Catégorie : Presse

Un cours nouveau !

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Merci à Médiapart.

Le collectif girondin Droit de vote 2014 se mobilise en faveur du droit de vote aux étrangers

Droit de vote des étrangers : objectif 2014

POLITIQUE LDH, SOS Racisme, CGT, FSU…

Le collectif Droit de vote 2014.

Le collectif Droit de vote 2014. (photo T. L.)

Après le projet de loi sur le mariage pour tous, place désormais au droit de vote pour tous. C’est – en résumé – ce que réclament les membres du collectif Droit de vote 2014. « Si je suis élu, j’accorderai le droit de vote pour les élections locales aux étrangers résidant légalement en France depuis cinq ans » avait promis le candidat François Hollande durant la campagne présidentielle. La trentaine d’associations girondines qui militent en faveur d’une application rapide de ce droit espère maintenant que le chef de l’État tiendra parole avant les prochaines élections municipales de 2014.

« On nous dit qu’avec l’agitation des dernières semaines autour du mariage homosexuel, le gouvernement ne peut pas se permettre d’ouvrir un nouveau débat sur une question de société. Mais ce n’est pas notre problème, la majorité doit prendre ses responsabilités », plaide Jean-Claude Guicheney, président de la Ligue des droits de l’homme de Gironde et membre actif du collectif. Pour les militants de Droit de vote 2014, le temps presse car ce projet de loi ne fait, pour l’instant, pas partie des réformes constitutionnelles sélectionnées en Conseil des ministres pour être débattues en juin prochain devant le Congrès.

 

« Avec un référendum, la réunion exceptionnelle des deux chambres du Parlement (Assemblée nationale et Sénat) est le seul moyen de faire passer cette grande avancée démocratique », explique un autre partisan du droit de vote accordé aux étrangers non-communautaires (hors Union européenne).

Faire du lobbying De son côté, le gouvernement se défend de jouer la montre en arguant qu’il ne dispose pas actuellement de la majorité des 3/5, nécessaire à l’adoption d’une telle réforme. « Pas un problème » pour Sandrine Mallet, la chef de file de SOS Racisme Gironde. « Nous sommes prêts à aider les socialistes à faire du lobbying auprès des parlementaires centristes pour faire pencher la balance en notre faveur », explique-t-elle. Depuis le mois de décembre, une pétition, adressée à « Monsieur le Président de la République », est aussi disponible en ligne. Cette dernière a reçu quelque 45 000 signatures parmi lesquelles celles d’Europe Écologie Les Verts ou du Front de gauche.

Le droit des votes des étrangers aux élections locales a déjà été adopté par 19 des 27 pays de l’Union européenne. En France, il concernerait environ deux millions de personnes, dont 30 000 pour le seul département de la Gironde.

Bordeaux : un bar gay ciblé, le patron agressé à coup de crosse

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Merci à Sud-Ouest

 

Hollande tire les leçons de morale de l’affaire Cahuzac

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Lien vers l’article de MEDIAPART.

 

L’homophobie est un délit, et doit être punie

Lien vers le site de la section de Chancelade-Isle Beauronne en Périgord :

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Le droit peut-il humaniser la mondialisation ?

Marianne

Mercredi 10 Avril 2013
Philippe Petit –

Mireille Delmas-Marty, juriste et ancienne professeur au collège de France réhabilite l’humanisme dans son dernier livre, Résister, responsabiliser, anticiper. Un débat qu’ouvre Marianne.

 

Mireille Delmas-Marty, juriste et ancienne professeur au collège de France, chez elle, 1993 - CARR DAVID/SIPA 

Mireille Delmas-Marty, juriste et ancienne professeur au collège de France, chez elle, 1993 – CARR DAVID/SIPA
L’obstination de la rigueur et la force d’imagination. Ces deux expressions s’accordent parfaitement au tempérament de Mireille Delmas-Marty. Cette juriste de talent, qui fut professeur au Collège de France, ne désarme pas devant les difficultés de notre époque bousculée par le vent de la mondialisation. 

Son dernier livre, époustouflant de clarté, apporte une nouvelle preuve de sa détermination. Son titre, à lui seul – Résister, responsabiliser, anticiper, ou comment humaniser la mondialisation -, est un véritable programme de pensée ; il se présente comme une lettre d’intention, une sorte de précis humaniste, où le mot est pesé, la phrase, chevillée, et l’esprit, tendu comme un arc.

Qui dira que l’humanisme est mort, après l’avoir lu, se trompera. Car ce n’est pas parce que le droit fut souvent malmené, les droits de l’homme, vilipendés, par Marx, Péguy, Deleuze et bien d’autres, que la quête d’un droit commun de l’humanité s’est épuisée. Bien au contraire !

La mondialisation du droit, actuellement en cours, place l’humanité entière devant des problèmes et des solutions universels. Or c’est précisément à ces situations que se confronte Mireille Delmas-Marty.

Pédagogie de la complexité

Mireille Delmas Marty, chez elle, 1993 - CARR DAVID/SIPA 

Mireille Delmas Marty, chez elle, 1993 – CARR DAVID/SIPA
Née à Paris en 1941, elle appartient à la tradition éclairée du protestantisme français. 

Celle qui fut, à la fin des années 80, présidente de la commission justice pénale et droits de l’homme, et conseilla de nombreuses organisations internationales, plaide aujourd’hui pour une «pédagogie de la complexité» et prétend «lutter contre la démagogie de la simplicité», dans un style toujours limpide.

Son livre est le fruit de cette longue expérience. «Elle a le goût des réalités les plus lointaines et les moins explorées, dit d’elle Stefano Manacorda, professeur de droit à Naples. Elle est devenue une des voix les plus écoutées dans l’univers juridique chinois et a forgé des instruments d’avenir comme le procureur européen.»

Mireille Delmas-Marty ne se borne pas à poser des diagnostics, elle propose des remèdes susceptibles de conjurer le chaos.

Que ce soit sur les droits sociaux, le droit des étrangers, le droit de l’environnement, la justice pénale, les risques biotechnologiques, la juriste lance des alertes, sans jamais se complaire dans la dénonciation. Dans son livre, les pages qu’elle consacre à la responsabilité sociale des entreprises et de l’Etat ne sont pas lettre morte.

Elles indiquent le chemin de ce que pourrait être une responsabilité partagée, et le moyen d’éviter l’instrumentalisation du droit au profit du plus fort, celui des entreprises transnationales, notamment.

«Si Mireille Delmas-Marty était une devise, ce pourrait être : force, humanité, créativité», résume son collègue Laurent Neyret, professeur en droit privé. Il n’a pas tort. Son idée fixe n’est pas de savoir ce qu’est le droit, mais de savoir «ce qu’il peut».

Et ce n’est pas pour rien que cette femme férue des tableaux de Van Rogger et de Klee s’efforce de résoudre les ambivalences du droit à tous les niveaux : du simple citoyen aux organisations internationales. Quand les droits de l’homme redeviennent un dogme, elle recompose le tableau de nos espérances. «Je cherche à rendre perceptibles et visibles les données juridiques», nous disait-elle récemment.

Deux adjectifs qui s’appliquent à la peinture ! Ce n’est pas un hasard. Mireille Delmas-Marty nous aide à voir le droit tel un paysage en mouvement.

Résister, responsabiliser, anticiper, ou comment humaniser la mondialisation, de Mireille Delmas-Marty,
Seuil, 196 p. ,17,50 €.

Laurent Neyret

Professeur de droit à l’Université d’Artois, co-auteur du Que sais-je ? consacré au Crime contre l’humanité (PUF, 2009) 

Si Mireille Delmas-Marty était une devise, ce pourrait être : force, humanité, créativité.

La force d’abord, parce qu’il en faut pour construire une véritable œuvre qui rayonne aujourd’hui chez les juristes, quelle que soit leur spécialité et quelle que soit leur nationalité, et même bien au-delà du droit comme le montrait la diversité du public remplissant l’amphithéâtre pour ses cours au Collège de France.

La force déjà très tôt pour avoir eu l’audace dès le concours d’agrégation de proposer au jury un plan en trois parties alors que le droit est bien connu pour son raisonnement binaire.

L’humanité ensuite, dont elle est la gardienne chez les juristes tant Mireille Delmas-Marty n’a de cesse d’œuvrer pour un droit toujours plus humain dans notre société mondialisée. Dernièrement, n’a-t-elle pas dénoncé l’inhumanité de la rétention de sûreté et l’entrée dans la société de la peur qui s’en infère.

L’humanité, la personne n’en manque pas qui sait toujours écouter de manière généreuse les jeunes chercheurs qu’elle accompagne dans leur travail.

Lequel d’entre eux ne se souvient pas d’échanges dont il est sorti illuminé par la hauteur d’esprit de ce grand penseur et riche de nouvelles idées pour l’avenir. À titre personnel, on lui doit d’avoir trouvé le fondement de la proposition du crime d’écocide au travers de la préservation de la sûreté de la planète.

La créativité enfin, en ce que Mireille Delmas-Marty, à la façon d’un architecte, a su imaginer quel pourrait être le monde de demain. Que n’a-t-elle pas œuvré très tôt à la définition du crime contre l’humanité ? Que n’a-t-elle pas aussi perçu très tôt les problèmes juridiques soulevés par la révolution biomédicale, justifiant sa présence pendant plusieurs années au sein du Comité consultatif national d’éthique.

La vitalité de cet esprit créatif doit beaucoup à l’ouverture disciplinaire de Mireille Delmas-Marty qui, pour construire les contours d’un droit humain, n’a eu de cesse de puiser à la source d’auteurs comme Ricœur, Habermas ou Arendt.

Si Mireille Delmas-Marty était une œuvre d’art, ce pourrait être un tableau de Vieira da Silva reproduit sur le mur de son bureau et sur la couverture des Forces imaginantes du droit : La voie de la sagesse.

Bruno Cotte

Juge président de la Chambre de première instance II
Cour pénale internationale, La Haye.
 

Souvenirs :

«J’ai rencontré Mireille dans la seconde partie des années 1970 alors que, professeur à Sceaux, elle se passionnait pour le droit pénal des affaires. Etant moi même, à cette époque, chef du bureau qui, à la direction des affaires criminelles et des grâces du ministère de la justice, traitait des affaires de délinquance économique et financière, je lui ai ouvert un certain nombre de nos dossiers, en en préservant l’anonymat, afin de lui permettre de rendre ses recherches plus concrètes et, peut-être, de les illustrer.

Nous avons poursuivi notre route d’abord au sein de l’un des sous groupes de la commission de révision du code pénal traitant de ces mêmes questions, puis, quelques années plus tard, au sein de la commission «Delmas-Marty» dont Pierre Arpaillange, alors Garde des Sceaux, lui avait confié la présidence. J’étais alors moi même directeur des affaires criminelles et des grâces.

Mireille a ensuite réorienté ses activités vers le droit international et européen. Très absorbé par mes fonctions de Procureur de la République de Paris puis de président de la chambre criminelle de la Cour de cassation, nos relations se sont espacées.

J’ai toutefois assisté, et j’en étais très fier, à sa leçon inaugurale au Collège de France. Nous nous sommes retrouvés  lorsque j’ai été élu juge à la Cour Pénale internationale et nous avons alors participé à quelques rencontres iu colloques portant sur la justice pénale internationale. Et je l’ai à présent rejointe au sein de l’académie des sciences morales et politiques où elle siège dans la section « Sociologie » et moi dans la section « Droit, législation et jurisprudence ».»

Impressions :

« En juin 2009, m’exprimant au cours d’un colloque se déroulant à la Sorbonne et qu’avec d’autres, elle venait d’ouvrir, j’ai, aussitôt et prudemment,indiqué que, pour moi, juge de terrain, confronté aux réalités quotidiennes d’une affaire de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre, il était singulièrement difficile de prendre la parole après elle… elle venait en effet, comme seule elle est capable de le faire, de placer d’emblée le débat à un niveau particulièrement élévé… et j’ai ajouté que, pour moi qui avait si peu le temps de manier des concepts, c’était un bonheur de croiser régulièrement sa route car, chaque fois qu’elle ouvrait la bouche, elle me « tirait vers le haut »…

Et il est vrai qu’à ma connaissance, peu d’universitaires, spécialistes des questions juridiques, ont su, au cours de ces trente dernières années, renouveler au point où elle l’a portée, la réflexion sur le droit, observer et disséquer ses évolutions, lui faire quitter son cadre hexagonal pour l’ouvrir à l’universel.

Il suffit de se reporter à ce que furent ses leçons au Collège de France et de lire les livres qu’elle a récemment publiés pour en être vite convaincu.

Mireille au surplus, c’est évident, aime transmettre et sait transmettre or tel est précisément le rôle qui est dévolu aux universitaires. Et elle s’adresse aux jeunes comme aux moins jeunes, son souci étant, en la renouvelant, de favoriser la réflexion sur le droit, sous toutes ses formes, dans toutes ses « forces » et d’inciter à la poursuivre toujours plus loin.

Et elle le fait à sa façon : comme le roseau qui ploie mais ne rompt point, sa frêle silhouette traverse les océans et, sous tous les cieux, bravant la fatigue, c’est d’une voix douce et persuasive, qu’elle enseigne, qu’elle passionne et, j’y reviens, qu’elle transmet… et le message passe car la fragilité n’est qu’apparente, le magnétisme est réel et l’autorité certaine !

Au delà même de la communauté des juristes, nous avons tous de la chance de pouvoir bénéficier de l’intelligence, de la pensée et de l’inlassable travail de Mireille. »

Stefano Manacorda

Professeur de droit pénal à l’université de Naples II

Mireille Delmas-Marty, juriste d’ailleurs. 

L’œuvre et la figure de Mireille Delmas-Marty échappent à toute possibilité de classement dans les catégories traditionnelles auxquelles les juristes ont d’habitude recours et se nourrissent d’une série de paradoxes apparents, la figure rhétorique la plus récurrente dans ses écrits.

Mireille Delmas-Marty est tout d’abord une « juriste hors-norme » pour le caractère exceptionnel de sa réflexion, la constance de son dévouement à la recherche, la pérennité des résultats auxquels elle est parvenue comme en témoigne la liste impressionnante de ses publications et des titres qui jalonnent sa carrière.

Mais elle est aussi la juriste du « pluralisme ordonné », celle qui a su combiner l’analyse du droit – discipline rigide et hiérarchisée par excellence – avec la variété de ses déclinaisons, parvenant ainsi à décrire le monde des normes avec une efficacité et une plasticité rares.

« Juriste de l’imagination », elle a très tôt dépassé la simple approche positiviste au profit d’une reconstruction théorique extrêmement raffinée, où cohabitent la rigueur de son engagement avec la poésie de son esprit : dans le pays des nuages ordonnés, le point d’observation privilégié, c’est la complexité du droit.

Mais MDM, comme ses amis l’appellent, est surtout une « juriste d’ailleurs ». Pour le regard qu’elle a su poser, dès ses premiers pas, sur les réalités les plus lointaines et les moins explorées, elle est devenue une des voix les plus écoutées dans l’univers juridique chinois et a forgé des instruments d’avenir comme le procureur européen. Par le rayonnement mondial et l’accueil enthousiaste de son œuvre, elle a influencé la formation de juristes aux quatre coins du monde.

Alain Supiot

Occupe la chaire d’Etat social et mondialisation: analyse juridique des solidarités, Collège de France 

Dans un livre tout récent, Lauréline Fontaine se pose et nous pose la question suivante : Qu’est-ce qu’un grand juriste ?, (Lextenso, 2012). Le paradoxe de cette question est qu’il est aussi malaisé d’y répondre de façon théorique, que facile de s’accorder sur les noms de ceux qui méritent ce qualificatif. Il en va des juristes comme des joueurs de jazz, qui savent bien entre eux quels sont les « grands », indépendamment du box office et des parts du marché du disque.

Mireille Delmas-Marty fait sans nul doute partie de ces « grands juristes », dont tout le monde s’accorde à considérer qu’ils ont puissamment contribué à faire progresser notre compréhension du droit et des institutions. Elle a été l’une des premières à percevoir l’effritement des cadres nationaux où s’était enfermé la pensée juridique depuis le XIXème siècle et la nécessité d’élargir notre horizon intellectuel au-delà de ces deux enfants du droit romano-canonique, que sont la Common Law et le droit dit continental.

Cet élargissement, elle ne l’a pas seulement pratiqué dans ses recherches, mais aussi en inventant du neuf au plan pédagogique (c’est à elle que l’on doit que toute une génération de jeunes juristes chinois se soit initié à la culture juridique française et européenne). Son ancrage dans le droit pénal l’a placé aux avant-postes des tentatives d’organiser autour du juge international ce qu’elle appelle un « pluralisme ordonné ».

Comme le grand médecin, le grand juriste ne se borne pas en effet à poser des diagnostics. Il songe aussi aux remèdes susceptibles de conjurer le chaos  juridique où le monde paraît condamné à s’enfoncer.

Pejman Pourzand

Docteur en droit, Expert auprès de l’Observatoire Pharos, Chercheur au Collège de France – Chaire d’études juridiques comparatives et internationalisation du droit  

Mireille Delmas-Marty me fait penser à ce vers de René Char :

« A chaque effondrement de preuves,

Le poète répond par une salve d’avenir. »

Il y a la preuve et l’avenir : l’une renvoie à la rigueur, l’autre à l’intuition.

En effet, en parlant de Mireille Delmas-Marty, le mot qui me vient, d’emblée, à l’esprit est « la rigueur ». Une rigueur omniprésente dans le fond de sa pensée et dans la méthodologie qu’elle adopte pour mener ses recherches. En tant que professeur, elle exigeait cette même rigueur de ses étudiants. Il me souvient avoir été marqué par cette rigueur lors de mes travaux de doctorat. Alors que je lui demandais à la fin d’une séance de travail sur la première partie de ma thèse, quels étaient les points à être rectifiés, elle répondait simplement : « ne rectifiez pas Pejman ! Refaites cette première partie avec plus de rigueur ! » Il nous était difficile, en tant que ces élèves, de nous insurger contre cette exigence car nous constations qu’elle était deux fois plus sévère vis-à-vis d’elle-même. Cela, j’ai pu le vérifier de près, notamment pendant sa dernière année de cours au Collège de France, où j’ai eu l’occasion de travailler comme attaché d’enseignement et de recherche au sein de la Chaire d’études juridiques qu’elle a animée.

 

Mais ce qui me paraît plus inhabituel, c’est qu’elle arrive, je ne sais par quelle alchimie, à associer, sans difficulté, cette rigueur implacable à un élan intuitif. Par intuition, j’entends celle qu’on trouve d’habitude chez les artistes où l’esprit se laisse guider, sans explication aucune, par un son, un geste, un mot, une image… Cette intuition a toujours été très présente chez elle, dans ces travaux. Par exemple, dans l’un de ses premiers ouvrages, Modèles et mouvements de politique criminelle, elle commence chaque partie par une citation où l’on voit bien comment et dans quelle mesure elle intègre la force de l’imaginaire sans que la rigueur de ses arguments n’en soit pour autant altérée.

 

Mireille fait partie de ces rares juristes qui ont saisi que les raisonnements juridiques ont leurs limites et qu’ils peuvent s’effondrer, comme disait René Char et ce, malgré leur rigueur. D’où sa quête d’une force imaginante qui construira le droit de l’avenir en ce qu’elle annonce déjà l’avenir du droit.


«Les évacuations de camps cassent les processus d’intégration des Roms»

lun, 08/04/2013 – 07:45 | Par Carine Fouteau – Mediapart.fr

Sa mission consiste à aider les Roms à s’intégrer. Désigné depuis sept mois par le premier ministre, le préfet Alain Régnier, délégué interministériel à l’hébergement et à l’accès au logement (Dihal), est censé faire contrepoids à la politique de démantèlements des campements menée par le ministre de l’intérieur.

Le programme fixé par Jean-Marc Ayrault est d’anticiper l’intervention des forces de l’ordre, d’établir des liens avec les familles et de leur permettre d’accéder à leurs droits en matière de logement, de travail, de scolarisation et de santé. Autrement dit, de les aider à trouver une place dans la société française. Une tâche difficile à mener quand Manuel Valls clame que cette population ne souhaite pas s’insérer en France.

Expulsion à Saint-Priest, près de Lyon, le 28 août 2012. © ReutersExpulsion à Saint-Priest, près de Lyon, le 28 août 2012. © Reuters

« Hélas, les occupants de campements ne souhaitent pas s’intégrer dans notre pays pour des raisons culturelles ou parce qu’ils sont entre les mains de réseaux versés dans la mendicité ou la prostitution », a récemment déclaré le même ministre qui se charge de les faire évacuer et, ce faisant, les empêche de se stabiliser.

« C’est la mission la plus difficile qui m’ait été confiée de ma vie », indique Alain Régnier. Surnommé «préfet des Roms», il dénonce le racisme ordinaire qui se développe à l’encontre de cette population et la schizophrénie des pouvoirs publics. Cet ex-directeur de cabinet de Dominique Versini et de Nelly Olin et ancien collaborateur de Dominique de Villepin à Matignon se retrouve sur une ligne comparable à celle défendue par le Défenseur des droits, Dominique Baudis, ex-élu centriste (lire son entretien dans Libération). Marqués par leur expérience, l’un et l’autre rejoignent les constats effectués depuis des années par les associations sur le terrain.

Entretien avec un adepte de la « politique des petits pas », à l’occasion de la journée internationale des Roms le 8 avril, et alors qu’en France les évacuations de terrains se multiplient, le plus souvent sans propositions de relogement.

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Expulsions et incendies de camps de Roms se multiplient

Médiapart

03 avril 2013 |

Après Moulin-Galant la semaine dernière, un autre grand campement de Roms d’Essonne a été démantelé, mercredi 3 avril : celui de Ris-Orangis. Entre 300 et 400 personnes résidaient dans le premier, environ 250 dans le second. Alors que la trêve hivernale vient de finir, selon l’agenda administratif, les évacuations, qui n’ont jamais complètement cessé, se multiplient malgré des températures encore proches de zéro. La crise politique traversée par le gouvernement n’empêche pas les forces de l’ordre, sous la houlette de Manuel Valls, de continuer à sévir à l’encontre de populations parmi les plus précaires de France.

Ce terrain situé en bordure de la N7 était habité depuis un an. Pendant de longs mois, les résidents ont fait l’objet d’un harcèlement quasi quotidien de la part des policiers, mais aussi de la mairie socialiste, qui a cherché à les faire partir par tous les moyens (lire nos enquêtes ici et ). L’association Pérou, pour Pôle d’exploration des ressources urbaines, y avait engagé une expérience inédite, symbolisée par la construction d’une salle polyvalente en bois, conçue comme un lieu d’accueil, nommée « Ambassade du Pérou ». Cet espace, comme l’ensemble des cabanons, ont été mis à terre.

Dans un communiqué, la préfecture affirme que l’évacuation a eu lieu « en application d’un arrêté municipal motivé par des risques importants de sécurité » et que 12 familles ont été « retenues » pour « participer à une plate-forme d’insertion avec installation d’une base de vie sur un terrain situé sur la commune de Ris-Orangis ». « En attendant la mise en place de la base de vie sous trois semaines par les services du conseil général, un hébergement transitoire a été proposé à ces familles. Les autres familles se sont vu proposer une mise à l’abri », ajoute-t-elle.

« Les personnes “sélectionnées” pour le dispositif d’insertion, 19 adultes accompagnés de 18, bientôt 19 enfants, ont été régularisées et la plupart ont obtenu un contrat de travail », précise l’initiateur du projet Pérou, Sébastien Thiéry, qui se réjouit pour elles, mais souligne le désarroi des autres familles. « Les propositions de logement ne correspondent pas à ce qui était prévu, insiste-t-il, puisqu’elles consistent le plus souvent en quelques nuits dans des hôtels dispersés dans les quatre coins de l’Île-de-France, à Aubervilliers, à Nanterre ou à La Courneuve, ce qui complique les choses pour la scolarisation des enfants. Par ailleurs, certains se retrouvent sans rien. »

« L’évacuation s’est déroulée sans accroc, mais la suite a révélé l’état de panique, l’impréparation des pouvoirs publics, qui sont apparus dépassés par une situation qu’ils ont eux-mêmes créée », constate-t-il, après avoir passé la nuit sur place.

Arrivée à la première heure, Colette Olczyk, membre de l’Association de solidarité en Essonne aux familles roumaines, Roms (ASEFRR), raconte une journée en forme d’odyssée. « Avec les familles encore présentes, indique-t-elle, on a erré un peu partout dans l’Essonne. On a été accueillis sur le parvis de l’église avant d’être chassés par les CRS. On est allés à la Maison des solidarités, mais on n’a pas pu rentrer. On a fini par être reçus par le Secours islamique de Massy. Ils nous ont donné à manger, à boire. Après cette journée d’errance, c’était inespéré. » Après avoir récupéré un moyen de transport collectif, la petite troupe a repris son chemin vers Ris-Orangis, en quête d’un toit à proximité des écoles, mais le véhicule a été intercepté et bloqué par les forces de l’ordre avant que des solutions parcellaires ne soient trouvées pour la nuit dans les alentours. Concernant les jours à venir, c’est l’incertitude. « Ce qui se passera demain, on n’en sait rien », déplore-t-elle.

Le même jour que l’opération à Moulin-Galant, bidonville autour duquel un film a été réalisé, des bulldozers ont détruit les baraques d’un campement à Villeurbanne, près de Lyon, qui abritait environ 80 personnes, sous le regard des familles délogées.

À Lille, 160 Roms installés depuis deux ans le long d’une voie rapide sont, quant à eux, dans l’attente d’une décision du tribunal administratif concernant leur éventuelle évacuation.

Ces démantèlements interviennent dans le sillage des déclarations du ministre de l’intérieur à propos de la poursuite des expulsions. « Hélas, les occupants des campements ne souhaitent pas s’intégrer dans notre pays pour des raisons culturelles ou parce qu’ils sont entre les mains de réseaux versés dans la mendicité ou la prostitution », avait-il martelé pour justifier son action.

Dans le même temps, les incendies de terrains où vivent des Roms se succèdent, sans que leur origine, accidentelle ou criminelle, ne soit établie. Pour l’instant, aucun n’a fait de victime. Le dernier en date remonte à quelques jours à Bobigny, en Seine-Saint-Denis. Les flammes ont embrasé les habitations de fortune vers 21 heures dans la soirée de dimanche. Des résidents s’étaient présentés à la mairie trois jours auparavant pour dénoncer des menaces dont ils disaient avoir été victimes, selon l’AFP, qui cite une « source proche de l’affaire » confirmant que deux hommes s’étaient rendus sur leur campement, qu’ils avaient « tenté de mettre le feu avec des bidons » d’essence et qu’une bagarre s’en était suivie.

Ces dernières semaines, des incendies ont également dévasté des camps à Saint-Fons, près de Lyon, à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis, à Sarcelles, dans le Val-d’Oise, et à Wissous, dans l’Essonne. À Montreuil, en Seine-Saint-Denis, des véhicules de chantier ont été vandalisés sur un terrain dégagé pour accueillir des logements modulaires destinés à des familles roms. À chaque fois, les circonstances restent obscures. Là où des enquêtes ont été engagées, les préfectures refusent de communiquer. Parfois, en l’absence de plainte, aucune recherche n’a été diligentée.

Sans cesse déplacée, cette population sollicite les dispositifs d’urgence de droit commun. Elle se retrouve en concurrence avec les familles les plus démunies vivant en France. La pression ininterrompue sur les structures d’hébergement comme le 115 ne peut que s’accentuer avec la reprise des expulsions locatives. Reportée de quinze jours, la trêve s’est achevée le 31 mars, en même temps que le plan hivernal de mise à l’abri des personnes sans domicile fixe.

Israël – Palestine : le point de non-retour

Par Denis Sieffert4 avril 2013

Où en est-on dans le conflit israélo-palestinien ? Contrairement à ce qui est dit ici ou là, ce n’est évidemment pas le statu quo. Une colonisation galopante rend de plus en plus improbable la création d’un État palestinien en Cisjordanie, à Jérusalem-Est et à Gaza. Quelque 520 000 colons juifs sont d’ores et déjà installés au-delà de la « ligne verte » qui, selon un droit international sans cesse bafoué, sépare Israël des Territoires palestiniens. Mais la guerre démographique menée par le gouvernement israélien ne rend qu’imparfaitement compte de la situation. Il y a aussi les empiétements territoriaux provoqués par la construction du « mur de séparation », soit 9,4 % supplémentaires arrachés aux Palestiniens. Et les programmes de construction qui justifient la préemption de nouvelles terres. Une extension, prévue dans la zone dite E1, à l’est de Jérusalem, devrait couper en deux le Territoire palestinien. Cette situation conduit des intellectuels et acteurs politiques israéliens et palestiniens à repenser profondément les termes du conflit.

Nous avons été à la rencontre d’un certain nombre d’entre eux, à Tel-Aviv, à Jérusalem, à Ramallah, à Naplouse et à Hébron. D’autres, dont nous rapportons aussi les propos, continuent de croire dans la stratégie des deux États. Pour les premiers, le problème doit à présent être envisagé globalement, sur tout le territoire qui va de la Méditerranée au Jourdain. Ce qui implique de s’interroger sur le statut des un million six cent mille Palestiniens de nationalité israélienne et sur l’administration des Territoires par l’Autorité palestinienne. Ce qui suppose aussi une réflexion sur l’identité même d’Israël comme « État juif ». Leurs préconisations sont évidemment très minoritaires, surtout dans l’opinion israélienne. Mais la question n’est pas de savoir si la solution d’un « État binational » l’emportera ou non idéologiquement ; elle est de savoir si l’aveuglement de la politique coloniale israélienne ne va pas finir par remettre cette hypothèse à l’ordre du jour, fût-ce de façon chaotique et douloureuse.

La contraception est désormais gratuite pour les mineures

Libération

31 mars 2013 à 15:31 (Mis à jour: 15:42)
Le dispositif de gratuité s'applique également au stérilet et aux implants contraceptifs.

Le dispositif de gratuité s’applique également au stérilet et aux implants contraceptifs. (Photo Philippe Huguen. AFP)

Les jeunes filles âgées de 15 à 18 ans pourront obtenir pilule, stérilet ou implant sur ordonnance et en présentant la carte Vitale de leurs parents.

Par AFP

La pilule contraceptive devient gratuite à partir de ce dimanche pour les jeunes filles âgées de 15 à 18 ans, qui pourront l’obtenir auprès des pharmacies sur ordonnance et en présentant la carte Vitale de leurs parents, selon le ministère de la Santé.

Cette mesure, appliquée aux pilules de première et deuxième génération et promise par la ministre de la Santé, Marisol Touraine, vise à faciliter l’accès à la contraception aux mineures et à réduire le nombre d’interruptions volontaires de grossesses (IVG), environ 12 000 par an.

Elle était inscrite dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) voté à l’automne 2012. Elle s’applique également aux stérilets ou aux implants contraceptifs.

Jusqu’à présent, la pilule, principale méthode de contraception en France, était remboursée à 65%. Elle pouvait également être délivrée gratuitement et de façon anonyme aux mineures, mais uniquement dans les centres de plannings familiaux, trop peu nombreux et réservés souvent aux zones moyennes et aux villes.

Les jeunes filles âgées de 15 à 18 ans pourront désormais se la procurer gratuitement dans les pharmacies. Mais cela à deux conditions : elles devront d’abord se rendre chez un généraliste qui la leur prescrira sur ordonnance, au vu d’examens sanguins, si ce moyen de contraception est adapté. Elles devront ensuite présenter cette ordonnance au pharmacien ainsi que la carte Vitale de leurs parents ou une attestation d’affiliation à un régime de sécurité sociale.

«Anonymat»

En théorie, elles pourront conserver l’anonymat si elles le souhaitent en l’indiquant à leur pharmacien. «Un « dispositif anonymat » est prévu à cet effet avec la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam) qui ne fera pas apparaître de décompte sur le relevé» habituel des remboursements, selon le ministère.

Le ministère souligne, en outre, que la prescription d’un généraliste pourra être demandée «à l’occasion d’une simple visite de contrôle ou de tout autre rendez-vous chez un médecin traitant».

Ce dispositif risque toutefois d’être dissuasif, a mis en garde Marie-Pierre Martinet, secrétaire générale du Planning familial, interrogée par Europe 1. «Forcément, cela va introduire un questionnement des parents sur la raison pour laquelle leur fille s’est rendue chez le médecin. En face, soit la jeune fille finit par avouer que c’est pour une contraception, soit elle rentre dans une logique de mensonge. Pour celles qui veulent l’anonymat, la seule solution qui reste est celle qui existe déjà, à savoir se rendre dans un centre de planning familial», s’est-elle inquiétée.

Durant sa campagne présidentielle, François Hollande avait annoncé qu’il souhaitait mettre en place un «forfait contraception» pour les mineures, leur garantissant «la gratuité, l’accès à un médecin dans l’anonymat et à une contraception de haut niveau».

En 2011, le remboursement à 65% de contraceptifs aux mineures a coûté 6 millions d’euros. La prise en charge à 100% devrait entraîner un coût additionnel de 5 millions d’euros, selon l’estimation du gouvernement.

Selon une récente enquête Fecond Inserm-Ined, la pilule reste la principale méthode de contraception en France, mais son usage a légèrement diminué depuis les années 2000. Chez les jeunes de 18-19 ans, la baisse (-4,4%) s’accompagne d’un recours plus fréquent au préservatif et aux nouvelles méthodes hormonales (implant, patch contraceptif et anneau vaginal).