Saint-Jean-de-Luz : les gens du voyage bloquent la ville, la police intervient

Pour protester contre leur expulsion, les gens du voyage ont décidé de manifester. 150 policiers étaient mobilisés.

Les gens du voyage ont manifesté contre leur expulsion, paralysant la ville

Les gens du voyage ont manifesté contre leur expulsion, paralysant la ville (Mollo Nicolas)

Les téléphones portables sonnent, en face de la halte routière, vers midi. « Vous êtes où ? On est à la gare ! » Un petit groupe de gens du voyage se reforme. Quelques minutes plus tôt, ils avaient pris la fuite quand les CRS s’étaient invités à leur manifestation improvisée devant le marché des Halles. « Ils mettent les cousins », plaisante Mario, en entendant un air de musique gitane diffusé dans un commerce. Hier en fin de matinée, un jeu de chat et de la souris s’est engagé entre les forces de l’ordre et la communauté de gens du voyage. Ces derniers s’étaient installés illégalement sur le terrain de sport de Chantaco, jeudi dernier.

Les CRS ont en effet été dépêchés sur les lieux à la suite d’une mise en demeure de la préfecture, celle-ci prévoyant l’expulsion des 250 caravanes parquées à la sortie de la ville. Les gens du voyage trouvent la décision injuste. « On n’est pas des bandits, on n’est pas des voleurs, on est des commerçants », s’emporte Jean. « Des communes comme ça ne veulent pas de nous ! »

« On n’est pas des ouailles », peste Mario. « Ils n’ont pas fait ce qu’il fallait pour nous accueillir, il fallait bien qu’on se mette quelque part. » « On est pacifiques, précise Franck. On ne cherche pas l’affrontement, on essaie juste de se faire entendre. » Pour se faire entendre, les gens du voyage ont mené diverses actions qui ont fini par paralyser la ville pendant quelques heures.

L’intervention des forces de l’ordre a démarré à 7 heures du matin à Chantaco. Les gens du voyage ont alors obstrué l’entrée du stade en y plaçant des fourgons blancs. Le bras de fer commençait. Vers 8 h 30, ils ont tenté de bloquer l’autoroute à l’entrée de Saint-Jean-de-Luz. Puis, en fin de matinée, ils ont occupé le rond-point des Pyrénées, entraînant des bouchons sur la D810 jusqu’à Guéthary.

Sur le pont reliant Saint-Jean-de-Luz à Ciboure se trouvaient, vers 11 heures, dix cars de CRS et une dizaine de motos. Un peu plus loin, un petit groupe de gens du voyage manifestait à l’entrée du port de Larraldenia. En début d’après-midi, la route de Chantaco a été barrée par les gendarmes, entravant la circulation entre Saint-Jean-de-Luz et Saint-Pée-sur-Nivelle.

Au total, quelque 150 hommes ont été déployés par les forces de l’ordre. Ce qui n’a pas empêché la situation de devenir ubuesque à la mi-journée, avec des routes bloquées et des CRS un peu partout.

Les gens du voyage ont consenti à évacuer le terrain, vers 15 heures, après qu’une caravane a été emmenée par la fourrière et que deux des leurs ont été interpellés. L’un, vers 11 h 30 à la gare, pour avoir tenté d’entraver les voies de chemin de fer ; l’autre, aux abords du camp, vers 14 h 30. Les deux hommes ont été relâchés vers 16 heures.

Un policier a subi de multiples fractures du poignet en chutant alors qu’il tentait de stopper certains d’entre eux qui courraient sur les rails. « Deux interpellations, un blessé grave, et des entraves à la circulation : ce type de bilan n’est jamais très satisfaisant », regrette le commissaire Thibault Roux. Avant d’ajouter : « Il était temps que ça s’arrête. »

Il est alors 16 heures et les caravanes sont en train d’évacuer le terrain. Les gens du voyage ont finalement été redirigés vers l’ex-terrain de la Safam à Bayonne, précédemment occupé par des forains pendant les fêtes.