Regards croisés entre les migrants et les citoyens du Charolais-Brionnais: Table ronde organisée par la section LDH Paraylemonial le mardi 27 juin 2017 à 18h00

 

Entrée libre et ouverte à tous Centre Culturel et de Congrès 26 Avenue Charles de Gaulle, 71600 Paray-le-Monial

Organisateur : Fabien Provost (Université Paris Ouest Nanterre)

le 2 septembre 2016, M. Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur, annonce le
démantèlement de la zone Nord du bidonville de « la Lande » de Calais. À partir de 24
octobre, plusieurs milliers de migrants sont évacués en bus vers des centres d’accueil et
d’orientation (CAO) disséminés sur l’ensemble du territoire français. Parmi ces quelques
400 centres situés dans des villes et villages de tous profils, certains sont anciens ou
réouvrent après une fermeture récente tandis que d’autres sont constitués ad hoc dans
des emplacements détenus ou loués par l’État à cet effet. L’annonce de la mise en place
d’un CAO donne lieu, dans certaines communes, à des manifestations d’hostilité
révélatrices de l’existence d’un courant d’opinion défavorable à l’accueil de migrants.
Mais le constat d’une opposition initiale à l’ouverture des CAO ne permet toutefois pas
de préjuger de la relation développée par les migrants avec les habitants des communes
d’accueil.
En effet, en dépit de débuts parfois houleux, les CAO ont pu constituer des
espaces de rencontre au sein desquels les actions de bénévoles se sont conjuguées aux
services des associations mandatées pour leur gestion. Dans le Charolais-Brionnais, ce
fut notamment le cas au CAOMI de Saint-Denis-de-Cabanne et au CAO de
Chardonnay, dont les résidents ont pu rencontrer leurs voisins au cours d’une multitude
d’occasions, du cours de langue à la rencontre culturelle et sportive. À Digoin, l’accueil
de migrants de Calais a eu lieu au sein du centre d’accueil pour demandeurs d’asile
(CADA) géré par le bailleur social Adoma, soutenu depuis plus de dix-huit ans par les
bénévoles de l’associations des Amis du CADA.
Néanmoins, qu’elles relèvent de problèmes interpersonnels ou des
caractéristiques propres à un dispositif qui, en même temps que l’accueil, permet la
surveillance et le contrôle des migrants, des obstacles à l’intégration des migrants
coexistent avec les manifestations de solidarité. Au-delà du contraste entre une ruralité
réputée xénophobe et l’existence de formes de solidarité et de bienveillance à l’égard des
migrants de Calais, nous proposons, lors de cette table ronde, d’interroger les conditions
sous lesquelles peut se produire une intégration de ces migrants dans les tissus sociaux
locaux, et les apports de ces relations tant pour les migrants eux-mêmes que pour les
habitants des communes d’accueil.
Dans un premier temps, nous dresserons un bilan moral des expériences de
l’accueil des migrants de Calais en Charolais-Brionnais. Nous chercherons à comprendre
le type d’encadrement en place, le type d’action décidé pour ou avec les migrants, et la
perception de cet environnement par les migrants. Nous nous intéresserons tant aux
apprentissages et à l’enrichissement mutuel qui émergent de ces expériences qu’aux
difficultés éprouvées ou frustrations ressenties par les bénévoles, personnels
administratifs, élus, etc. dans leur engagement auprès des populations accueillies. Les
intervenants de cette première partie représenteront les expériences de Digoin,
Chardonnay et Saint-Denis-de-Cabanne en proposant plusieurs points de vue
institutionnels, du bénévolat à l’administration.
Les interventions viseront ensuite à fournir quelques clés de lecture pour situer
les comptes-rendus de la première partie dans un contexte plus large, en envisageant le
cadre politico-juridique de l’accueil des migrants et les aspects sociologiques des
migrations. Même s’il permet la sanction de certaines formes de solidarité à l’égard des
migrants, l’État apparaît moins comme une force dirigiste que comme un rouage parmi
d’autres dans un dispositif hybride au sein duquel migrants, associations et bénévoles
poursuivent des objectifs propres. Confrontées aux comptes-rendus d’expérience de la
première partie, ces réflexions nous permettront de réfléchir aux conditions qui rendent
possible l’accueil des migrants, au regard des structures de gestion des flux migratoires
et des objectifs poursuivis par chaque type d’intervenant.
Programme:
18h00 Introduction par Fabien Provost (Université Paris Ouest Nanterre)
18h10 Diffusion du court-métrage Une famille du Clunisois parraine un réfugié
Expériences de terrain
18h30 Françoise Harvey (bénévole à la Durie, Saint-Denis-de-Cabanne)
18h50 Isabelle Rebillard (association les Amis du CADA, Digoin)
19h10 Marie-Ève Cortot et Agnès Sergent (collectif Amigrants de Chardonnay)
Une réflexion sur l’intégration des migrants de Calais
19h50 Myriam Jeannot (Adoma)
20h10 Yasmine Bouagga (CNRS)
21h00 Fin de la table-ronde