PARAY, VILLE D’ESCLAVAGE (12 mai 2018)
Hier, au Centre de culture et de Congrès, à l’invitation de la Ligue des Droits de l’Homme, Olivier Brisson, co-fondateur du Comité contre l’esclavage moderne a fait le bilan des activités de cette association. Il a montré l’évolution croissante des cas de travail gratuit effectué sous emprise, d’abord limité à des familles de diplomates moyen-orientaux, mais s’étendant à de grandes entreprises et à des familles françaises. Si les femmes étrangères ont été les premières victimes, les hommes représentent maintenant 30% des cas. L’association est intervenue pour faire évoluer la législation française, elle traite les signalements, engage des procédures judiciaires contre les esclavagistes et aide les victimes à intégrer une vie normale. Doté de plusieurs employés et de subventions d’Etat, le CCEM a ainsi libéré 700 personnes depuis sa fondation. Pour terminer, le cas des mineurs africains non accompagnés de Paray-le-Monial, a été identifié, à travers les observations de la LDH, comme un cas typique d’esclavage moderne. Si la LDH et la Cimade ont pu les libérer en octobre 2017 du travail gratuit et de l’emprise auxquels ils étaient soumis depuis février, par contre le maintien dans son emploi du directeur du FJT semble significatif d’un dysfonctionnement administratif, voire judiciaire. La question a été posé aussi de la disparition des fonds publics qui leur étaient affectés et de l’évaluation des revenus de 7 mois de travail à la tâche effectué par deux équipes d’une dizaine de jeunes chacune, à raison de 3 à 6 heures par jour. La section a donné des nouvelles des MNA de Paray, qui, dispersés dans toute la France, continuent à entretenir avec elle des relations privilégiées. L’aide qu’elle continue à leur fournir sur les fonds propres de quelques militants permet de légaliser progressivement leur situation. Pour elle, il s’agit là d’une réparation par rapport aux maltraitances subies à Paray et d’aide à la reprise de confiance à l’égard de la France. Le public présent -composé pour l’essentiel de militants motivés- est intervenu pour faire savoir que le cas parodien n’était pas isolé. Ainsi certains CAOMI fondés pour accueillir les jeunes de Calais auraient-ils présenté les mêmes dérives. Pour conclure, nous avons remercié Olivier Brisson, militant hors pair de la cause des personnes réduites en esclavage, pour une conférence riche montrant l’efficacité de la mobilisation conjointe du droit, de la justice et de la fraternité…pour libérer, et réintroduire dans leurs droits et une vie normale des victimes qui comptent parmi les plus vulnérables. Ainsi à Paray-le-Monial, la commémoration des 170 ans de l’abolition de l’esclavage s’est-elle conjuguée au présent, cas significatif, parmi d’autres, de la grave crise morale et politique qui affecte notre ville.
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