Pourquoi nous vidéo-surveiller alors que nous n’avons rien à nous reprocher ?

A l’attention du Maire de Niort :

Monsieur le Maire, pourquoi avez-vous donc décidé de nous vidéo-surveiller alors que nous n’avons rien à nous reprocher ?

Informons-nous et interrogeons-nous tant qu’il est encore temps. Venez débattre avec nous le 29 juin à partir de 19h sur le parvis de la place du Marché.

Le projet municipal de vidéo-surveillance du centre ville de Niort est depuis plusieurs mois l’objet de nombreuses interrogations et d’une opposition grandissante.

Est-il justifié de porter atteinte à la vie privée des personnes en mettant sous surveillance leurs allées et venues, dans une ville où le taux de délinquance est l’un des plus faibles de France ?

Nous ne le pensons pas ! Des associations de défense des libertés fondamentales, des partis politiques, des mouvements de citoyens se sont exprimés contre ce projet sans être entendus par la mairie pour l’instant.
le Maire de Niort semble plus que jamais déterminé à passer en force sur ce sujet sans concertation préalable avec la population et particulièrement les habitants et les usagers du centre ville.

Le Maire a décidé soudainement d’accélérer le calendrier sans doute pour ne laisser ni le temps ni la place à un large débat public sur ce sujet qui concerne la liberté de chacun. Il vient d’annoncer dans « Vivre à Niort » :

  • Une réunion d’information publique à l’Hôtel de Ville (Salon d’honneur capacité de 250 places !!! ) le lundi 22 juin à 20h sur inscription préalable. Information n’est pas concertation. La campagne d’affichage en cours sur les panneaux en ville affirmant  » La Liberté pour chacun et la Sécurité pour tous …discutons-en ensemble… » ne doit pas faire illusion. Dans une semaine le conseil municipal vote le choix du prestataire devant installer les caméras…
  • Une décision prise en Conseil Municipal, une semaine plus tard, dès le lundi 29 juin à 18h !

Nous appelons les Niortaises et les Niortais à participer massivement à cette unique réunion. Ce dispositif a un coût minimal d’investissement de 350 000€ dans un contexte de fortes réductions budgétaires notamment dans les domaines de la culture et du social. A ces coûts d’investissement, il faudra ajouter des coûts de fonctionnement. Les informations que nous avons collectées montrent des coûts d’investissement et de fonctionnement déraisonnables eu égard à la très faible efficacité de ces systèmes de caméras.

Nous espérons que cette réunion permettra à la population de s’informer réellement et concrètement sur les différents impacts de ce dispositif sur la vie quotidienne et ne sera pas qu’une réunion post-électorale faisant la publicité d’une méthode très onéreuse ayant largement montré depuis 20 ans son inefficacité dans l’espace public.

Le Maire prétend jouer la continuité avec un projet de l’équipe municipale précédente qui n’avait rien à voir car il était destiné à vidéo-surveiller des espaces clos et non l’espace public extérieur.

A toutes fins utiles rappelons que pour la LDH la vidéo-surveillance de l’espace public extérieur ( non clos ) est dangereuse pour les libertés et inefficace. Nous nous y sommes opposés dans toutes les municipalités, quelle que soit leur couleur politique.

Sous prétexte d’une nécessaire collaboration avec les services préfectoraux et plus généralement de l’Etat, on nous sous-entend qu’il y aurait une obligation légale ou réglementaire imposée à une ville de la taille de Niort de s’équiper d’un système de vidéo-surveillance. A quoi bon s’interroger puisque nous n’aurions pas le choix réglementairement parlant ?

Confusion toujours ou clarification ? Contrairement aux annonces de l’automne 2014, il est maintenant annoncé que le dispositif de vidéo-surveillance n’a pas pour but de prévenir et protéger des actes de délinquance mais uniquement de fournir la preuve en image à postériori à la suite d’une agression.

Finalement pour le même prix, deux fois moins de service, contrairement aux annonces d’il y a quelques mois.

Comme l’expérience le prouve, l’effet dissuasif est limité, les caméras participent très rarement à la résolution des enquêtes (de l’ordre de 6% cf La « vidéoprotection » légende et usages véritables par Laurent Mucchielli dans les Cahiers de la Fonction Publique n°338 ) et il est parfaitement illusoire de compter sur ces installations pour une intervention en temps réel. Les agents sont postés par la Mairie devant les écrans et donc éloignés du terrain.

Monsieur le Maire pourquoi avez-vous donc décidé de nous vidéo-surveiller alors que nous n’avons rien à nous reprocher ?

C’est la première des questions que les Niortaises et les Niortais doivent poser à cette réunion publique.
En voici quelques autres, la liste n’étant pas exhaustive :

La collectivité niortaise souhaite mettre à profit la manne constituée par les subventions accordées par l’Etat pour ce type d’équipement. Or, ces subventions ne concernent que l’investissement. Les coût très importants de fonctionnement (maintenance, renouvellement du matériel, salaires), supportés par la commune, auraient pu être consacrés à la mise en place de solutions plus en lien avec le contact humain. Si la municipalité accepte cette aide de l’Etat, aura-t-elle encore le choix de renoncer plus tard à la vidéo-surveillance ? Cette décision sera-t-elle, de fait, irréversible ? Le conseil municipal de Niort en a-t-il débattu ?

Quels faits nouveaux en matière de délinquance justifient le déploiement au centre ville ? Quels sont les chiffres et sur quels lieux et quelle période ?
Avez-vous été visiter un centre de vidéo-surveillance existant depuis une décennie dans une agglomération avec une taille, une sociologie et des statistiques de délinquance comparables ? Pour voir comment cela fonctionne ?

Si une caméra est endommagée ou tombe en panne dans quel délai sera-t-elle remplacée ? Et à quel coût ? Dans bon nombre de dispositifs de vidéo-surveillance les caméras en panne ne sont pas réparées ou remplacées faute de moyens financiers. Ce qui illustre le caractère purement électoraliste et démagogique de ce type d’installation.

Le centre ville de Niort n’est-il pas déjà suffisamment vidéo-surveillé ?

En effet environ 33 caméras de vidéo-surveillance sont d’ores et déjà installées au centre ville de Niort sur l’espace public. Qu’elles soient destinées à surveiller :

  • les espaces publics ouverts autour de certains bâtiments publics de l’Etat, comme la Préfecture des Deux Sèvres et le Commissariat et au moins un parking public de surface, celui situé au pied du donjon.
  • des entreprises privées, comme par exemple, des distributeurs de billets de banque ( DAB ) et un bureau de tabac.

A partir de ce simple constat nous devons nous interroger, dans le contexte de la ville de Niort, sur le bien fondé de la prolifération de tous ces différents dispositifs qui empiètent sur les libertés individuelles et collectives de chacun. En parallèle au Conseil Municipal du 29 Juin 2015 c’est sur ce thème que nous vous invitons à débattre sur le parvis du Marché à partir de 19h.