APPEL A LA VIGILANCE REPUBLICAINE DE LA SECTION LDH DE PARAY-LE-MONIAL

Depuis le colloque de l’extrême-droite identitaire de la Toussaint 2012 à Paray-le-Monial, l’activisme de ses participants s’est renforcé à la fois sur le plan idéologique et politique. Dans un article intitulé « Intégristes catholiques : le grand retour ? » publié dans la revue de la Ligue des Droits de l’Homme Hommes et Libertés de juin 2014, André Déchot, responsable du groupe de travail « extrêmes droites » de la LDH, montre l’élargissement de ses thématiques contre l’IVG, la contraception, les lois bioéthiques, le mariage pour tous, l’égalité hommes-femmes à la théorie du genre, à la liberté de création et à la christianophobie. Ainsi, de plus en plus souvent, des livres, des bandes dessinées, des films, des pièces de théâtre donnent lieu à des « comités de vigilance contre le genre », des publications, des marches, des manifestations publiques parfois violentes. Certains (Journée de retrait à l’école- JRE) exigent même le remplacement du ministère de l’Education nationale par un ministère de l’Instruction publique.
Sur ces nouveaux « champs de batailles », les intégristes catholiques de Civitas et d’Ichtus « joignent leurs forces aux droites conservatrices, aux droites extrêmes et à l’Eglise catholique » ( le Bloc identitaire, les étudiants de l’Uni, mais aussi l’association Egalité et Réconciliation d’Alain Soral…), créant de nombreux mouvements (Hommen, Veilleurs, Antigones…) fondamentalement anti-égalitaires et participant à la « résurgence d’un antisémitisme radical » qui coalise les intégrismes musulmans et catholiques.

Depuis la création, par Jean-Marc Nesme, d’une Entente parlementaire refusant l’union homosexuelle, leur impact sur le milieu politique est orchestré par la création d’un « collectif des maires pour l’enfance ». Des pressions sont exercées sur les élus locaux, l’opposition à la réforme des rythmes scolaires s’affirme pour des raisons politiciennes, des appels à la désobéissance civique se font entendre. Les listes électorales « Force-Vie » par Christine Boutin et les prises de position politiques des évêques sont révélatrices d’une offensive réactionnaire.

A Paray-le-Monial, la poussée du Front national et la percée de Christine Boutin aux élections européennes, la présence régulière des veilleurs dans l’espace public et celle, aux sessions de l’Emmanuel, des évêques Dominique Rey, Yves Le Saux, Jean-Pierre Cattenoz , Philippe Barbarin et Marc Aillet, celle du patron d’Alliance Vita, Tugdual Derville et du philosophe Fabrice Hadadj signent la radicalisation très droitière des occupants de l’espace municipal du Moulin Liron. Obsédés par la question identitaire, celle des « racines chrétiennes de l’Europe », admiratifs d’une Russie où l’Eglise et l’Etat avancent main dans la main (Marc Aillet), certains manifestent haut et fort leur opposition aux Lumières et à la République et leur ralliement à une croisade contre-culturelle inspirée des thèses antidémocratiques de la doctrine sociale de l’église.

La Ligue des Droits de l’Homme fait de la lutte contre l’extrême-droite l’une de ses priorités : le 27 mai 2014, elle a exprimé son inquiétude face à ses dérives et a lancé un appel au rassemblement et à la construction de résistances « au quotidien ». Plus particulièrement engagée dans la défense des valeurs républicaines, dans la lutte contre l’extrême-droite et contre les discriminations, la section LDH de Paray-le-Monial appelle son tour les Parodiens à la vigilance républicaine. Compte tenu d’un prosélytisme envahissant l’espace public, elle distribue des tracts pour rappeler que « Paray est une ville multiculturelle» et que l’Eglise catholique est soumise aux mêmes lois sur les nuisances sonores et sur la laïcité de l’espace public que les autres citoyens. Elle rappelle que les « atteintes volontaires et provocatrices à la laïcité sont de mauvais coups et des régressions irresponsables et incohérents qui visent uniquement à instrumentaliser les croyances religieuses à des fins de domination politique et sociale, à se créer des clientèles en opposant entre elles les religions très inégales quant à leurs réseaux scolaires et universitaires » (Résolution de Congrès du 1er juin 2009). Elle insiste sur le fait que « seule l’application à tous de la laïcité non défigurée, refusant l’idéologie de la hiérarchie des civilisations et de l’inégalité des cultures, peut faire de la République une démocratie fidèle à ses valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité » (Résolution de Congrès du 11,12,13/6/2011). Enfin, elle soutient que « promouvoir la laïcité […] s’inscrit dans la lutte universelle des droits de l’Homme. Le déclin des pratiques religieuses n’empêche pas, dans toutes les religions, un raidissement des hiérarchies religieuses et l’apparition de groupes d’autant plus intégristes qu’ils sont minoritaires. De nombreux éléments nous obligent à ne pas baisser la garde :[par exemple] l’investissement de l’espace public par des forces religieuses pour tenter d’imposer la primauté d’un prétendu dogme religieux. En tout état de cause, il nous appartient d’exercer une vigilance constante face à la tentation de réduire la laïcité à la seule coexistence des religions alors qu’elle permet la création d’un espace public et privé qui dépasse les appartenances individuelles ou collectives de toute nature. » (Résolution de Congrès, 5/6/2005).

Pour conclure, la section LDH de Paray-le-Monial invite expressément les Parodiens à la réflexion et à la mobilisation de leur esprit critique contre les dérives qui font de leur ville l’un des pôles radicaux de l’extrême-droite française. Elle propose à tous ceux qui souhaitent s’informer ou s’associer à ses actions, de consulter et de soutenir son site Facebook ldh.paraylemonial et de la contacter par courrier électroniqueldh.paraylemonial@orange.fr.