ALERTE AUX « COMMÉMORATIONS » INSTRUMENTALISÉES DES ABOLITIONNISTES DE l’ESCLAVAGE! (19/5/2016)
Depuis quelques années, Christiane Mathos, présidente de l’association Les amis des Antilles et Philippe Pichot, responsable UNESCO des sites mémoriels organisent des « commémorations » très particulières des abolitionnistes de l’esclavage. En effet lorsqu’on s’intéresse à leur communication à travers leur programme, leurs propos, leurs courriels et les articles du Journal de Saône-et-Loire, on constate partout les mêmes pratiques de révisionnisme historique à peine dissimulées :
1. La première est la CENSURE OU LA RÉDUCTION de tous les groupes de pensée qui ne se revendiquent pas du catholicisme. Ainsi Etienne Lavaux de Bisefranc (1751-1828) est-il cantonné à son grade de général et Jean-Philippe Saclier (1743-1819) est-il passé à la trappe cette année alors que le Cahier de Doléances de Toulon/Arroux qui mentionne l’abolition de l’esclavage notifie bien qu’il a été « rédigé par Jean-Philippe Saclier, avocat-Maire ». Généralisée, une telle pratique aura ainsi pour effet de discriminer toute une catégorie d’abolitionnistes dignitaires, comme eux, des loges maçonniques. En ce qui concerne Pierre Moreau (1620-1660), son appartenance au protestantisme est indiquée très discrètement dans une notice en bas de page de l’article du 13 mai, ses prises de position sont limitées à une « condamnation » de l’esclavage alors que son projet de Brésil politique induit une abolition et le refus du commerce des esclaves ; enfin, on ne lui reconnaît pas, dans la hiérarchie des abolitionnistes, le rôle dynamisant qu’il a eu auprès d’ humanistes héritiers des Parodiens, comme Jean-Philippe Saclier par exemple. A la fin du XVIIème siècle, les protestants ont été exclus de Paray certes, mais leurs idées ont été transmises et ont irrigué tout le Charolais-Brionnais au XVIIIème siècle selon des modalités et des réseaux de transmission (protestants de Paray, catholiques humanistes, franc-maçonnerie, associations philanthropiques..) qu’il aurait fallu étudier sérieusement.
2. La seconde est la PROMOTION ARBITRAIRE d’Anne-Marie Javouhey engagée dans une communauté catholique. En effet, on ne peut mettre dans une même perspective Pierre Moreau, Etienne Lavaux et Anne-Marie Javouhez (1779-1851) alors que leurs prises de position échelonnées respectivement entre 1651, 1789 et 1830 imposent des distinctions ; on ne peut non plus se permettre de répéter pour elle seule et avec insistance ses références spirituelles de « fondatrice des sœurs de Saint Joseph ». On peut aussi se demander pourquoi elle seule a donné lieu à la réalisation d’un film par FR3 (Edith Farine, « A.M. Javouhey, de Cluny à Mana ») diffusé en février 2017. Ces pratiques d’amalgame et de sélectivité arbitraire d’un seul et unique courant ayant concouru à la construction de l’abolitionnisme témoignent pour le moins d’une absence totale d’éthique afférente à la critique historique.
3. Enfin, la mention nominale insistante, dans le programme de commémoration, dans les courriels et dans la presse, de messes pour les abolitionnistes protestants et francs-maçons… atteste un manque flagrant de respect de l’identité des personnes : on ne compte pas moins de cinq annonces répétées d’une messe pour Pierre Moreau à Paray entre le 28 avril et le 8 mai 2016, et de quatre à Cormatin pour Etienne Lavaux entre le 8 et le 12 mai. A cette « PURIFICATION » DÉCOMPLEXÉE de l’histoire (comme le sont les « purifications de généalogies » réalisées par les communautés charismatiques), réalisée par une association et un responsable UNESCO ayant certes la liberté de le faire mais ne représentant qu’eux-mêmes, il faut opposer les objectifs du Comité National pour l’Histoire et la Mémoire de l’Esclavage (CNHME) qui promeut « l’affirmation d’une citoyenneté active et dynamique ouverte sur un futur partagé » (10 mai 2016). La laïcité doit donc être placée au cœur des programmes municipaux et distinguer ce qui ressort de l’Etat et des religions. On ne doit pas transiger avec cette règle et les responsables politiques doivent s’informer avant de s’en remettre à de telles associations et de leur distribuer des subventions publiques.
4. Le quatrième point relève du révisionnisme historique promu dans le Charolais-Brionnais par Marion Sigaut, du groupe de Briant « Terre et Famille » et par Jean Sévillia, traditionnaliste catholique, habitué de Paray (communauté de l’Emmanuel-Manif Pour Tous). Attestées dans une vidéo « L’antihumanisme des Lumières » et dans un ouvrage « Historiquement correct », leurs convergences pour faire l’APOLOGIE DE L’ANCIEN RÉGIME sont nombreuses : opposition entre les Lumières prétendues esclavagistes et un catholicisme qui, dans la lignée des papes Paul III, Pie V et Urbain VIII, serait, lui seul, abolitionniste, condamnations radicales, entre autres, de la franc-maçonnerie et du protestantisme. Or tout historien compétent et de bonne foi ne peut que dénoncer ce même révisionnisme historique qui trompe les lecteurs de notre département à travers les 29 articles recensés reliant tous les abolitionnistes au catholicisme, censurant les appartenances maçonniques et réduisant à la portion congrue ou ignorant le plus souvent le protestantisme…
Le Comité National pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage a habilité exclusivement la section de la Ligue des Droits de l’Homme de Paray-le-Monial pour commémorer Pierre Moreau. Il en est résulté que l’identité protestante de cet abolitionniste a été au moins mentionnée dans la presse et que la commémoration de la LDH le situant dans le contexte historique de sa ville a permis au public de saisir les fondements collectifs et interconfessionnels de sa pensée. Car ce sont bien les abolitionnistes qui doivent être identifiés, reconnus à travers leur courant de pensée, leurs engagements, leur parcours et mis à l’honneur. Fidèle aux principes qui sont les siens -se prononcer sur ce qui est juste et dénoncer ce qui ne l’est pas- la Ligue des Droits de l’Homme appelle à la vigilance les maires et le Conseil Départemental qui ont pu être dupés par l’activisme d’associations plus soucieuses de reconquêtes religieuses que des vérités de l’Histoire. NOUS INVITONS DONC SOLENNELLEMENT LES HISTORIENS, LES ENSEIGNANTS…ET LES ASSOCIATIONS CULTURELLES LAIQUES DE SAONE-ET-LOIRE À SE MOBILISER pour prendre en main partout, comme nous l’avons fait à Paray-le-Monial et sans que cela coûte le moindre euro aux contribuables, les commémorations sur les abolitionnistes afin qu’une juste reconnaissance SOIT RENDUE à ces philosophes qui sont l’honneur de nos régions et notre patrimoine commun.
Germaine Lemétayer, pour la DH Paray-le-Monial
Texte modifié le 11 décembre 2017.
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