Évacuations des campements à Paris : à quand une véritable solution pour les exilé.e.s ?

Communiqué commun signé par la fédération LDH de Paris

Le 6 novembre dernier, le gouvernement s’est engagé à réaliser avant la fin de l’année l’évacuation des campements parisiens, en assurant l’inconditionnalité de l’hébergement de l’ensemble des personnes.

Une promesse oubliée

Une opération de mise à l’abri s’est déroulée le lendemain Porte de la Chapelle et avenue Wilson à Saint Denis, mais contrairement aux engagements pris, le principe d’inconditionnalité n’a pas été respecté. Dans les 48 heures, nous avons constaté le retour à la rue de plusieurs dizaines de personnes, ces dernières « ne correspondant pas aux critères administratifs requis ». Leurs tentes et duvets ayant été détruits lors de l’évacuation, pour ces personnes, une nouvelle errance commence dans le dénuement le plus total.

Une mise à l’abri sous-dimensionnée puis annulée

Le 21 novembre, une mise à l’abri d’environ 350 personnes était prévue sur le campement de la Porte d’Aubervilliers, alors que plus de 2000 personnes y vivent. Plusieurs centaines de personnes, dont des familles, ont attendu des heures dans la nuit et le froid afin de pouvoir en bénéficier. Les bus de la Préfecture d’Ile-de-France sont bien venus les chercher, mais sont repartis à vide, en raison de l’absence des forces de police pour assurer la sécurité de l’évacuation. Cette opération catastrophique illustrant les désaccords entre les Préfectures d’Ile de France et de Police a eu pour conséquence de fragiliser encore davantage des personnes déjà extrêmement vulnérables.

La politique de “zéro-retour” : seul engagement respecté à ce jour

En parallèle, la préfecture de Police a annoncé la mise en place d’une stratégie de “zéro retour” Porte de La Chapelle, renforçant le déploiement des forces de l’ordre dans la zone pour éviter toute reconstitution de campement. Ce harcèlement policier qui contrôle, disperse et invisibilise les exilé.e.s semble pour l’instant être la seule promesse tenue. Pourtant, il ne résout en rien la situation des personnes à la rue, et ne permet pas à celles et ceux qui le souhaitent de demander l’asile dans de bonnes conditions.

Bien au contraire, les exilé.e.s sont poussés à se cacher et à vivre dans des conditions inqualifiables. Cette politique réduit leur accès aux distributions alimentaires, aux soins, aux informations sur leurs droits, et les éloigne encore davantage du système d’hébergement. Nous avons déjà observé l’inefficacité de tels dispositifs policiers Porte de la Chapelle en 2017 et au Millénaire en 2018 : leur seul effet est de déplacer les campements sur d’autres sites moins visibles.

L’errance sans cesse renouvelée 

Nous, collectifs et associations engagés auprès des personnes exilées dans le Nord-Est parisien, alertons une fois de plus, après 59 évacuations en 4 ans, sur ce cycle infernal fait de campements, évacuations et harcèlements policiers. 59 fois, une prise en charge inconditionnelle et durable a été promise mais effectuée dans la plus grande opacité. 59 fois, dans les semaines qui ont suivi, nous avons observé le retour à la rue d’hommes, de femmes et d’enfants, contraints de se disperser et de s’isoler pour éviter tout harcèlement policier.

Nous ne cessons de dénoncer la volonté du gouvernement de maintenir ainsi ces personnes dans la précarité, et nous ne cessons de nous indigner de cette mise en danger délibérée. Nous sommes très inquiets de cette nouvelle dégradation de la situation à l’approche de l’hiver. Le gouvernement ne peut continuer de reproduire ces opérations d’évacuations sans garantir un hébergement pérenne, un accès aux soins et à aux droits pour toutes les personnes exilées sur le territoire.

Paris, le 28 novembre 2019

Action Contre la Faim – ACF ; Agir pour le Développement de la Santé des Femmes – ADSF ; Amnesty International – Région Paris ;  La Chorba ; La Cimade – Région Ile-de-France ; Collectif Audonien Solidarité Migrants ; Collectif pour une Nation Refuge ; Collectif P’tits Dej Solidaires ; Collectif Solidarité Migrants Wilson ; Collectif Stalingrad Connection ; Le COMEDE ; Emmaüs France ; Etats Généraux des Migrations Paris – EGM 75 ; La Gamelle de Jaurès ; Le GISTI ; Ligue des droits de l’Homme – LDH Fédération de Paris ; Médecins du Monde France – MDM ; Médecins Sans Frontières – MSF ; Mouvement contre le racisme et pour l’amitié entre les peuples – MRAP Fédération de Paris ; Paris d’Exil ; Paris Refugees Ground Support ; Utopia 56 ; Watizat

Remboursement AME transport

Démarches pour l’indemnisation des bénéficiaires de l’AME utilisant un pass Navigo entre mars 2016 – juillet 2018

À imprimer selon vos besoins : Papillon – français Affiche permanence – français Affiche permanence – anglais Papillon – anglais Papillon – arabe Affiche permanence – arabe Papillon – ourdou Affiche permanence – ourdou Papillon – bangla Affiche permanence – bangla

Le collectif « Mobilité pour toutes et tous » est né en réaction à la décision prise en février 2016 par la présidente du conseil régional, Valérie Pécresse, et par le STIF, aujourd’hui Île-de-France Mobilités, d’exclure des réductions tarifaires les personnes en situation irrégulière et bénéficiaires de l’AME. Nous défendons le droit à la mobilité des personnes précaires avec ou sans papiers.

Suite à deux victoires, auprès du tribunal administratif et de la cour administrative d’appel, la mise en place d’un mécanisme d’indemnisation au bénéfice des personnes ayant été titulaire de l’AME et s’étant acquitté de leur forfait Navigo au cours de la période 2016-2018 vient d’être mis en place.

Ce mécanisme de remboursement ne sera utilisable que jusqu’en octobre 2019. Nous souhaitons donc qu’un maximum de personnes puissent se saisir de ce droit.

Pour amorcer la visibilité de ce mécanisme de remboursement, des permanences seront organisées à la Cimade Île-de-France, 44 boulevard des batignolles, métro Rome ou Place de Clichy.

• Lundi 15 avril de 9h30 à 13h
• Mercredi 17 avril de 9h30 à 13h
• Jeudi 18 avril de 18h à 21h

Merci d’orienter les personnes concernées, celles qui ont payé le pass navigo plein tarif entre mars 2016 et juillet 2018, munies des photocopies du récapitulatif du navigo mois ou semaine, et de l’attestation AME.

Vous trouverez ici l’ensemble des pièces pour vous appuyer dans votre action d’information.

Pour connaître la démarche communiquée par Solidarité transport : https://www.solidaritetransport.fr/post/16

Le collectif « Mobilité pour toutes et tous »

Suspension des activités des collectifs citoyens et des associations intervenant auprès des personnes exilées à Paris

Face à la situation dramatique des personnes à la rue dans le Nord-Est parisien, les collectifs citoyens et les associations venant en aide aux exilé.e.s suspendent leurs activités le mardi 9 avril prochain pour dénoncer l’action des pouvoirs publics.

Depuis plus de 3 ans un cycle infernal fait de campements, de démantèlements, de dispersions et de harcèlements se développe dans le Nord-Est de Paris et dans son immédiate périphérie, avec à chaque fois, une violence accrue. Ce sont plusieurs centaines de personnes, des femmes, des hommes seul.e.s, des familles, des mineurs, qui vivent ainsi dans le plus grand dénuement.

Après des mois de discussions avec les autorités, des collectifs citoyens et associations interpellent de nouveau sur une situation qui n’est désormais plus tenable. Les personnes qu’elles accompagnent vivent sur des campements repoussés en périphérie de Paris, dans des conditions sanitaires déplorables et demeurent privées d’accès à leurs droits fondamentaux. Cette situation, dont les services de l’État et le gouvernement semblent se satisfaire conduit à leur dégradation physique et psychologique, et laisse les associatifs et les citoyens impuissants sur le terrain.

C’est pourtant grâce à leur action que la situation ne dégénère pas. En distribuant chaque semaine à Paris et dans sa proche périphérie près de 15.000 repas ; 1.600 vêtements, tentes et duvets ; en assurant 290 consultations médicales ; en proposant à 700 personnes une information sur leurs droits ;et en offrant à des familles et des mineurs 600 nuitées solidaires, les collectifs citoyens et associations présents sur le terrain sont de véritables acteurs de la paix sociale.

Aujourd’hui, ils n’acceptent plus de suppléer un gouvernement et un État défaillants dont l’action confine à une mise en danger délibérée des personnes. Ils demandent :

  • Une protection et une mise à l’abri d’urgence, immédiate et inconditionnelle des exilé.e.s en errance dans le Nord-Est parisien, leur permettant d’accéder à leurs droits fondamentaux ;
  • L’assurance d’une continuité de l’hébergement pour toutes les personnes accueillies dans les dispositifs, quelle que soit leur situation administrative ;
  • Un accès rapide aux procédures de demande d’asile pour ceux qui le souhaitent, y compris pour les personnes sous procédure Dublin, ainsi qu’aux conditions matérielles d’accueil ;
  • Le lancement d’une réflexion collective sur l’hébergement et le logement de l’ensemble des personnes à la rue afin de trouver des solutions pérennes à la situation de crise actuelle ;
  • Et enfin, tant que les campements perdureront, la garantie de conditions d’hygiène dignes (sanitaires, urinoirs et accès à l’eau) ; et l’arrêt des violences policières, des confiscations et des destructions de matériels.

Ces revendications, répétées depuis des mois auprès du Préfet d’Île-de-France et de la Maire de Paris, attendent toujours des solutions concrètes, adaptées et durables. Les collectifs citoyens et associations saluent le récent positionnement pris par la Maire de Paris et l’invitent à mettre tout en œuvre pour faire de son territoire une véritable « ville refuge », à entrer dans l’action à la fois pour trouver des solutions et pour pousser l’État à agir.

Dans un contexte où ni l’intégrité physique et psychique des personnes, ni la continuité de nos valeurs communes ne semblent garanties, les collectifs citoyens et associations cesseront leurs activités, en dehors des distributions alimentaires, et organiseront un mouvement de protestation inédit le mardi 9 avril 2019. A cette occasion, ils vous invitent à un rassemblement à 17h00 sur la place de la Rotonde Stalingrad pour présenter leurs actions et le contexte dégradé dans lequel ils interviennent.

Structures signataires : ADSF ; Collectif Audonien Solidarité Migrants ; Collectif P’tits Dej’s Solidaires ; Collectif Solidarité Migrants Wilson ; COMEDE ; Emmaüs France ; Etats Généraux des Migrations Paris ; La Gamelle de Jaurès ; Ligue des Droits de l’Homme Paris ; Médecins du Monde ; Fédération de Paris du MRAP ; Paris Refugee Ground Support (PRGS) ; Secours Catholique – CEDRE ; Secours Catholique – Paris ; Utopia56 ; Vestiaire des migrants ; Watizat.

CP inter asso 9 avril