieu des Pyrénées et peu peuplée, l’Andorre a continué à entretenir des coutumes très anciennes, notamment avec son système d’administration hors d’âge, qui partage le « trône » entre le chef de la République française et l’évêque espagnol de la Seu d’Urgell, qui n’ont pas de pouvoir législatif, comme le roi en Espagne. C’est son « Conseil de la Terre », le plus vieux parlement européen, qui gère administrativement, et donc tient à conserver illégal le droit d’avorter. C’est l’un des trois derniers états européens à interdire totalement l’avortement (avec Malte et St Marin), y compris en cas d’inceste, de viol, d’anomalie grave du fœtus ou de danger pour la vie de la mère. L’avortement y est puni de six mois de prison pour la femme, et de trois ans de prison ainsi que cinq ans d’interdiction d’exercer la médecine pour la personne qui réalise l’interruption de grossesse. Le fait de donner des informations à une patiente ou de la diriger vers l’étranger constitue également un délit.
L’archevêque espagnol et coprince d’Andorre affirmait récemment qu’il abdiquerait si l’interruption volontaire de grossesse était dépénalisée dans le pays. il faut interpréter ainsi une des pancartes des féministes réclamant la séparation de l’Eglise et de l’Etat (pièce jointe)
Environ 150 femmes d’Andorre partent chaque année avorter à l’étranger, ce qui pose d’énormes problèmes financiers aux femmes pauvres, parfois migrantes et sans papiers, car elles sont employées dans les commerces andorrans sans aucune reconnaissance sociale, et donc elles ne disposent d’aucune couverture sociale sur place, ni en France ni en Espagne. Seules des associations comme le Planning Familial et d’autres associations espagnoles peuvent effectuer gratuitement des avortements sécurisés, dans le respect des délais légaux.
Une des féministes andorranes a réussi à se faire inviter par le Commission sur le statut de LA femme à l’ONU, et a dénoncé tous ces faits. A son retour à Andorre, elle a été mise en examen pour atteinte à la réputation (!) et aux institutions de la principauté. Elle n’est toujours pas jugée, mais elle risque 4 ans de prison et 30.000€ d’amende.
SOYONS SOLIDAIRES AVEC NOS AMIES FEMINISTES ANDORRANES, DENONÇONS CES DENIS DE DROIT AUPRÈS DU PRÉSIDENT MACRON !
LDH-66
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