Communiqué de presse commun MRAP Paris et LDH Paris
Paris, le jeudi 2 mars 2017
Présents sur place le matin du 28 février au moment de l’expulsion du bidonville de la Porte de la Chapelle, nos associations signataires de ce communiqué souhaitent apporter les témoignages suivants à propos des conditions dans lesquelles a été menée l’expulsion de plusieurs dizaines de familles Roms présentes sur le site depuis plus de 8 mois.
Les services de police, arrivés dès 6h du matin, sont intervenus en intimant l’ordre de partir aux habitants.
Vers 7 heures, deux cars de la Préfecture sont arrivés pour proposer des hébergements provisoires : les équipes se sont alors étonnées que le terrain soit vide de tout habitant. La matinée s’est passée par la suite à discuter de la prise en charge de familles revenues entre temps aux alentours du bidonville.
Conformément à la circulaire du 26 août 2012, une telle opération de mise à l’abri aurait dû passer par un diagnostic social précis et un accompagnement des familles prévenant et transparent, sans nécessiter l’intervention d’une police armée à 6 heures du matin alors même qu’aucun service chargé du relogement en hôtels n’était arrivé. Rien ne paraissait avoir été convenablement coordonné ce matin du 28 février.
Nous déplorons que les hébergements de quelques jours proposés aient une nouvelle fois compromis gravement la continuité de la scolarisation des enfants en les envoyant en plusieurs points éloignés de l’Île de France. Cette désorganisation a fait revivre aux personnes – hommes, femmes et enfants- chassées, humiliées, désorientées, effrayées, parfois malades, un cauchemar qui ne fait que se renouveler de mois en mois depuis des années et qui empêche toute insertion durable dans la société. Il est temps de cesser une politique aussi inhumaine et dégradante et de se tourner vers des solutions pérennes et viables.
La Mairie du 18e inaugure vendredi 3 mars une exposition autour de la fraternité nécessaire à l’égard des sans-abri. Nous demandons qu’à cette occasion des engagements soient pris par tous les responsables afin de permettre au plus vite la mise en œuvre de propositions de solutions, restées sans réponse à ce jour, que certaines associations suggèrent depuis longtemps pour reloger ces personnes d’une manière durable.