Egalité femme-homme : la LDH enquête sur le monde du travail

Pour préparer la journée internationale de la femme, les militant.e.s de la Ligue des droits de l’homme de Niort sont allés à la rencontre des Deux-Sévriens hommes et femmes pour recueillir leurs avis sur l’égalité professionnelle. De manière quasi-unanime, et malgré les progrès réalisés, ils témoignent de la persistance d’inégalités et de discriminations.

Le poids de la grossesse et de l’éducation des enfants

Le curseur a bougé : plus que la difficulté à trouver un emploi, ce sont les obstacles à la promotion et les problèmes d’accès aux postes qualifiés et surtout à responsabilité qu’ils pointent du doigt. Mais toujours pour la même bonne vieille raison : la grossesse et l’éducation des enfants, qui pèseraient uniquement sur les femmes. Nous avons recueilli l’histoire de cette maman qui a déjà un premier enfant, à qui un recruteur a dit tout net : « Vous allez en avoir un deuxième » et a rejeté sa candidature. Comment amener la preuve d’une discrimination aussi scandaleuse quand c’est parole contre parole ?

Même dans la fonction publique, où des grilles de salaires assurent théoriquement à poste égal un salaire égal, la problématique se pose : les postes de chefs de service sont plus volontiers confiés à des hommes… sauf si le métier est tellement féminisé (par exemple dans l’action sociale) qu’il devient difficile de ne pas nommer de femmes. Une personne nous dit que c’est un « effet de vases communicants » ; disons-le : on nomme parfois les femmes faute de mâles combattants.

A poste égal, salaire inégal !

Encore pire : à poste égal, salaire égal, on n’y est pas ! Les postes attribués aux femmes cadres sont parfois dévalorisés, volontairement rabaissés, afin de contourner la loi et de justifier une rémunération moindre. Une retraitée inquiète pour sa belle-fille, qui est dans ce cas, évoque une différence de salaires de l’ordre de centaines d’euros.

Partage des rôles et congé paternité

Et pourtant, ils se sentent concernés, les hommes. Ceux qui ont échangé avec nous, ceux qui se sont impliqués dans la récolte de ces témoignages, et tous ceux qui aimeraient un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie privée. L’un d’eux nous fait remarquer qu’une grossesse ne représente guère que 2 ou 3 mois d’improductivité et soutient le congé paternité, étendu à la mesure du congé maternité et avec les mêmes droits. Dans une société où petit à petit, les hommes prennent leur part des tâches ménagères, où les deux membres du couple se répartissent les allers-retours à l’école, l’un le matin, l’autre l’après-midi, où le télétravail permet au parent d’enfant malade d’avancer sur ses dossiers, les vieux réflexes ont la vie dure.

Devenir mère… plus tard

Les femmes font de moins en moins d’enfants (1,88 enfant par femme en 2017 selon l’INSEE), de plus en plus tard, en moyenne après 30 ans. Il faut dire que les études sont de plus en plus longues, et que c’est à la trentaine que se jouent les promotions vers les postes d’encadrement : retarder sa maternité est un bon moyen pour une femme cadre d’assurer sa trajectoire ascendante. Quand on pense que le mot « travail » désigne également les souffrances de l’accouchement, il y a une ironie à penser que ces deux formes de travail, au bureau et à l’hosto, sont en concurrence.

Bien sûr, ces « recettes » (qui représentent un coût psychologique !) ne peuvent pas fonctionner pour la masse de femmes exerçant des métiers peu qualifiés en présentiel : plateau téléphonique, aide à domicile, enfance. En bas de l’échelle sociale, on cumule les difficultés : parcours fractionnés, emplois peu qualifiés, bas salaires, temps partiels, absence de promotion, et petites retraites.

L’égalité professionnelle croise les autres facteurs sociaux

Le débat ne peut pas être manichéen car il est traversé par une myriade de facteurs. Le poids des mentalités et des habitudes, l’autocensure des femmes, la dureté même de certaines femmes qui reproduisent les comportements dont elles ont été victimes, le croisement avec d’autres problématiques comme l’origine et la couche sociale, les effets pervers que certains craignent concernant les règles de parité, tout cela nous en empêche.

Comment combattre ces discriminations ?

Ce que nous avons vraiment du mal à admettre, en recueillant ces histoires de vie, ce sont les personnes qui n’avaient aucune idée de comment améliorer la situation. La loi semble inefficiente, les manifestations n’auraient pas d’effet concret, les entreprises de sensibilisation ne suffiraient pas à vaincre les préjugés…Ce qui nous donne de l’espoir, ce sont les solutions que d’autres imaginent pour faire progresser l’égalité femme homme. Nous vous les livrons en vrac :

  • audit des entreprises sur les salaires pratiqués, avec sanctions financières à la clé (bonne nouvelle de ce côté, la loi évolue, et des sanctions vont être applicables progressivement, mais seulement pour les entreprises de plus de 50 salariés)
  • législation sur le harcèlement moral et sexuel à revoir dans les moyens de preuve : obtenir les témoignages de collègues s’avère bien souvent impossible, ce qui conduit à une absence de condamnation, même devant les prud’hommes (où théoriquement c’est à l’employeur de prouver qu’il n’y a pas eu harcèlement)
  • évaluation des compétences nécessaires pour un poste, en embauche comme en promotion, sur la base de tests objectifs
  • mieux intégrer les techniques de recrutement et de promotion valorisant les compétences dans la formation des managers et les sensibiliser à la vigilance sur d’éventuels préjugés inconscients
  • congé paternité (ou de co-parentalité) de format comparable au congé maternité, en durée et en droits (si un homme veut prendre plus de 15 jours c’est un congé parental à 396 euros mensuels, soit moins que le RSA!)
  • développement du télétravail et de la flexibilité horaire
  • sensibilisation dès l’enfance, par les parents et à l’école, aux valeurs de l’égalité
  • déjouer les préjugés sexistes dans l’orientation professionnelle des élèves
  • et parfois aussi… l’art de clouer le bec aux indélicats !

Nous vous invitons à lire les histoires de vie des personnes qui ont accepté de témoigner. Les noms de personnes et d’entreprises ont été anonymisés.

Bonne lecture, en espérant que cela puisse vous aider, au quotidien, dans votre entreprise et votre vie professionnelle.

Lire les témoignages

Je suis une femme médecin

Je suis un homme témoin de harcèlement sexuel

Je suis responsable syndicale

Je suis une trentenaire chargée de com’

Je suis ingénieur

Je suis un ancien métallo

Je suis inquiète pour ma belle-fille

Je suis cadre hospitalière en retraite

Je suis un travailleur de l’insertion sociale

Je suis assistante de direction

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