Egalité femme-homme : je suis une femme médecin

En prévision de la journée du 8 mars 2019 la Ligue des droits de l’homme Niort-Deux-Sèvres a recueilli des témoignages d’hommes et de femmes sur l’égalité professionnelle. Ci-dessous le témoignage d’une femme médecin aujourd’hui retraitée sur son métier et l’impact des conditions de travail sur les droits des femmes.

A votre avis, l’égalité professionnelle femme-homme existe-t-elle réellement dans le monde du travail ?

Non pas obligatoirement. En tant que médecin ayant exercé dans la fonction publique territoriale, il pouvait y avoir des femmes comme chefs de service mais au dessus les directeurs étaient tous des hommes. En revanche au niveau salarial on applique une grille donc il n’y a pas de problème.

De la diversité des conditions de travail pour un médecin

Qu’est-ce qui explique cette situation ?

Il y a la question de la vie privée, et des contraintes liées à la garde des enfants. Pour un médecin de ma génération, ayant commencé ma carrière dans les années 1970, la carrière médicale impliquait des gardes nombreuses et des heures supplémentaires très tardives, que ce soit à l’hôpital ou dans le privé. Beaucoup de couples craquaient à cause de cela.

Travailler dans un service d’une collectivité était plus protecteur : des horaires raisonnables, beaucoup de congés, ça fait autant de frais de garde en moins, du coup nous étions beaucoup de femmes mariées avec enfants.

Aujourd’hui les choses ont changé, du moins pour les médecins qui exercent en libéral : hommes et femmes souhaitent un meilleur équilibre de vie, du coup ils mettent des limites aux rendez-vous qu’ils acceptent – avec un problème de santé publique derrière, la difficulté à avoir un rendez-vous. A l’hôpital en revanche c’est probablement toujours compliqué.

Egalité professionnelle dans l’ascension sociale

Sur les postes à responsabilité, il y avait plus d’hommes pugnaces et ambitieux – dans ma génération en tout cas. Pour progresser il fallait à la fois beaucoup travailler, beaucoup publier, mais aussi être « dans les petits papiers » quitte à écraser le voisin pour réussir – et ce n’est pas tellement un comportement féminin.

Quand le désir d’avoir une vie privée menace l’accès aux soins…

Y a-t-il des choses qui vous semblent importantes pour améliorer la situation en France ? Avez-vous des suggestions à faire ?

Il faut mettre un terme au numerus clausus. Les pouvoirs publics auraient dû anticiper il y a dix ans la féminisation de la profession et le désir croissant, des hommes et des femmes, d’avoir une vie privée, ce qui entraîne un manque de disponibilité et de rendez-vous. Si on élargit le numerus clausus aujourd’hui, il faudra encore attendre 15 ans pour que le problème soit résolu, en raison du temps de formation des nouveaux médecins.

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