Egalité femme-homme : je suis une trentenaire chargée de com’

En préparation de la journée de la femme 2019, la Ligue des droits de l’homme de Niort-Deux-Sèvres a recueilli des témoignages d’hommes et de femmes sur l’égalité professionnelle. Ci-dessous l’avis d’une chargée de communication trentenaire.

A votre avis, l’égalité femme-homme existe-t-elle réellement dans le monde du travail ?

Non, même si de grands progrès ont été réalisés ces dernières années.

Autonomie professionnelle et autonomie dans la sexualité

Comment interprétez-vous cette situation ?

Je dirais qu’il y a des facteurs multiples, mais le plus important est la représentation de la féminité et de la sexualité des femmes. Encore aujourd’hui c’est le poids de la grossesse qui freine certaines embauches ou certaines promotions, qui pousse les femmes à s’autocensurer pour des postes à responsabilité ou à fonder leur propre entreprise, et qui fait que dès l’enfance on les oriente inconsciemment vers des tâches subalternes. C’est comme s’il y avait un lien entre l’autonomie professionnelle et l’autonomie dans la sexualité, et que les femmes n’avaient pas encore complètement les deux.

Pouvez-vous nous donner un exemple que vous-même ou une personne de votre entourage a vécu ? Cela peut être un exemple négatif (inégalité, discrimination) ou positif (bonne pratique).

Difficile de réduire à un seul exemple tellement il y en a ! Le plus marquant a été quand en entretien d’embauche, un patron m’a dit : vous avez plus de 30 ans, vous n’avez pas encore d’enfant, quand est-ce que vous allez en faire un ? Je sais que ma question est illégale mais je vous la pose quand même.

Concernant ce témoignage, pouvez-vous préciser le secteur professionnel, l’année où cela s’est produit, le type de poste avec le niveau hiérarchique et la qualification ? (pour mémoire, nous ne citerons pas de noms d’entreprises ou de personnes)

C’était un poste de chargée de communication, dans une société de communication, en 2013.

Se priver de femmes c’est se priver de talents

Comment avez-vous réagi ?

J’ai répondu qu’avec le nombre de femmes dans mon secteur professionnel, la communication, s’il se privait de femmes il se privait de talents. Il m’a embauchée. Au final je ne suis pas restée très longtemps dans cette entreprise, et je suis partie de ma propre initiative, ayant constaté que les infractions de ce type n’étaient pas l’exception.

Déni du harcèlement sexuel et autocensure

D’ailleurs ce n’était pas un incident unique dans cette entreprise. Une collègue a également eu droit lors de son recrutement pour un poste de commerciale à la question : « Vous dormez sur le ventre ou sur le dos ? » J’étais extrêmement choquée, j’ai immédiatement perçu cela comme du harcèlement sexuel. Cela revient à lui demander quelle position elle adopte dans un lit. Mais ma collègue a juste dit calmement « quand un employeur te pose une question en entretien, même si la question est bizarre, en fait il y a une bonne raison. » J’ai pensé intérieurement que c’était un bon test pour savoir si vos employés sont susceptibles de vous envoyer aux prud’hommes.

Y a-t-il des choses qui vous semblent importantes pour améliorer la situation en France ?

Un congé paternité plus long, indemnisé aussi bien que le congé maternité (donc pas un congé parental) et fractionnable en deux temps.

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