Catégorie : Presse

Au Maroc, « quelque chose d’inédit est en train de se produire »

Mediapart

08 août 2013 |
Par Ilhem Rachidi

Rabat, Casablanca, correspondance

Les manifestations continuent au Maroc malgré l’arrestation en Espagne du pédophile espagnol, dont la grâce par le roi du Maroc a provoqué un scandale politique sans précédent. L’objectif de ces manifestations : réclamer des excuses du roi mais surtout revendiquer une justice indépendante et le droit de manifester.

La semaine dernière, des rassemblements avaient déjà eu lieu à travers le pays contre la grâce de Daniel Galvan, condamné à 30 ans de prison pour avoir violé onze enfants de quatre à quinze ans. Jamais une décision royale n’a été ainsi contestée. Fait exceptionnel, la rue marocaine a remis en cause cette décision et provoqué l’annulation de cette grâce. C’est la première fois que le roi Mohammed VI se justifie ainsi devant l’opinion publique.

« Ils ont été acculés à faire marche arrière », se réjouit l’économiste et militant Fouad Abdelmoumni. « C’est un mouvement douloureux pour le Palais, il n’a jamais fait ça. »

À Rabat, ils étaient plusieurs centaines à manifester mercredi 7 août 2013 devant le parlement, bougies à la main, afin de rendre hommage aux victimes de Daniel Galvan. La veille, à Casablanca, environ 2 000 personnes, dont beaucoup d’enfants, se sont rassemblées sur la place Mohammed-V.

A Casablanca, le 6 août 2013, manifestation contre la libération du pédophile Daniel Galvan
A Casablanca, le 6 août 2013, manifestation contre la libération du pédophile Daniel Galvan© Reuters

Said Maghrouh, un homme d’une trentaine d’années qui travaille dans un centre d’appels à Casablanca, participait à sa première manifestation. « C’est ma façon de dire que tout cela est une honte. Je suis là pour faire pression pour que Daniel soit jugé pour ce qu’il a fait », expliquait-il.

Un passant d’une soixantaine d’années décide de rester sur la place. Il ne décolère pas. « Comment le roi pouvait-il ne pas être au courant ?! Je proteste contre le tourisme sexuel, contre le gouvernement marocain. Les criminels sont ceux qui ont relâché Daniel ! »

« Nous réclamons l’indépendance de la justice ! » « Nous voulons que les responsables soient jugés ! » « Dignité et justice ! » « Le Pouvoir au peuple ! », scandaient les manifestants. Certains réclamaient aussi le départ du conseiller et proche du roi Fouad Ali El Himma.

Le 31 juillet, à l’occasion de la fête annuelle du trône, le roi Mohammed VI graciait le pédophile, qui faisait partie d’une liste de 48 Espagnols graciés. Il n’aura passé que 18 mois en prison. La mobilisation a rapidement pris sur les réseaux sociaux et, en quelques heures, une page Facebook appelant à manifester a réuni plusieurs milliers de participants.

Dès le vendredi suivant, des manifestations avaient lieu à travers le pays. Elles ont été réprimées à Tétouan, Tanger et Rabat, où plusieurs dizaines de personnes ont été blessées. D’autres rassemblements ont eu lieu à Kénitra, où vivait le pédophile, à Nador, Larache, Agadir, entre autres. Les Marocains de l’étranger aussi se sont mobilisés. À Paris, ils étaient 150 à se rassembler samedi devant l’ambassade du Maroc. Un sit-in a eu lieu à Boston, aux États-Unis.

Samedi 3 août, après trois jours de silence, le Palais royal affirmait dans un communiqué – une première – que le roi n’avait pas connaissance du cas Daniel Galvan et promettait une enquête sur les circonstances de cette grâce. Le lendemain, un second communiqué annonçait l’annulation de la grâce.

Aussitôt après cette réponse du Palais, les commentaires pleuvaient sur les réseaux sociaux, vecteurs de la colère des Marocains. Comment le roi pouvait-il ne pas être au courant ? Quelle est la responsabilité du cabinet royal dans cette affaire ?

Sous le hashtag « Mafrasich » (je n’étais pas au courant) les twittos marocains exprimaient leur scepticisme. @Hatimuuus « Mon budget et celui de ma famille est supérieur à celui de l’éducation et la santé ? »

ou encore @donilapute « J’aurais aimé avoir le Roi comme Papa, comme ça il signe les bulletins scolaires sans voir les notes. »

« Quelque chose d’inédit »

Lundi matin, les autorités marocaines émettaient un mandat d’arrêt international. Quelques heures plus tard, Daniel Galvan était arrêté dans la région de Murcie (sud-est de l’Espagne) et placé en détention préventive. Une première tête est rapidement tombée. Lundi après-midi, au terme d’une enquête particulièrement rapide, Hafid Benhachem, le délégué général à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion, proche de la retraite, était limogé. Cet homme de l’ère Basri, ancien directeur de la sûreté nationale, est, pour de nombreux observateurs, le parfait bouc émissaire de ce que l’on appelle désormais le Danielgate.

Le communiqué du Palais royal, troisième du genre en trois jours pour une institution qui ne communique jamais, stipulait que « l’enquête a conclu que ladite administration, lorsqu’elle a été sollicitée par le cabinet royal, a transmis par inadvertance des informations erronées de la situation pénale de l’intéressé, qui faisait partie d’une liste de 48 détenus de nationalité espagnole ».

Une liste de 18 prisonniers à libérer avait été établie tandis qu’une deuxième liste concernait les 30 prisonniers qui devaient être extradés en Espagne. Les deux listes auraient été fusionnées et, au lieu de transférer Daniel Galvan dans une prison espagnole, les autorités l’ont libéré, ainsi que 29 autres prisonniers qui circulent dorénavant en toute liberté sur le territoire espagnol.

Joint par téléphone quelques heures après l’annonce de son renvoi, Hafid Benhachem acceptait de porter le chapeau de ce Danielgate. « J’assume mes responsabilités. C’est moi le directeur. L’administration a commis une erreur en transmettant une mauvaise information, par inadvertance, j’insiste. » C’est la conséquence de l’erreur d’un « subalterne », a-t-il ajouté. Hafid Benhachem reconnaît-il avoir une responsabilité dans les erreurs sur la liste des prisonniers graciés ? « Je suis responsable des prisons », a-t-il répondu.

Mardi 6 août, le roi recevait en audience les familles des victimes du pédophile. Depuis le déclenchement de l’affaire, le Palais s’est évertué à gérer cette crise particulière. Malgré l’absence de responsabilité établie et reconnue dans l’entourage du roi, pointé du doigt dès le début de cette affaire, la réaction du monarque a satisfait une partie des contestataires. Le roi s’était exprimé pour leur répondre, un événement en soi.

Sur la toile, ils étaient nombreux à crier victoire. Cependant, pour de nombreux Marocains, ce scandale est aussi l’occasion de dénoncer l’opacité du système de prise de décisions et de revendiquer à nouveau une réelle indépendance de la justice.

Dans la manifestation du 7 août à Rabat
Dans la manifestation du 7 août à Rabat

« Je continue de manifester pour l’indépendance de la justice et l’affaire n’est pas terminée. Je continue de croire à la pression de la rue pour que les choses changent enfin au sommet de l’État. Si certains sont satisfaits d’un simple communiqué, moi je fais partie de celles et ceux qui croient aux actes », déclare Lahcen Kabouri, un manifestant régulier.

Cette dénonciation de la grâce a fédéré des Marocains issus de milieux sociaux divers, pour nombre d’entre eux familiers du web – présence de beaucoup de twittos aux manifestations –, des militants, des intellectuels, des gens issus du milieu artistique.

Elle a aussi réveillé la contestation initiée il y a deux ans par le Mouvement 20-février, né le 20 février 2011 dans la foulée des mouvements de protestations tunisiens et égyptiens. Certains militants n’avaient pas pris part à une manifestation depuis plusieurs semaines. Lors du premier rassemblement à Rabat vendredi dernier, ils étaient nombreux à s’être déplacés de Kénitra (où vivait le pédophile), de Salé, Casablanca, Meknès, Fès. Certains n’avaient jamais manifesté.

« Quelque chose d’inédit est en train de se produire », affirmait un militant du Mouvement 20-février juste avant la manifestation réprimée à Rabat, « nous sommes plusieurs milliers à dénoncer cette grâce royale ».

Le silence des politiques

« Avant même que la manif ne commence, il y avait des courses-poursuites, des coups de matraque, des intimidations, raconte Tahani. Mais à chaque fois que les forces de l’ordre nous séparaient, on se regroupait pour scander encore plus fort nos slogans. C’était une journée historique celle où les Marocains et les Marocaines dignes se sont réveillés pour défendre l’honneur et la dignité de nos enfants. C’était un vrai moment de bonheur, malgré les coups, la répression, nous étions heureux de voir qu’il y a toujours de l’espoir. »

Dans la manifestation du 7 août à Rabat
Dans la manifestation du 7 août à Rabat

Reprenant le slogan phare des protestations de ces deux dernières années, les manifestants criaient « Vive le peuple » alors que les forces de police les matraquaient. Ils s’adressaient directement au roi, qui leur a « mis la honte » et les a « vendus à l’Espagne ».

Pendant ce temps, la classe politique s’illustrait par son silence.

Les partis PPS (coalition gouvernementale) et PAM (opposition) ont demandé l’ouverture d’une enquête. Mais le chef de gouvernement Abdelilah Benkirane ne s’est pas exprimé et les rares intervenants n’ont fait qu’alimenter la colère des Marocains. Le porte-parole du gouvernement a déclaré qu’il ne disposait d’aucune information. Le ministre de la justice a quant à lui justifié la grâce en parlant d’une faveur accordée à l’Espagne pour des « raisons d’intérêt national » : « Il s’agit d’une décision royale dictée sans doute par des intérêts nationaux, même si le bénéficiaire est impliqué dans des crimes. »

La présidente de l’Association Touche pas à mon enfant, Najat Anouar, s’est attiré les foudres des Marocains sur la toile après avoir refusé de remettre en question cette grâce qui constitue, d’après elle, « un droit exclusif du roi ». Le site de son association était d’ailleurs piraté quelques heures après. Fatima Khayari s’est quant à elle retirée de l’association par la suite : « Quel fut mon dégoût, oui mon dégoût je dis bien, quand je vous ai vue justifier l’injustifiable, défendre l’indéfendable, choisir le camp de ceux qui pensent que l’honneur de nos enfants ne vaut même pas une excuse royale. »

Les médias officiels n’ont commencé à couvrir les événements qu’après la diffusion du premier communiqué du Palais, sans avoir auparavant couvert les manifestations.

Aucun dirigeant de parti politique ne s’est exprimé, excepté Nabila Mounib, secrétaire générale du PSU (Parti socialiste unifié). Pour elle, ce Danielgate s’inscrit dans les protestations que connaît le Maroc depuis deux ans. « C’est une véritable demande populaire qui s’installe », explique-t-elle. « Ça va continuer, ça se dessine clairement dans la tête des gens. La question fondamentale, c’est l’établissement d’un État de droit et la séparation des pouvoirs. »

Ce n’est pas la première fois que des manifestations concernent directement le roi. L’an dernier déjà, des sit-in avaient dénoncé la cérémonie d’allégeance et appelé à une réduction du budget du Palais royal. Les deux rassemblements avaient été réprimés. Mais contrairement au Danielgate, ils n’avaient pas mobilisé la rue marocaine.

D’après Hassan Akrouid, membre du Mouvement 20-février et de l’ONG Attac Maroc, ces dernières protestions sont « particulières ». « Ce sujet a à voir avec la dignité des Marocains. Les citoyens marocains ont refusé cette grâce royale et discutent maintenant de ces sujets ensemble. Cela va participer à étendre d’autres mouvements de protestation », affirme-t-il.

ROMS, UNIQUE OBJET DE MON RESSENTIMENT par MAITRE EOLAS

Le Gouvernement a donc décidé, pour des motifs d’opportunité politique assez évidents sur lesquels je ne m’étendrai pas, ayant assez de choses à dire par ailleurs, de mettre en œuvre une politique d’expulsion, au sens premier du terme : « pousser dehors », les Roms étrangers vivant en France.

Ils sont fous, ces Roms, hein ?

Avant d’aller plus loin, qu’est-ce qu’un Rom ? Rom vient du mot Rrom, en langue romani (l’orthographe a été amputé d’une lettre en français, la double consonne initiale n’existant pas dans cette langue), qui signifie « homme » au sens d’être humain (féminin : Roma ; pluriel : Romané). Il s’agit d’un peuple parti, semble-t-il (la transmission de la culture étant orale chez les Roms, il n’existe pas de source historique fiable, mais tant la langue romani parlée par les Roms que la génétique confirme l’origine géographique indienne), du Nord de l’Inde (Région du Sindh, dans l’actuel Pakistan, et du Penjab pakistanais et indien) aux alentours de l’an 1000 après Jésus-Christ, sans doute pour fuir la société brahmanique de l’Inde qui les rejetait comme intouchables (c’est donc une vieille tradition pour eux que d’être regardés de travers par leur voisin).

Ils sont arrivés en Europe via la Turquie au XIVe siècle, suivant les invasions des Tatars et de Tamerlan, et s’installèrent dans l’Empire byzantin (qui les appelle Ατσίγγανος , Atsinganos, « non touchés », du nom d’une secte pré-islamique disparue, dont les zélotes refusaient le contact physique ; quand les Roms arrivèrent, les byzantins, qu’on a connu plus rigoureux dans leur réflexion, les prirent pour des membres de cette secte), ce qui donnera tsigane, Zigeuner en allemand et Zingaro en italien. Ceci explique que leur foyer historique se situe dans les actuelles Turquie, Roumanie, Bulgarie, pays qui restent les trois principales populations de Roms, et dans les Balkans (ex-Yougoslavie).

Outre des professions liées au spectacle ambulant, les Roms se sont spécialisés dans des professions comme ferronniers et chaudronniers, Γύφτοs, Gyftos, ce qui donnera Gypsies en anglais, Gitano en espagnol, et Gitan et Égyptien en Français (dans Notre Dame de Paris, la Recluse appelle Esmeralda « Égyptienne » ; et Scapin appelle Zerbinette « crue d’Égypte »).

Le roi de Bohême (actuelle république Tchèque) leur accordera au XVe siècle un passeport facilitant leur circulation en Europe, d’où leur nom de Bohémiens. De même, le Pape leur accordera sa protection (Benoît XVI est donc une fois de plus un grand conservateur) Leur arrivée en France est attestée à Paris en 1427 par le Journal d’un Bourgeois de Paris (qui leur fit très bon accueil) — C’est d’ailleurs à cette époque que se situe l’action du roman d’Hugo Notre Dame de Paris.

Pour en finir avec les différents noms qu’on leur donne, Romanichel vient du romani Romani Çel, « groupe d’hommes », Manouche semble venir du sanskrit manusha, « homme », soit le mot Rrom en romani, et Sinti semble venir du mot Sind, la rivière qui a donné son nom à la province du Sindh dont sont originaires les Roms. Sinti et Manouche désignent la même population rom établie dans les pays germanophones et presque intégralement exterminés lors de la Seconde guerre mondiale C’est pourquoi le mot Tsigane, évoquant l’allemand Zigeuner, d’où le Z tatoué sur les prisonniers roms, est considéré comme blessant aujourd’hui .

Il convient ici de rappeler que les Roms ont été, aux côtés des Juifs, les cibles prioritaires de la politique d’extermination nazie. Le nombre de victimes du génocide, que les Roms appellent Samudaripen (« meurtre collectif total »), se situe aux alentours de 500 000, avec pour les Sinti allemands entre 90 et 95% de morts.

Ces mots peuvent être utilisés indifféremment pour désigner les Roms, encore que les siècles d’installation dans des pays différents ont fait apparaître des différences culturelles profondes. Même la langue romani n’est plus un dénominateur commun, puisque les Roms d’Espagne et du sud de la France, les Gitans, parlent le kalo, un sabir mâtiné d’espagnol, depuis qu’une loi espagnole punissait de la mutilation de la langue le fait de parler romani (les espagnols ont un atavisme profond avec les langues, mais c’est un autre sujet).

En 1971 s’est tenu à Londres le Congrès de l’Union Rom Internationale (IRU) qui a adopté le terme de « Rom » pour désigner toutes les populations du peuple rom, d’où l’usage de ce terme dans ce billet (ce que les gitans refusent, eux se disent kalé). Le mot rom ne vient donc absolument pas de Roumanie, ni de Rome, bien que ce peuple se soit installé en Roumanie et auparavant dans l’Empire romain d’Orient.

Je ne puis conclure ce paragraphe sans vous inviter à lire les commentaires de cet article, où je ne doute pas que des lecteurs plus érudits que moi apporteront de précieuses précisions ou, le cas échéant, rectifications.

Tous les chemins mènent aux Roms

Les Gens du voyage sont-ils des Roms ? En un mot, non. Le nomadisme n’est pas une tradition chez les Roms, mais une nécessité historique. Aujourd’hui, entre 2 et 4% des Roms sont du voyage, c’est-à-dire ont fait le choix d’une vie nomade. Et beaucoup de gens du voyage ne sont pas roms, comme les Yéniches, que l’on prend souvent pour des Roms. Les forains sont aussi nomades, mais du fait de leur profession, et pour la plupart ne sont pas Roms. Et si demain, il vous prenait la fantaisie de vivre une vie nomade, vous deviendriez aussitôt Gens du Voyage, sans pour autant devenir Rom (sauf aux yeux des lecteurs du Figaro). Un abus de langage est apparu du fait que la Constitution française interdit toute distinction sur une base ethnique. Le terme de Gens du Voyage, neutre de ce point de vue, est souvent employé au lieu et place du mot Rom. Or ce ne sont pas des synonymes.

Ce qui d’emblée montre que le problème des occupations illégales de terrains, publics ou privés, par des Roms ne vient pas uniquement du fait que la loi Besson (pas Éric, non, celui qui est resté de gauche, Louis) du 5 juillet 2000, qui oblige les communes de plus de 5000 habitants à prévoir des aires d’accueil, est allègrement ignorée par la majorité des maires.

Quand un Rom viole la loi, c’est mal. Quand l’État viole la loi, c’est la France. Laissez tomber, c’est de l’identité nationale, vous ne pouvez pas comprendre.

La majorité des Roms en France sont Français, et leur famille l’est même depuis plusieurs siècles. Les Roms ont de tout temps adopté le style de vie des pays où ils se sont installés, jusqu’à la religion (ils sont catholiques en France, protestants en Allemagne, musulmans en Turquie et dans les Balkans), et il ne viendrait pas à l’idée d’un Rom de donner à ses enfants un prénom qui ne soit pas du pays où il nait (lire les prénoms des enfants d’une famille rom permet parfois de retracer leur pérégrination ; exemple : Dragan, Mikos, Giuseppe, Jean-Pierre). Cela ne les empêche pas de garder vivace la tradition rom, à commencer par la langue romani, et l’importance primordiale de la famille élargie (la solidarité n’est pas un vain mot chez les Roms). Il est d’ailleurs parfaitement possible qu’un de vos collègues de travail soit Rom et que vous ne l’ayez jamais soupçonné.

Naturellement, ces Roms ne sont pas personnellement menacés par la politique actuelle, même s’il est probable qu’ils la vivent assez mal.

Les Roms étrangers sont donc quant à eux des migrants qui veulent une maison qui ne bouge pas, et habitent des habitations de fortune, triste résurgence des bidonvilles. Ils viennent de pays qui ont toujours refusé l’intégration des Roms, en faisant des parias dans leur propre pays. Même si l’intégration à l’UE de ces pays a conduit à un changement total de politique, les états d’esprit, eux n’ont pas changé, et le rejet répond hélas souvent au rejet. Certains Roms se sont sédentarisés et tant bien que mal intégrés, comme les Kalderashs (du roumain Căldăraşi, chaudronniers, habiles travailleurs du métal, en particulier du cuivre) ; d’autres, comme les nomades, forment une société fermée et hostile aux gadjé — aux non-Roms. La plupart des Roms de Roumanie qui viennent en France sont des kalderashs, et non des nomades, fuyant la misère et le rejet dont ils font l’objet dans leur pays. Donc, pas des gens du voyage.

Les roms des Balkans (ils sont nombreux en Serbie et au Kosovo) fuient eux aussi la misère, même si certains demandent l’asile (très peu l’obtiennent) prétendant faire l’objet de persécutions. Il faut reconnaître que lors de la guerre du Kosovo en 1999, des Roms ont été recrutés par les troupes serbes pour se livrer à des opérations militaires de nature à intéresser le tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY), et se sont acquittés de cette tâche avec un zèle qui n’a pas laissé de très bons souvenirs auprès des populations kosovares (j’entends par là : albanais du Kosovo).

Des Roms, des stats et de la bière nom de Dieu

Une question se pose, et je ne tiens pas à l’éluder : celle des Roms et de la délinquance. Le lien est certain, les chiffres ne mentent pas. Partout en Europe, les Roms sont bien plus victimes de la délinquance que les autres populations. Destructions de biens, agressions racistes, sur lesquelles les autorités ferment bien volontiers les yeux, d’autant plus que les Roms, on se demande pourquoi, ont développé à leur encontre une certaine méfiance, quand ce ne sont pas des pogroms. Sans compter les crimes contre l’humanité subis par ce peuple, que ce soit le génocide nazi ou la réduction en esclavage en Valachie et en Moldavie —oui, des esclaves en Europe— jusqu’à la seconde moitié du XIXe siècle.

Ce n’est pas une boutade, c’est une réalité : la délinquance, les Roms en sont d’abord victimes. On a déjà vu que même en France, État de droit imparfait mais État de droit, l’État ne respecte pas la loi Besson. Vous verrez dans la suite de ce billet qu’au moment où je vous parle, il fait encore pire à leur encontre puisque la politique d’expulsion mise en œuvre est illégale. Ce n’est pas moi qui le dis, ce sont les juges administratifs. L’Union européenne l’a remarqué. Le Conseil de l’Europe l’a remarqué. L’ONU l’a remarqué. Le Pape l’a remarqué. L’UMP n’a rien remarqué.

Mais n’esquivons pas la question de la délinquance de Roms. De Roms, pas DES Roms. Elle existe, c’est indéniable, ne serait-ce du fait qu’aucun groupe humain n’est épargné. Est-elle plus élevée que dans les autres groupes sociaux ? C’est probable.

Évacuons rapidement une question sur laquelle je reviendrai dans le prochain billet : l’occupation sans droit ni titres de terrains publics ou privés. Il ne s’agit pas de délinquance, puisqu’au pire (occupation d’un terrain public), ces faits sont punis d’une contravention de grande voirie.

Les causes premières de la délinquance, au-delà du mécanisme intime et personnel du passage à l’acte, qui fonde la personnalisation de la peine, sont la pauvreté (liée au chômage ou à la précarité de l’emploi ; un CDD est aussi rare dans une audience correctionnelle que la vérité dans la bouche d’Éric Besson), l’exclusion (qu’entraîne mécaniquement le fait d’être sans-papier, notamment), le faible niveau d’instruction (qui empêche d’accéder aux professions rémunératrices), outre le fait que la délinquance concerne surtout des populations jeunes (le premier enfant a un effet remarquable sur la récidive).

Vous avez remarqué ? Je ne viens pas de vous dresser un portrait du jeune versaillais. Plutôt celui du jeune Rom des terrains vagues. Ou du jeune des cités, soit dit en passant pour la prochaine fois ou on tapera sur eux. À vous de voir avec votre conscience si vous voulez y ajouter une composante génétique.

Parce qu’aucune statistique n’existe sur la délinquance des Roms. Aucune. Tout simplement parce que ce serait interdit : Rom est une origine ethnique, or la loi prohibe la constitution de fichier sur des bases ethniques ou raciales — suite à un précédent quelque peu fâcheux.

Donc quand le ministre de l’intérieur Brice Hortefeux, que l’on a connu plus méticuleux en matière d’arithmétique ethnique, prétend présenter des statistiques de la délinquance des Roms pour justifier la politique du Gouvernement, il ment. Je sais, ça devient une tradition de ce Gouvernement, mais que voulez-vous, je n’arrive pas à m’y faire. Quelqu’un, je ne sais plus qui, m’a mis dans la tête l’idée saugrenue de République exemplaire, du coup, je fais un blocage.

Le ministre de l’intérieur a cru devoir présenter publiquement (sur RTL) le 25 août des statistiques fondées sur « une étude des services de police », non sur l’origine ethnique, interdite, mais sur la nationalité du délinquant, roumaine en l’occurrence.

Mes lecteurs ayant suivi jusqu’ici ont déjà compris l’inanité de l’affirmation. Rom ne veut pas dire Roumain, et le ministre joue ici sur la ressemblance des termes, et l’inculture de son auditoire. Mes lecteurs sachant faire la différence entre un mot sanskrit et un mot latin, je ne m’attarderai pas sur ce stratagème grossier, qui ne trompera que qui veut être trompé.

De plus, les services de police, même si on leur fait perdre un temps précieux depuis des années à collectionner des statistiques inutiles hormis à la communication gouvernementale, ne sont pas un service de statistique. La méthode de récolement des données n’a rien de scientifique et n’a jamais eu la prétention de l’être. Elle repose sur les délits constatés ou dénoncés, ayant donné lieu à élucidation. Donc préalablement à enquête. Or la distribution des effectifs et des moyens (limités, et de plus en plus du fait de ce même Gouvernement) dépend pour l’essentiel des directives données par ce même Gouvernement.

Je m’explique. Le Gouvernement estime que l’opinion publique, qu’il confond hélas trop volontiers avec le peuple souverain, est particulièrement remontée contre les vols à la tire (les pickpockets) ou à l’arraché (qui en est une variante un peu plus bourrin) dans les transports en commun. Le ministre de l’intérieur va demander aux forces de police de mettre la pression contre cette délinquance. Le commissaire de police va recevoir cette instruction et va redistribuer ses effectifs, qui préalablement luttaient contre les violences faites aux personnes, sur les voleurs du métro. Mécaniquement, le nombre d’interpellation pour des faits de violence va baisser. Les policiers interviendront toujours lors d’une bagarre, mais n’arrêteront personne pour des faits de violences légères, puisque leur mission est de surveiller les voleurs à la tire. Un délit constaté de moins = baisse de la statistique correspondante, sans que la réalité n’ait changé en quoi que ce soit. En revanche, plus de voleurs à la tire seront arrêtés (car la police reste malgré tout plutôt efficace dans son boulot). Augmentation de la statistique, sans lien avec l’évolution de la réalité. Voilà la méthodologie qui préside à la confection de ces statistiques.

C’est pourquoi le ministre peut proclamer des chiffres aussi aberrants, et sans hélas faire tiquer qui que ce soit, qu’une augmentation de 138% en un an de la délinquance roumaine. Personne ne fait le lien avec une autre donnée, qui indique que 13,65% des auteurs de ces vols seraient Roumains (sous-entendu : Roms). C’est-à-dire que 13,65% des délinquants sont responsables d’une augmentation de 138% des délits. Qui a dit que les Roms étaient des feignants ?

D’autant plus que pour fréquenter un peu les prétoires parisiens, je suis assez bien placé pour savoir qu’il existe aussi une délinquance roumaine non-rom, assez active ces derniers mois, dite de l’escroquerie aux « Yes-card ». Une Yes-card est une fausse carte de crédit qui, quel que soit le code que vous tapez, renvoie toujours une réponse positive au lecteur, faisant croire que la banque a accepté la transaction. Des Roumains achètent ainsi des vêtements de marque et des parfums, et vont les revendre à Bucarest. C’est une atteinte aux biens, commise par des Roumains, mais pas par des Roms. Sauf dans les statistiques de M. Hortefeux.

Brisons là, ce billet mérite je pense d’être soumis à vos commentaires. Le deuxième volet sera centré sur le droit des étrangers et portera sur les mesures actuelles d’expulsion, pour lesquelles le Gouvernement use selon les cas de deux méthodes : soit violer la loi, soit se payer votre tête.

Et fort cher, si ça peut vous consoler.

* Texte paru en 08/2010

Non, les Roms ne sont pas nomades… et autres clichés

http://www.liberation.fr/societe/2012/08/22/non-les-roms-ne-sont-pas-nomades-et-autres-cliches_840988

revue de quelques idées reçues qui ont la vie dure.

Par CORDÉLIA BONAL

Pour deux tiers des Français, les Roms sont «un groupe à part», si l’on en croit un sondage mené cette année par la Commission nationale consultative des droits de l’homme. A part comment ? Revue de quelques clichés qui collent à la peau des Roms.

Cliché numéro 1 : ils sont nomades par nature

«Il n’y a pas de Roms ou de Tsiganes nomades. Du tout.» Martin Olivera, anthropologue membre de l’Observatoire européen Urba-rom et formateur en Seine-Saint-Denis auprès de l’association Rues et Cités, est clair : «Il n’y a qu’une petite minorité de groupes qui ont une tradition de mobilité saisonnière, sur de petites distances et toujours à partir d’un point d’attache, lié à leur travail : ferronerie, musique… Mais l’immense majorité d’entre eux est sédentaire.» D’où vient alors ce cliché du bohémien de grands chemins ? Il n’a pas toujours existé. «Ce n’est que récemment que l’étiquette « nomade » a été accolée aux Roms», rappelle le sociologue rom Nicolae Gheorghe dans une tribune publiée en 2010. «Dans les années 1930, l’Union soviétique a commencé à interdire aux artisans roms et à leurs familles de se déplacer à travers le pays pour chercher du travail. Les autorités soviétiques recouraient au qualificatif de « nomades » pour justifier la répression de ces Roms itinérants. Dans les années 1950, cette étiquette était reprise dans toute l’Europe centrale et orientale.»

Le Rom éternel errant est une pure construction politique, abonde Martin Olivera : «Cette image a été formée par les élites du XIXe siècle, au moment où s’est fabriquée l’identité nationale. Une identité liée à l’idée d’autochtonie, de filiation nationale. Par opposition, les Roms, appelés Tsiganes à l’époque, ont été désignés comme les étrangers, ceux « qui ne sont pas comme nous », qui seront toujours « d’ailleurs ». Peu importait qu’ils soient implantés en France depuis le XVe siècle.» Par la suite, l’instauration de lois et du «régime des nomades» en 1912 pour contrôler ces populations n’ont fait que figer ce stéréotype du nomadisme, poursuit le chercheur.

Quant à l’idée de peuple, bien des Roms se définissent d’abord par leur appartenance à leur pays ou localité d’origine plutôt qu’à une minorité supranationale mal établie. «Un Rom de Transylvanie ne va pas se sentir particulièrement proche d’un gitan de Perpignan», résume Martin Olivera.

Cliché numéro 2 : ils déferlent sur l’Europe

Il résiste mal aux chiffres. Certes, on dénombre entre 10 et 12 millions de Roms en Europe, dont six millions au sein de l’Union européenne. Ces chiffres, retenus par le Conseil européen, regroupent des communautés hétérogènes : «les Roms, les Sintés (Manouches), les Kalés (Gitans) et les groupes de population apparentés en Europe, dont les Voyageurs et les branches orientales (Doms, Loms).» Beaucoup sont Roumains (entre 500 000 et 2,5 millions de Roms) et Bulgares (environ 700 000).

En France, ensuite : on estime cette population rom, gens du voyage compris, à 500 000 personnes, essentiellement Français et installés. Les Roms «migrants», ceux dont il est question dans le débat public, seraient 15 000, dont une moitié d’enfants, selon diverses estimations, dont celle du collectif Romeurope. Présents pour la moitié en région parisienne, les autres principalement autour de Lille, Lyon et Marseille, ils sont pour la plupart Roumains et Bulgares. Or, ce chiffre est stable depuis plusieurs années malgré les politiques d’expulsions. Autrement dit, ce sont les mêmes groupes qui vont et viennent, via le système, critiqué, des aides au retour. Ce qui invalide l’idée, chère au Front national, d’un réservoir inépuisable de millions de Roms prêts à débarquer.

D’autant que «tous les Roms de Roumanie ne sont pas pauvres et marginaux», rappelle – si besoin est – Martin Olivera. Car les Roms migrants sont d’abord des migrants économiques comme tant d’autres, comme l’ont été les Portugais et Italiens par le passé. Le chercheur en veut pour preuve que le taux d’émigration est le même chez les Roms et chez les Roumains (environ 10%). Enfin, les Roms ne sont pas des populations sans attache. «Ce sont des gens qui ont des lieux d’origine, on n’a pas affaire à un peuple qui aurait vocation à se déverser vers l’ouest comme si l’Europe était en pente.»

Cliché numéro 3 : ils s’entassent dans des bidonvilles

Les Roms n’ont ni pour idéal de vie ni pour tradition de s’entasser à 40 dans des squats. Ni de camper dans des recoins urbains. Pas davantage en Roumanie ou Bulgarie qu’en France. C’est une résultante de la précarité dans laquelle il sont plongés, recadrent de concert les associations. «Bien des Roms vivent le plus normalement du monde en appartement, dans des maisons, mais ceux-là sont « invisibles » aux yeux de la société. Il y a donc un effet de loupe sur les autres, qui sont en bidonville parce qu’ils n’ont pas d’autre lieu où aller», souligne Malik Salemkour, vice-président de la Ligue des droits de l’homme et cofondateur de Romeurope. «Leur idéal de vie ce n’est pas de constituer des immeubles des Roms ! Ils aspirent à se disperser, à s’installer et à sortir de la stigmatisation.»

Le regroupement ? Un réflexe d’entraide et de sécurité. «Il y a chez les Roms une culture familiale forte, mais pas plus que chez les migrants chinois ou africains, sans que pour ces derniers on ne parle de clanisme», note Malik Salemkour.

Cliché numéro 4 : tous des voleurs de poules

Ou de tuyaux de cuivre. On se souvient des «problèmes que posent les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms» érigés priorité nationale par Nicolas Sarkozy en juillet 2010. Ou des impressionnantes statistiques du ministère de l’Intérieur d’où il ressortait une subite explosion de la «délinquance impliquant des ressortissants roumains», comprendre Roms. 

Là encore, conséquence de la précarité et de la stigmatisation, répondent les associations. Les ressortissants roumains et bulgares, citoyens européens depuis 2007, font l’objet jusqu’au 31 décembre 2013 de «mesures transitoires» qui, de fait, les excluent du marché du travail. S’ajoute à cela la faible qualification globale de ces familles, même s’il y a toujours des exceptions. D’où le développement, chez les Roms migrants des bidonvilles, d’une économie parallèle où coexistent mendicité, travail au noir, mais aussi, aucun observateur ne le nie, revente de ferraille, vols et trafics. «Là-dessus, on a construit des statistiques par une politique de profilage ethnique», dénonce Malik Salemkour. «Evidemment, quand on crée un délit de mendicité et qu’on arrête une famille qui a l’air de ressembler à des Roms, on fait du chiffre.»

Cliché numéro 5 : ils ne veulent pas parler français

Dans les bidonvilles, la plupart des enfants, quand ils sont scolarisés comme le prévoit la loi française pour les moins de 16 ans, apprennent assez vite le français. Les choses se compliquent avec les expulsions, qui entraînent une rupture de la scolarisation. Même difficulté chez les parents, qui sont généralement accompagnés dans leur apprentissage du français par des associations, comme pour beaucoup de primo-arrivants. Les Roms migrants parlent souvent deux langues : le romanès et la langue de leur pays d’origine. Reste que l’illetrisme est, chez eux, une réalité. Ainsi, en Roumanie, 30 % des Roms adultes sont analphabètes et n’ont jamais été scolarisés en raison de leur situation de pauvreté, selon une étude de l’Unesco. En France, leur apprentissage de la langue est facilité par la proximité du roumain, langue latine, avec le français.

Communique de la LDH Bayonne concernant les gens du voyage

 

LA LIGUE DES DROITS DE L HOMME BAYONNE ET LES GENS DU VOYAGE

 

La LDH manifeste vivement son indignation quant au choix du terrain qui a été affecté à l’Association « La vie du voyage », le mardi 30 juillet -sur le site de l’ancienne usine SAFAM6

Mousserolles Port de Mouguerre.

Après visite, ce terrain nous est apparu insalubre et dangereux en particulier pour les enfants

(proximité immédiate de la voie ferrée, boite électrique ouverte et posée au ras du sol, accès au terrain par un chemin étroit qui sert d’entrée et de sortie aux véhicules, entassement de plus de 100 caravanes derrière des grilles….)

Qu’en est-il de l’application de la loi par les municipalités concernées quant à l’aménagement des aires d’accueil ?

Nous sommes indignés par la façon dont sont traités ces femmes, ces hommes et leurs enfants

 

Fait à Bayonne, le 31 juillet 2013

LDH Bayonne

MVC Polo Beyris

Avenue de l’Ursuya

64100 – BAYONNE

Suspecté d’avoir volé un scooter, il est tué par un gendarme

La LDH AQUITAINE souhaite rappeler l’article 122-5 du Code Pénal :

Article 122-5

N’est pas pénalement responsable la personne qui, devant une atteinte injustifiée envers elle-même ou autrui, accomplit, dans le même temps, un acte commandé par la nécessité de la légitime défense d’elle-même ou d’autrui, sauf s’il y a disproportion entre les moyens de défense employés et la gravité de l’atteinte.

 

N’est pas pénalement responsable la personne qui, pour interrompre l’exécution d’un crime ou d’un délit contre un bien, accomplit un acte de défense, autre qu’un homicide volontaire, lorsque cet acte est strictement nécessaire au but poursuivi dès lors que les moyens employés sont proportionnés à la gravité de l’infraction.

Jean-Marie Lelièvre

Délégué Régional

 

Société
31 juillet 2013 à 19:41

Poursuivi par des gendarmes de Biscarrosse, il aurait tenté de s’opposer à son interpellation en les menaçant d’un tournevis. L’un des militaires a tiré.

Par AFP

Un homme pris en chasse mercredi vers midi par deux gendarmes, alors qu’il circulait sur un scooter déclaré volé et sur lequel l’un des deux militaires avait tiré alors qu’ils tentaient de l’interpeller à Biscarrosse (Landes), est décédé à l’hôpital, a annoncé le parquet. «La personne est décédée à l’hôpital Pellegrin de Bordeaux», a déclaré à l’AFP le procureur de la République de Mont-de-Marsan, Jean-Philippe Récappé, quelques heures après que l’homme a été héliporté vers cet hôpital, victime d’un tir par balle au niveau de l’aine.

L’homme, qui doit encore être identifié, conduisait un scooter déclaré volé à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) et semblait circuler de pavillon en pavillon, d’où son signalement aux deux gendarmes qui se sont lancés à sa poursuite, également à bord d’un scooter, après signalement de la plaque d’immatriculation. Selon les premiers éléments de l’enquête, l’homme aurait jeté son scooter à terre et aurait menacé l’un des deux militaires, encore installé à l’arrière du scooter utilisé pour le poursuivre, avec un tournevis. Il aurait tenté de lui porter un coup, ce qui aurait amené le collègue du gendarme visé à tirer une première fois, sans atteindre l’agresseur présumé. Ce tir ne l’aurait pas dissuadé et il aurait une deuxième fois tenté d’agresser le gendarme. C’est alors qu’un deuxième tir est parti, qui l’a touché à l’aine.

L’homme a ensuite été héliporté jusqu’au CHU Pellegrin à Bordeaux, où il est décédé dans l’après-midi. Selon le procureur, une autopsie doit désormais être pratiquée. L’auteur du tir, appartenant à la compagnie de Parenthis-en-Born (Landes), a lui été placé en garde à vue. L’enquête est confiée à la section de recherches de la gendarmerie de Pau. L’Inspection générale des services est également saisie.

L’incident intervient deux jours après une autre interpellation mouvementée, dimanche soir, également dans les Landes. Un gendarme de 27 ans avait alors blessé par balle un forcené, à Vieux-Boucau. Le gendarme avait été appelé pour un conflit familial entre cet homme de 42 ans et la famille de son ex-compagne chez qui il se trouvait.

Lors de l’intervention des militaires, le forcené aurait proféré des menaces avant de foncer sur les gendarmes, un couteau à la main, avait indiqué le parquet. Le gendarme avait alors tiré sur le «forcené», le blessant au bas-ventre. Brièvement placé en garde à vue, le militaire a été laissé libre lundi soir, alors que l’enquête, qui n’est pas terminée, semble pencher pour la légitime défense.

Saint-Jean-de-Luz : les gens du voyage bloquent la ville, la police intervient

Pour protester contre leur expulsion, les gens du voyage ont décidé de manifester. 150 policiers étaient mobilisés.

Les gens du voyage ont manifesté contre leur expulsion, paralysant la ville

Les gens du voyage ont manifesté contre leur expulsion, paralysant la ville (Mollo Nicolas)

Les téléphones portables sonnent, en face de la halte routière, vers midi. « Vous êtes où ? On est à la gare ! » Un petit groupe de gens du voyage se reforme. Quelques minutes plus tôt, ils avaient pris la fuite quand les CRS s’étaient invités à leur manifestation improvisée devant le marché des Halles. « Ils mettent les cousins », plaisante Mario, en entendant un air de musique gitane diffusé dans un commerce. Hier en fin de matinée, un jeu de chat et de la souris s’est engagé entre les forces de l’ordre et la communauté de gens du voyage. Ces derniers s’étaient installés illégalement sur le terrain de sport de Chantaco, jeudi dernier.

Les CRS ont en effet été dépêchés sur les lieux à la suite d’une mise en demeure de la préfecture, celle-ci prévoyant l’expulsion des 250 caravanes parquées à la sortie de la ville. Les gens du voyage trouvent la décision injuste. « On n’est pas des bandits, on n’est pas des voleurs, on est des commerçants », s’emporte Jean. « Des communes comme ça ne veulent pas de nous ! »

« On n’est pas des ouailles », peste Mario. « Ils n’ont pas fait ce qu’il fallait pour nous accueillir, il fallait bien qu’on se mette quelque part. » « On est pacifiques, précise Franck. On ne cherche pas l’affrontement, on essaie juste de se faire entendre. » Pour se faire entendre, les gens du voyage ont mené diverses actions qui ont fini par paralyser la ville pendant quelques heures.

L’intervention des forces de l’ordre a démarré à 7 heures du matin à Chantaco. Les gens du voyage ont alors obstrué l’entrée du stade en y plaçant des fourgons blancs. Le bras de fer commençait. Vers 8 h 30, ils ont tenté de bloquer l’autoroute à l’entrée de Saint-Jean-de-Luz. Puis, en fin de matinée, ils ont occupé le rond-point des Pyrénées, entraînant des bouchons sur la D810 jusqu’à Guéthary.

Sur le pont reliant Saint-Jean-de-Luz à Ciboure se trouvaient, vers 11 heures, dix cars de CRS et une dizaine de motos. Un peu plus loin, un petit groupe de gens du voyage manifestait à l’entrée du port de Larraldenia. En début d’après-midi, la route de Chantaco a été barrée par les gendarmes, entravant la circulation entre Saint-Jean-de-Luz et Saint-Pée-sur-Nivelle.

Au total, quelque 150 hommes ont été déployés par les forces de l’ordre. Ce qui n’a pas empêché la situation de devenir ubuesque à la mi-journée, avec des routes bloquées et des CRS un peu partout.

Les gens du voyage ont consenti à évacuer le terrain, vers 15 heures, après qu’une caravane a été emmenée par la fourrière et que deux des leurs ont été interpellés. L’un, vers 11 h 30 à la gare, pour avoir tenté d’entraver les voies de chemin de fer ; l’autre, aux abords du camp, vers 14 h 30. Les deux hommes ont été relâchés vers 16 heures.

Un policier a subi de multiples fractures du poignet en chutant alors qu’il tentait de stopper certains d’entre eux qui courraient sur les rails. « Deux interpellations, un blessé grave, et des entraves à la circulation : ce type de bilan n’est jamais très satisfaisant », regrette le commissaire Thibault Roux. Avant d’ajouter : « Il était temps que ça s’arrête. »

Il est alors 16 heures et les caravanes sont en train d’évacuer le terrain. Les gens du voyage ont finalement été redirigés vers l’ex-terrain de la Safam à Bayonne, précédemment occupé par des forains pendant les fêtes.

Pays basque : 300 caravanes expulsées, Saint-Jean-de-Luz paralysée

SUD-OUEST

Par M. S., F. L. et A. D.

La préfecture a signé un arrêté de mise en demeure d’évacuation des gens du voyage sur le site de Chantaco, à Saint-Jean-de-Luz. L’expulsion est compliquée et la circulation ralentie ce mardi matin

A l'entrée du stade, les gens du voyage discutent avec des CRS.|| Florian Laporte
(Florian Laporte)
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A l’entrée du stade, les gens du voyage discutent avec des CRS.
 

Ce mardi matin, l’évacuation des 250 caravanes a commencé à Saint-Jean-de-Luz. Mais déjà, depuis 9 heures, la route de Chantaco est bloquée à la circulation.

Toutes les entrées et sorties de la ville sont difficiles d’accès voire totalement bloquées.

La circulation est au ralenti même à Ciboure où une manifestation de gens du voyage a lieu ce mardi à 10h45, au niveau du rond-point du port de Larraldenia. Les manifestants filtrent la circulation. Les automobilistes s’impatientent.

10 camions de CRS et une dizaine de motos sont postés sur le pont Charles de Gaulle. L’ambiance reste assez calme malgré tout.

Suite à l’arrivée jeudi soir, de 250 à 300 caravanes (selon la police), une centaine de familles (selon un représentant de la communauté) ont pénétré sans autorisation sur les terrains de rugby et de football, situés le long de la Nivelle, à Saint-Jean-de-Luz. La préfecture a signé dans la foulée un arrêté de mise en demeure d’évacuation.

Plusieurs recours ont été déposés au tribunal administratif pour éviter l’expulsion. Selon la mairie de Saint-Jean-de-Luz, ces démarches n’ont pas abouti.

Le business des aires d’accueil de gens du voyage

Libération

http://www.liberation.fr/societe/2013/07/26/le-business-des-aires-d-accueil-de-gens-du-voyage_920807

26 juillet 2013 à 16:27
Une aire d'accueil à Agde, en 2010. 

Une aire d’accueil à Agde, en 2010. (Photo Anne-Christine Poujoulat. AFP)

    enquête Au cœur de polémiques de la part des élus de droite ces dernières semaines, ces espaces sont en partie gérés par des prestataires privés qui brassent des millions d’euros d’argent public.

    Par GUILLAUME GENDRON

    Corvée pour de nombreux maires, comme l’a encore démontré l’escalade polémique des élus de droite ces dernières semaines, l’accueil des gens du voyage est aussi un business. Si la majorité des aires allouées aux gens du voyage sont administrées directement par les municipalités et quelques associations, le fonctionnement de 40% d’entre elles a été délégué à des sociétés privées. Depuis la publication de la loi Besson en 2000, qui oblige les communes de plus de 5 000 habitants à se doter de ces équipements, une poignée d’entrepreneurs se sont engouffrés dans la brèche et ont créé des PME qui brassent aujourd’hui des dizaines de millions d’euros d’argent public. Le coût de gestion d’une aire est très variable, mais peut facilement dépasser une centaine de milliers d’euros par an pour les plus grosses d’entre elles.

    La Cour des comptes leur a consacré un large chapitre de son rapport sur les gens du voyage fin 2012. Et conclut qu’il est «nécessaire que l’Etat s’implique dans ce secteur d’activité encore inorganisé et en fort développement, qui n’est pas exempt de risques pour les finances publiques et la qualité du service rendu aux usagers.»

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    «Ah bon, c’est géré ces aires d’accueil ?»

    Fondée en 2003 par l’entrepreneur lyonnais à fibre sociale Alain Sitbon, la société SG2A L’Hacienda emploie 250 personnes et réalise un chiffre d’affaires annuel de 10 millions d’euros. Précurseur en la matière et longtemps leader du créneau, L’Hacienda est en charge de 200 aires réparties dans toute la France, et a été récemment rachetée par le groupe Saur, numéro 3 de l’eau en France, qui administre par ailleurs aussi bien des campings que des crématoriums pour le compte de collectivités.

    Richard Arnould, le directeur de L’Hacienda, nous fait visiter une de ses aires, à Sannois (Val-d’Oise). En route, il revient sur les idées reçues autour de son activité : «Souvent les gens me disent « ah bon, c’est géré ces aires d’accueil ? » Je passe mon temps à expliquer mon job à ceux qui ne comprennent pas comment on peut faire du business avec les gens du voyage…»

    L’aire de Sannois est située aux abords directs de la ville. Une exception. « La plupart du temps, c’est caché au fin fond de la zone industrielle, derrière la déchetterie. Là, on voit que la municipalité a fait un effort. C’est un peu la version « premium » de ce qu’on gère», remarque Richard Arnould. Effectivement, l’aire fait figure de modèle – bien entretenue, agréable, ombragée, proche des commerces et des services publics. Les familles qui vivent ici sont installées depuis septembre, et leurs enfants scolarisés dans l’école du quartier. Au milieu des vieilles caravanes et des Twingo qui ont bien une quinzaine d’années, deux ados se rafraîchissent dans une petite piscine gonflable, pendant qu’une dame âgée nettoie méticuleusement son emplacement. «On est bien ici, dit Marie Thérèse. Avant on vivait dans la boue des terrains vagues, sans eau ni électricité et en plus on se faisait engueuler.»

    Les agents d’accueil, cerbères à tout faire

    Contrairement aux idées reçues, l’utilisation d’une aire d’accueil n’est pas gratuite. Les familles louent les emplacements à la journée (à Sannois c’est 3 euros par jour) et payent l’eau et l’électricité, à des tarifs souvent bien supérieurs à la normale. Comme le remarque la Cour des comptes, les niveaux de tarification «sont disparates, parfois difficiles à expliquer et à l’origine d’inégalités de traitement entre usagers». Ils vont de la gratuité dans certains départements (comme les Côtes-d’Armor) jusqu’à une dizaine d’euros par jour, accompagnés de cautions volontairement prohibitives dans certains cas.

    C’est à «l’agent d’accueil» de recouvrer les paiements et de faire respecter le réglement intérieur. Bien souvent un sacerdoce, qui demande un certain tact. «Les agents stricts, anciens militaires ou policiers, ça ne marche pas, explique Gaetan Cavaignac, responsable territorial à L’Hacienda. Il faut être dans le dialogue permanent parce que si on est dans le rapport de force, on perd. Ils sont bien plus forts que nous dans ce registre-là. Agent d’accueil, c’est un feeling, faut pas devenir « complice » et se faire manipuler pour autant, mais on est pas gardiens de la paix non plus.»

    Les agents d’accueil sont à la fois régisseur du Trésor public, électricien, écrivain public, assurant la maintenance et l’entretien de l’aire tout en jouant les médiateurs et les gardiens. Le turn-over est important – «sur certaines aires, il y a des agents qui ne tiennent pas trois heures» – et le recrutement difficile, vu la diversité des compétences à réunir. D’autant plus qu’aucune formation n’existe pour ce nouveau métier, non reconnu par la fonction publique et pas encore identifié par Pôle Emploi. Anne-Charlotte, l’agent en charge de l’aire de Sannois, a trouvé son poste sur LeBonCoin.fr, après un BEP hôtellerie. Elle gagne 1 800 euros et a été formée par L’Hacienda en quelques mois. De nombreux d’agents d’accueil sont cooptés. Pour les magistrats de la Cour des comptes, il s’agit d’un «métier spécifique à mieux organiser et professionnaliser».

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    Direction une seconde aire, à Plaisir (Yvelines). Changement de décor. Au bord d’une route passante, l’emplacement se présente comme un grand parking bétonné, écrasé par le soleil, avec quelques bordures de végétations jaunies. Les tentes de jardin clouées dans le bitume offrent les seuls points d’ombre. «Une petite aire d’accueil, entre 12 et 24 places, c’est de l’ordre d’un million d’euros à construire. Certains maires choisissent donc la formule « strict minimum ». Mais c’est loin d’être la pire. Il y a des aires qu’on a presque de honte de gérer tellement elles sont peu adaptées. Nous, on fait avec ce que la municipalité nous donne.»

    «Prestataires peu scrupuleux»

    Si L’Hacienda et son principal concurrent Vago font plutôt figure de bons élèves, certains gestionnaires sont accusés par les associations de rogner au maximum sur l’entretien pour se dégager une confortable marge à partir de la manne publique versée par les collectivités. «J’ai conscience que certains prestataires peu scrupuleux dévoient la réglementation», a déclaré Cécile Duflot lors du colloque sur les gens du voyage organisé par les parlementaires socialistes à l’Assemblée le 17 juillet.

    La société Gens du Voyage, basée à Marseille, est montrée du doigt par la Cour des comptes. «Le chiffre d’affaires de la GDV, constitué à plus de 80 % de fonds publics, a sensiblement augmenté au cours des dernières années. En 2009, près d’un tiers de ce chiffre d’affaires (3,25 millions d’euros) est revenu sous forme de rémunération ou de distribution de dividendes à la gérante de la société et n’a pas été réinvesti dans l’activité.»

    Quelques mois avant la publication du rapport, un article paru dans Charlie Hebdo s’était penché sur «le juteux business des aires d’accueil», accusant GDV, par ailleurs critiquée par les associations pour la gestion «sécuritaire» de la vingtaine d’aires sous sa responsabilité, de s’en mettre «plein les poches, légalement mais dans des proportions insoupçonnées».

    Romain Klumpp, en charge de la communication de l’entreprise, réfute les allégations : «L’article précise bien que tout est fait « légalement ». Il n’y a rien à ajouter. Si on fait des bénéfices, c’est qu’on fait bien les choses. Nous, on a jamais demandé de rallonges aux collectivités. Sur nos terrains, il n’y a ni impayés, ni dégradations, ni dépassement du temps de séjour. Contrairement à ailleurs. Nous, on sait parler aux gitans et se faire respecter, et c’est réciproque.» Un ancien employé affirme pourtant le contraire. «Pour ce qui est de l’entretien de l’aire, chaque euro, chaque poste économisé, c’est de l’argent qui va directement dans la poche du prestataire. On attend des jours pour leur remettre l’électricité quand il y a une panne, et on leur fait payer des sommes délirantes pour de soi-disant dégradations, comme 200 euros pour un étendoir à linge !»

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    Entretien minimum et liste d’indésirables

    L’entretien minimum des aires a un autre avantage : dissuader les voyageurs de s’y arrêter, d’autant plus quand les tarifs sont élevés. «GDV bosse généralement avec les élus qui ne veulent pas de gens du voyage sur leur commune, notamment dans le Sud, assène l’ancien agent de GDV. L’aire est un alibi pour pouvoir mieux les virer. On interdit l’accès des aires à des familles entières sur la base de listes nominatives, pour des soi-disant troubles ou dettes. Généralement, rien n’est avéré, que ce soit pour les vols ou dégradations. Il n’y a pas de dépôt de plainte, c’est juste l’avis du gardien. Il y aussi une liste noire des familles, basée sur leur simple réputation» ajoute-t-il. Libération a pu attester effectivement de l’existence de listings de dettes nominatifs mais pas de «liste noire». «Nous avons effectivement quatre familles interdites de séjour, répond Romain Klumpp. Ces personnes avaient agressé une de nos conseillères sociales. Pour le reste, nous nous basons sur les réglements intérieurs rédigés par les municipalités».

    Ces réglements intérieurs sont au centre des revendications des «voyageurs», dont l’Association nationale des gens du voyage catholique (ANGVC). Pour son délégué général, Marc Béziat, «ils sont rédigés en bonne intelligence avec les prestataires. On y remarque des dispositions qui ont un esprit d’ingérence très fort sur la vie des familles. On va prendre les cartes grises des caravanes par exemple, ce qu’aucun policier ou gendarme ne ferait. On parque les gens tout en les poussant à partir. Dans certains cas, c’est plus un lieu de gardiennage qu’un lieu d’habitat.» A titre d’exemple, GDV se targue d’avoir des agents d’accueil en poste vingt-quatre heures sur vingt-quatre, 7 jours sur 7.

    Si l’activité des gestionnaires privés n’est pas remise en cause par les autorités, ces derniers apportant un savoir-faire souvent bienvenu aux municipalités, la ministre du Logement a fait part de sa volonté d’assainir le secteur. A l’heure actuelle, selon Cécile Duflot, «la gestion des aires d’accueil ne garantit ni la conformité des aménagements aux normes techniques, ni l’utilisation efficiente des fonds publics». L’harmonisation des durées de séjour, de la tarification et des réglements intérieurs est une priorité pour empêcher certaines aires de se devenir de simples «alibis» inoccupés. Qui sont souvent à l’origine des installations illicites qui enragent tant les élus.

    Le couple gay d’Arcangues enfin marié

    Sud-Ouest

    22 juillet 2013 à 19:09
    Jean-Michel Martin (g) et Guy Martineau-Sepel, le 15 juin 2013 à Arcangues.

    Jean-Michel Martin (g) et Guy Martineau-Sepel, le 15 juin 2013 à Arcangues. (Photo Gaizca Iroz. AFP)

    Le maire et ses adjoints s’étaient dans un premier temps opposés à cette union, avançant des convictions personnelles.

    Par AFP

    Guy Martineau-Espel et Jean-Michel Martin, le couple d’hommes confronté pendant près d’un mois au refus du maire de leur village de les unir, ont finalement pu se marier lundi, lors d’une brève cérémonie célébrée à la mairie d’Arcangues (Pyrénées-Atlantiques) en présence d’une trentaine de personnes, a constaté l’AFP. «Je vous déclare mariés», a dit un peu après 17h30 l’adjoint au maire chargé de la culture, Didier Maisterrena, déclenchant les applaudissements d’une assistance jusque-là figée dans un silence très ému. Les époux se sont embrassés et Guy Martineau-Espel a versé de chaudes larmes. «On va simplement faire la fête chez nous», a dit en sortant Jean-Michel Martin. «Tout ça pour ça, on y est arrivés», a-t-il ajouté avant de repartir avec son mari, de deux ans sont cadet, dans une décapotable noire.

    Guy Martineau-Espel et Jean-Michel Martin, 53 et 55 ans, vivent ensemble depuis 17 ans. Ils avaient signalé dès la fin mai au maire divers droite, Jean-Michel Colo, leur souhait de se marier à Arcangues, commune basque de 3 000 habitants, où ils vivaient depuis dix ans. Mais celui-ci, soutenu par une partie de son conseil municipal, refusait de célébrer ce mariage, arguant dans un courrier adressé au préfet qu’il refuserait, tant qu’il serait à la tête de sa commune, de marier des couples du même sexe.

    Ce projet de mariage était le premier en France à avoir déclenché la résistance de tout un exécutif municipal, alors que la loi avait déjà été promulguée. Le 27 juin, un des adjoints avait fini «par se porter volontaire pour célébrer le mariage Taubira», selon un communiqué du maire.

    Face à ce refus le couple, qui souhaitait pourtant un mariage discret, avait finalement porté plainte pour discrimination auprès du procureur de la République à Bayonne, une plainte visant le maire et ses adjoints, qu’ils ont également assignés en référé.

    Sur la censure..

    http://wp.me/p21cdX-1ib

    Il est encore temps de signer la pétition contre cette censure imposée à MEDIAPART.