28 juin 1944 : la Milice assassine Jean BOUVET et 6 autres Mâconnais

Extrait du livre de Marcel Vitte 1944 à Mâcon pages 32 et 33, Ville de Mâcon

Comité du cinquantenaire de la Libération

OCCUPATION – LIBÉRATION – ÉPURATION

1944, l’année où il n’est pas sur cette terre
de matin sans agonies, de soir sans prisons,
de midi sans carnages.
Albert CAMUS

LA JOURNÉE DU 28 JUIN 1944

(…) La Résistance de Paris décida de son élimination (ndlr Henriot).
Ce qui est fait le 28 juin.

Le mercredi 28 juin

Le même jour, la Milice le venge à Mâcon.

Les quelque cinquante miliciens de Mâcon, voyaient et sentaient bien l’effondrement prochain de leurs soutiens allemands. Mesurant la haine grandissante de la population à leur égard, ils devenaient nerveux et traqués. Ils écoutent eux aussi la radio de Londres : « Miliciens, futurs fusillés, vous êtes tous en sursis ».

Ils mirent la main sur la ville, en y faisant régner la terreur au quotidien : patrouilles de 3 ou 5 chassant en bande, comme les loups, contrôles inopinés des cartes d’identité, dans les magasins, à la sortie des usines, rafales de mitraillettes la nuit, dans les fenêtres mal occultées, ou laissant filtrer la BBC et « Ici Londres ».

Le point culminant fut le mercredi 28 juin. Le matin, on avait appris l’assassinat par un groupe parisien de la Résistance, à 4 heures, au ministère de l’Information à Paris, devant son épouse, de Philippe Henriot. Philippe Henriot était venu donner une conférence à la salle Marivaux, le 13 mai 1943, devant mille quatre cent personnes. Il avait parrainé alors la section locale de la Milice et son chef Mathès. Dès 10 heures du matin, Clavier (chef de la Milice ndlr ) tenta auprès de la préfecture et de la mairie de faire mettre tous les drapeaux en berne, sans succès. Après un repas copieux et bien arrosé, on décida l’exécution de Mâconnais suspects de résistance à partir d’une liste de noms de la main de Clavier (une vingtaine). Sept groupes de trois miliciens se répartissent la besogne de 13 h 30 à 15 h 30 : cinq Mâconnais sont froidement assassinés sans explication :

14 heures : PAPET Raymond Pierre, 34 ans, marié, cinq enfants jeunes, chef du bureau du Cabinet du préfet, devant une palissade de chantier, rue des Trois-Têtes (place de la Baille).

14h40 : BOUQUET André Eugène, 45 ans, marié, capitaine, chef du centre démobilisateur, devant la porte de son bureau, au premier étage de la caserne des Ursulines.

15 heures : DICK Effimé, dit Michel, 54 ans, israélite, artisan chaudronnier, russe naturalisé français, 4 cité Bréard, sous les yeux de sa femme.

15 h 15 : BOUVET Jean, 52 ans, marié, deux enfants, professeur au collège, conseiller municipal SFIO avant 1940, 9 rue Gambetta, devant sa femme et son fils.

15 h 30 : SOURIEAU Robert, 28 ans, notaire, 22 bis rue Lacretelle, à la place de son père, absent, sur le trottoir, devant sa mère.

Reconnus sur le pont, par un milicien de Cluny, deux élèves de 19 ans du collège technique de Cluny sont arrêtés et fusillés sur la Levée de Saint-Laurent : Guy JOSSERAND et Jean RIGOLLET