Des libertés associatives et du droit de manifester de plus en plus fragilisés
La Ligue des droits de l’Homme et l’Observatoire pour la protection des défenseur·e·s des droits humains alertent : les libertés publiques régressent dangereusement en France. Dans un rapport publié le 25 septembre 2025, la LDH dresse un état des lieux préoccupant des atteintes portées à la liberté d’association et au droit de manifester.
Un climat de pression envers les associations
Les autorités ont, ces dernières années, multiplié les entraves à l’action associative, comme le soulignent les autrices du rapport, Mathilde Nilsson pour la LDH et Elena Crespi pour la FIDH :
- Dissolutions administratives instrumentalisées à des fins politiques (comme dans le cas du CCIF).
- Menaces de retrait systématique de subventions.
- Mise en place de dispositifs contraignants tels que le contrat d’engagement républicain, favorisant l’autocensure et affaiblissant la société civile.
Cette stratégie contribue à stigmatiser les associations, pourtant essentielles à la vitalité démocratique.
l’État ne protège pas assez les associations des attaques virulentes de l’extrême droite. Par ailleurs, les attaques pour museler toute expression discordante collective ne visent pas seulement les associations, elles sont aussi visibles dans la rue, avec une politique de maintien de l’ordre brutale.
– Nathalie Tehio, présidente de la LDH
La liberté de manifester de plus en plus contestée
Les mobilisations citoyennes — pour le climat, l’égalité, les droits des personnes exilées, contre le racisme… — font face à une répression accrue :
- Usage disproportionné de la force, matériel dangereux, blessures graves
- Arrestations massives et gardes à vue abusives
- Surveillance intrusive et dissuasive
- Criminalisation des militant·e·s et défenseur·e·s des droits
Il s’agit là d’un glissement préoccupant, où la contestation démocratique se voit assimilée à une menace pour l’ordre public. Bien que certains mouvements fassent l’objet d’une répression accrue, celle-ci s’étend désormais à toutes les luttes : du féminisme à la cause des exilé-e-s, en passant par l’anti-racisme et les droits des minorités, c’est l’ensemble de la société civile qui est touchée.
A Lille aussi, la liberté de réunion et d’expression sous contrainte
Cette réalité nationale se vérifie aussi sur notre territoire. L’Observatoire lillois des libertés publiques et des pratiques policières documente régulièrement des situations problématiques lors de rassemblements pacifiques.
Outre les entraves constatées envers les Observateur.ices, nous voyons aussi une généralisation de dispositifs limitant la liberté de réunion et d’expression, que ce soit par des arrêtés préfectoraux ou bien l’usage disproportionné de la force sur des cortèges très largement pacifiques.
Le rapport préconise plusieurs mesures à l’attention des différents échelons d’acteurs publics, qu’ils soient nationaux ou internationaux.
Parmi les principales recommandations du rapport, on retrouve la reconnaissance publique du rôle essentiel des associations et des défenseur·es des droits humains; la fin des dissolutions d’associations arbitraires par l’exécutif; ou bien encore la fin de l’usage systématique et extensif du concept de risque de trouble à l’ordre public pour restreindre l’exercice des libertés fondamentales.
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