Jean-Marc DOUSSE, délégué régional de la Ligue des Droits de l’Homme du Poitou-Charentes
« Face au culte de la performance individuelle, le vulnérable, lui, n’est plus dans la course et dans la norme »
CLOTURE
Avant toute chose je souhaitais remercier les intervenants, les partenaires qui ont soutenu l’organisation de la manifestation.
Je remercie également le public, qui un jour de week-end, a consacré son temps libre à réfléchir et à débattre sur une question aussi sérieuse que celle des violences et de la vulnérabilité.
Je remercie enfin la très dynamique section LDH de Niort et plus particulièrement Anne Marie ILLERA et toute l’équipe qui l’a entourée pour la préparation et le déroulement de cette manifestation.
Il m’échoit donc de clôturer cette journée.
Alors justement peut-on clore une telle journée ou considérer qu’elle nous permet de poursuivre et amplifier le débat ? En effet, le thème des violences et de la vulnérabilité recouvre une acuité particulière parce qu’il est universel. Nous sommes tous appelés à être, un jour ou l’autre, des personnes vulnérables.
En quoi ce thème touche-t-il aux Droits de L’Homme ?
- Parce que tout d’abord, il pose à l’évidence la question de la dignité humaine.
Une idéologie tente de s’imposer dans notre pays.
C’est celle de la réussite individuelle qui s’impose à la réussite collective. Si on ne concrétise pas une certaine forme de réussite on déchoit.
Face à ce culte de la performance individuelle, le vulnérable, lui, n’est plus dans la course et dans la norme.
Il se démarque de la Société pour n’en faire partie que par compassion et y occuper une place secondaire. On introduit ici une sociabilité et une citoyenneté de second niveau qui ne sont pas acceptables.
On peut relever aussi le regard porté sur la personne vulnérable. Perçue comme différente, celle-ci serait d’une nature humaine spécifique, en tout cas pas exactement identique à celle des biens portants.
Par ce regard distant et surplombant, se met en place un rapport inégal entre le vulnérable et le bien portant qui conduit au mieux à de la gêne, de la pitié ou pire à de la discrimination. Le vulnérable perd alors sa « capacité » et les soins lui sont administrés acquièrent un côté directif, car il ne sait pas, il ne sait plus et d’autres savent ce qui est mieux pour lui.
On comprend alors que la maltraitance est la phase ultime d’une remise en cause progressive de la personne humaine et de sa dignité.
- Faut-il accorder aux personnes vulnérables des droits spécifiques ?
DUDH de 1948
Préambule
Considérant que la reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde.
Article 2
Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d’opinion politique ou de toute autre opinion, d’origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.
Article 5
Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Charte européenne des droits fondamentaux
La Charte fait mention des personnes vulnérables.
ARTICLE 3
DROIT A L’INTEGRITE DE LA PERSONNE
Toute personne a droit à son intégrité physique et morale
Dans le cadre de la médecine et de la biologie, doivent notamment être respectés :
le consentement libre et éclairé de la personne concernée, selon les modalités définies par la loi
ARTICLE 4
INTERDICTION DE LA TORTURE ET DES PEINES OU TRAITEMENTS INHUMAINS OU DEGRADANTS
Nul ne peut être soumis à la torture, ni à des peines ou traitements inhumains ou dégradants.
ARTICLE 21
NON-DISCRIMINATION
Est interdite, toute discrimination fondée notamment sur le sexe, la race, la couleur, les origines ethniques ou sociales, les caractéristiques génétiques, la langue, la religion ou les convictions, les opinions politiques ou toute autre opinion, l’appartenance à une minorité nationale, la fortune, la naissance, un handicap, l’âge ou l’orientation sexuelle.
ARTICLE 25
DROITS DES PERSONNES AGEES
L’Union reconnaît et respecte le droit des personnes âgées à mener une vie digne et indépendante et à participer à la vie sociale et culturelle.
ARTICLE 26
INTEGRATION DES PERSONNES HANDICAPEES
L’Union reconnaît et respecte de droit des personnes handicapées à bénéficier de mesures visant à assurer leur autonomie, leur intégration sociale et professionnelle et leur participation à la vie de la communauté.
Conclusion :
On le voit donc, ce n’est pas tant une question de Droits que pose le sujet de la vulnérabilité. Ils existent On peut s’interroger au passage sur la catégorisation que comporte la Charte.
En fait l’enjeu fondamental, et je crois que les débats d’aujourd’hui nous y conduisent tout naturellement, consiste à poser comme principe que la personne vulnérable est un autre soi-même.
Je vous remercie de votre attention.
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